Votre panier est actuellement vide !
Catégorie : PORTRAIT DÉCOUVERTE
Nsem : Du péché de l’obscurité à la surprise de l’énergie solaire
Les populations de cette petite localité enfouie dans le département de la Haute-Sanaga (région du Centre) viennent officiellement de recevoir leur centrale photovoltaïque au cours d’une cérémonie présidée par Gaston Eloundou Essomba, le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minée).
Et la lumière fut à NsemEntrée sud de Nsem, ce 24 août 2018. Nous sommes à 6 heures de route de la capitale, Yaoundé. Une alchimie de lumières vives conjugue nostalgie, beauté de l’image et sérénité. Chaque maison s’illumine au moins d’une farandole d’ampoules électriques. Des femmes ou des gamins ouvrent leur maison à la visite. Histoire d’apprécier la nouvelle vie d’une communauté qui salue, à sa manière, l’énergie solaire. Déjà, les couloirs extérieurs du centre de santé sont éclairés. La salle d’accouchement, les bureaux et les chambres des malades aussi. Il y a même un réfrigérateur.
Au grand carrefour, des lampions dansent avec le vent devant la brigade de gendarmerie. Quelque part à l’orée, un moulin à maïs tourne. Au loin, la fumée monte des cheminées d’une scierie. Elle revit après un dépôt de bilan forcé par le manque d’énergie.
A la place des fêtes, des majorettes, à travers leurs circonvolutions corporelles, intègrent dans leur numéro le bonheur des 2 000 âmes qui vivent ici. «Le solaire nous a sauvés», scandent-elles sous les youyous. La musique s’en mêle par haut-parleurs, pendant qu’un humoriste distille, la doxa locale à travers un haut-parleur aussi. «Nsem veut dire le péché, mais veut aussi dire la surprise», renseigne le comédien qui se vante de pouvoir «enfin» boire ici, des boissons glacées. Cela lui inspire une bouffonnerie: «Nsem n’est plus dans l’obscurité du péché, mais dans la surprise de l’énergie solaire».
Impact économique
Comme chacun le sait, les ancêtres ont intercédé auprès des dieux du ciel afin qu’ils délèguent le gouvernement et le géant chinois Huawei pour qu’ils installent ici, une centrale photovoltaïque de 80 KW. Et parce que Nsem a deux manières d’appeler la grâce de ses aïeux, le maire ne néglige aucune. Devant Gaston Eloundou Essomba, le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minée), l’édile de Nsem fait d’abord une incantation en bamvele, le dialecte courant. Dans la suite qu’il déballe, Benjamin Dona l’ouvre par des anecdotes qui vont bien, selon lui. «Nsem est un village enclavé, difficile d’accès en période de saison des pluies. Le réseau national d’électricité s’arrête à Nanga Eboko (90km), à Minta (70 km) et à Bélabo (70 km), arrondissements les plus proches. Pis encore, le barrage de Lom Pangar. De ce projet, Nsem ne subit que des effets néfastes de la pollution de son écosystème», énumère le premier magistrat de la ville.
Son discours est une bonne occasion d’apprendre qu’avec la centrale photovoltaïque, les populations d’ici et celles des 17 hameaux environnants ont «un vrai courant». «Pas celui du vieux groupe électrogène aux fonctionnalités étalées entre 18 heures et 22 heures. Le courant de Nsem maintenant, c’est 24 heures sur 24, le Kwh coûte 100 francs CFA seulement contre 375 francs CFA auparavant».
Et avec cela, il y a possibilité de voir plus grand. «Nsem peut déjà créer des emplois grâce aux activités génératrices de revenus», balance le maire annonçant une huilerie moderne dans les prochains jours. Et comme s’il se reproche trop de délicatesse et simple effleurement, Benjamin Dona lâche : «Nsem dépasse déjà Paris». Simple hyperbole, que non ! Les statistiques municipales affichent un total de 39 touristes belges et américains en deux semaines. «Ils sont venus visiter la nouvelle ville lumière du monde», signale joyeusement le dignitaire traditionnel, sur fond de carnaval… Au grand bonheur de Pierre Ismael Bidoung Mpkatt, élite de la Haute-Sanaga.
Bien précieux
Seulement, la cérémonie de ce jour a un libellé. Gaston Eloundou Essomba, le rappelle : «Il s’agit du lancement officiel de la phase de commercialisation et surtout de rétrocession des équipements de la centrale aux populations afin qu’elles prennent conscience du rôle à jouer dans la sécurisation de ce bien qui est le leur», dit le Minée. Ce dernier n’est pas venu les mains vides. Il remet quelques kits au maire. Il dit tout l’attention que les pouvoirs publics portent sur la durabilité de l’infrastructure. «Il faut en faire bon usage, car l’ensemble prévu a coûté cher», lance-t-il à l’endroit du maire.
En clair, «cher» c’est 106 millions de dollars ou environ 53 milliards de francs CFA, dont 7 milliards de francs CFA pour le Cameroun et 46 milliards de francs CFA pour la partie chinoise. Les fonds mobilisés sont, dit-il, obtenus grâce à un emprunt crédit-acheteur chez le partenaire chinois Huawei, pour 166 localités camerounaises.
Jean-René Meva’a Amougou,
envoyé spécial à Nsem
Ils ont dit…
Gaston Eloundou Essomba, Minée
«Nsem n’est plus le même»
«Cela fait du bien quand on voit des populations qui, il y a quelques années, étaient désespérées car ne disposant pas de l’une des commodités de base de la vie moderne. Aujourd’hui, on est passé du lointain rêve à la réalité palpable sur le terrain. Désormais, Nsem a du courant, du courant propre et bénéfique. Avec ses partenaires chinois, le gouvernement de la République là un schéma de simplification de la vie. En effet, grâce à cette infrastructure de dernière génération, le quotidien de cette localité n’est plus le même comme vous le constatez vous-mêmes. Reste maintenant à nos concitoyens de nous accompagner à travers des comportements citoyens».
Mveng Ebgwang, sous-préfet de Nsem
«Nous avons élevé des prières»
«Je n’ose pas vous décrire toute la vie à Nsem lorsque nous arrivions ici, il y a quelque temps. L’image la plus pénible que j’ai retenue, c’est celle d’une nuit au cours de laquelle une femme a perdu ses triplés dans notre centre de santé lors d’un accouchement, dans l’obscurité la plus sauvage. J’y suis allé moi-même voir l’horrible scène. Je dois vous dire que, avec le curé, les deux imans et tout le reste, nous avons élevé des prières pour avoir le courant juste à cause de ce drame. Dieu nous a écoutés et voici le courant. Notre courant à nous à moindre coût grâce au gouvernement. L’administrateur que je suis est comblé parce qu’une promesse se réalise sous ses yeux. C’est l’occasion de dire aux citoyens des autres localités du Cameroun de ne pas désespérer. Le gouvernement, malgré les temps difficiles tient à ce que tout Camerounais, où qu’il soit, fait l’objet d’une attention des pouvoirs publics. Aujourd’hui, c’est Nsem, demain qui sait. Seule la paix peut nous permettre de bénéficier de telles choses».Benjamin Dona, maire de Nsem
«Les ancêtres l’avaient prédit»
«Si les ancêtres de Nsem pouvaient revenir des morts, ils ne seraient pas surpris de voir ce que nous vivons aujourd’hui. Ils l’avaient prédit il y a au moins deux siècles. On pensait que ce n’était qu’une simple allégorie. Les Bamvele sont fiers de cette veille de leurs aïeux. Ils ont vu la misère de leurs rejetons et ont actionné le levier gouvernemental pour que le courant arrive ici. La fête n’est pas finie. Nous allons faire un rite quand vous serez partis pour dire notre gratitude à nos ancêtres, puisqu’on est sûr d’avoir de l’énergie à toute heure. Nous on ne connaît pas de délestage, c’est cela qui nous rend si fiers».Propos recueillis à Nsem par
Jean-René Meva’a Amougou
Calvaire à vif sur la Nationale N°1
A cause de la monstruosité de la route, rallier la capitale régionale de l’Adamaoua à celle du Nord en voiture relève d’un vrai parcours du combattant. Reportage.
A Ngaoundéré (région de l’Adamaoua), une plaque orne le hall-passagers d’une compagnie de transport interurbain. Visible au premier regard, elle renseigne sur les prix et les différentes dessertes. Dans le gazouillis des personnes en quête de tickets d’embarquement, un militaire y jette un coup d’œil et ne manque pas de partager ses observations avec ses deux collègues. «Ngaoundéré-Garoua, là, c’est juste un trait net sur la carte », dit-il, un brin amusé par les indications sur la distance et la durée maximale pour la couvrir en voiture. «287 kilomètres, 4 heures 30 mn», reprend le bidasse visiblement contraint d’intégrer la vieillesse de ces détails. «Ça, c’était au temps d’Ahidjo», rectifie l’homme en tenue.
«On n’a encore rien vu»
Telle que thématisé, l’axe Ngaoundéré – Garoua (et inversement) masque encore son identité. A écouter une speakerine de la compagnie, l’affaire se raconte dans une langue cursive sur fond commercial. «Passagers à destination de Garoua, nous vous souhaitons un agréable voyage et revenez-nous bientôt», entend-on depuis les haut-parleurs. Avec un sens aigu de fantaisie, la même voie ajoute: «A bord, wifi disponible, juste quelques heures et nous vous déposons à destination». Il est 12 heures.
Sur le coup, le plus difficile est de cerner l’état de la route. Dès la sortie nord de la capitale régionale de l’Adamaoua, le ton est donné. Et parce que la veille, il a plu, des camions téméraires ont défoncé la chaussée, laissant des fondrières. L’autobus chancelle. Chez quelques passagers, les nerfs sont à la pelote. Chez d’autres, des militaires notamment, rien n’interdit d’aimer çà. D’ailleurs, quelqu’un parmi eux s’amuse diablement en avisant qu’«on n’a encore rien vu». Le tableau suivant lui donne raison.Avant la «falaise», c’est le lieu-dit «Wack». Il y a quelques années, c’était un cocon paradisiaque, écolo-chic, pour une destination tropicale. Grâce à ses longs rubans de plaines verdoyantes, ses bougies artisanales et son grand savoir-faire en poterie, Wack triomphait, en ces temps-là, au hit-parade des lieux touristiques de l’Adamaoua. Aujourd’hui, le segment de la Nationale N°1 passant par ici est devenu une véritable adresse du pitoyable. Parce que façonnée par de monstrueuses mares d’eau et des éperons rocheux, la chaussée emprunte au décor du Paris-Dakar.
Comme alternative, les gros porteurs se perdent dans un labyrinthe de ruelles tortueuses. L’affiche enserre toutes les scènes de véhicules mis à rude épreuve. Au diable le code de la route ! On avance au hasard. On monte. On descend. On remonte. On s’essouffle. Parfois, les conducteurs arrêtent leur moteur. Ils apprécient et décident de la meilleure option permettant de continuer.
Instant de répit
En continuant, au moins on est sûr de rouler sur une route moderne sur 10 kilomètres environ. C’est à la «falaise» de Mbé. Il faut rester concentré. Le curseur de la prudence est poussé au maximum. On soupire devant de belles circonvolutions tracées entre 2016 et 2017 par une expertise chinoise. Le format de la route infuse un luxe épuré, lequel offre de multiples échappées sur un extraordinaire parc arbustif en contrebas. En plus du rechargement latéritique et du traitement des bourbiers et des nids de poules, du béton bitumeux y a été posé. Sans conteste l’adresse la plus spectaculaire de l’Adamaoua. Sur ses pentes, au gré de l’érosion et des intempéries, une structure calcaire dure s’est formée. A propos de cet endroit, quelques personnes se souviennent des thèses diverses et variées, parfois fantasques. Il n’en fallait pas plus pour générer une réputation calamiteuse. En témoignent le surnom donné à ce passage supposé hanté et maudit: «cimetière des égarés».
160 km de la mort
A Mayo Mbam, la borne kilométrique signale qu’on est à 160 km de Garoua. Comme toute histoire d’amour compliquée, celle des voitures et de la route ne l’est pas moins. C’est d’un processus de domestication des eaux et de gros nids de poule que le voyage entre Ngaoundéré et Garoua tire son ambiance herculéenne, propice à une satanée romance. Pas un mètre sans que l’acier des coques ne souffre et crisse. Parce que sur place, des ravines longitudinales ou transversales sont légions sur un linéaire de 40 km. Plus loin à Mayo Mogbé, sous l’effet conjugué de l’intense trafic, du manque d’entretien et du sous dimensionnement de la chaussée, la couche de roulement de celle-ci a totalement disparu. Un riverain indique qu’il suffit d’une simple pluie pour que les venelles du coin se transforment en bourbier.
En ce mois de juillet, «c’est le calvaire au quotidien», énonce un autre, solidaire au ras-le-bol des chauffeurs routiers. Les fortes précipitations qui déferlent sur cette contrée Mboum ont vite fait de balayer les rares oasis de bitume. Pour sauver la route de l’asphyxie, une élite locale y a lancé des travaux d’appoint. «Ça n’a pas suffi», raconte El Hadj Sidibé Lanal, l’iman de Mayo Mbam. Dans cet environnement, les automobilistes marquent lourdement l’espace, d’autres l’effleurent. Tous sont solidaires et concurrents pour se frayer le moindre passage. La situation porte un coup sur les mœurs sociales pour faire le lit de la dépossession culturelle. Sur ce chapitre, quelques habitants racontent que pour éviter d’abîmer leurs véhicules, quelques chauffeurs trouvent facilement leur voie dans les cours ou leurs arrières, profanant allègrement les tombes.
Epine de campagne
Selon une autorité municipale, ce piteux état de la route a rejailli des débats lors d’un meeting de soutien à Paul Biya, récemment tenu ici. A l’occasion, apprend-on, les populations décontenancées ont fait part de leur étonnement et demandé des précisions aux élites locales.
C’est également le cas à Mayo Lagwaka, Mayo Djaba, Mayo Gon, Mayo Salah et Mayo Bocki, contrées situées le long du tronçon Ngaoundéré-Garoua. Ici, pas de monde à comprendre ou à interpréter, pas d’écriture à déchiffrer, mais une invitation à se perdre dans l’état de la route selon sa forme. Là, le voyage est devenu un écheveau de débats et de problèmes, une épiphanie à la gloire du temps passé. «Il y a dix ans, ce n’était pas comme ça», se souvient un homme. Partout ici, la tension ravage les habitants. Leurs complaintes auscultent un écho assourdi par le temps qui passe sans que rien ne soit fait dans le sens de la réfection de la route. Les uns et les autres supputent que l’état de celle-ci consiste non seulement à montrer l’échec des politiques publiques, mais aussi à appréhender la réalité sur fond d’insultes. Puisqu’en fin de compte, Garoua est rallié 15 minutes après 22 heures. Soit plus de… 10 heures de route.
Jean-René Meva’a Amougou,
de retour de Maroua
Abbo A Beyeck: Cameroun 2018 : le seul projet gagnant pour le Peuple Camerounais
Pour les Peuples Africains en tant que communautés politiques, la nécessité de doter leurs territoires des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique est une nécessité de survie.
L’auteur est économiste. Consultant en stratégie. Retraité. Ancien membre du Bureau Politique du Comité Central de l’UPC
et Président de la Commission des Opérations Spéciales (période de la lutte clandestine pour la démocratie au Cameroun).Le but de l’action du Peuple Camerounais en tant que communauté politique doit consister à doter notre pays des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique, c’est à dire des moyens de la souveraineté nationale. Dans ce but, le Peuple Camerounais a un impérieux besoin d’unité. La cohésion sociale nationale en est la condition. Aujourd’hui, le Peuple Camerounais doit être conscient de l’éventualité d’avoir à se dresser sous peu pour faire face à une agression extérieure. Nous serions bien inspirés en disqualifiant tout acteur politique national qui s’aventure à se maintenir au pouvoir ou à construire son plan de carrière sur un crime d’intelligence avec des puissances étrangères.
Le Président de la République, garant de l’unité nationale, a convoqué le corps électoral pour un scrutin présidentiel dont il est certain que les citoyens résidant dans deux régions sur dix au moins en seront exclus. Aucun de ses rivaux les plus en vue pour ce scrutin n’a démenti les allégations de la presse selon lesquelles ils ont explicitement sollicité l’ingérence des États Unis d’Amérique. En toute illégalité, le Ministre de l’Administration Territoriale vient de nommer, par écrit cette fois, les représentants légaux de certains partis politiques ! Ainsi, son « opposition » comprise, le régime RDPC est à nouveau prêt pour le jeu de cirque d’une alternance sans alternative.
Mais le Peuple Camerounais n’est pas condamné à un seul choix consistant à désigner le prochain contremaître d’une Françafrique éventuellement revue et corrigée par Washington. Nous devons faire le choix de nous-mêmes, le choix de penser le Cameroun comme son propre centre et débattre des conditions de possibilité de ce qu’implique choix, y compris dans le cas où le scrutin présidentiel d’octobre 2018 se tiendrait effectivement. Ce choix est celui du projet gagnant du Peuple Camerounais résumé plus bas.
Les véritables protagonistes de la guerre dans les régions South-West et North-West.
Le régime UNC-RDPC qui ruine le peuple camerounais depuis des décennies et a conduit le pays aujourd’hui au seuil de la dislocation est un collège «anglophones» et «francophones» réunis, soumis à des puissances étrangères et menant une politique au service des intérêts de ces dernières et des leurs propres, contre l’intérêt national et le bien-être des populations.a guerre qui a cours dans les régions South-West et North-West ne met pas face à face le gouvernement de Mr Paul Biya et les sécessionnistes armés comme étant les deux seuls protagonistes. Les véritables protagonistes de cette guerre sont le Peuple Camerounais tout entier et le régime UNC-RDPC. Les revendications et aspirations de base des populations sont en effet les mêmes sur toute l’étendue du territoire national. Seule diffère en certains points leur mode d’expression, selon les spécificités sociales, historiques et culturelles locales et régionales.
Dans le South-West et le North-West, ces spécificités sont en lien direct avec l’annexion de fait de ces deux régions fixée par le Référendum de 1972, date depuis laquelle les revendications si mal nommées «problème anglophone» sont récurrentes. Pour seule réponse à l’éruption pacifique de 2016, le Gouvernement a proposé une répression brutale, suivie depuis le dernier trimestre de 2017 par la guerre. Cette faute, grave, a pour résultat d’avoir crédibilisé un mouvement sécessionniste pris en mains et instrumentalisé par les USA et l’univers anglo-saxon.
Aux yeux des populations du South-West et du North-West, la légitimité de la sécession grandit à mesure que la guerre déploie ses effets intrinsèques et que le Gouvernement martèle l’amalgame entre sécessionnisme et terrorisme. Un appui, paradoxal, apporté en actes au mouvement sécessionniste par un régime RDPC qui prétend le «Cameroun un et indivisible». Cet appui en actes est la seule manière pour la Françafrique de sauver ce qu’elle peut encore face aux ambitions des États Unis d’Amérique en Afrique Centrale dans le contexte de la nouvelle donne géopolitique mondiale.
La nouvelle donne géopolitique mondiale et l’Afrique Centrale.
Une nouvelle donne géopolitique mondiale se dessine en effet sous nos yeux depuis la fin du siècle dernier. Bien que ses contours durables ne soient pas encore clairement discernables, elle sera le produit conjugué de trois facteurs identifiables : Le premier, massif, est la réémergence et l’affirmation de la Chine comme pôle de développement et de puissance, avec l’Inde à sa suite ; le second est le relèvement de la Russie sous Vladimir Poutine après sa course à l’abîme sous l’ère Gorbatchev-Eltsine ; le troisième est la volonté affirmée des États Unis d’Amérique appuyés par ses alliés de l’OTAN de poursuivre leur ambition assumée d’hégémonie mondiale.Dans le cadre international qui se construit dans ce contexte, des signes faibles repérables montrent un timide frémissement de la volonté des pays d’Afrique Sub-Saharienne de sortir du statut de fait qui est le leur depuis l’époque coloniale, à savoir simple réserve de matières premières sous contrôle de puissances étrangères.
Jusqu’à une période récente, les ressources naturelles des pays Africains étaient à la disposition des pays de l’OTAN, exclusivement ; ses marchés étaient réservés aux firmes adossées aux puissances de l’OTAN ; toute initiative politique ou économique Africaine, y compris au niveau interne à un pays, était soumise à examen et aval préalables de Washington, Londres, Paris, quand elle n’était pas purement et simplement pensée et organisée par les capitales de la «liberté des peuples» et de la «démocratie» puis exécutée par leurs contremaîtres Africains ; ces derniers, en contrepartie, étaient assurés de l’action armée des maîtres pour se maintenir ou accéder au pouvoir.
Telles sont en effet, dans leur contenu, les dispositions explicites des clauses secrètes des «Accords» dits de «coopération» liant les régimes soumis des pays africains aux puissances impérialistes. Le cas de la France et son «pré-carré» africain sous contrôle d’une «Françafrique» insubmersible à ce jour constitue l’illustration emblématique de l’architecture qui maintient les Peuples Africains captifs d’une spirale de sous-développement. C’est cette architecture qui est déstabilisée par le mode de coopération mis en œuvre par la Chine et ses partenaires Africains.
Pour les Peuples Africains en tant que communautés politiques, la nécessité de doter leurs territoires des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique est une nécessité de survie. A l’inverse, cette éventualité est une menace à l’ordre au service des puissances de l’OTAN. Cette opposition d’intérêts antagoniques entre l’impérialisme et les populations Africaines est au cœur des évènements actuels en Afrique Centrale. Ainsi, en RD Congo, c’est moins la volonté prêtée à Joseph Kabila de garder le contrôle du pouvoir que le Nouveau Code Minier timidement inspiré du mode de coopération de la Chine avec la RD Congo qui mobilise les puissances de l’OTAN contre Kinshassa. En République Centrafricaine, c’est la présence diplomatique de la Russie à Bangui et la présence croissante de la Chine dans le secteur minier qui ne tarderont pas à être montées en épingle par les puissances de l’OTAN pour structurer l’articulation entre la nébuleuse Boko Haram et la nébuleuse Seleka qui contrôle une grande partie Est du territoire Centrafricain et dont les affrontements avec les milices rivales ont dores et déjà débordé sur l’est du Cameroun.
Le projet gagnant pour le Peuple Camerounais aujourd’hui.
A ce jour, l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains sert essentiellement l’accroissement de la puissance des principaux pays de l’OTAN, le renforcement de leur pouvoir d’influence et de domination, en particulier sur Afrique, leurs intérêts propres et ceux de leurs contremaîtres Africains. Pour qu’il en aille autrement, pour que l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains se fasse au profit du développement humain de leurs populations, il est indispensable que les Peuples Africains en tant que communautés politiques se dotent des capacités fondamentales propres de détermination politique et économique, autrement dit, des moyens des souverainetés nationales.Le Peuple Camerounais peut remplir cette condition incontournable du développement social à horizon d’une génération humaine à compter du moment où ses élites dirigeantes auront entrepris de se désintoxiquer de l’aliénation mentale et psychologique qui interdit à l’Afrique de penser par elle même, de redevenir son propre centre. Aujourd’hui, les ressources naturelles, en particulier du sous-sol, demeurent l’unique monnaie d’échange qui permettra de financer les infrastructures humaines et matérielles ouvrant aux Peuples Africains la possibilité d’atteindre et franchir le seuil au-delà duquel les moyens de la souveraineté pourront être considérés comme étant en bonne voie d’être acquis. Commencer à écrire la première page d’une trajectoire décidée par nous-mêmes et qui prend ce cap nous impose aujourd’hui de sortir du régime UNC-RDPC, c’est à dire de la logique alternance sans alternative. C’est le sens du projet gagnant du Peuple Camerounais, un projet en deux objectifs immédiats, guidé par deux principes.
Les deux principes :1/L’intégrité du territoire national délimité par ses frontières internationalement reconnues n’est pas négociable.
/L’aspiration du Peuple Camerounais à la souveraineté effective n’est pas négociable.
Les deux objectifs :1/Mettre fin sans délai et sans conditions à la guerre et à l’effusion de sang dans les régions South-West et North-West. D’ici la fin de son mandat en cours, le Président de la République , Mr Paul Biya, a seul le pouvoir de poser cet acte. Il en sortirait grandi. Les chefs de la sécession armée ne sont responsables que d’eux-mêmes, et tout au plus devant leurs adeptes, c’est à dire une partie de nos concitoyens.
Le Chef de l’État, quant à lui, est garant de l’unité nationale, c’est à dire de tous les Camerounais. Il lui appartient, par une mesure d’État, de prendre l’initiative d’un cessez-le-feu à effet immédiat afin de désarmer politiquement la sécession armée et faciliter à ses chefs la décision d’un cessez-le-feu. Il n’est pas avisé d’attendre d’un mouvement manipulé par des entités politiques et économiques étrangères qu’il ait le courage d’une initiative dont un des résultats attendus serait précisément la mise hors jeu de ses mandataires extérieurs. Un cessez-le-feu unilatéral aurait déjà été proclamé par la sécession armée si la clairvoyance politique était une qualité pour ses chefs.
2/Ouvrir sans délai un Dialogue National Inclusif (DNI), y compris des forces qui militent pour une « Ambazonie » indépendante. Le DNI n’est pas un dialogue entre la sécession armée et le gouvernement Paul Biya, ou entre «anglophones» et «francophones». Le DNI est le moment, pour les Camerounais, de débattre, délibérer, décider et poser souverainement les bases institutionnelles de l’unité nationale, qui reste à construire, ainsi que chacun peut en convenir. «Réunification, indépendance, élévation du standard de vie des populations» : C’est dans cet ordre que furent formulées les revendications du Peuple Camerounais portées en son nom par Ruben UM NYOBE et l’Union des Populations du Cameroun. Cet ordre n’était pas le fruit du hasard.
En premier, se retrouver, puis, ensemble, produire collectivement le cadre de notre avenir commun en tant que nation. Ici, il s’agirait en particulier de débattre, délibérer et décider d’une réorganisation administrative du territoire, indispensable pour rapprocher le pouvoir de décision au plus près des populations concernées par un sujet, définissant les matières de souveraineté y compris fiscale par niveau de division territoriale, les matières de souveraineté du niveau fédéré et celles de niveau fédéral.
Le principe de la fédération ne doit pas être un tabou, ni faire l’objet d’une religion quand au nombre d’États fédérés. L’Allemagne est une République fédérale qui compte plus de dix États fédérés (Länder), les États Unis d’Amérique en comptent cinquante, la Suisse est une confédération ; ces trois pays ne se portent pas moins bien que la République du Cameroun. Entre autres missions, le DNI aurait à :
2a/Définir les modalités d’organisation et de convocation d’une Assemblée Constituante chargée de préparer un projet de nouvelle Loi Fondamentale (Constitution).
2b/Nommer un Gouvernement chargé d’assurer la continuité de l’État sur une période transitoire de deux à trois ans jusqu’à l’entrée en vigueur des Nouvelles Institutions.
La nation compte d’éminentes personnalités d’une grande probité, ayant une expérience et un sens de l’État reconnus ; nombre d’entre eux font consensus dans toutes les Régions du Pays. Il n’est pas irréaliste de penser qu’elles s’impliqueront pleinement, les unes pour encadrer les travaux d’une DNI de grande qualité utile à la nation, d’autres pour assurer la continuité de l’État au cours de la période de transition, car le DNI est incompatible avec le statu quo institutionnel.
A moins de se faire des illusions sur la possibilité pour les Forces de Défense et de Sécurité d’écraser les sécessionnistes, chacun sait qu’il faudra bien un dialogue national dont le mouvement sécessionniste sera nécessairement partie prenante. Il est désespérant de constater que pour en arriver là, ceux qui ont le pouvoir de décider estiment nécessaire un supplément chaque jour plus élevé de vies perdues, de familles endeuillées, de villages incendiés et d’équipements publics squelettiques détruits. Aucune élection n’est une fin en soi.
Tout scrutin reste un instrument au service d’une fin. Quelle est donc la finalité attendue du prochain scrutin présidentiel par Mr Paul Biya et chacun de ses rivaux ? Que pèse cette finalité au regard des risques évidents de guerre civile généralisée et de dislocation du pays que la réalisation des deux objectifs du projet énoncés ci-dessus permettent de conjurer? Dans le cas où le processus du scrutin présidentiel d’octobre 2018 serait maintenu et irait à son terme, Mr Paul Biya ou son successeur, quel qu’il soit, sera confronté à la même situation sociale et sécuritaire actuelle, sans doute aggravée, et à l’obligation de lui trouver une solution satisfaisante qui ne pourra en aucun cas faire l’économie des deux objectifs du projet ci-dessus.
Le Président de la République, Mr Paul Biya, a encore toute latitude avant la fin de son mandat pour manifester en deux actes que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de toute échéance électorale. Dans le cas où ces actes ne sont pas posés avant le scrutin d’octobre 2018, ses rivaux du tropisme présidentiel ont toute latitude de manifester par un acte -retirer leurs candidatures et laisser Mr Paul Biya candidat face à lui-même- que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de leur promotion sociale personnelle comme Président de la République. Une candidature unique de l’«opposition» est impossible, non pas seulement en raison des egos, mais surtout du fait que l’unité ne peut se faire qu’autour d’un projet qui serait ensuite porté et incarné par un candidat de consensus.
Carnet de route : Ngaoundéré – Garoua, 287 km en 10 heures…
A cause de la monstruosité de la route, rallier la capitale régionale de l’Adamaoua à celle du Nord en voiture relève d’un vrai parcours du combattant. Reportage.
Jean-René Meva’a Amougou,
de retour de Maroua
Poste centrale de Yaoundé: Quand le Mfoundi écrit son roman-fleuve
A cet endroit stratégique de la capitale, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a, sur ordre du président de la République, ouvert un titanesque chantier. Reportage.
Vues du lit du Mfoundi «Tôt ou tard, il faudra réinventer le Mfoundi, redessiner ses bords et ses canaux, pour les inscrire dans la modernité ». Peu avant sa mort, André Fouda l’a confié à Paul Biya au cours d’une causerie. Au quartier Fouda dans le 5e arrondissement de Yaoundé, le 1er mars 1980, le Premier ministre du Cameroun de l’époque choisit la même phrase en guise d’hommage au premier délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Yaoundé. Trente-huit ans plus tard, Paul Biya est le président de la République. Le scénario s’avère être un écho aux mots prononcés par l’intéressé sur la place du deuil: «Cher André, la capitale que tu as aimée sera à l’image de ton vœu, nous porterons et réaliserons tes projets sur le Mfoundi».
Le chef dans l’eau
En fin d’après-midi du 29 mai 2007, les eaux déchainées du Mfoundi ramènent ce propos à leur surface. Etalant leur furie au lieu-dit «Poste centrale» de Yaoundé, elles coincent le chef de l’Etat Paul Biya, de retour du Nigéria. L’inondation est remarquable par son coefficient. Jouée sur fond de happening spectaculaire, la scène fait gronder les puristes de l’urbanisme moderne. Pr Théophile Yimgaing Moyo explique la «déconvenue» par le fait d’avoir enterré le Mfoundi. A côté de ce regret du président de l’Ordre national des architectes-urbanistes du Cameroun, d’autres commentaires se situent à rebours de toute logique rationnelle. Ils dévalorisent la simple métaphore au profit du prolongement d’un esprit tourmenté.
«C’est André Fouda qui parlait ainsi à Paul Biya», avance Léon Nsi. L’octogénaire Mvog-Ada estime que l’«enterrement » (entre 1978 et 1979) du Mfoundi, sous l’actuel Boulevard du 20 mai, marque le début de tous les problèmes d’inondation à la Poste centrale. «André Fouda n’avait pas voulu cela, mais les polémiques ont eu raison de lui», soutient-il, en posture de détracteur de l’ouverture d’un nouveau chantier. Celui que Jean-Claude Mbwentchou attribue, en urgence assortie d’un délai de deux semaines à la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), est du registre de l’ultime.
Satisfactions
Les Yaoundéens se félicitent pourtant de l’approche nouvelle qu’impulse le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Mindhu). Entre le marché du Mfoundi et l’immeuble SNI, une armée d’ouvriers s’active sans relâche. Ce 14 juin 2018, sous une fine pluie, Pa logistique est titanesque. C’est un ballet incessant de pelleteuses, camions et grues. Plusieurs enseignes commerciales n’échappent pas à la destruction, moyen inévitable pour ouvrir une voie plus grande aux eaux rougeâtres.
De temps en temps, on aperçoit la silhouette de Gérard Essi Ntoumba. Le chef de la cellule de développement urbain à la CUY et non moins coordonnateur du Projet d’assainissement de Yaoundé (Pady II), mène de main de maître ce chantier lourd, qui n’est pas sans susciter la joie journalière des riverains. «Que le président ait enfin pris la mesure du problème ici à la Poste centrale, il ne fallait plus que çà», se félicite dame Valérie Noumbissi, tenancière d’un espace de vente de produits phytosanitaires.
La réalité du terrain conforte : sur le lot 2 du chantier (Pont de la gare-Immeuble SNI, soit 0,9 kilomètres), le canal est aménagé sur 0,7 kilomètres, selon les données fournies par la CUY. Au nom de la même institution, Gérard Essi Ntoumba annonce des réelles avancées au niveau de la boulangerie Acropole, avec 1,4 kilomètre de canal aménagé sur 1,8.
A regarder de près, on comprend mieux la dimension de ce projet d’une mixité inédite. «Il y a des canaux souterrains qu’il faut curer, débarrasser de leurs ordures et de leur boue ; c’est complexe tout çà», renseigne le coordonnateur du Pady II.On s’est donné des moyens pour réaliser ce travail. Gilbert Tsimi Evouna, délégué du gouvernement auprès de la CUY, les énumère: «Evoluer avec son époque a un coût. On a mis les bouchées doubles pour partir enfin sur des bases solides: réalisation d’une enquête publique modificative, adoption d’une ordonnance permettant la création d’une société de projet publique, obtention d’une subvention européenne du coût du projet, engagement des études techniques approfondies, mise au point d’un protocole de gouvernance et de financement avec les collectivités locales décentralisées». Ironiquement, le «super-maire» en donne la raison: «On dit du feu qu’il n’y a rien de plus terrible ; mais l’eau, elle, on ne peut pas la maîtriser. Capricieuse et vicieuse, elle s’infiltre partout sans qu’on ne puisse rien y faire. C’est pour cela que vous avez un chantier lourd».
«Chantier»
Au mot, des prolongements lexicaux sont greffés. «Chantier de rénovation, de restructuration et de reconstruction», entend-on à la cellule de communication du Mindhu. En somme, un challenge. Sauf que depuis peu, celui-ci additionne les complexités. Inscrit dans un tissu urbain très dense de logements, édifices publics et commerces, l’ouvrage fait face à une circulation incessante et à la pluie. De surcroît, il doit composer avec d’autres chantiers concomitants tels que ceux tenus par les commerçants du marché du Mfoundi. «Parfois, on a affaire à de gros appendices de béton jetés dans le canal par ceux-ci», allègue un ouvrier.
A en croire ce dernier, le chantier sur le Mfoundi, Poste centrale, continue de faire office de déchetterie à ciel ouvert. «Par jour, au moins une demie tonne de troncs d’arbres, des bouteilles, des meubles ou encore des appareils électroménagers», évalue notre interlocuteur. A l’observation, l’on constate un tassement des déchets en amont des portes des écluses. «C’est comme çà tous les jours, c’est un mythe !», se lamente un ingénieur en posture de Sisyphe. «On enlève… Ils jettent… On recommence… Tous les jours », tonne-t-il.
Pris comme tels, les mots soulignent que les populations ne comprennent toujours pas le sens des rêves de la CUY. «Il me semble que les gens s’emploient à ne pas fructifier nos ambitions ; nous ne tiendrons peut-être pas dans les délais, mais nous tiendrons», indique Gilbert Tsimi Evouna.
Jean-René Meva’a Amougou
Vivre-ensemble : La campagne sur Twitter de Brenda Biya
Depuis le 28 mai 2018 sur le réseau social le plus utilisé au monde, la fille du chef de l’Etat camerounais prône l’unité nationale avec les hashtags #vivonsEnsemble237 et #jesuis237.
«Je suis Bulu de la région du Sud, je suis Nanga de la région du Centre, mais avant tout, je suis Camerounaise, très beau pays d’Afrique Centrale, communément appelé Afrique en miniature». Voilà ce qu’affiche le post de Brenda Biya ce 28 mai 2018, à 16h 54 minutes. Ce dimanche 10 juin, sur Twitter, le message, texte de lancement de sa campagne sur l’unité nationale engagée par la fille du chef de l’Etat, est repartagé 193 fois et aimé par 868 utilisateurs de ce réseau social.
Accueil
Si ces chiffres semblent bas pour certains, les milliers de Camerounais d’ici et d’ailleurs commentent et prennent part à cette campagne. C’est le cas de Bienvenu Amahila, qui est également fier de ses origines. «Je suis Yambassa de la région du Centre, né à l’Ouest, grandi au Centre, littoral, Sud Ouest, Sud, Est, Adamaoua, Nord et Extrême-Nord. Je suis avant tout un Camerounais».
Pouokam Messy fait savoir qu’il supporte à «100% notre princesse comme notre champion. Président Paul Biya a bien dit, soyons unis, vivons et travaillons pour un Cameroun uni, fort et prospère». Cette campagne de la fille du président Biya réveille les vieux souvenirs qui sommeillent en Arnold: « Bravo pour ton patriotisme si tu es vraiment sincère. Cela me fait penser à un poème qu’on nous enseignait à l’école primaire : « mon beau village ». Je pourrais dire « mon beau pays».
Pendant que certains encouragent l’initiative, d’autres sont choqués par le piercing sur le nez de Brenda Biya. «Le message est beau, mais toi aussi tu n’as pas d’autres photos ?» ; «si c’était pour montrer ton nouveau piercing, oui on a vu».
Campagne présidentielle?
Derrière le mouvement de Brenda Biya, certains voient le début d’une campagne électorale sur les réseaux sociaux. Elle serait en train de mobiliser les troupes pour la présidentielle de cette année en faveur de son père. «Le vivre- ensemble là n’est pas une campagne présidentielle par hasard ?», s’interroge un internaute. Pendant ce temps, ses homologues de la toile pensent que Brenda est mal placée pour leur donner des leçons sur le vivre-ensemble. «Oui d’accord, merci.
S’il te plait dit à ton père de libérer ce beau pays maintenant», réagit Guekko, directement suivi par un autre internaute. Qui estime que «c’est bien beau de clamer que tu es Camerounaise, mais si tu pouvais vivre la vie d’une Camerounaise ou mieux aider les Camerounais à s’en sortir, ce serait mieux». Au moment où nous mettons sous presse, ses followers ne s’ennuient pas avec elle, car la campagne se poursuit
Didier Ndengue
Yaoundé: De la viande de bœuf empoisonnée sur le marché
A Mvog-Mbi, des commerçants sans scrupule utilisent du formol (formaldéhyde) pour conserver des abats destinés à la consommation courante. Enquête.
Comptoirs de viande formolisée sur des brouettes au marché Mvog-Mbi. Valma et Rock, deux mâtins sont morts le 12 mai dernier au quartier Kondengui, dans le quatrième arrondissement de Yaoundé. «Le premier a rendu le dernier soupir vers 19 heures. Le second a pris le relais trois quarts d’heure plus tard. Avant de rendre l’âme l’un et l’autre, j’ai constaté qu’ils éprouvaient des difficultés respiratoires juste après leur repas. Celui-ci était fait de viande de bœuf», relate Adrien Ba’ala Ondja, leur propriétaire.
Sa douleur est d’autant plus vive que, sur sa commande, les résultats des autopsies réalisées sur les deux chiens par un cabinet vétérinaire très réputé, sis à Bastos (Yaoundé 1er), sont formels: «intoxication alimentaire au formaldéhyde (formol) ; famille chimique : aldéhydes ; facteur de conversion : 1 ppm (partie par million) = 1.23 mg/m3 ; 1 mg/m3 = 0,80 ppm; âge des animaux : 10 et 6 ans», lit-on sur deux feuillets tenus pour certificats de genre de mort des deux bêtes. Les copies, apprend-on, ont été mises à la disposition de la brigade gendarmerie de Kondengui, où une enquête est ouverte.
Ce 07 juin 2018, des détails s’éveillent pour souligner que la viande servie à Valma et Rock a été achetée (le jour même de leur mort) au marché de Mvog-Mbi (Yaoundé 4ème). «J’y ai, moi-même marchandé avec un vendeur de viande de bœuf à la criée. C’était en fin d’après-midi», jure Blandine Ba’ala Ondja. Trempé dans un ruisseau de larmes, le propos de la maîtresse de la maison est ponctué par: «le moins cher de Mvog-Mbi a tué mes chiens !»
«Rue Viandeur»
A reprendre l’affaire, l’on reprend également le chemin du marché de Mvog-Mbi. Entre le carrefour éponyme et le lieu-dit Mvog-Atangana Mballa, la rue nouvellement goudronnée dévoile un espace pour bouchers ambulants. C’est la «Rue Viandeurs». Sur l’origine de cette appellation, l’anecdote est simple, mais pas claire: «c’est juste le secteur des sans-comptoirs», apprend-on.
En fait, l’endroit baigne dans sa grammaire et son vocabulaire, ceux de l’anonymat. «Ni vu, ni connu», c’est la maxime dans ce bordel, où s’y croise toute une humanité en quête de viande de bœuf bon marché et en posture de vengeance contre la vie chère. Beaucoup s’y font des habitudes à cause des prix pratiqués: «Avec 300, 500 ou 1 000 francs seulement, tu peux aussi manger la viande que d’aller chez les grands-grands qui ont beaucoup d’argent». On fait dans l’humour noir, comme dans le marché de la même couleur. Parfois des femmes achètent des abats sous le manteau, à l’abri des regards.
A la vérité, la «Rue viandeurs», c’est le giron de l’omerta. Entre commerçants, c’est la règle ; la même qui régit leurs rapports avec les acheteurs. Pas question de lorgner dans les coulisses. «Ils achètent et partent. Tout simplement ! Pas de question», tranche un homme à la barbiche de saint-cyrien. Ce 22 mai 2018, une jeune femme et son frère tentent de questionner l’origine de la viande vendue ici. La fratrie se heurte à des états d’âme sentencieux des «viandeurs».
Les mots de ces derniers sonnent comme des uppercuts, comme des jets d’acide en pleine figure. Tous ensembles, ils fustigent les leçons de morale dispensées par les autres commerçants. Avec une pointe de dédain dans la voix, une vieille dame assise à côté ironise: «Les viandeurs-ci ont gâté Mvog-Mbi avec ce formol qui vient de Guinée». Comprendre Guinée Equatoriale, selon certaines indiscrétions obtenues aux forceps.
A fouiner un peu dans cet endroit où la délicatesse de la communication avec la presse est avérée, l’on obtient d’étonnantes explications. «On vend la viande ici. Mais parce que cette viande est travaillée, on vend çà moins cher», souffle un homme qui se fait appeler Bazor. Son humeur hésitante cache sans doute un plus. Elle fait d’ailleurs découvrir une pratique. «Ici, on injecte le formol à la viande pour garder çà longtemps si çà ne passe pas quand le marché est dur», précise Bazor.
Ce qui confère une consistance formelle à ces mots, c’est la couleur de la viande disposée dans des brouettes ou sur des plateaux. Rouge, rougeâtre, blanchâtre, noirâtre. Cela saute à l’œil. Certains morceaux attirent des mouches, d’autres non. De manière caricaturale, «c’est la viande des viandeurs», lance furtivement «Eto’o Fils». Jeune boucher ambulant, il s’amuse à classifier les produits. «Ça c’est le premier choix, deuxième choix ici, troisième choix là», énumère-t-il joyeusement.
L’explication qu’il en donne est découpée au rythme de trois sens (la vue, l’odorat et le toucher). «Premier choix, c’est la viande qui est encore bien quand vous regardez. Elle est bien, pas de mouche sur çà. Deuxième choix, c’est la viande qui sent un peu là… Troisième choix, c’est la viande un peu dure et qui se détache déjà seule».
Pourquoi ?
Telle que déclinée par notre interlocuteur, cette prose inédite est en réalité un tourbillon de cruauté nauséabond. S’entourant d’un épais coussin de précautions, une vieille dame témoigne: «premier choix, c’est la viande qui a encore beaucoup de formol ; deuxième choix c’est quand le formol n’est plus trop fort ; troisième choix c’est quand le formol commence à sécher la viande».
La suite est banalement ornée d’un oxymore : «C’est poison», «ça tue». Ngnanbi Mominou, le président du Syndicat national des bouchers du Cameroun (SNBC) appuie : «Grave !». Le terme conjugue en deux syllabes l’ampleur du phénomène et la difficulté qu’il y a à l’éradiquer. «Une vraie hydre qu’on traque mais, difficile de l’abattre», résume le syndicaliste. Aboubakar, un cadre de la délégation régionale de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) pour le Centre ne dit pas autre chose quand il explique que, c’est un problème que les autorités publiques tiennent à cœur.
Il ne cache pas en effet l’ardeur de celles-ci en alignant les adjectifs dans son discours. «Ce que nous combattons, c’est ce commerce souterrain, qui progresse par les réseaux, qui s’épanouit de manière invisible, qui agit clandestinement, sur des esprits faibles ou instables. C’est un commerce insidieux, qui exige de chaque citoyen, de chacun d’entre nous, un regain de vigilance et de civisme».
Jean-René Meva’a Amougou
Pr Melchior Noa à Mvelem
«A partir des poissons et poulets braisés, soyas, on attrape banalement des maladies chroniques»
Ancien toxicologue associé au Centre Pasteur de Reims (France), le Camerounais est le fondateur de l’ONG « Parole à la nature ». Il liste ici les artifices utilisés sur les viandes et autres denrées vendues dans les espaces marchands au Cameroun. En même temps, cet expert dresse une palette des risques encourus par les consommateurs.
Du haut de votre expérience, comment peut-on reconnaître qu’une viande contient du formol ?
Le formol n’est pas hautement réactif, c’est même l’inverse, c’est un composé très stable. La détection et le dosage ne sont pas à la portée du particulier. Le formol n’a pas d’odeur marquée lorsqu’il est utilisé à ces concentrations visant à bloquer le développement de bactéries sauvages, mais il reste très nocif pour la santé. Mais, la présence ou l’absence des mouches ou des fourmis sur un morceau de viande peuvent nous guider.Pouvez-vous nous dire quels sont les stratagèmes utilisés par les vendeurs de viandes dans notre pays ?
Certains bouchers peu scrupuleux n’hésitent pas à nettoyer la viande avariée avec de l’acide sulfurique. Mais le plus inquiétant, c’est que de la formaline (solution à base de formol) peut y être ajoutée afin de la « désinfecter » et de lui redonner un bel aspect. Et le danger est d’autant plus important que des antiseptiques peuvent être injectés en même temps, et que des produits chimiques, tel l’atropine sont utilisés pour dilater les veines des animaux afin d’injecter une plus grande quantité d’eau.A Yaoundé, au quartier Obili, j’ai vu des jeunes gens «chimistes en herbe» proposer aux bouchers un mélange de produits chimiques à base de phosphates, à injecter dans leurs viandes ou poissons pour leur donner « du goût » avant de les passer au barbecue. A partir des poissons et poulets braisés, soyas, on attrape banalement des maladies chroniques. Et que dire de l’aspartame (E951) : il se retrouve dans les plantains, les ananas… C’est ce produit que les commerçants véreux utilisent pour forcer la maturité des fruits.
Quels peuvent être les risques encourus par les consommateurs ?
L’ingestion du formol peut causer des troubles digestifs dont l’intensité dépend de la concentration et de la quantité de la solution ingérée. Lorsque la quantité consommée est importante, le formol se comporte comme un caustique puissant dans l’appareil digestif de l’homme ou de l’animal. On a alors des douleurs buccales, rétro-sternales et épigastriques intenses.L’intoxication systémique par le formol est responsable d’une atteinte polyviscérale se manifestant par un coma souvent convulsif, une cytolyse hépatique, des troubles cardiovasculaires (hypotension, voire collapsus cardiovasculaire), une hémolyse modérée et une néphropathie tubulaire. À court terme, les complications les plus fréquentes sont les perforations et les hémorragies digestives d’une part, les syndromes de détresse respiratoire, une destruction du carrefour aérodigestif d’autre part. L’évolution ultérieure est dominée par le risque de constitution de sténoses digestives.
Par ailleurs, certains produits comme l’huile de palme chinoise sont déconseillés. Bien que portant la mention huile, ce sont des produits chimiques cancérigènes dont la consommation fait gonfler les lèvres.
Que leur proposez-vous ?
Règle première : éviter autant que possible de manger dans la rue. Vous convenez avec moi que ce qui se fait dans de nombreuses gargotes est déplorable sur le plan de l’hygiène. Et s’il faut associer à cela toute la mauvaise chimie que les commerçants mettent sur pied à partir de leurs « officines », il faut vraiment se méfier des repas de rue. Car ils sont concoctés avec beaucoup de choses bizarres.Propos recueillis par
JRMA
Protection du consommateur
Trois tonnes de produits avariés détruits
Composé de produits alimentaires et cosmétiques de mauvaise qualité, le stock est l’objet d’une série de saisies opérées depuis le 29 mai 2018, sur l’ensemble du territoire national.
Dans le cadre des missions et prérogatives qui sont les siennes, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce (Mincommerce) a ordonné la destruction d’un stock de 3,5 tonnes de produits alimentaires et cosmétiques (beurre jadida, des pates dentifrices, huiles de beauté) saisis par les brigadiers de son département ministériel, depuis la fin de l’année dernière, dans plusieurs espaces marchands du pays.
Les produits détruits et enfouis dans une fosse par les engins de la société Hysacam (Hygiène et Salubrité du Cameroun) portent sur la période avril 2017 à novembre 2017 comme dates de péremption. La séance de destruction s’est déroulée en sa présence le 07 juin 2018 à Soa, devant les autorités administratives de la Mefou-et-Afamba.
Au terme de cette opération, au cours de laquelle le concours de la Délégation générale à Sûreté nationale a été sollicité, Luc Magloire Mbarga Atangana précise que les produits avariés introduits dans l’espace commercial camerounais ont transité par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Le Mincommerce en a appelle à la vigilance. «On ne peut pas prioriser les gains au détriment de la santé, la construction de la nation…Nous appelons aussi l’attention des consommateurs eux-mêmes quand vous opérez à l’achat, vérifiez les dates de péremptions et de fabrication du produit» martèle-t-il.
JRMA
Ndangueng dans la Mefou-et-Afamba: Quand la Sanaga se creuse dans le Nyong
Une variété de sable, très prisée dans le secteur du bâtiment et travaux publics, fait le bonheur des jeunes entrepreneurs de cette bourgade de Mfou.
Du sable Sanaga au bord du Nyong à Ndangueng. C’est désormais leur nouvelle vie: chaque jour, des «creuseurs» quittent les maisons et descendent dans les carrières. Des enfants et des adolescents, pieds nus, pataugent dans l’eau noire, des bêches et des outils miniers d’amateurs à la main, sur leur lieu de travail informel, situé en contrebas de vastes portiques de forêt entourant le fleuve Nyong à Ndangueng (département de la Mefou-et-Afamba).
La fièvre saisit tout le monde. «C’est hallucinant! Les jeunes abandonnent l’agriculture pour creuser frénétiquement le sol avec de simples pelles», s’exclame Paul Zang Foé, patriarche du groupement Mvog-Amoug II. Ici, on fait avec les moyens de bord, en utilisant la méthode artisanale. Les creuseurs plongent avec des paniers dans la lagune et ramènent du sable qu’ils remplissent dans les barques. Le contenu des barques est ensuite entassé au rivage, pour être vendu aux camionneurs venus de Yaoundé.
Transporté par camions depuis les rives du fleuve Nyong, le sable arrive dans la capitale du pays située à une soixantaine de kilomètres. Ce produit miracle s’appelle «Sanaga», très apprécié par les entrepreneurs exerçant dans le bâtiment et les travaux publics.
«Manne fluviale»
Oubliés, dès lors, les champs cèdent la place au sable. Pour les jeunes creuseurs de Ndangueng, le boom de l’immobilier dans la capitale et ses environs a constitué une «divine surprise». Une solution inespérée à la misère récente d’une région pourtant fertile. Il y a quelques années, le village avait en effet la réputation d’être le grenier du département de Mefou-et-Afamba, fournissant tubercules et légumes jusqu’à Douala, la capitale économique du pays.
Mais, l’état calamiteux des routes a coupé Ndangueng de Yaoundé. Privés de débouchés, les jeunes voient leurs revenus fondre rapidement. La situation était donc catastrophique, lorsque survint le «miracle» du sable «Sanaga». D’ailleurs, on raconte que les cours s’emballent. «Le camion dix roues est passé de 80 à 120 mille francs Cfa dans les différents espaces de livraison de Yaoundé», raconte joyeusement Mimboé, un jeune natif du coin.
«En réalité, c’est un sable qui a de la valeur», explique Ndi Anyou. La trentaine alerte, accroché au téléphone portable qui le relie à des camionneurs en ville, c’est un jeune prospère qui affiche aussi des ambitions sociales. «J’ai acheté une moto et un salon. Je compte d’ailleurs faire plus… me marier par exemple», explique-t-il. Et même si à côté, il minore subtilement la palette des risques, le tout revient à «on n’a pas de choix»
Bobo Ousmanou
Coupe du monde 2018: Yaoundé parie…
Dans la capitale camerounaise, les sociétés de jeux d’argent sur les matches du mondial russe voient d’un bon œil l’arrivée de la compétition.
Maison de paris à Mvog Mbi. Yaoundé s’éloigne du cliché de la capitale de l’un des pays «grands absents» de la coupe du monde de football, dont le kick off est prévu le 14 juin prochain à Moscou. A mesure que la date approche, la capitale camerounaise s’invente un nouvel art de vivre toutes les émotions de la plus grande compétition sportive du monde. Les lieux de paris sur les matches de la coupe du monde l’ont bien compris. «Ils fleurissent et du coup, surfent sur cette tendance pour être à la hauteur de l’événement», souffle Joe, proprio de casino à Mvog-Mbi (Yaoundé IV).
Sur le terrain, des innovations sont proposées. A Mokolo, dans le deuxième arrondissement de Yaoundé, une maison de paris exalte «le méga» comme nouvelle formule de mise. Le principe, selon Martine, attachée commerciale: «plusieurs parieurs se retrouvent et se mettent ensemble pour se donner la possibilité de rafler un gain énorme, pour une mise de départ toujours aussi faible sur l’un des matches des équipes africaines engagées dans le tournoi».
Ailleurs, à Essos (Yaoundé V), une société de paris a récemment relooké son jeu à gratter «Cash», qui offre une chance sur quatre de gagner jusqu’à un demi-million de francs CFA. Sur le front du marketing, le ticket, en grand format sur font rose, renvoie l’image d’un billet de banque pour mieux séduire les joueurs.
Mais avant tout, il faut garder en tête que le principal dans un événement planétaire, c’est de voir les gens heureux. Chargé de la programmation dans une structure de jeux à Mvog-Mbi, Matthieu voit en cette compétition l’opportunité de rassembler les foules. «Les attentes seront surtout festives: on souhaite voir des embrassades, des scènes de joie. Que les gens boivent de la bière ou du champagne, c’est un détail. Avant tout, il faut de la convivialité»De plus, «aux yeux de nombreux joueurs modestes, les jeux d’argent s’apparentent un peu à la Bourse», analyse Jean-Pierre Bisseck. Le psychologue – enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale de Yaoundé écume cette industrie depuis longtemps. Pour lui, il y a certes le foot et la fibre africaine. «Mais, ajoute-t-il, le facteur crise et les campagnes de communication expliquent tout». En tentant de nuancer, il conclut que depuis peu, l’imminence d’un grand moment de football induit une certaine effervescence dans le pays. «Yaoundé et ses lieux de paris sportifs ne sont que l’expression de cette donnée», théorise Jean-Pierre Bisseck.
En cette veille de coupe du monde de football 2018, les parieurs sont plus dépensiers. «Rien que pour les matches du premier tour que livreront les équipes africaines, nous avons 80% de notre chiffre d’affaires», explique un casinotier à Nkomkana (Yaoundé II). Bien plus, il confesse avoir changé les habitudes de jeu en facilitant et en accentuant la part de divertissement. «Ce divertissement, dit-il, consiste à proposer sur écran géant, par exemple les meilleures actions de Samuel Eto’o ou Didier Drogba… J’espère qu’ils iront loin, ce serait bon pour le business. On a prévu des fanions, des sifflets, des coloriages pour les matches des Africains… Des trucs un peu sympas pour vibrer avec nos équipes africaines».
Jean-René Meva’a Amougou
Winnie Mandela… Une vie, une anthologie
Femme adulée puis controversée, l’existence de cette combattante de l’apartheid n’a pas été un long fleuve tranquille.
Le couple Mandela, légendaire pour l’éternité. «Winnie Madikizela-Mandela. C’est le nom. C’est aussi la femme. Rebelle et désormais une légende planétaire en pointe». Le Pr Laurent Zang qui a côtoyé l’ex-femme de Nelson Mandela lors de ses multiples séjours en Afrique du Sud, veut d’emblée se défaire du contre-emploi que certains médias font du portrait de la combattante, au lendemain de son décès survenu le 1er avril 2018 en Afrique du Sud. Toutefois, l’enseignant de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) sait suffisamment varier ses emprunts à une pléiade de biographes ayant collectionné des clichés et qui les redistribuent aujourd’hui comme un jeu de cartes.
«Certainement que ceux qui ont écrit sur cette dame ont trouvé quelque chose ou plusieurs choses positives. Et parce qu’il est évident qu’on apprend rien des idiots, il y a de la matière en Winnie, même morte. Dans un monde où la sensibilité s’émousse, Winnie est un cadeau à offrir pour tous ceux qui souffrent de leur intelligence », suggère l’enseignant.
Amour éperdu ?
La réponse est évidente. Surtout pour quiconque cherche à interpréter les tableaux à l’aune du passé tragique de cette femme née le 26 septembre 1936 dans la province du Cap oriental. Et si le Pr Laurent Zang préfère cet angle, c’est que jusqu’au bout, «Mama Winnie» est restée fidèle au township noir de Soweto, le cœur de la lutte antiapartheid. Là où elle avait rencontré Nelson Mandela en 1957, devant un hôpital. D’ailleurs, ils se sont mariés très vite, dès 1958.
Dans les townships. Elle a continué à y vivre quand ses frères de combat l’avaient quitté. Mandela aussi. A son retour, ce dernier est arrêté le 05 août 1962… Jeté en prison pendant 27 ans. Calcul rapide : Winnie n’a véritablement vécu auprès de son époux que deux ans au maximum. Dans les lettres de son prisonnier d’époux qu’elle reçoit, il y a beaucoup de tendresse. Et quand Winnie arrache l’autorisation de venir rendre visite à son mari, le couple n’a que 40 minutes pour se dire tout ce qu’ils ont à se dire.
Trop peu, trop frustrant ! Mandela réclame ce qu’on appelle des «visites de contact». Mari et femme peuvent être dans la même pièce et se parler directement, se toucher, à tous les sens du mot. Ce sont des visites qui durent deux heures. Le temps qu’il faut, écrit Mandela dans ses lettres, pour parler des problèmes de famille, de l’éducation de leurs deux filles. Mais les autorités refusent obstinément. Ce qui explique la réponse bouleversante que Mandela a faite à un journaliste le surlendemain de sa sortie de prison.
Celui-ci lui demandait quel fut son plus grand choc en redécouvrant le monde après avoir vécu vingt-sept ans derrière les barreaux. Mandela lui avait répondu que ce fut de se retrouver avec sa femme dans la chambre à coucher de leur maison à Soweto, le premier soir. Ils étaient devenus deux étrangers.
Clash
Mariée en 1958 avec Mandela, bannie en 1977 dans le petit village de Brandfort dans l’Etat libre d’Orange, elle est divorcée depuis 1996. Son attitude est telle que Nelson Mandela l’homme qui a su engager le dialogue avec le régime raciste qui l’avait emprisonné pendant 27 ans disait d’elle à l’époque: «Même si l’univers entier me pressait à une réconciliation, je ne pourrais pas». De fait, Winnie était séparée de Nelson depuis déjà quatre ans. Mandela voulait une séparation à l’amiable. Winnie l’a acceptée. Cette séparation était autant sentimentale que politique.
Winnie Mandela qui était proche de la sensibilité de la frange de l’extrême gauche du parti n’a eu de cesse de critiquer son illustre mari pour l’accord historique passé avec les Blancs pour mettre fin à la ségrégation. Les années de prison de Nelson Mandela l’avaient aussi éloigné sentimentalement de son époux. Ils ont payé tous les deux un très lourd tribut à l’Histoire. Leur amour est sans doute l’une des plus grandes victimes de l’apartheid.
En 1992, elle était démise de toutes ses fonctions dirigeantes au sein du Congrès national africain (ANC) après des accusations de corruption dans son département des Affaires sociales. Limogée en 1995 du gouvernement où elle occupait le poste de ministre des Arts, de la Culture, de la Science et de la Technologie, elle engage un conflit ouvert avec la direction de l’ANC qu’elle accuse de «trahison» du peuple. Laquelle lui reproche son «populisme» et son «charlatanisme». Dans l’Afrique du Sud raciste, durant l’état d’urgence, un groupe de jeunes assuraient la sécurité de Winnie Mandela.
Au plus fort de l’insurrection contre le régime de l’apartheid, ils choisirent de dissimuler leur activité en se présentant comme une association à vocation sportive. Censé servir également d’officine de recrutement pour la branche armée de l’African National Congress, le Mandela United Football Club (MUFC) naviguait entre culte de la dissimulation et religion du secret. Ses membres s’épiaient et se tenaient à l’œil les uns les autres. Très vite, le soupçon et la fébrilité prirent le pas sur la confiance et la sérénité.
Comme il fallait le redouter, tout cela dériva progressivement vers une sorte de coterie criminelle sans grand rapport avec la lutte contre l’oppresseur. Accusées de servir les intérêts de la police ou d’être des «infiltrés», plusieurs personnes passèrent de vie à trépas, victimes de simples rumeurs ou de règlements de compte.
Héritage
Où situer la responsabilité de Winnie Mandela ? Victime de nombreuses trahisons, l’ex-épouse de Nelson Mandela redoutait particulièrement les Noirs alliés à la police. Ses déclarations maladroites sur la nécessité de leur faire subir «le supplice du collier» traduisaient un ras-le-bol. Nombreux parmi ses compagnons de lutte se rendirent, effectivement, complices des brimades à son encontre.
D’autres contribuèrent à orchestrer une campagne de diffamation. De sa vie intime à sa vie professionnelle en passant par sa vie familiale, rien ne lui fut épargné. Dans sa cellule de Robben Island, son époux retrouvait régulièrement des coupures de presse évoquant ses liaisons amoureuses. Fouilles vaginales, isolement et tortures furent son quotidien durant ses 491 jours de prison.
S’étant séparée de ses filles, parties étudier au Swaziland, elle dut aussi accepter de ne plus travailler. Pouvait-elle subir tout cela sans se radicaliser ? Pouvait-elle le vivre sans nourrir des ressentiments voire un sentiment de vengeance? De telles mesures pouvaient-elles être mises en œuvre sans complicité dans son environnement immédiat ? L’image du couple Mandela, marchant main dans la main à la libération du héros anti-apartheid en 1990, a fait le tour du monde. Image écornée.
Mais les époux ne se sont jamais retrouvés. Ils ont fini par divorcer en 1996 à l’issue d’une sordide procédure qui a révélé les infidélités de Winnie. Leur animosité a continué même après la mort de Nelson Mandela en 2013. Il ne lui a rien légué. Furieuse, elle a engagé une bataille pour récupérer la maison familiale de Qunu (sud). La justice l’a récemment déboutée. Une mort avant la lettre.
Jean-René Meva’a Amougou
Le 7 de la dernière heure
Ils accèdent pour la première fois à un poste ministériel ou assimilé… en fin du septennat du prince. Qui sont-ils ?
Georges Elanga Obam, «Le pm»
C’est le tout premier ministre de la Décentralisation et du Développement local. Mission : parachever le processus et conférer véritablement aux collectivités locales décentralisées plus d’autonomie et de vie. Jusque-là, il était conseiller technique auprès du Premier ministre. Au-delà, il porte aussi une autre casquette puisqu’il est membre du Conseil d’administration de la Caissede stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH). On l’avait également vu en 2015 comme Coordonnateur du Secrétariat Technique du Comité de suivi de la mise en œuvre du plan triennal pour l’a
ccélération de la croissance. Georges Elanga Obam a participé à la rédaction du Rapport d’état du système éducatif national (RESEN). Pour le compte du RDPC, il milite dans le Dja et Lobo II (Zoetélé).
Gaston Eloundou Essomba, le dur
Les militants et militantes de la section Rdpc Mefou et Akono Sud-Ouest l’ont à cœur. «Il nous montre l’exemple à suivre», déclarait l’un d’eux au cours d’une récente conférence de section. En même temps, le nouveau ministre de l’Eau et de l’Energie est ferme. La preuve: en septembre de l’année dernière, l’ancien directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), a limogé son «frère du village» accusé d’extorsion de fonds à des tiers dans cette structure publique.
Nalova Lyonga Pauline, «animal politique»
02 mars 2018, ministre des enseignements secondaires ! En l’espace de 3 mois, cette dame incarne finalement l’«animal politique». Virée de l’université de Buea en juin 2017 par Paul Biya, l’ancienne Vice-Chancellor va rebondir quelques mois après comme PCA de l’Hôpital général de Douala, en novembre 2017, toujours grâce au décret du président. Auteur de plusieurs revues et
livres sur la littérature africaine sur les théories féminines, Nalova Lyonga Pauline est titulaire d’un Phd obtenu à l’université d’Ann Arbor dans l’Etat du Michigan aux Etats-Unis.Samuel Mvondo Ayolo, un benguiste au bercail
Selon Journal du Cameroun.com, sa nomination peut être lue comme une surprise quand on sait qu’il remplace Martin Belinga Eboutou, réputé fidèle ami du président. Agé de 61 ans Samuel Ayolo Mvondo est un natif de Sangmélima (région du Sud). De retour au Cameroun, le nouveau DCC, désormais ancien ambassadeur, entre dans la fonction publique en décembre 1985 en qualité
de contractuel à la direction de l’Information et passe toute sa carrière dans les services centraux du ministère des Relations extérieures jusqu’à sa nomination au poste de directeur des Nations unies et de la Coopération décentralisée en 1997.En 2008, il est nommé ambassadeur du Cameroun au Gabon. Dix ans plus tard (le 11 avril 2016 précisément), il est propulsé vers Paris comme ambassadeur du Cameroun en France. Il est titulaire d’un diplôme d’Études approfondies (DEA) de science politique obtenu à l’université Jean Moulin de Lyon en France.Mbayu Felix, dans la maison
Il est l’une des nouvelles têtes du gouvernement. Secrétaire général du ministère des Relations extérieures, il sera désormais au ministère délégué auprès du ministre des Relations extérieures, en charge de la coopération avec le Commonwealth. Né le 11 avril 1957 à Mankon (Bamenda), il s’est particulièrement insurgé contre quelques-uns de ses collaborateurs du ministère des Relationsextérieures (Minrex), où il officiait jusque-là comme secrétaire général. En effet, assurant l’intérim de Lejeune Mbella Mbella (le ministre), ce diplomate avait, en début de l’année en cours, mis en garde certains agents du Minrex enclins à la divulgation des informations stratégiques à des tiers.
galax Yves Landry Etoga, sur la galaxie des pandores
C’est le remplaçant de Jean-Baptiste Bokam au secrétariat d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie. Il occupait jusqu’ici le poste de chef de Division des affaires juridiques et des traités au Minrex.
Oswald Baboké, pasto à la dcc
Un diplomate pour remplacer un journaliste. A 44 ans, l’homme est, avec son épouse Crescence, pasteur d’une église de réveil basée à Yaoundé. Ceux qui le fréquentent allèguent qu’il est aussi excellent communicateurConseiller Technique à la présidence de la république, M. Baboké est un diplomate. Il est le véritable directeur de cabinet de la première dame, chargé de ses affaires
privées, de l’envoi de fleurs à la gestion de son agenda. D’aucuns interprètent sa nominations comme «une injection de sang neuf» à la DCC.Armand Djodom, contre les nids de poules
Voilà un autre secrétaire général de ministère qui a été promu. En effet, le nouveau secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics chargé des routes, occupait le poste de Secrétaire général du ministère des Postes et Télécommunications. Il a pour mission de relever l’énorme défi de la construction et de la gestion des routes au Cameroun.
Tasong Njukang Paul, via la Cemac
Vraissemblablement, il doit sa nomination à son passage remarqué et remarquable à la Commission de la CEMAC, une structure au sein de laquelle il était chargé des infrastructures. C’est donc un capital qui lui permet de gérer les challenges qu’induisent le ministère de l’Economie, de l
a Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) où il est chargé de la planification.
Les personnalités et leurs portefeuilles
1) Ministre de l’Administration territoriale
- Atanga Nji Paul
2) Ministre de la décentralisation et du développement local
- Elanga Obam Georges
3) Ministre de l’Eau et de l’Energie
- Eloundou Essomba Gaston
4) Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire
- Alamine Ousmane Mey
6) Ministre des Enseignements secondaires
Mme Nalova Lyonga Pauline
7) Ministre des Finances
- Motaze Louis Paul
8) Ministre de la Fonction publique et de la Reforme administrative
- Joseph Le
9) Ministre des Forêts et de la Faune
- Ndongo Jules Doret
10) Ministre des Transports
- Ngalle Bibehe Ernest
11) Ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire chargé de la planification
- Tasong Tchoutang Paul
12) Ministre délégué auprès du ministre des Finances
- Yaouba Abdoulaye
13) Ministre délégué auprès du ministre des relations extérieures chargé de la coopération avec le Commonwealth
- Mbayu Felix
14) Ministres chargés de mission à la présidence de la République
- René Sadi
- Dion Ngute Joseph
15) Secrétaire d’Etat au ministère de la Défense en charge de la Gendarmerie
Etoga Galax Yves Landry
16) Secrétaire d’Etat au ministère des Travaux publics en charge des routes
Djodom Armand
17) Ministre secrétaire général adjoint à la présidence de la République
- Elung Paul Che
18) Directeur du cabinet civil de la présidence de la République
- Mvondo Ayolo Samuel
19) Directeur adjoint du cabinet civil
- Osvald Baboke
«Paix et efficacité»?
Quand Paul Biya, le président de la République a, le 02 mars dernier, décidé de reconfigurer l’équipe de Philemon Yang, l’on entendu, ce que les grands communicants de la radio publique nationale ont nommé «paix et efficacité». Il y a eu deux mots, reliés par une simple conjonction, et ils ont été martelés afin de justifier ces décrets présidentiels lus dans la nuit. «Paix et efficacité». Il suffit de parcourir les profils des heureux promus et de ceux qui ont changé de portefeuille. «Paix et efficacité», disent-ils? Nous n’y lisons que jeu de chaises musicales et gestion déguisée de la crise anglophone. En juxtaposant par un grand chambardement, «Paix et efficacité», on dit à demi-mots que l’équipe Yang IV vise surtout à panser les plaies sensibles de la sécurité, à redistribuer le gâteau national sous l’aiguillon de l’unité.
Au gouvernail de la nation, Paul Biya semble porté par la magie du changement et sa fatalité dans les démocraties des temps de crise. Porté surtout par le rejet acharné et quasi maniaque de tout ce qu’il a pu faire par rapport aux crises qui secouent le Cameroun :crise économique et crise identitaire. Ces hydres à mille têtes ne cessent de hanter la pétaudière nationale. Et il fallait peut-être aussi revoir l’équipe… en mettant certains coucous du sérail à la touche et en propulsant vers l’arène de jeu, d’autres coucous. Alternant bien sûr révélations et déceptions.
Les coucous éjectés
Avant la soirée du 02 mars 2018, ils étaient presqu’intouchables. En regardant la fiche des « bannis », on n’hésite pas à répertorier quelques causes de leur chute; du moins celles qui hantent l’imaginaire collectif abreuvé d’images cocasses.
Basile Atangana Kouna, Dans l’eau surfacturée
Lors de la conférence annuelle des services centraux et déconcentrés du Minée en janvier dernier, son œil paraissait avoir la paupière lourde, comme sous le poids d’une inquiétude. Selon des indiscrétions, une rumeur persistante d’une surfacturation de plus de 350 millions de dollars sur le projet Sanaga destiné à fournir à la ville de Yaoundé, un supplément de 300 000 m3 d’eau parjour. Vrai ou faux ? La question n’est probablement plus de savoir (de toute façon, il est trop tard !). Le vrai sujet, c’est que ce fils de Mbalelon I (Ngoumou) dans région du Centre, admirait sa joie de vivre et en faisait même la cause de son incroyable impunité au sein du gouvernement dans lequel il est entré depuis le 9 décembre 2009 comme ministre de l’Eau et de l’Énergie.
Michel Ange Angouing, le vrai recalé au concours de l’Enam
Jusqu’au 02 mars au soir, il était le vingt-troisième ministre de la Fonction publique du Cameroun. Certains pariaient que, pour lui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, au-delà du scandale de l’Enam. Avec cette affaire-là, son cerveau a saigné aux quatre veines pour prouver que, relativement aux résultats définitifs du dernier concours d’entrée dans cette prestigieuse institution, c’est lui qui avait raison. Au lieu de qu’il nous bassine l’opinion avec des preuves de transparence dans les concours administratifs, il n’a fait qu’ajouter à la confusion, en engageant un combat amusé avec Linus Toussaint Mendjana, le directeur (actuel) de l’Enam. Certainement que ce natif de Doumaintang (Est-Cameroun) s’imaginait nouveau visage en odeur de sainteté avec Paul Biya. Que non ! Parce que la vie rêvée est moins vraie que la réalité. Il vient de sortir du gouvernement au sein duquel il a œuvré depuis le 09 décembre 2011.
Martin Belinga eboutou, le moine révoqué
« Diriger un cabinet, c’est facile », s’amusait un jour Jean-Baptiste Baleoken. L’ancien DCC insinuait ensuite que DCC c’est un drôle de métier, âpre, chronophage, dévorant, qui au mieuxempiètelargement sur la vie privée, au pire la met entre parenthèses. Plus rien n’existe, sauf le désir du président, et quand le président dit «Je veux…», le cabinet cesse de respirer et s’exécute à toute heure du jour et de la nuit. C’est comme entrer dans les ordres. Sont requises, pour prendre les habits de moine, une fidélité absolue, une disponibilité de tous les instants, une foi dans la fonction qui s’apparente à un sacerdoce. Le chef de Nkilzok (Dja-et-Lobo) n’a pas dévié cette ligne de septembre 1996 à décembre 1997, lors de son premier bail à la DCC. Son second séjour au même poste depuis le début de l’année 2010, n’a pas été différent. Seulement, il vient d’être débarqué. Sans ménagement. C’est la règle du jeu, connue à Etoudi et à contre-courant de ceux qui croient que côtoyer le pouvoir (là où se prennent les décisions, mais également les coups), flirter avec le saint des saints, c’est un passeport pour l’éternité.
Jean-Baptiste Bokam, Entre les lignes du mémorandum de l’Est
Manœuvre efficace, « réac » au regard des « pédagogistes », le « baron » de Bagbezé I (département du Haut-Nyong, région de l’Est) est plutôt « républicain » pour les défenseurs de la méritocratie. Il paraît que c’est aussi avec ce genre de profil que l’on se taille une réputation sous les lambris
du palais de l’Unité. Compréhensible donc que Jean-Baptiste Bokam
ait été tour à tourpromu ministre du Travail et de la Prévoyance Sociale (16 mai 1988 – 09 avril 1992), ministre des travaux Publics et des Transports (09 avril – 27 novembre 1992), et Ministre des Travaux publics (27 novembre 1992 – 07 décembre 1997). Quand arrive le 22 septembre 2006, il est Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie. Ni les uns, ni les autres n’ont pas été surpris par sa nomination. D’aucuns pensent que si les portes du gouvernement lui été réouvertes à cette occasion, c’était parce qu’elle avait «bien manœuvré» pour le compte du RDPC dans son département d’origine. Là-bas, il a parfois décidé, à tous les sens du mot. Souvent pertinentes, parfois polémiques, les initiatives menées par celui que l’on surnommait, jusqu’au 02 mars 2018, « l’hyper-gendarme » connaissent, à chaque fois, un large écho dans la presse nationale. Sauf qu’on le soupçonne d’être l’un des commanditaires du « mémorandum de l’Est », un pamphlet revendiquant un quota élevé des ressortissants du Soleil levant au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de Bertoua.
Edgard Alain Mebe Ngo’o, sur les rails d’Eseka
Son ascension fulgurante rend d’autant plus douloureux son départ du gouvernement ce 02 mars 2018. Ce d’autant plus qu’il se situe en plein inventaire du septennat de Paul Biya encore en cours. On se souvient que sa venue au ministère des Transports n’est pas allée sans polémiques au lendemain du réaménagement du gouvernement en octobre 2015. Portée par un nom illustre à Etoudi, Edgard Alain Mebe Ngo’o semblait, il y a peu, investi d’un instinct redoutable dont hérite parfois la descendance des «grands monstres politiques». En janvier dernier, l’homme confiait à la presse que « si tout se passe bien cette année, nous allons faire bouger les choses dans le bons sens si le chef de l’Etat nous accorde encore sa haute attention ». Cette « haute attention » a malheureusement été ruinée (à postéori) par l’émergence, au sein de l’opinion publique nationale, d’un vif débat sur la gestion « très artisanale » de l’accident ferroviaire survenu à Eseka le 21 octobre 2016. Dans cette affaire où la raison d’Etat et la raison du cœur continuent de se livrer un match sanglant, le « Zoétélé boy » se coule dans la peau d’un personnage qui l’a marquée. Parce que sur ce coup-là, il avait été d’office désigné comme l’un des symboles de cette intelligentsia « dégénérée » dénoncée à la vindicte publique. Et avec sa sortie du gouvernement, on pourrait craindre une histoire à tiroirs dans les prochains jours.
Philip Ngole Ngwese, perdu dans la forêt du Dja
On l’a vu à la peine le 05 juillet 2017 à Yaoundé, devant les sénateurs fouinant, sans retenue, dans le fait que des milliers d’hectares de forêt auraient été détruits dans la réserve du Dja (Sud-Cameroun). Les parlementaires évoquaient alors le chiffre de 42% en un an et demi seulement. « Aucune déforestation n’a eu cours ou n’est en cours actuellement dans la réserve du Dja », martelait Philip Ngolle Ngwesse qui avait à ses trousses, une ONG. Selon des sources, cette organisation-là a dominé et a finalement eu la tête du désormais ex-Minfof. Et ce malgré les félicitations nourries de l’Union européenne, au sujet de la saisie, durant la nuit du 11 au 12 décembre 2017, de 216 défenses et 81 queues d’éléphants.
Assurer les arrières
Il en va des gouvernements comme des recettes de pâtisserie. Le succès d’une préparation tient aussi bien du choix des ingrédients que de la précision des dosages. En composant son équipe (sur proposition du PM Philemon Yang), Paul Biya a mêlé quelques personnalités expérimentées à des fidèles de la première heure (Laurent Esso, Louis Paul Motaze ou encore René Sadi) et à un contingent de jeunes loups. Pour pimenter le tout, des figures des zones anglophones ont été appelées à travailler avec ceux cités plus haut, même si « le pack » venu du Nord-ouest et du Sud-ouest pâtit plus ou moins de sa faible notoriété. Mais au final, « c’est un mélange audacieux », selon Jean-Baptiste Atemengue, militant du RDPC.
Pour d’autres citoyens, ce gouvernement regorge de personnalités qui sont parvenues à imprimer leur marque sur certains dossiers. C’est le cas de Louis Paul Motaze et Alamine Ousmane Mey. «Deux voisins économiques», ironise Régine Amougou Noma, maire de Yaoundé IV. Et le reste des ministres et secrétaires d’Etat discrets (Laurent Esso) ou mal connus (à l’exemple de Dallas Yves Landry Etoga).
En tout cas, le paysage politique est planté, le gouvernement Yang IV est là. Et si possible jusqu’à la prochaine élection présidentielle puisque, selon les observateurs, ce nouvel exécutif doit «contribuer à la réussite de cette fin de septennat». Élargir la majorité. C’était l’obsession du chef de l’État, en remaniant son équipe gouvernementale. «Le président est déjà dans l’après, souligne un parlementaire qui lui est proche. Il anticipe les difficultés veut installer un duel entre les forces qui le soutiennent et les extrêmes». Au passage, il affaiblit un peu plus l’opposition. «Il faut que cette équipe, anciens et nouveaux, fasse ses preuves avant qu’on les intègre complètement», prévient un cadre du RDPC. « C’est la prime à ceux qui aideront le président à briguer un autre mandat », ajoute-t-il.
Jean-René Meva’a Amougou
Depuis des années, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ne rate pas l’occasion de se prononcer sur des questions politiques délicates dans ce pays.
quelques membres du clergé en RDC Alors que la carte religieuse du pays subit des changements profonds, l’Eglise catholique demeure présente sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo (RDC).La réalité chiffrée indique qu’elle compte plus de 40 millions de fidèles, soit approximativement la moitié d’une population estimée à 80 millions d’habitants, éparpillés dans 06 archidiocèses et 41 diocèses. Sur le plan social, plus de 60 % des écoles primaires et hôpitaux du pays sont gérées par des institutions catholiques. Sur le plan économique, beaucoup de diocèses sont propriétaires d’entreprises, incluant des fermes ou des magasins.« Une puissante force religieuse et économique convertie ces dernières années en force politique de premier plan », selon des analystes.Depuis 1990, cette congrégation religieuse s’impose en première ligne des actualités politiques. Avec Mobutu, Kabila père et fils, les échanges nourris avec les différents pouvoirs ont créé une communauté idéologique de grande importance en RDC. Portée actuellement par S.E. Mgr Marcel Utembi Tapa, archevêque métropolitain de Kisangani et président de la CENCO, cette communauté parraine souvent des combats politiques.Faits d’armesLe 19 février 2018, lors d’une conférence de presse à l’issue de leur Assemblée plénière extraordinaire tenue du 15 au 17 février 2018 à Kinshasa, la CENCO a réaffirmé sa sollicitude à l’endroit du peuple congolais. Par ailleurs, les pasteurs de l’Église catholique en RDC ont exprimé leur profonde inquiétude par rapport aux faits très graves et aux attitudes hostiles, indiquent-ils, « alors que nous sommes censés nous préparer à la tenue des élections en vue d’une alternance pacifique au pouvoir. » Ils ont relevé et condamné notamment la répression sanglante des marches pacifiques du 31 décembre 2017 et celle du 21 janvier 2018 organisées par le Comité laïc de coordination pour réclamer l’application intégrale de l’Accord du 31 décembre 2016. Ils se sont dits remontés contre la compagne de dénigrement et de diffamation visant à affaiblir la force morale de l’Eglise catholique. A ce propos, le Cardinal Monsengwo, Archevêque de Kinshasa a martelé que : « nous n’abandonnerons jamais notre engagement pour l’avènement d’un Etat de droit en République Démocratique du Congo. »Accusant souvent la commission électorale d’être à la solde du pouvoir comme ce fut le cas entre 2003 et 2015, ou un long conflit a opposé la direction de l’Église à l’abbé Malu-Malu, président de la commission électorale et décédé en juin 2016, la CENCO s’est clairement opposée au régime en place, dans un effort de sortie de crise.En 1991 déjà, un pouvoir à bout de souffle convoquait la Conférence nationale souveraine (CNS), dans une manœuvre politique visant à redorer le blason d’un Mobutu Sese Seko vieillissant. C’est l’archevêque de Kisangani, Laurent Monsengwo, qui se retrouve alors à la tête du bureau national de la CNS. Il deviendra par la suite président du Haut Conseil de la République, de 1992 à 1994, tenant lieu de Parlement de transition. Près de vingt ans plus tard, devenu cardinal, le prélat est une des multiples voix qui dénoncent l’irrégularité de l’élection présidentielle de 2011 s’étant soldée par l’octroi d’un second mandat à Joseph Kabila. Le cardinal s’exprime alors au nom de la CENCO, qui officie en tant qu’observateur des élections, et s’emporte contre des élections qui « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».Hortense Utamuliza Kanakuze