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Cameroun, un champion en questions

Surprenants vainqueurs de la dernière édition de la Coupe d’Afrique des Nations (Gabon 2017), les Lions Indomptables débarquent sur les bords du Nil avec quelques certitudes et plusieurs interrogations. Peuvent-ils réalistement prétendre à une 6e couronne continentale ?

Les Lions indomptables cuvée 2019

Même si elle n’a pas véritablement été mise à l’épreuve lors des éliminatoires de la Can 2019, la sélection menée par Clarence Seedorf a montré qu’elle pouvait hausser son niveau de jeu et répondre à l’adversité. On l’a ainsi vue dominatrice lors de la dernière rencontre couperet face aux Comores (3-0), tout comme on l’a vu vaillamment tenir tête à une Selecao brésilienne, certes vite privée de son métronome Neymar, dans un match amical disputé à Londres le 20 novembre 2018.
Une fois encore, c’est au mental que les Lions iront chercher ce nouveau titre. Sans doute émoustillés par la délocalisation de la Can 2019 d’abord prévue au Cameroun, ils vont sans doute faire valoir cet esprit conquérant inscrit dans leur ADN. Mais cela pourrait s’avérer insuffisant, car les champions en titre seront attendus au tournant. Ils devront produire du jeu s’ils veulent à nouveau triompher. En ont-ils seulement les moyens ?

Quelle animation offensive ?
Dans les buts, il est quasi impossible de contester la place de numéro un à André Onana, qui sort d’une saison époustouflante avec l’Ajax Amsterdam. On attend toutefois qu’il réplique ces performances héroïques en vert-rouge-jaune pour définitivement repousser la concurrence de son cousin Fabrice Ondoa qui a offert la Can 2017 au Cameroun. La défense semble encore en rodage. Matip et Nkoulou ont décliné l’offre d’un retour pour laisser les clés du secteur axial au duo Yaya Banana-Ngadeu Ngadjui, qui est loin de constituer une assurance tous risques. Mieux encore, le très prometteur Jérôme Onguene a été viré du groupe au profit de l’obscur Dowa Tchokonté, dont les états de services restent sujets à caution.

Personne ne sait à ce stade si un Kundé Malong (lancé par Seedorf) est capable, dans un grand match, d’être cette sentinelle qui illumine le jeu d’attaque des Lions tout en assurant le travail de ratissage dans l’entrejeu. Difficile de parier ses économies sur Christian Bassogog ou Clinton Njié, souvent branchés sur courant alternatif, ou même sur un Jacques Zoa dont la fréquence de buts en sélection est quasiment adossée au changement de pape à la Curée romaine.

Pour le reste, on a affaire à un groupe qui s’est longtemps cherché une identité de jeu et qui pourrait (faute de mieux) s’en remettre au flair et à l’inspiration de Karl Toko Ekambi et de Stéphane Bahoken. Ces derniers viennent en effet de boucler une saison intéressante en club. En l’absence de Vincent Aboubakar (encore convalescent), ce duo d’attaque devrait être aiguillé par le néo-capitaine Éric Maxime Choupo-Moting, capable de quelques fulgurances géniales dans un beau jour. Les Lions ne sont peut-être pas un épouvantail, mais ils en ont encore sous la semelle, même si des préoccupations demeurent.

Nos champions vont-ils suffoquer ?
L’environnement sera un facteur déterminant pour la réussite des Lions en Égypte. D’abord l’environnement naturel, le temps qu’il fait en Égypte. On frôle actuellement les 40° dans le pays des Pharaons, ce qui ne contribuera pas à faciliter la tâche à un groupe dont la majorité de l’effectif évolue sous le froid européen. Mais plus que cette « excuse » qui ne tiendrait d’ailleurs pas la route (toutes les équipes vont devoir se défoncer sous cette chaleur), c’est plus l’environnement social, le management de la sélection qui risque encore de plomber le parcours des Lions Indomptables. On reparle des problèmes de primes, des passe-droits, de rétrocommissions, d’influences des agents des joueurs. Décidément, plus ça change, plus c’est la même chose. S’ils ne s’asphyxient pas de cet environnement délétère, les Lions ont encore une chance de créer la sensation. Après tout, n’est-ce pas là leur marque de fabrique?

 

Xavier Tassous

Comment appelle-t-on leur équipe

Noms d’animaux associés aux symboles nationaux. Le tout permet à chaque formation de disposer d’une appellation spécifique.

Les Pharaons, hôtes de la compétition

Égypte: les «Pharaons»
Même s’ils auraient pu s’appeler les «Sphinx», à l’image de leur emblème, le sphinx de Gizeh, c’est tout naturellement que les Égyptiens ont pris le nom des fondateurs de leur pays, rois de l’Égypte antique.

République démocratique du Congo: les «Léopards»
Une tête de léopard figure au centre des armoiries de la RDC. Entre 1997 et 2006 – juste après le changement de nom du pays, ex-Zaïre –, les joueurs de l’équipe nationale étaient surnommés les «Simba», ce qui signifie lion en swahili.

Ouganda : les «Grues»
La grue royale est l’animal symbole du pays, présent sur le drapeau de l’Ouganda.

Zimbabwe: les «Warriors»
C’est l’une des rares nations à n’avoir pas choisi de symbole animal. Les Zimbabwéens s’appellent les «Warriors» (les «Guerriers»).

Nigeria : les «Super Eagles»
Symbole de force, l’aigle est présent au sommet des armoiries du Nigeria.

Guinée : Le «Sily national»
Voilà un qualificatif inconnu du grand public. Sily signifie «éléphant» en soussou, langue de l’Afrique de l’Ouest.

Madagascar : les «Bareas»
Barea est un mot dialectique synonyme de «zébu», l’animal emblème de l’île de l’océan Indien.

Burundi : les «Hirondelles»
Les Burundais auront bien besoin de la vélocité propre à l’hirondelle, oiseau migrateur, pour atteindre les huitièmes de finale.

Sénégal : les «Lions de la Teranga»
Teranga signifie «hospitalité» en wolof. Ce surnom est surtout employé à l’étranger, les Sénégalais se contentant généralement du mot «Lion».

Algérie : les «Fennecs»
Petit renard des sables du Sahara, espèce protégée, le fennec est le totem de la sélection algérienne. Sont aussi employés les termes de «Guerriers du désert» ou El Khedra» (les Verts), en référence à la couleur du maillot algérien.

Kenya : les «Harambee Stars»
«Harambee» est la devise du Kenya, inscrite en lettres blanches sur les armoiries du pays. Cela signifie «travaillons ensemble».

Tanzanie: «Kilimandjaro Stars»
Le Kilimandjaro est évidemment la montagne emblématique du pays (5 891 m d’altitude, point culminant de l’Afrique), d’où cette référence évidente. On nomme aussi les Tanzaniens «Taifa Stars» (les Étoiles du pays, taifa signifiant pays en langue swahili)

Maroc : les «Lions de l’Atlas»
Le lion de l’Atlas est une espèce éteinte à l’état sauvage, qui vivait autrefois en Afrique du Nord, et donc au Maroc.

Côte d’Ivoire : les «Éléphants»
Déjà associé au nom du pays – via l’ivoire – c’est tout naturellement que l’éléphant est le totem de la sélection ivoirienne de football.

Afrique du Sud : les «Bafana Bafana»
Les «Bafana bafana» (traduction: « les gars, les gars ! »)

Namibie : les «Brave Warriors»
Traduction : les guerriers courageux, un surnom qui se rapproche des «Warriors» du Zimbabwe.

Tunisie : les « Aigles de Carthage »
L’aigle était un emblème de Carthage, capitale de l’Afrique du Nord sous l’Empire romain, détruite au temps d’Hannibal.

Mali : les « Aigles »
Il y aura donc une bataille d’«Aigles» dès le premier tour ! En attendant, peut-être, de retrouver les «Super Eagles» du Nigeria plus tard dans la compétition…

Mauritanie : les «Mourabitounes»
Ils sont surnommés les « Mourabitounes » en référence à la dynastie des Almoravides, originaire de Mauritanie, qui a régné sur le Maghreb aux XIe et XIIe siècles.

Angola : les Antilopes noires
L’antilope noire –aussi appelée l’hippotrague noire– est un animal de la savane boisée d’Afrique australe.

Cameroun : les «Lions indomptables»
C’est l’un des surnoms les plus connus du monde entier, grâce au parcours de Roger Milla en 1990, première équipe africaine à atteindre les quarts de finale d’une Coupe du monde.

Ghana : les «Black Stars»
Le surnom des joueurs ghanéens est tiré directement du drapeau du pays, qui représente une grande étoile noire au milieu des bandes de couleur.

Bénin : les «Écureuils»
Inventé dans les années 60, ce sobriquet devait symboliser le petit pays qui cherche à grimper habilement vers le sommet du football africain.

Guinée-Bissau : les « Djurtus»
Traduction : les «lycaons». Le lycaon est un chien sauvage d’Afrique, entre la hyène et le loup, qui ne possède que 4 doigts à chaque patte.

Synthèse: Jean-René Meva’a Amougou

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