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Questions et questionnements

Bientôt la fin d’année! Bientôt, «le temps va reprendre son commencement», comme le disaient, il y a longtemps, quelques savants. Bientôt, ce sera le moment d’un questionnement existentiel. Que nous «réserve», comme on dit trivialement, la fin de 2023? Où en sommes-nous dans notre vie familiale, sociale? Nous sentirons-nous nourris et revigorés par ce moment privilégié de l’année? Ces questionnements ne sont pas nouveaux mais se déplacent, s’élargissent au fur et à mesure que la vie se complique et que, chaque jour, on se démène, et l’on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Et pour beaucoup d’entre nous, ces questionnements vont rester transitoirement ou durablement sans réponse.
Seulement, tous, nous restons fondamentalement du côté des questionnements. Pourquoi? Question sans réponse, parce que l’interrogation acquiert, du même coup, un statut émotionnel en fin d’année, et parce que, précisément, elle devrait être constamment et inlassablement reposée l’année prochaine. Il semble que cela repose, en dernier ressort, aux multiples inconnus qui nous entourent. Chez nous, on ne sait pas à quelle sauce nous serons cuisinés. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème de la vie chère. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème de l’insécurité. Dans nombre de récits, se trouve souligné le problème des changements climatiques… Nous avons donc en nous, ce sentiment d’être délimité pour «être», mais aussi le sentiment intolérable d’être ainsi limité par rapport à notre rude quotidien.
Sans doute avons-nous appris à reconnaître en nous, à aménager d’autres ressources défensives. Mais, nous oscillons toujours, entre l’ouverture à l’inconnu et sur nos certitudes. Nous ne sommes sûrs de rien. Par exemple, le calendrier politique ne nous appartient en rien, mais semble, à chaque pas, se réinventer, et susciter en nous une permanente curiosité. Au risque d’être aliénés, nous sommes sans arrêt, dans un va-et-vient entre «sera candidat ou non à la présidence de la République». Et parce que nous avons l’expérience des «silences», nous tentons de nous agripper à n’importe quoi de repérable. Les questions usuellement traitées (minimalement d’ailleurs) sont celles dans lesquels les raisonnements des uns et des autres ne permettent pas de prédire, avec une très grande précision aucune probabilité. Plus que jamais, en cette fin d’année, les démagogues de tout poil se servent en experts des «silences» pour nous arnaquer intellectuellement. À la moindre occasion, ils s’aventurent du côté des fausses certitudes et étalent leur intuition de menteurs politiques. Dans leur prétention à la vérité, bruyamment revendiquée sur les réseaux sociaux et les médias classiques, ils cherchent à nous faire accepter sans sourciller que «le Cameroun, c’est le Cameroun».
Mot de passe d’un débat politique anémié, cette expression tente d’obtenir qu’on se taise sur le calendrier politique de 2025. Plus que jamais, notre futur sociopolitique est une affaire marchande qui souffre que l’on ne puisse pas l’évoquer, afin d’éviter, dit-on, un affrontement vieux comme la politique, entre les partisans de la démocratie et ceux de l’aristocratie.

Jean-René Meva’a Amougou

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