Canton Bane’ka : la montagne d’un permis de croire
Réunis en assemblée générale ce 22 juillet 2023, fils et filles de ce peuple du Moungo se disent prêts à faire entendre leur voix.

Micro tendu à plusieurs hommes, femmes, vieux et jeunes ce 22 juillet 2023 au village Dangté. Sans être maigre, la moisson du reporter révèle une constante: «Pas de Nkongsamba sans Bane’ka». Autour du sens que les interviewés donnent à cette boutade, Sa Majesté Henri Epanda Ebwelle (chef supérieur du canton Bane’ka) en construit un autre pour justifier la tenue ce jour de l’Assemblée générale du Comité de développement du canton Bane’ka (Codecaba). D’après le dignitaire traditionnel, «il est temps que les fils et filles de Ngoh Ni Nsongo raffermissent leurs liens pour faire entendre leur voix dans le département du Moungo».
Déclinant le format choisi pour élaborer les lignes directrices de ce projet, Jeannot Ecko Ekwelle (président du comité d’organisation) insiste sur le mot « conclave ». «C’en est un effectivement dans la mesure où nous discutons en famille», explique-t-il. L’approche articule deux symboles: «Nous sommes ici au pied du Mont Manengouba, au village Dangté, lieu de naissance de la Codecaba». Ici s’additionnent plusieurs esprits des 12 villages Bone’ka éparpillés dans les 3 arrondissements de Nkongsamba. «C’est un exploit que seuls les princes réalisent», dit Sa Majesté Christian Ewane, chef de Mbaresoumtou. Pour bien comprendre, il s’agit du Prince Ndedi Eyango. En sa qualité de président du Codecaba, le «Prince des montagnes» place l’ordre du jour sous le double signe du rassemblement et de la cohésion. «C’est la seule voie par laquelle nous pouvons élaborer un plan d’action concret au milieu des loups qui nous guettent au quotidien», souligne l’artiste-musicien de renom. Selon lui, les Bane’ka sont longtemps restés à la merci des fauves qui œuvrent chaque jour pour l’extinction des Bane’ka. Pour Prince Ndedi Eyango, «ce peuple est grand et nul autre que Dieu le sait». Dans un morceau empreint de dénonciation, le président du Codecaba cite «la volonté de certains ogres politiques et économiques à faire main basse sur le patrimoine foncier Bane’ka». «Nous sommes loin de tenir un discours de haine», avise-t-il. «Nous revendiquons juste un peu de justice et de reconnaissance sur la base de quelques constats faits depuis plusieurs années maintenant», ajoute le Prince des montagnes.
Stop au pillage du patrimoine Bane’ka
Pour les personnes qui prennent part aux travaux, les euphémismes utilisés rendent compte de la répartition non équilibrée des postes à la tête des municipalités et des dissensions liées à l’accaparement des terres. «Ici à Nkongsamba, cela se dit et n’a jamais fait l’objet de quelque attention de la part du gouvernement», déplore Jeannot Ecko Ekwelle. Pour inverser cette tendance, les bases doivent être jetées dès maintenant, selon Ndedi Eyango. Adossée sur les résolutions de la dernière assemblée générale du Codecaba, la perspective est portée par du sang neuf. Ce jour, de nouveaux acteurs entrent en scène et sont présentés solennellement aux participants. «D’ici 3 mois, un conclave de ce genre se tiendra pour faire le point des différentes activités menées dans le cadre de la mise en œuvre de notre plan d’action», annonce Ndedi Eyango. Sans le dévoiler, le grand orateur du jour insiste une nouvelle fois qu’«il ne s’agit pas d’une guerre contre ceux qui, à tort, se positionnent ou sont positionnés comme des adversaires des Bane’ka». Dans le fond, l’assemblée générale de ce jour dispose d’une feuille de route précise. Sur celle-ci, il est clairement couché l’expression du vivre – ensemble.
Dans un élan de rassemblement, le collège des chefs traditionnels Bane’ka se situe en phase avec Prince Ndedi Eyango qui n’en finit pas de valoriser l’épaisseur de leur rôle pour l’épanouissement des Bane’ka. À entendre parler les jeunes, le corpus envisage des synergies collaboratives. «De cette manière, explique Justin Eugène Ndedi (président des jeunes de Dangté), la concrétisation de toutes les ambitions est assurée et au regard de ce qui s’est dit ici, personne n’est disposé à chanter cet hymne à l’envers».
Jean René Mevaa Amougou à Nkongsamba