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Festival international Nja Nja M’ndzang : le balafon aux sonorités de l’industrialisation

Les adeptes et amateurs de cet instrument de musique, venus d’Italie, d’Allemagne, Mali, France et de Suisse, proposent la mise en place d’une industrie culturelle du balafon.

Les panélistes du festival

11-15 avril 2023, Yaoundé capitale mondiale du balafon, à l’initiative de l’Association Cultura. Le balafon est un instrument africain de musique. Il rassemble, par le son, tout mélomane épris de musique ancestrale ou traditionnelle. Plongée dans l’histoire de cet instrument médical, le 12 avril dernier au Centre culturel Ubuntu du quartier Fouda (Yaoundé V) à l’occasion d’une conférence sur le thème: «Les balafons du Cameroun: approche d’une industrie culturelle». Pour le promoteur du festival, Hilaire Bankui, cette thématique permet «de voir de façon concertée avec les chercheurs, les utilisateurs de balafons, les promoteurs culturels ; de s’asseoir autour de la table; de réfléchir ensemble sur des méthodes ; comment et par quoi débuter. Nous menons une réflexion globale et nous ne pensons pas avoir la science infuse. Nous tendons la main à ceux qui peuvent nous apporter des suggestions dans le sens de l’industrialisation».

Cela passe par le soutien des autorités culturelles de notre pays. «La base de travail repose sur la confiance de notre association Cultura pour pouvoir relever ce défi grandiose. Nous avons l’appui du ministère des Arts et de la Culture, nous ne pouvons pas travailler sans avoir le parrainage officiel de notre pays», se réjouit-il.
Dans la même veine, François Bingono Bingono pense que l’expansion du balafon reste d’actualité «pour que l’Afrique ne continue pas d’évoluer en autarcie, qu’elle s’impose aussi à l’international à travers ses supports culturels». Et l’enseignant à l’Esstic d’émettre des réserves. «Quelle que soit cette ouverture, quelle que soit la valeur marchande qu’on veut associer au balafon, nous estimons que ce combat est davantage doctrinal, idéologique que commercial, c’est-à-dire qu’on puisse parler de l’Afrique en d’autres termes qu’en des termes de pauvreté, de guerre. Mais qu’on puisse aussi parler de ce savoir-faire qui peut enrichir le patrimoine de l’humanité».

Instrument de liturgie
Pour l’ethnomusicologue François Bingono Bingono, la musique en Afrique c’est le chant, la danse et la parole incantatoire. Elle est par conséquent une communication à part entière. C’est elle qu’on utilise pour s’adresser aux ancêtres, aux génies, aux esprits et aux divinités. Un festival sur le balafon est donc quelque chose que nous soutenons dans la mesure «où si l’Afrique suit la modernisation tel que l’Occident nous l’impose, nous risquons de tourner le dos à ce qui relève de la civilisation patrimoniale africaine. Car le balafon fait partie des instruments qui soutiennent la liturgie africaine, le langage transcendantal africain», explique-t-il. Au moment où nous parlons de l’industrialisation, on comprend bien que le côté sacré s’estompe. Il s’agit donc d’une évolution à deux vitesses. Que les conservateurs travaillent à conserver ce côté sacré qui est l’instrument de musique et de la communication. «Ce n’est pas le sacré du balafon que nous voulons expatrier à travers cette industrialisation. C’est dans le cercle du mouvement africain qu’on doit conserver le côté liturgique, cultuel, le côté sacré. En revanche, l’industrialisation ne doit en aucun cas nous amener à tourner le dos à ces fondements spirituels que jouent les instruments de musique originelle», conclut l’ethnomusicologue.

Olivier Mbessité

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