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Attentats à la bombe dans nos grandes villes : comment y faire face ?

Une bombe artisanale a explosé vendredi aux alentours de midi à Yaoundé , l’attaque aurait fait quelques blessés légers et des dégâts matériels. L’explosion a été déclenchée dans un bar situé non loin du marché Mokolo, l’un des marchés les plus populaires de la capitale du Cameroun. D’après les témoins, deux individus sont entrés dans le bar en question et y ont laissé un sac. La police et la gendarmerie ont bouclé le secteur.

Charly KENGNE

 

Il y a deux mois, Yaoundé avait déjà enregistré trois explosions de bombes artisanales. Les auteurs restent inconnus à ce jour. Alors face à la montée de cette criminalité d’un autre genre se rapprochant du terrorisme, que faut il faire ?

Déjà rappelons ici que face à cet acte terroriste, le préfet du Mfoundi a décrété une série de mesure de nature à apporter des solutions à ce problème. Pour ma part je ne commenterai pas ces mesures juste à dire que face à une situation de crise, en bon administrateur Civil, il a pris des décisions administratives mais pas stratégiques quoique pour ceux qui s’en souviennent, la France en 2015 avait fait pareil avec un décret présidentiel qui autorisait les forces de l’ordre à fouiller tous bagages avant son embarquement dans les métro. Ça peut paraître « LIBERTICIDE » mais c’est le prix à payer pour notre sécurité.

Alors , il faut dire clairement que la plupart des attentats à la bombe dans les grandes villes du Cameroun, relève du terrorisme et donc de la grande criminalité. Et pour y faire face il faut déjà comprendre le problème à la source. Tout acte terroriste est de facto un acte criminel. En criminologie, vous avez ce qu’on appelle le « TRIANGLE DU CRIME » qui dit quoi ? Qui dit que :  » Pour qu’un acte terroriste ou criminel soit posé, il faut 03 choses :

1- le désir
2- la motivation
3- l’opportunité

Le désir comme la motivation sont des facteurs intrinsèques propre à l’homme donc impossible de les prévoir afin de les éviter. Donc la seule chose à faire pour les forces de sécurité afin d’empêcher un acte terroriste ou criminel, c’est de réduire au maximum les opportunités qui s’offrent aux terroristes ou aux criminels de poser leurs actes.

Allons donc analyser comment réduire au maximum les « OPPORTUNITÉS » s’offrant aux terroristes ou criminels pour pouvoir porter atteinte à l’intégrité physique et morale de nos concitoyens.

I- RENFORCER LES EFFECTIFS AU SEIN DE NOS FORCES DE SÉCURITÉ ( POLICE ET GENDARMERIE NATIONALE)

Bien Aujourd’hui selon les standards internationaux, un État recrute entre 15 et 20% de sa population, rendu au Cameroun pour une population de plus de 25 millions de Camerounais, le fichier solde de l’État atteint à peine les 500 000 personnes. Le constat est clair aujourd’hui, les villes et villages au Cameroun se développent à grandes vitesses mais le personnel de sécurité censé assurer et maintenir l’ordre et la sécurité manquent de façon criard. Je prend pour prendre les maintes mobilisations qu’il y a eu ces derniers mois dans nos villes et villages où parfois les populations ont eu à prendre d’assaut nos différents postes de police et de gendarmerie. Cela dénote de cette situation. Le cas de mokolo est encore plus parlant, parceque pour un si grand ( je crois le 2e plus grand marché de la sous région derrière Mboppi) que seul un poste de police avec à peine 10 éléments puissent être mobilisés pour assurer la sécurité. C’est totalement insignifiant. Comme pour dire quoi?

Comme pour dire qu’il faut recruter au sein des forces de sécurité ( Police et gendarmerie). Il faut renforcer les effectifs déjà présents sur le terrain.

II- REFORMER LE SECTEUR DE LA SÉCURITÉ

Ici, quand je parle de Réforme du Secteur de la Sécurité ( RSS), je m’adresse à la qualité de la formation de nos policiers qui doit être adapté au besoin, à la menace et à son évolution dans notre société. En plein 21e siècle pour un pays comme le nôtre en proie au terrorisme, vous ne pouvez ne pas donner une formation de « PROFILER » à nos policiers. Très souvent pour ceux et celles qui ont l’habitude de se déplacer entre nos grandes villes, au niveau des postes de contrôle mixte, lors du contrôle, la seule pièce qui vous est demandé c’est la CNI ( Carte Nationale d’Identite). Vous pensez vraiment qu’un terroriste qui s’est préparé pour poser un acte criminel manquera cette CNI ? Bien sûr que NON.

Alors sur quoi son identification devra reposer?

Elle devra reposer sur la qualité pour l’agent de sécurité à pouvoir déceler chez cet individu un comportement anormal d’où une connaissance basique du « PROGILING ».

Une autre chose également, le policier que l’on met à la frontière ne saurait avoir la même formation, le même matériel, encore moins le même salaire que celui qui est chargé de la circulation routière dans nos villes parceque les deux n’ont pas les mêmes réalités dans la pratique quotidienne de leur travail. D’où l’urgence de la Réforme du Secteur de la Sécurité.

III- REVOIR LE DISPOSITIF DE CONTRÔLE MIXTE AUX ENTRÉES ET SORTIES DE NOS GRANDES VILLES

À bien observer, on comprend très vite que la plupart de ces hors la loi qui sévissent dans nos grandes villes sont des individus venus d’ailleurs( Zones en crise) qui ont pu et ont su traverser le filtre de sécurité à l’entrée ou la sortie de nos grandes villes. Ceci c’est sans parler du transport ( Par nos agences interurbaines) parfois de certains matériels utiles à la fabrication de ces bombes artisanales.

Alors comment cela est ce possible, comment transporte t-il ces objets sans être détecté ?

Eh bien, c’est simple, comme je l’ai dis plus haut, les contrôles mixtes à l’entrée ou la sortie de nos grandes villes pêchent par deux manières :

1- ils ne tiennent pas compte du comportement ou l’état d’esprit que peut présenter un terroriste ou un criminel. Ce qui faut le rappeler aujourd’hui est une science.

2- Ces contrôles n’intègrent pas l’importance d’une brigade cynophile. À l’échelle internationale aujourd’hui, il est scientifiquement prouvé que là où l’homme et la machine ont échoué, un chien bien formé lui va trouver. C’est la raison pour laquelle même dans les plus grands aéroports internationaux au monde, le dernier contrôle après l’homme et la Machine se repose sur les chiens renifleurs bien dressés. Alors pourquoi ne pas en doter la plupart de nos contrôles mixtes de ces chiens renifleurs pour ainsi dire détecter toute cargaison suspecte de nature à apporter la mort et la désolation dans nos villes et quartiers?

IV- RÉPERTORIER TOUS LES GROSSISTES ET REVENDEURS DE MATÉRIELS NÉCESSAIRES À LA FABRICATION DE CES BOMBES ARTISANALES

Une chose est sûre, le matériel utilisé pour la fabrication de ces bombes artisanales provient de quelque part. La bonne question dès lors qu’il faille se poser, c’est où ?

Ce qu’il faut faire dans de telles situations, c’est déjà de classer une liste du matériel utilisé pour la fabrication de ces bombes artisanales ( Ce travail revient à la Police Scientifique) qui devra dresser une liste de l’ensemble du matériel ayant servi à la fabrication de toutes ces bombes artisanales, ensuite il faudra répertorier tous les grossistes et revendeurs de ces matériels afin de les emmener à sortir dorénavant une liste d’acheteurs. Pour ainsi permettre aux éléments des forces de l’ordre de pouvoir non seulement identifier les futurs acquéreurs de ces matériels, mais aussi de pouvoir les tracer au besoin ou en cas de nécessité.

V- INTÉGRER LA COMMUNICATION DE CRISE AU CAMEROUN

Cela fait bientôt deux (02) ans que je crie dans ce pays, qu’en « SITUATION DE CRISE, COMMUNICATION DE CRISE » mais hélas personne ne m’écoute. Dois je encore vous rappeler que ce pays est en guerre ?

Tant que les pouvoirs publics ne vont pas l’intégrer alors on continuera à vivre ce genre de chose. Eh oui nous sommes en guerre et en temps de guerre la communication doit être orientée vers la cible qui n’est nul autre que le  » PEUPLE » pour déjà le rassurer, le conforter mais aussi pour les indiquer la Conduite à Tenir en cas de X ou de Y problème.

Petite question, combien de camerounais savent la Conduite à Tenir en cas d’attaque à la bombe ou au gaz dans un quartier, un bar ou un supermarché ? Très peu ou personne.

Combien de camerounais savent la conduite à tenir en cas d’attaque dans une agence de voyage ?

Quel est le comportement à afficher, les gestes à éviter dans une agence de voyage ou un supermarché ?

Même nos officiels combien savent comment decacheter une enveloppe douteuse dans un service public ? Très peu ou personne.

Pourtant des programmes télés chaque jour nous parlent de sexe et de faits divers. On divertit plus les Camerounais qu’on ne les éduque ou informe.

La Sécurité à un prix et ce prix nous devons être capable de l’assumer tous autant que nous sommes pour la sauvegarde de notre chère nation le « CAMEROUN ».

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