Douala ou Pointe-Noire : les transporteurs auront bientôt le choix
La Commission de la CEEAC vient de procéder au lancement technique du Projet de développement du corridor de transport multimodal Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui-Ndjamena (CD13) phase I. Il est destiné à sortir encore un peu plus la RCA et le Tchad de l’enclavement.
Une rude compétition se profile à l’horizon entre le port de Douala au Cameroun et celui de Pointe-Noire au Congo (Brazzaville). Le premier constitue déjà l’épine dorsale des principaux corridors menant aux capitales de la Centrafrique et du Tchad, et plus que jamais appelés à être plus compétitifs. Le second est, quant à lui aussi, censé dans un futur plus ou moins proche, être le centre névralgique des échanges commerciaux le long de l’axe Ouesso-Brazzaville-Bangui-Ndjamena et de la navigation sur le fleuve Congo et ses affluents Oubangui et Sangha. C’est dans le cadre de la mise en œuvre du Projet intégrateur baptisé CD13 phase I.
Le Programme a, entre autres, vocation à assurer «la mobilité des Centrafricains en les connectant aux pays voisins comme la République du Congo et la République Démocratique du Congo», a fait valoir le ministre centrafricain des Équipements et des Travaux publics. Le membre du gouvernement a également précisé le 12 avril dernier à Bangui qu’«en promouvant une approche multimodale qui combine le transport routier et le transport fluvial, et plus tard nous l’espérons le transport ferroviaire, ce corridor contribuera à l’amélioration de la compétitivité de notre économie, non seulement en permettant à notre pays d’avoir une deuxième voie d’accès à la mer, mais également aux marchés régionaux».
CEEAC, BAD, BDEAC
La Banque africaine de développement (Bad) et la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont en effet procédé ce 12 avril 2022 en République Centrafricaine (RCA), au lancement technique du Projet de développement du corridor de transport multimodal Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui-Ndjamena. La commissaire en charge de l’Aménagement du territoire et des Infrastructures représentait à cette cérémonie le président de la Commission, Gilberto Da Piedade Verissimo. Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épouse Mfoula Edjomo a notamment souligné que «la CEEAC marque son appréciation pour le début de la réalisation de ce grand projet transfrontalier dont elle assure la coordination générale, après avoir commis la réalisation des différentes études».
La responsable communautaire s’est par ailleurs félicitée au nom de son institution «des efforts consentis par les États concernés pour parvenir à l’évolution actuelle de ce processus». Elle a également exprimé sa reconnaissance à l’endroit du «Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), chef de file des Partenaires techniques et financiers, qui nous accompagne dans la réalisation de ce projets, aux autres partenaires financiers comme la BDEAC, de même qu’à tous ceux qui ont marqué leur intérêt et leur disponibilité à apporter leurs contributions à cet important projet multimodal».
Déclinaison
La première phase du Projet CD13 concerne principalement la RCA et le Congo. «Les travaux routiers entre Ouesso et Bangui consistant alors en: la construction et le bitumage de routes, la réhabilitation de tronçons bitumés, l’aménagement minimal de route en terre, la construction de ponts, la construction de voiries urbaines dans les principales agglomérations traversées; les aménagements portuaires et fluviaux; l’amélioration, la sécurisation et la facilitation du transport fluvial; les aménagements et mesures connexes, des aspects sociaux relatifs entre autres à la promotion des femmes et à l’ emploi des jeunes; l’appui au secteur des transports; et la gestion du projet». À en croire, la commissaire de la CEEAC, il est en outre prévu que «la CICOS soit impliquée dans la mise en œuvre du volet fluvial de ce projet».
Financement
La mise en œuvre en cours du Projet CD13 est rendu possible grâce notamment à «l’octroi d’un don d’un montant historique de 209,42 millions d’Unités de Compte, soit l’équivalent de 167 milliards FCFA, et qui représente environ 19 fois l’allocation annuelle du pays, portant ainsi l’ensemble du portefeuille de la Banque en RCA de 177,3 millions USD à 474,7 millions USD». Le responsable pays de la Bad relève aussi que «la BDEAC octroie également à la RCA deux dons pour un montant cumulé de 2,80 millions d’Unité de Compte, soit 2 232 372 800 FCFA provenant de l’Aide budgétaire globale française (ABG) et du Fonds de Développement de la Communauté (Fodec).
Le Premier ministre centrafricain a par ailleurs été informé de ce que «l’accès à ce financement a été rendu possible grâce à la mobilisation des pays de la CEEAC (CEEAC) et par l’engagement de la République du Congo, qui a reçu un prêt de 175 millions d’Euros de la BDEAC (Banque de Développement des Etats de l’Afrique centrale), partenaire très important dans le montage de ce projet. Sans ces arrangements, les ressources de l’enveloppe régionale du Fonds africain de Développement n’auraient pu être levées», a-t-on appris du responsable pays de la Bad.
En tout état de cause, la Commission de la CEEAC reste très optimiste quant à la mise en œuvre du projet intégrateur. Il vise à «promouvoir l’intégration régionale, l’intégration physique, et la densification des échanges commerciaux grâce, entre autres, au développement des infrastructures pour le développement et le bien-être des populations de la sous-région et au-delà». C’est pourquoi Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épouse Mfoula Edjomo a dit être «convaincue que l’accompagnement de la Bad et les apports des différents PTF qui se sont déjà manifestés (la BM, l’UE), permettront d’atteindre les objectifs escomptés».
Évolution
Le Projet CD13 fait partie du Plan directeur consensuel des Transports de l’Afrique centrale (PDCT-AC). Du côté de la Centrafrique, on relève surtout qu’il «rentre dans la stratégie de développement des corridors de transports régionaux et s’intègre parfaitement dans la stratégie de développement des infrastructures de transports de la RCA», a indiqué le ministre centrafricain. Cette ambition connaît un début de concrétisation le 29 avril 2011. Puisque ce jour-là, «la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo et le Fonds africain de Développement ont signé un Protocole d’ Accord Dons destinés à la réalisation des études techniques et institutionnelles».
La commissaire de la CEEAC rappelle également que c’est «suite à un appel à la concurrence, que le Groupement Cima International/La Sallette/Techniplan a été sélectionné pour mener les différentes études sectorielles (techniques, économiques, sociales, environnementales et institutionnelles) de faisabilité et dont les rapports ont été approuvés et validés au cours de l’année 2019 par le Comité technique mixte regroupant les Experts pays de la Centrafrique, du Congo, de la RDC et du Tchad, et chargés du suivi de la mise en œuvre du projet».
Après quoi, la Bad «a organisé, du 23 juin au 4 juillet 2021, une mission conjointe Bad-Bdeac d’évaluation dont les résultats ont conduit (a) à l’approbation, le 11 novembre 2021, des accords de Dons pour le financement de la Phase 1 du projet par le Conseil d’Administration de la Bad, et (b) à la signature desdits accords de Dons le 29 novembre 2021 par Faustin Archange Touadera, président de la RCA et Serge N’guessan, directeur général de la Banque pour la Région Afrique centrale».
Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épouse Mfoula Edjomo précise enfin que «les Accords de financements ont également été signés entre la Bdeac et le Congo, pour cette première phase de ce projet de transport multimodal».
Théodore Ayissi Ayissi