Lutte contre le Covid-19 : Vers la fin de la gratuité du traitement

Sans le dire, le gouvernement mise sur cette solution intermédiaire pour inciter les citoyens à se faire vacciner au plus vite.

Séance de vaccination à Bamenda.

Les soins anti-covid-19 pourraient devenir payants au Cameroun dans les prochaines semaines. Au cours d’une intervention sur les ondes de la CRTV-Radio le 15 juillet dernier, Manaouda Malachie a tellement défendu cette possibilité qu’il n’en a signalé la pertinence que par des allusions. « L’État ne pourra pas continuer à faire un traitement global aux personnes qui refusent de se faire vacciner », a prévenu le ministre de la Santé publique (Minsanté).

En honneur dans le propos du membre du gouvernement, une question: « pourquoi est-ce que d’autres Camerounais qui eux sont allés à la vaccination et se sont mis un peu à l’abri de cette affaire doivent payer pour celui qui refuse de se faire vacciner » ? Via la bouche de Manaouda Malachie, le gouvernement s’adresse aux réfractaires au vaccin contre le Covid-19 : ils pourraient bientôt avoir à supporter leur prise en charge médicale au cas où ils contractent la maladie à Covid-19. Entre-temps, « la réflexion se poursuit au niveau du gouvernement », à en croire le Minsanté. Selon nos informations obtenues au Programme élargi de vaccination (PEV), l’on en est encore à analyser les chiffres de la campagne de vaccination avant de prendre une telle mesure.

Au vrai…
« La fin de la gratuité du traitement des patients atteints du coronavirus est d’abord de nature pragmatique : elle vise à harmoniser le statut vaccinal des citoyens », confie une source au Minsanté. « Plus prosaïquement, il faut que tous les usagers profitent de la campagne en cours pour recevoir leurs doses », ajoute notre interlocuteur.

Sur la foi de cette confidence, la raison la plus probable tient à la volonté du gouvernement de promouvoir la responsabilité individuelle face aux déclinaisons de la pandémie. « Il faut bien le savoir : dès octobre prochain, notre pays pourrait être confronté aux ravages d’une troisième vague de Covid-19 avec le variant delta », redoute le Minsanté. En prévision à cette « catastrophe dans la catastrophe », un premier pas semble avoir été franchi dans la douceur puisque plus de 300 000 personnes ont reçu au moins une dose des deux vaccins disponibles (Astra-zeneca et Sinopharm), selon Dr Judith Seungue, chef de la section prestation des services de vaccination au PEV. « Maintenant, nous ne parlons pas formellement de vaccins obligatoires. Toutefois, nous avons remarqué que la gratuité des soins déresponsabilise les usagers. Et partant de cela, le gouvernement et les autorités sanitaires insistent désormais sur l’importance d’être complètement vacciné pour faire barrage au variant Delta du coronavirus, plus transmissible », souffle encore une source au Minsanté.

Toute personne familière de toute la controverse vaccinale qui entoure la campagne démarrée le 7 juillet dernier, ne peut qu’être frappée par le cadrage insinué par le Minsanté. ll s’agirait avant tout d’une démarche visant à restaurer la confiance dans la vaccination et à augmenter les taux de vaccination. Surtout que plus de 300 mille doses de vaccin Johnson &Johnson (don du gouvernement américain) ont été réceptionnées le 21 juillet 2021 à Yaoundé.

Coût
Face à la presse en mars 2020, le Pr. Pierre Fouda précisait qu’«au bas mot, l’État camerounais débourse au moins 4,2 millions FCFA (soit environ 300 000 FCFA par jour et ce pendant deux semaines) afin que le patient atteint de coronavirus, recouvre la santé. J’exclus de cette enveloppe globale les frais d’alimentation et de la literie qui sont offerts gratuitement ». Le directeur de l’Hôpital central de Yaoundé relevait aussi le caractère approximatif de ce chiffre qui, d’après lui, ne tenait pas compte des frais d’alimentation et de la literie.

Jean-René Meva’a Amougou

 

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