Communications électroniques : Le Minpostel étrille le réseau des opérateurs
Devant les députés le 7 juillet 2021, Mme Minette Libom Li Likeng a vigoureusement critiqué les dérives observées dans le secteur depuis quelque temps.

Doit-on s’étonner de toute la publicité faite par les opérateurs de télécoms autour de la qualité de service offerte aux consommateurs ? Pour répondre à cette question, la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel) était face aux députés le 7 juillet dernier à Yaoundé. Si, selon Mme Minette Libom Li Likeng , le développement de la consommation d’information sur mobile depuis la fin des années 2000 a renforcé les possibilités de ciblage publicitaire, il est à relever que la qualité de service au Cameroun rencontre encore d’énormes difficultés. La monographie établie devant l’Assemblée nationale renseigne sur bien des dérives. «La médiocrité technique de l’offre internet ; -les porte monnaies électroniques sinistrés; le siphonage de crédit de communication; les difficultés à porter un numéro d’un opérateur à un autre (le portabilité des numéros mobiles); les difficultés à émettre des appels téléphoniques; -les publicités mensongères, etc», énumère la Minpostel. Cette dernière, pour mieux rendre compte de la situation, cite l’audit des communications électroniques. Le document, éclaire Mme Minette Libom Li Likeng, évoque «le non-respect de leurs cahiers de charges par les opérateurs».
Conséquences
Sur ce tableau, la Minpostel fait constater que la logique d’innovation et de relance des activités prétendument promue par différents opérateurs repose moins sur le développement de solutions techniques nouvelles et disruptives que dans la capacité à repenser la mise en relation de l’offre et de la demande à travers la marque. Et les conséquences sont là: «mauvaise disponibilité du réseau» et l’absence de redondances face aux coupures d’origines extérieures ; les bases de données inexactes –la base de données des réseaux d’un opérateur contient toutes les informations liées au déploiement du réseau, aux coordonnées géographiques et aux indicateurs de performance ; des coupures précoces d’appels et la dégradation de la qualité d’écoute ; grande vulnérabilité aux menaces de sécurité due aux mises en jour insuffisantes, aux certificats de sécurités non valides, à la non-maitrise des techniques des hackers et malware ; faible débit entrant des paquets internet, d’où des lenteurs de téléchargements et de partage de donnée».
Par ailleurs, fait remarquer la ministre, le réseau des communications électroniques au Cameroun est régulièrement impacté par la destruction des câbles à fibre optique, lors de l’exécution des projets de construction et d’aménagement des routes, et par des actes de vandalisme et de sabotage des infrastructures qui la composent. «De récents constats effectués révèlent que pour un taux global de 80% de défauts enregistrés sur le réseau à fibre optique pour la période allant de 2017 à 2019, 40% sont dus aux travaux publics et 38% à des actes de vandalisme, remettant continuellement en cause les efforts du Gouvernement à garantir un réseau filaire capable de soutenir la demande de plus en plus croissante des services de communication électroniques au Cameroun», détaille Mme Minette Libom Li Likeng .
L’autre constat fait la Minpostel est que dans les bases de données de tous les opérateurs, «environ 10% des données ne sont pas fiables». «Ce qui est énorme dans le domaine», s’inquiète-t-elle, en plus de relever que «ces difficultés engendrent des perturbations de plus en plus fréquentes des services des réseaux des communications électroniques, et par conséquent, impactent considérablement la qualité de service dans ce domaine».
Jean-René Meva’a Amougou