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Archives des #Guinnée_equatorial - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : #Guinnée_equatorial

  • Le but du carême

    Le but du carême

    Se priver de certains plaisirs pour faire plaisir à ceux qui sont privés du minimum vital est indiscutablement une bonne chose mais ce n’est pas le premier but du carême.
    Vivre le carême, c’est avant tout revenir à Dieu comme Lui-même nous y invite dans le livre de Joël.
    Pour cela, nous avons besoin d’identifier nos attachements malsains, les peurs irrationnelles qui nous empêchent d’agir, les choses dont nous sommes devenus esclaves et que nous avons du mal à quitter. Au désert, les enfants d’Israël étaient nostalgiques des oignons et des marmites de viandes qu’ils avaient en Égypte. Quitter l’Égype, où ils étaient privés de liberté, leur était difficile.
    Il n’est jamais facile pour un esclave de quitter le maître pour s’assumer. Et pourtant, il le faut car une prison dorée reste une prison. Certains pays africains ont décidé de ne plus vivre en prison, de ne plus être des pays sous tutelle. Ce temps de carême peut être l’occasion de réfléchir à notre rapport à l’ancienne puissance colonisatrice: pourquoi hésitons-nous encore à emboîter le pas aux frères qui ont décidé de s’affranchir pour prendre leur destin en main?
    Bon carême à tous!

    Jean-Claude Djéréké

  • Foot ivoirien: se délier des mauvaises habitudes

    Foot ivoirien: se délier des mauvaises habitudes

    Lorsque les Éléphants encaissèrent 4 buts à 0 face à la Guinée équatoriale qui n’est pas connue comme une grande nation de football, le peuple ivoirien était triste et en colère parce que cette défaite était synonyme d’élimination. Les carottes étaient en quelque sorte cuites pour le Onze national. Celui-ci dépendait désormais du résultat du match entre le Maroc et la Zambie.

    Deux jours plus tard, les Lions de l’Atlas battaient les Chipolopolos, permettant ainsi aux Éléphants de prendre part aux huitièmes de finale de la 34e CAN. Certains parlèrent alors de résurrection comme celle qui eut lieu jadis à Béthanie. Dans ce village, en effet, Jésus avait fait sortir du tombeau un certain Lazare, frère de Marthe et de Marie. Je voudrais filer jusqu’au bout la métaphore de la résurrection en rappelant ceci: voyant que Lazare avait les mains et pieds entourés de bandes de lin et le visage recouvert d’un linge, Jésus dit aux gens qui étaient là: «Déliez-le de ces bandes et laissez-le aller!» (Jean 11, 44)

    De quoi notre équipe doit-elle être déliée et de quoi les joueurs eux-mêmes doivent-ils se délier? La raison majeure pour laquelle notre équipe n’a remporté que deux fois la coupe alors qu’elle pouvait brandir quatre ou cinq fois le trophée, c’est que nous avons eu des dirigeants soucieux avant tout de s’enrichir. Pour cela, ils n’ont pas hésité à recruter des entraîneurs qui n’avaient pas le niveau ou à écarter les joueurs qui voulaient défendre les couleurs nationales sans entrer dans les magouilles. L’essentiel pour eux était de partager l’argent avec les coachs et les joueurs à qui on avait fait croire qu’être appelé dans l’équipe nationale était une faveur pour laquelle il fallait donner quelque chose en retour.

    Si notre football veut se relever, il doit se délier de ces véreux affairistes, de ceux qui ont tendance à transférer les querelles politiques dans le sport, de certaines conneries comme notre victoire passe par une rencontre avec des prétendus sorciers d’Akradio. Ces derniers auraient le pouvoir de faire gagner un match de football alors que leur village n’a jamais participé au championnat national. Dans notre pays, il est temps, au football et ailleurs, que l’on applique le mot de Thomas Jefferson:»the right person in the right place.»

    Quant aux joueurs, ils doivent se délier de l’esprit minimaliste, de la propension à ne pas être concentrés sur chaque match, à faire la fête avant la fin de la compétition, à se décourager dès que l’équipe a encaissé un ou deux buts. Tout le monde reconnaît que nos beaux-frères, les Lions indomptables, ne jettent l’éponge que quand l’arbitre a sifflé la fin du match.

    Si les Éléphants se séparent de tous ces boulets qu’ils traînent depuis plusieurs années, si chaque joueur arrête de faire son petit numéro pour donner le ballon à celui qui est bien placé pour marquer le but, si tous sont capables de se surpasser, il n’est pas impossible qu’ils viennent à bout des Sénégalais, qui jusqu’ici ont fait un parcours sans faute.

    Jean-Claude Djéréké

  • Fer de Mbalam : premières exportations dès 2024

    Fer de Mbalam : premières exportations dès 2024

    Un premier bateau contenant le précieux métal partira du Cameroun au cours de cette année, selon une annonce du Premier ministre.

    Une vue de la mine de fer de Mbalam

    L’espoir renaît au sujet de l’exploitation du fer de Mbalam, dans la région de l’Est. De nouvelles informations révélées ce 25 janvier 2024 permettent de se rendre compte de l’évolution de ce projet minier. D’après le ministre par intérim au ministère des Mines, Fuh Calistus Gentry, l’exportation des premiers tonnages de ce métal aura lieu au cours de l’année en cours. Les détails y afférents ont été présentés au cours du dernier conseil de cabinet, le même jour à Yaoundé. «Nous sommes heureux de dire que l’exploitation des premiers gisements de fer de Mbalam et les premières exportations du fer de Grand Zambi auront respectivement lieu en 2024 et 2025; et celui de Lobé-Kribi à partir de 2026», a-t-il déclaré au sortir des travaux. Cette sortie vient compléter une communication du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique datée du 23 décembre 2023. Lequel a annoncé que «les premiers gisements de minerai de fer de Mbalam dans la subdivision Ngoyla, d’un million de tonnes, seront stockés sur place en attendant la construction d’une ligne de chemin de fer de 500 km reliant Mbalam à Kribi dans la région du sud pour le transport de ces gisements».

    L’exploitation du fer de Mbalam est attendue au Cameroun depuis 2012. Ce projet est adossé à la construction d’un terminal minéralier au Port autonome de Kribi (PAK), pour stocker le fer avant embarquement. Il inclut aussi la construction d’une ligne de fer (540 km) reliant Mbalam à Kribi. Lesdits ouvrages restent attendus. Leur impact sur la poursuite du projet est pourtant connu. «Le futur terminal minéralier du Port de Kribi a été dimensionné pour permettre une capacité initiale de traitement de l’ordre de 100 millions de tonnes», annonce le Port dans une note disponible sur son site Internet. Pour l’heure, la production annuelle est limitée à 1 million de tonnes acheminé par route. Mais elle devrait passer à 25 millions dès la construction du chemin de fer; avant d’atteindre les plafonds escomptés.

    Clair – obscur
    Les questions financières mettent de l’ombre sur le projet vanté par le président Paul Biya le 31 décembre 2023. Du fait notamment du manque de transparence entourant les activités en cours. L’on sait en effet que le coût des investissements se chiffre à 9,7 millions de dollars US, soit 5800 milliards de FCFA. Seulement, il persiste encore à ce stade un voile épais autour des partenaires financiers du gouvernement et des montants de leurs engagements. La seule vérité qui fait foi en la matière est la communication du ministère des Mines au cours du lancement technique du projet le 22 décembre 2023. «Cette étape de lancement de l’exploitation est cruciale pour ce projet dans la mesure où elle favorisera les négociations des financements pour la construction du chemin de fer», peut-on se rappeler.

  • Barrage hydroélectrique : et de quatre sur la Sanaga

    Barrage hydroélectrique : et de quatre sur la Sanaga

    Le projet hydroélectrique Minkouma Hydro Power Project (Minkouma HPP) sera construit sur le plus long fleuve du Cameroun dès 2026.

    Un barrage hydroélectrique au Cameroun

    La localité de Mbandjock, dans la région du Centre, accueille le projet de construction du Minkouma Hydro Power Project (Minkouma HPP). Ladite infrastructure sera située en amont du barrage de Nachtigal, pour une capacité de 240 mégawatts extensible à 300 mégawatts. Outre le barrage, le projet comprend d’autres ouvrages, notamment un canal de dérivation, des lignes et postes de transport de l’électricité. Ces différents ouvrages doivent être opérationnels en 2030. Le montant de l’enveloppe globale du projet d’élève à 773 millions de dollars (500 milliards FCFA), qui seront obtenus sur le modèle d’un Build-Operate-Transfert (B.O.T). La fin de la collecte de ces fonds est prévue en 2026, selon le chronogramme du gouvernement rendu public ce 26 janvier. De ce fait, l’année en cours devrait déjà voir la naissance de la société de gestion du projet.

    «Au cours de la phase I (décembre 2022 – août 2023), l’équipe de Minkouma a accéléré les activités, examiné le plan stratégique, défini un plan opérationnel, évalué les membres potentiels du consortium et préparé l’analyse de rentabilisation. Elle a aligné les approches des parties prenantes pour le projet, aidant ainsi la République du Cameroun dans la prise de décision. La phase II (septembre – décembre 2023) comprend la mise en œuvre de l’ICE, la sélection des partenaires, la réalisation d’études de faisabilité, l’obtention de financement et la négociation de contrats pour le lancement de la construction du projet. Les phases III et IV (à partir de janvier 2024) impliquent la gestion quotidienne du projet, l’aide à la décision et l’achèvement de la construction pour la phase de production d’électricité», renseigne la fiche du projet.

    Un gain en plus
    Le portefeuille des projets de construction des barrages hydroélectriques sur le fleuve Sanaga s’enrichit d’un nouveau-né. Outre Minkouma HPP, le Barrage de Natchigal est vivement attendu. L’injection des premiers mégawatts de cette infrastructure devrait avoir lieu en février 2024. D’une capacité de 420 MW, le barrage va fournir près de 30% de la consommation électrique du réseau interconnecté Sud du Cameroun. Le barrage de Kikot, dont le début des travaux est imminent, fournira une puissance électrique de 500 mégawatts. Lesquels seront combinés à ceux du Barrage de Memve’ele. Le projet éponyme comprend la construction d’un barrage-réservoir destiné à saturer, en période d’étiage, la centrale de production de Song Loulou (335 MW) et à augmenter la production de la centrale d’Edéa (224 MW).

    Louise Nsana

  • Conseil de sécurité de l’Onu : «Dépassé, hors du temps et hors du rythme»

    Conseil de sécurité de l’Onu : «Dépassé, hors du temps et hors du rythme»

    Constat du secrétaire général des Nations unies lors du dernier Sommet du Groupe des 77 + la Chine à Kampala.

    Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu

    Le 21 janvier dernier, dans la capitale ougandaise, António Guterres a visiblement évité de rester modeste à la tribune du Groupe des 77 + la Chine. Un seul bout de phrase du secrétaire général de l’Onu a suffi pour embrasser une problématique mettant en rapport géopolitique, géostratégie et géo-économie. Objet de débats dans les médias et sur la place publique, la prise de position d’António Guterres suggère que la gouvernance mondiale se gère sur le mode de l’affrontement ouvert entre le passé et le futur. En guise d’exemple, le secrétaire général de l’Onu a cité le Conseil de sécurité des Nations unies qui a, selon lui, une composition ne reflétant plus la réalité du monde d’aujourd’hui parce que paralysé par des divisions géopolitiques. «Il est dépassé, hors du temps et hors du rythme car il a été établi à une époque où de nombreux pays du G 77 étaient encore colonisés», a-t-il martelé
    Et parce que l’affaire est totalement déséquilibrée, le patron de l’Onu interpelle le G77 + la Chine à se mobiliser en vue d’une réforme de l’architecture économique et financière internationales, afin de garantir un accès plus équitable aux financements et aux technologies. Il demande aux pays en développement de mener des efforts pour réformer les institutions et les cadres internationaux obsolètes. «Il faut se rendre à l’évidence: ceux qui bénéficient le plus du système actuel de gouvernance mondiale sont peu susceptibles de mener sa réforme. C’est donc de vous que doit venir l’élan du changement», fait part Guterres aux dirigeants de ces pays, les exhortant «instamment à continuer à faire avancer ces efforts».

    Bon à savoir
    Le G77 a été créé le 15 juin 1964 lors de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). La signature de la «Déclaration commune des 77 pays» a donné naissance à la plus importante des organisations internationales des pays en développement aux Nations unies.

    Composé à l’origine de 77 pays de ce que l’on appelait à l’époque le «tiers-monde», le groupe s’est progressivement étoffé jusqu’à compter désormais 134 membres, de l’Inde au Sénégal, de l’Uruguay au Népal. La Chine fait également partie depuis l’origine du G77, bien que sa situation économique a évolué depuis 1964. L’organisation se donne pour ambition d’éradiquer la pauvreté dans ces pays d’ici à 2030.

    Ongoung Zong Bella

  • Et si les Gaza ouïs devenaient des Africains

    Et si les Gaza ouïs devenaient des Africains

    Si les négociations en vue d’accepter les Gaza ouïs en Afrique centrale connaissent une faveur, sachez ceci:

     

    1- Que malgré le fait que la Palestine et les Gaza ouïs n’ont jamais souscrit à la cause des migrants africains, de quelque manière que cela doit, c’est une tentative bien réfléchie de transfert des problèmes du Moyen-Orient en Afrique.

    2- Que le brassage des populations, à quelque proportion que cela sera, ne manquera pas d’avoir lieu. Les conséquences seront nombreuses: l’expansion de l’islam qui se radicalise pour des raisons parfois très subjectives; le métissage non seulement des cultures arabo-africaines au détriment de notre africanité; la redoutable déportation des idées revanchardes de ceux qui aujourd’hui sont pourchassés par Israël.

    3- L’Afrique centrale qui deviendra le terreau où se mijote la revanche contre toutes les représentations diplomatiques d’Israël en Afrique, ce qui ne pourra plus rendre innocents ces pays où ces Gaza ouïs sont installés, ceci face aux actes de revanche qui seront perpétrés. Et naîtront ainsi des mesures de rétorsions contre les pouvoirs publics desdits pays. Car les agissements gaza ouïs seront alors imputés aux pays qui les accueillent, et non à eux.
    4- Une arabisation forcée du tissu humain en pleine Afrique centrale des Bantous.

    5- La moribonde Organisation des Nations unies, fainéante dans tous ses deals envers l’Afrique, commencera à réclamer un statut spécial intégrateur pour ces déportés gaza ouïs, et qui attireraient des sanctions pour ceux de ces pays hôtes, s’ils ne souscrivent pas aux attentes de l’Onu en faveur, dirait-on, de ces réfugiés d’un autre type.

    Bref, les Gaza ouïs n’accepteront jamais de vivre, pour toujours quelque part, sans réclamer certains droits, au nom des célèbres «Droits de l’Homme». Ce statut juridique forcé, se transformera, à coup sûr, en une semence dangereuse de déliquescence socio-politique en terres Africaines.

    Il est donc grand temps, que les Présidents africains, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville en tête, puisque son pays est cité comme ayant déjà été contacté pour les pourparlers y relatifs, regardent à l’horizon; pas des milliards qu’on pourrait proposer en pareilles circonstances; mais, à l’horizon des enfants d’Afrique d’ abord. Déjà, peut-on se poser une question: l’intégration des peuples d’Afrique a-t-elle même déjà commencé? Nous connaissons la valeur des visas dans le mouvement des déplacements des peuples entre leurs pays respectifs. Qu’on ne vienne pas nous rappeler les leçons d’humanité, d’amitié entre les peuples, et autres raisons qu’on spiritualiserait pour nous voiler les yeux. Cette déportation en perspective des gaza ouïs, non seulement veut satisfaire l’ambition du Premier ministre israélien qui a dit au début de ce conflit, qu’il va changer le visage du Moyen-Orient, mais également, donner des raisons, plus tard, à certains Gaza ouïs de prendre pied en Afrique, sans l’aval des tenants de l’autorité en Afrique, dans les pays d’Afrique.

    Théologien Maffira
    (Correspondance particulière)

  • Abbas Mahamat Tolli

    Abbas Mahamat Tolli

    Actuellement en fin de mandat à la tête de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), il est le candidat de la République du Tchad pour l’élection à la présidence de la Banque africaine de Développement (Bad) prévue l’ année prochaine. En rapport avec cet agenda, l’actuel argentier de la Cemac s’est joint au ministre tchadien de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale pour une opération de séduction des pays de la Cemac. Celle-ci a débuté le 15 janvier dernier, par le Gabon et s’est achevée le 19 janvier par le Cameroun. Objectif : obtenir le soutien des dirigeants des pays de la sous-région en faveur de la candidature du Tchad à la tête de l’institution africaine. «Son mandat est avant tout un mandat du Tchad avant d’être le sien. A l’occasion de présenter au président Sassou les réformes et les succès que le gouverneur a eu à mener durant son mandat», a-t-on pu entendre Mahamat Assouyouti Abakar à Brazzaville le 17 janvier dernier. À noter que deux pays au moins de cette sous-région ne semblent pas disposer à soutenir la candidature du tchadien.

  • Artisanat : Des cuisinières à cailloux chauffent à Yaoundé

    Artisanat : Des cuisinières à cailloux chauffent à Yaoundé

    Pratiques et économiques, ces instruments de cuisson ont été au centre de toutes les attractions à la fête foraine Yaoundé en fête (Ya-Fe).

     

    La 18e édition de la fête foraine «Yaoundé en fête» (Ya-Fe) a refermé ses portes le 1er Janvier 2024. Durant près de deux semaines, la foire commerciale de fin d’année dans la capitale a une fois de plus tenu toutes ses promesses. Parmi la centaine de stands de commerçants et artisans ayant pris part à ce rendez-vous, il y a celui d’Abraham Assongwe.

    L’artisan venu tout droit de Bamenda, capitale du Nord-Ouest est venu exposer son chef d’œuvre: la cuisinière «Tchacko» ou fours à cailloux. Assailli par une foule de visiteurs, potentiels clients, c’est à peine que cet inventeur nous accorde du temps. «Je suis ici pour vendre des cuisinières «Tchacko». C’est une solution qui ne noircit pas votre marmite et qui n’émet pas de fumée. Ces cuisinières sont également très rapides», renseigne Abraham.

    La motivation de ce dernier, n’est pas des moindres. C’est pour pallier le problème du prix du gaz domestique et la pénurie observée dans la ville de Bamenda qu’il a mis sur pied cet équipement de cuisine qui fonctionne aux cailloux, associés à du charbon dans un four. L’intensité de la chaleur qu’émettent ces pierres est largement supérieure au gaz domestique et surtout très économique. «Ici le rôle du caillou, c’est de diminuer la quantité de charbon. Lorsque ça chauffe et que ça devient rouge, vous préparez sans problème. Et lorsque ça se refroidit, vous gardez, on ne jette pas. Avec ceci, vous préparez presque «njoh», se vante-t-il.

    Top secret
    Des petites roches qui font des merveilles pour les ménages. Seulement, notre interlocuteur, n’ose pas exposer le nom de ces pierres, encore moins leur provenance. Il explique la raison de cette confidentialité. «Il y a trop de gens qui vont faire l’imitation. Tout ce que je peux vous dire c’est que ce sont des recherches que je ne peux pas révéler à tout le monde», indique l’homme âgé d’une cinquantaine d’années.

    L’homme n’hésite pas à dévoiler les prix de ses marchandises. Ici, nous dit-il, les prix varient selon la grosseur du four. «Un morceau de pierre coûte 500 FCFA. Et pour un gros four, il faut des cailloux de 5000 FCFA, il y a aussi le moyen de 2000 FCFA et de 3000 FCFA», précise-t-il. Installé pour l’heure dans son Bamenda natal, Abraham Assongwe n’exclut pas l’hypothèse d’ouvrir une enseigne dans la capitale politique, à la suite des «bonnes affaires» réalisées à «Ya-Fe».

    Joseph Ndzie Effa (Stagiaire)

  • Poubelles géantes à Yaoundé : Le feu, une solution à double tranchant

    Poubelles géantes à Yaoundé : Le feu, une solution à double tranchant

    Le remède s’avère souvent plus dangereux que le mal.

    Une poubelle en feu à Ayéné

    Depuis plusieurs mois, la cité capitale est prise d’assaut par des poubelles géantes. On en trouve un peu partout dans la ville, peu importe l’arrondissement. C’est le cas à Ayéné, dans l’arrondissement de Yaoundé 4e. Entre l’Institut universitaire Siantou et l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac), trône une poubelle immense. Étudiants, enseignants et populations rencontrés sur les lieux disent en avoir assez des odeurs nauséabondes que diffuse ce joyeux d’insalubrité.

    Pourtant, cet état de choses n’est pas sans dangers. Depuis plusieurs mois, les experts des questions de santé ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur les méfaits de la persistance de ces ordures à proximité des ménages et autres lieux à forte concentration humaine. Parmi eux, se trouve Marylise Peyou Ndi Samba. «Yaoundé est sale et les poubelles vont contribuer à l’augmentation des cas de cancer. Les populations en passant par les poubelles transportent ces germes très dangereux dans les maisons», explique-t-elle au cour de l’émission «Verbatim» du samedi 30 décembre 2023.

    Le feu comme solution
    Dans certains lieux de la ville de Yaoundé, ces tas d’immondices dégagent une forte fumée irritante. Du côté de Yaoundé 2, plus précisément à Mokolo, l’on découvre que les commerçants mettent volontairement du feu aux ordures. Selon les dires de ces derniers, c’est une stratégie efficace pour ralentir la progression des ordures que les entreprises chargées du nettoyage ne parviennent pas toujours à curer. «Il y a beaucoup trop d’ordures ici et cela devient difficile pour nous d’y passer nos journées. On met le feu pour réduire la progression de la poubelle. J’ai des choses à vendre et il me faut de l’espace. Lorsque la poubelle brûle, j’obtiens un peu plus d’espace pour vendre ma marchandise», explique Louis, vendeurs de laitue. Il n’est pas le seul. Pour beaucoup, le feu s’avère être une solution salvatrice. «J’étais obligée de rester à la maison à cause des odeurs et des mouches. Quand on m’appelle en mi-décembre pour me dire que la poubelle est en feu, j’ai poussé un ouf de soulagement», se réjouit Christine, vendeuse elle aussi.

    La méthode du feu n’est pas l’apanage des seuls commerçants du marché Mokolo. Il n’est pas rare de voir une poubelle diffuser un brouillard de fumée dans les autres secteurs et arrondissements de la cité capitale. Au quartier Nkomo par exemple, le brûlis est une option mise en pratique. Celle-ci expose également les populations à des gaz toxiques, sans oublier la dégradation de la couche d’ozone, prévient un environnementaliste.

    André Gromyko Balla

  • Autoroute Yaoundé-Nsimalen (Meyo) : les activités sportives font de la résistance

    Autoroute Yaoundé-Nsimalen (Meyo) : les activités sportives font de la résistance

    Faute d’infrastructures, plusieurs personnes bravent l’interdiction de la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, et continuent de pratiquer des exercices physiques sur la chaussée.

    Activités sportives sur l’autoroute Yaoundé-Nsimalen

    À Meyo sur le tracée de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, les riverains continuent d’ignorer le communiqué de Célestine Ketcha Courtès. La ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) a signé le 5 mai 2022 un texte interdisant la pratique des activités physiques aux abords de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. Pour s’en assurer, un poste de vidéosurveillance y a été installé. Sauf que, cela ne semble pas avoir changé grand-chose. Tous les matins, l’on voit des dizaines d’hommes et de femmes faire du sport le long de la route. Footing, marche sportive, exercices sur les rambardes de sécurité, tout y passe. Dans cette ambiance d’insouciance, certains n’hésitent pas à se coucher sur le trottoir, obligeant les véhicules et les motos à ralentir à leur niveau.

    Le week-end est la période de la semaine où cette pratique est plus intense. L’on y trouve des groupes de personnes venues faire toutes sortes d’exercices physiques. Le dimanche l’est encore plus, avec l’entrée en scène des associations de football pour vétérans (deux zéros). Entre 5h et 9h, ils transforment les espaces libres de l’échangeur de Meyo en terrain de football, indique notre interlocuteur.

    Rendus sur les lieux, les faits parlent d’eux-mêmes. Plusieurs personnes se livrent à la pratique du sport. Parmi ceux-ci, se trouvent une grande partie de fonctionnaires et employés des grandes structures et sociétés privées. Certains d’entre eux occupent des postes de responsabilité: universitaires, ingénieurs, officiers de l’armée et agents de police…

    Mea culpa
    Lors des échanges, la plupart de ces camerounais reconnaissent être en infraction totale. Pourtant, ils ne manquent pas de brandir des justificatifs. «Avec l’absence des espaces de jeux, nous sommes obligés de venir ici. Nous savons que c’est interdit et nous sommes conscient du danger que cela représente. Mais nous n’avons pas de choix», argumente un cadre sous anonymat rencontré sur les lieux.

    Non loin de là, une autre riveraine confie qu’elle a besoin de pratiquer du sport pour se maintenir en bonne santé. «Je suis diabétique depuis 2 ans et mon médecin m’a prescrit le sport, surtout la marche pour une meilleure santé. Le seul espace où je peux me livrer à de telles pratiques c’est à cet endroit», confesse Angeline.
    Ces derniers sont conscients du risque encouru sur le plan sécuritaire et juridique. Ils demandent au gouvernement de leur trouver des espaces appropriés pour faire du sport. Ils se disent d’ailleurs prêts à apporter une contribution financière pour accompagner l’élan de l’État dans la mise en place de ces installations.

    André Gromyko Balla

  • Présidence de l’Assemblée générale de l’Onu : Graal diplomatique pour Paul Biya en 2024

    Présidence de l’Assemblée générale de l’Onu : Graal diplomatique pour Paul Biya en 2024

    Le discours devant le corps diplomatique, le 5 janvier dernier au Palais de l’Unité, l’a rappelé avec emphase. L’ancien Premier ministre, Philemon Yang, est plus que jamais au-devant de la scène internationale.

     

     

    À Yaoundé le 5 janvier dernier, les membres du corps diplomatique et des corps constitués nationaux ont présenté leurs meilleurs vœux au président de la République du Cameroun, Paul Biya. Le moment solennel n’était pas qu’un vain bal de poignées de main.

    Candidature
    Paul Biya déplore dans son discours de circonstance la multiplication des conflits et des activités criminelles des groupes terroristes de part et d’autre. Celles-ci ont des conséquences négatives sur le développement de nombreux pays et, partant, sur le bien-être de leurs populations. Dans cette lancée, le «mendiant de la paix» ne cache pas son souhait. Celui de voir la voie du dialogue et de la conciliation prendre le pas sur celles de la confrontation et de l’affrontement pour le bien de l’humanité.

    C’est dans la même perspective qu’en marge des vœux habituels, le chef de l’État camerounais a dévoilé son vœu ultime pour l’année 2024. Il s’agit de «la candidature du Cameroun à la présidence de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Candidature pour laquelle je sollicite votre soutien à tous», insiste Paul Biya.
    Si le corps diplomatique n’affirme pas clairement son soutien à la candidature camerounaise, il se dit tout de même prêt à l’accompagner dans la lutte contre l’insécurité. «Le corps diplomatique est disposé à coopérer et à consolider ses efforts aux côtés du gouvernement pour promouvoir la paix et la stabilité dans ces régions», a indiqué le doyen du corps diplomatique. Pour le moment, la candidature camerounaise bénéficie officiellement du soutien de l’Afrique centrale qui a marqué son accord.

    Toujours le Gabon…
    Au nom du corps diplomatique, Paul Patrick Biffot s’est adressé au président camerounais. Le doyen du corps diplomatique accrédité par Etoudi, par ailleurs Haut-commissaire du Gabon au Cameroun, en a profité pour faire une lecture de la situation du Cameroun sur divers plans.

    Sur le plan international, a-t-il indiqué, le corps diplomatique salue les efforts qu’a fournis le Cameroun au sein de la communauté internationale. Notamment sa participation au sommet Russie-Afrique, l’accueil par le Cameroun de la 5e Conférence des chefs d’État et de gouvernements de la Cemac, la 44e Conférence ministérielle de la Francophonie… Dans le même sens, il encourage le pays à continuer d’œuvrer pour des avancées en matière de transformation des énergies fossiles.

    Sur le plan sécuritaire, a-t-il observé, le Cameroun n’est pas épargné par le vent de conflits que connait le continent noir depuis des décennies, notamment avec la secte islamiste Boko Haram. Sur le plan humanitaire, salue-t-il, le pays œuvre au quotidien en faveur des réfugiés nigérians et autres. Des engagements qui laissent penser que le Cameroun est le modèle de résilience, puisqu’il a également fait face à un lot de problèmes liés à d’autres crises.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Sécurité alimentaire : sombres perspectives pour le Cameroun

    Sécurité alimentaire : sombres perspectives pour le Cameroun

    Du fait d’une insécurité persistante, certaines régions risquent le pire à partir de janvier/ février.

     

    La situation a tout à voir avec l’insécurité qui paralyse les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plusieurs années. L’impact pluridimensionnel se fait ressentir de manière accrue sur l’alimentation et la nutrition des populations. Soit 2,9 millions de personnes en insécurité alimentaire dans le pays à fin 2023. Concrètement, la situation correspond à la classification de deux départements de l’Extrême-Nord comme étant en phase de crise pour la période octobre-décembre 2023. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont à des stades similaires, révèle deux rapports de situation du Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies (Ocha) ces 2 et 4 janvier 2024. «En raison de l’insécurité et des conflits, de nombreux ménages pauvres de ces zones ont désormais épuisé les réserves de céréales de base de la campagne principale 2023 et les récoltes de la contre-saison en cours restent inférieures à la moyenne. Cette situation devrait conduire à une soudure précoce à partir de janvier/février au lieu de mars [de l’année en cours, Ndlr], les ménages devant recourir davantage aux achats de céréales de base sur le marché dans un contexte de prix en hausse et supérieurs à la moyenne», lit-on.

    Stratégies d’adaptation négatives
    Le scénario subséquent à cette crise prévoit: une réduction du pouvoir d’achat des populations, une augmentation des prix des denrées alimentaires, le recours à la mendicité; l’adoption de stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction de la fréquence et de la taille des repas et une dépendance accrue à l’endettement. Plusieurs pourraient se voir contraints d’«envoyer les membres de la famille manger ailleurs, réduire les portions de nourriture des adultes en faveur des enfants et réduire leurs besoins alimentaires minimum», alerte l’Ocha; ajoutant qu’une partie de la population impactée par ces conflits devrait se retrouver confrontée à une situation d’urgence.
    Les prévisions tablent aussi pour une dégradation de la situation dans la région de l’Adamaoua, hôte d’une forte population de réfugiés centrafricains et de déplacés internes. Notamment les départements du Mbéré (Adamaoua), du Kadey et du Lom-et-Djerem (Est). Même son de cloche pour les zones urbaines de Yaoundé et Douala. Les zones épargnées par les conflits connaîtront à l’opposé un bien meilleur sort. «Les niveaux moyens de production propre au cours de la saison 2023/2024 devraient favoriser l’accès à la nourriture, tandis que les revenus tirés de la vente des cultures et de la main d’œuvre agricole faciliteront l’achat de denrées et de produits non alimentaires de base importés». Le pays peut cependant compter sur ses niveaux de pluviométrie acceptables.

    Louise Nsana

  • Crise sécuritaire au Noso : les signaux bientôt au vert ?

    Crise sécuritaire au Noso : les signaux bientôt au vert ?

    La réduction du nombre d’affrontements entre forces gouvernementales et combattants séparatistes augure des lendemains meilleurs.

    Noso: les armes se taisent d’une année à l’autre

    «Entre janvier et août 2023, l’intensité des combats entre séparatistes anglophones et forces gouvernementales dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a connu une diminution d’une année sur l’autre, agrémentée d’augmentations sporadiques». Cette déclaration du Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies (Ocha) est de bon ton. Ce d’autant plus qu’elle s’accompagne de chiffres évocateurs. «L’ACLED (en français, Projet de données sur la localisation et les événements des conflits armés, Ndlr) a signalé quelque 69 événements liés au conflit et 118 décès associés au cours de cette période, ce qui représente une diminution de 59% des incidents et une diminution de 64% des décès par rapport à la même période en 2022. Ces niveaux sont nettement inférieurs au pic d’intensité observé fin 2021», souligne l’Ocha.

    Un tel exposé de faits donne sens aux déclarations du président de la République du Cameroun, Paul Biya. Lors de son adresse à la nation le 31 décembre 2023, le «mendiant de la paix» évoquait une amélioration de la situation sécuritaire dans les zones dites anglophones. «Grâce à la collaboration active des populations avec nos forces de défense et de sécurité, la situation dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord s’est significativement améliorée. Elle permet désormais la mise en œuvre sereine des plans de reconstruction et de développement desdites régions», a-t-il déclaré.

    Vent en poupe pour la PAOEI
    La Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (PAOEI, branche de Boko Haram bénéficiant du soutien de l’État islamique) a fait souffler un vent de terreur sur la région de l’Extrême-Nord entre janvier et août 2023. En particulier dans les départements du Mayo-Sava, du Mayo-Tsanaga et du Logone-et-Chari. Le groupe djihadiste y a procédé à des incursions dans des villages, des pillages, des enlèvements et des déplacements forcés. Les données de l’Ocha font état de 154 attaques contre des civils (soit une augmentation de 69% d’une année sur l’autre). Lesquels ont conduit à la mort de 148 civils (soit une augmentation de 5% d’une année sur l’autre). À cela s’ajoute 101 affrontements entre la PAOEI et les forces de sécurité, entraînant 92 morts. Ce qui, souligne l’institution, représente une augmentation de 46% par rapport à la même période l’année précédente, et une diminution de 30% du nombre de décès. «Ce sont les districts de Kolofata et Mora dans le Mayo-Sava et les districts de Mayo-Moskota et Koza dans le Mayo-Tsanaga qui ont été les plus concernés par le récent conflit. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte qu’entre juillet et septembre 2023, près de 3 200 personnes ont dû fuir les attaques des insurgés et se réinstaller dans d’autres zones du district de Mokolo».

    Louise Nsana

  • Droits humains au Cameroun : des avancées dans l’accès aux sources d’informations

    Droits humains au Cameroun : des avancées dans l’accès aux sources d’informations

    D’après l’ONG Jade (Journalistes en Afrique pour le Développement), les médias ont produit de plus en plus d’articles sources, malgré la persistance des difficultés à accéder aux informations.

    Atelier de restitution du projet « presse libre » décembre, Douala 28 2023

    Au Cameroun, l’année 2023 aura été particulièrement chargée d’informations en lien avec les droits de l’Homme. À l’exemple des assassinats de journalistes, dont le plus parlant demeure celui du chef de chaîne de la radio Amplitude FM, Martinez Zogo, en janvier. Mais à chaque fois, les difficultés dans l’accès aux sources d’informations notamment auprès des autorités judiciaires, policières, administratives, ont souvent constitué une barrière pour plusieurs journalistes.

    Et au bout d’une année, il faut bien évaluer ces obstacles et identifier ce que l’on aura gagné en termes d’expérience. « Le projet mis en œuvre par Jade nous a permis, d’avoir non seulement les informations sur les différents éléments qui encadrent la profession, mais aussi des éléments sur le respect et la promotion des droits humains. Je pense que c’est des avancées qu’il faut saluer», souligne Jules Elobo, chef de chaîne de la Radio Magic Fm participant à cet atelier.

    « Dans le cadre du projet Jade, ce sont des articles bien complexes, bien denses, et bien détaillés. Il ne suffit pas d’écrire, de dénoncer tout simplement dans un article la violation des droits humains, mais il est question d’expliquer les dispositions bien précises des textes réglementaires nationaux ou internationaux», fait observateur pour sa part Lindovi Ndjio du tabloïd l ‘oeil l du Sahel.

    Avancées
    Outre des articles produits, le projet Jade, selon son coordinateur Etienne Tasse aura permis aux journalistes de s’outiller en matière de droit de l’Homme. « L’enquête a démontré, qu’il y a de plus en plus d’informations « sources », équilibrées sur les violations des droits humains dans nos différents médias. Qu’il s’agisse de la presse écrite, radio ou télévision. Ce qui pour nous est une avancée formidable que nous devons saluer. Et cela grâce à toutes les parties participent. Qu’ils s’agissent des journalistes, des défenseurs des droits humains, des responsables de la police, de la gendarmerie et même des autorités administratives. C’est grâce à eux qu’on a obtenu ces résultats», se réjouit-il.

    Au terme de la troisième année de mise en œuvre du projet, Etienne Tasse se dit plutôt satisfait des résultats engrangés. «En plus de trois ans de mise en œuvre de ce projet, pour être précis 42 mois exactement, nous avons produit près de 1000 articles d’enquêtes de reportages, mais aucun journaliste de ce projet n’a été inquiété pour des articles écrits. Pourtant, nous savons que ces informations sont des informations sensibles qui peuvent facilement conduire le journaliste devant des tribunaux pour diffamation, pour divulgation de fausse nouvelle. Mais aucun journaliste jusqu’ici n’a été inquiété».

    Financée par l’Union européenne, Jade Cameroun, a pour objectif entre autres, de promouvoir le journalisme d’investigation, axé sur le traitement de l’information sur les droits humains.

    Joseph Ndzie Effa (Stagiaire)

  • Perspective : la Fotrac aux frontières du Tchad

    Perspective : la Fotrac aux frontières du Tchad

    C’est peut-être la grande innovation de la 15ème édition déjà annoncée du 8 au 21 juillet prochain dans la zone des trois frontières Cameroun, Gabon, Guinée Équatoriale.

     

    La présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac), Danielle Nlate, est déjà au four et au moulin. C’est à l’effet d’entamer et de poursuivre les préparatifs de la 15eme édition de la Foire transfrontalière annuelle de l’Afrique centrale. Elle se tient du 8 au 21 juillet prochain dans la zone des trois frontières entre le Cameroun, la Guinée Équatoriale et le Gabon. Pour la réussite de cet évènement intégrateur, la première réunion préparatoire se déroule le 11 janvier prochain à Yaoundé dès 11 heures dans la salle de conférence du ministère du Commerce (Mincommerce). Il s’agira pour les acteurs de faire les comptes de l’édition 2023, et de peaufiner les conditions de participation de l’édition 2024.

    Au-delà de ces différentes articulations Danielle Nlate, promotrice de la Fotrac, voit les choses en grand. Pour cette 15ème édition, elle envisage faire vivre l’évènement à la frontière Cameroun-Tchad. «Nous souhaitons sensibiliser les uns et les autres pour obtenir un forum Cameroun-Tchad, nous verrons la faisabilité avec nos partenaires», déclare-t-elle. Il est question pour le Réseau des Femmes actives de l’Afrique centrale (Refac) et ses partenaires, de «se déployer dans les autres frontières par les mini-Fotrac afin de plus sensibiliser les acteurs sur tout ce qui concerne la libre circulation et même les mauvaises pratiques qui entravent l’essor économique. Étant donné que la fluidification des échanges connaît un problème réel, il faut sensibiliser les acteurs pour qu’ils connaissent leurs droits et qu’ils s’imprègnent des textes de la Communauté qui régissent cette libre circulation. Il faut en outre les informer sur les formalités à remplir en ce qui concerne les étudiants, les commerçants et autres qui se déplacent au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac)», conclut Danielle Nlate.

    Olivier Mbessité

  • Le professeur Joseph OWONA « .. mon long  voyage s’achève et se termine aujourd’hui »  parole dite…

    Le professeur Joseph OWONA « .. mon long voyage s’achève et se termine aujourd’hui » parole dite…

    Il n’est guère utile de s’étendre sur la stupeur qui a parcouru notre pays à l’annonce du  décès du professeur Joseph Owona.  

    « Je ne suis ce que j’ai été et je ne suis ce que je fus que grâce à l’Etat du  Cameroun. » Parole dite. 

    Bossuet s’étonnait que l’on s’étonnât de la mort d’un mortel – rien pourtant ne  témoigne mieux que cet étonnement de la condition humaine. Un poète japonais du  Moyen Âge l’a dit une fois pour toutes : « Qu’il y ait un chemin qu’il faut suivre, je le  savais, mais je ne pensais pas que ce serait aujourd’hui ou demain ». Est-ce moins  vrai de la mort des autres, quand elle n’est pas annoncée ? Ceci étant, « nous  n’abattrons la bête de l’événement qu’en consacrant toutes nos forces à la défense de  notre culture, de la poésie, des arts (non dégénérés), de la langue, de nos paysages,  de la beauté, de la gastronomie, de la courtoisie, de la galanterie et du charme, des  traditions populaires… » disait Camus. 

    On ne peut, comme le relève Michel Maffesoli, « s’élancer vers l’avenir avec justesse  qu’à partir d’un enracinement dynamique dans notre passé, nos traditions et notre  histoire. 

    Savoir voir, savoir entendre, savoir dire sont les préalables à pouvoir agir. » Telle fut  la tache, la mission de Yosep Owon ‘Ntsama de sa maman Elizabeth Ntsama une  noble Yanda cette tribu cousine des Etoudi, des Ngoé, des Mvële, des Fong, des Etenga et des Ntsinga lignée de ceux qu’on attendait mais aussi ceux qui attendent, primauté  des guérisseurs parce que fin connaisseurs du terroir et de ses ressources, certainement  aussi tribu des anciens propriétaires ou prêtres de la terre qu’ils ont le pouvoir de  rendre infertile en la maudissant. Yosep Owon’Ntsama le savait voilà pourquoi il avait  la consanguinité c’est-à-dire l’avuman chevillé au corps. 

    Il avait choisi le droit en général et le droit constitutionnel en particulier qui est  « l’étude des règles qui régissent le fonctionnement de l’Etat et qui organisent les  rapports entre les pouvoirs publics ainsi que celles qui garantissent les droits et  libertés des citoyens. » Il a donc fallu construire, penser, créer, forger. Ce ne sont pas  des synonymes. En précurseur telle a été sa mission telle que nous l’entendons dans les  disciplines nôtres. Ce fut un gros morceau, il a su le dompter. 

    Dans les mélanges qui lui ont été consacrés au mois de mars 2020, il a été  unanimement reconnu qu’il a su cultiver tout au long de ses 50 ans de carrière une  liberté que d’aucuns jugeraient atypique, il est devenu l’une des figures les plus  emblématiques du monde universitaire camerounais et de notre espace public et  politique tout court.  

    Yosep Owon’Ntsama incarnait le professeur de droit. Pour ses étudiants, dont il avait  « le souci supérieur de la réussite, par estime d’eux. » Parole dite.

    Faire le pari de leur intelligence, c’était leur raconter et leur rendre vivant ce pays et sa  relation au droit dont il était l’un des plus fins connaisseurs. Il incarnait le professeur  de droit dans les sphères du pouvoir. Son influence y a été considérable. Il habitait, il  était enfin le professeur de droit pour le grand public. Il se prêtait au jeu des interviews  et éclairait les débats politiques par l’étendue de sa science qu’il savait rendre simple  et concise. Habitude prise chez son maitre Charles Rousseau « champion du dire  simple et de la clarté dans un monde où le parler hermétique et compliqué prolifère. »  Parole dite. 

    Dans chacune de ses activités, dans les murs ou hors les murs de l’Université, il était  un Professeur par nature. Il exerçait l’art de transmettre, qui est transmettre avec  passion. Je l’ai écouté aux obsèques d’abord de l’Abbé Lucien Manga à Nkoabe par  Ngomedzap puis de l’Abbé Louis Paul Ngongo en la basilique Marie Reine des Apôtres  à Mvolyé il y a quelques années. Yosep Owon’Ntsama a témoigné de lui-même au mois  de mars 2020 comme un soldat qui fait ses adieux aux armes , il est à ma connaissance  le premier enseignant camerounais à léguer sa robe de Professeur, à un autre dans  notre pays. À vous honneur et respect pour ce geste de transmission. 

    Penser et convaincre, comme si la fin ultime de la pensée était d’œuvrer à la chose  publique, tel j’ai connu le professeur Josep Owon’Ntsama dans nos villages car ce sont  les Mvog Fouda qui firent de lui un patriarche en 2004. 

    Il est arrivé que je sois assis une chaise derrière lui, les Ntsoung Mballa étant nos aînés  et la sagesse Ekang recouvre le devoir de transmission des ainés et l’obligation de  soumission, en même temps que de fidélité des cadets « Moan ya ndingui kë ai essia a  mekpa me zam, nye abi mvoé a soag » ! 

    Owon’Ntsama fut un vir dans le sens latin du terme : 

    rusticanus vir, sed plane vir — (Cicéron, Tusc. 2. 34) 

    un homme rustique mais vraiment un homme 

    En Ekang, comme nous le léga l’Abbé Léon Messi, il l’assuma jusqu’au bout, portant  l’amour portant le fer, sans reculer et toujours vainqueur. Alors pour lui qui était vie, il  ne pouvait y avoir de place pour l’ennui, pour les attitudes empruntées, les propos  convenus ou les idées corsetées. Il avait « la passion du droit » et la rendait  communicative. Il avait la passion de la vie et il la transmettait. Il m’est arrivé d’assister  à ses joutes verbales avec le très regretté l’Abbé Tsila Ottou Mon Zamba son alter ego. 

    La clairière est habitée ! Tes ancêtres y sont de part et d’autres du Yom, 

    Avance, avance droit devant toi, comme le 23 octobre 2023 dernier quand nous nous  retrouvâmes à l’aéroport de Nsimalen pour la dernière fois, oui droit avance. 

     

    Ekang bëse bisso’o bisso’o elang elang ééé! 

    Ééé éee! 

    Ekang bëse bisso’o elang elang ééé! 

    Ééé ééé!  

    Beti benanga m’asug Ekang éée!  

    Eée éée ééé ééé  

    Melo’o m’eba’a 

    Meba yi fo’o

    Ekang mbolo’o  

    Essagom  

    Medzo nna’a Ekang mbolo’o Essagom  Mëne Ekang mbolo  

    Esagom 

    Esangom mbo betoa ba’a 

    Yaaaaaaaaaa! 

    Le vieux maitre s’en est allé 

    Le vieux maitre s’en va, Adieux 

    Vincent-Sosthène FOUDA MENYU M’EWONDO

  • Cop 28: les six principales priorités de l’Afrique centrale connues

    Cop 28: les six principales priorités de l’Afrique centrale connues

    L’Afrique et la communauté des pays en développement ont demandé davantage de «financements adéquats et prévisibles» lors de la Cop28, le 7 décembre 2023 à Dubaï. Selon le président du Groupe africain des négociateurs sur le changement climatique (AGN), Ephraim Mwepya Shitima, le continent et l’Afrique centrale en particulier ont formulé six principales priorités lors des négociations. Elles s’articulent autour d’un financement climatique; d’un bilan mondial; du renforcement des actions d’adaptation; d’une opérationnalisation du fonds des pertes et dommages; d’une transition énergétique juste; et de l’ambition de l’Afrique d’obtenir le statut des besoins dans les circonstances particulières.

    Ces priorités sont cristallisées dans la Position commune africaine sur le changement climatique pour la Cop28. Elles ont été affinées et approuvées après une série de réunions consultatives à l’échelle du continent au cours des 10 derniers mois, notamment la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE); la conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique; et le Sommet africain sur le climat.
    Des études menées par le Centre africain pour la politique en matière de climat (ACPC), basé à Addis-Abeba, indiquent que «la fréquence et la gravité croissantes des conséquences du changement climatique entraînent des effets disproportionnés sur les économies et les sociétés africaines; les pays perdent en moyenne 2 à 5% de leur PIB et de nombreux pays consacrent jusqu’à 9% de leur budget à des dépenses imprévues en réponse aux évènements météorologiques extrêmes», explique James Murombedzi , coordonnateur de l’ACPC .
    Les conclusions de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) indiquent que pour stimuler la croissance verte sur le continent, des besoins d’investissement d’au moins 2000 milliards de dollars d’ici 2050 seront nécessaires dans le seul secteur de l’électricité.

    Pour l’économiste en chef à la CEA, Hanan Morsy, le continent dispose d’abondantes ressources en énergies renouvelables et représente 40% de l’irradiation solaire mondiale. La région est ainsi dotée d’un potentiel de 20 000 MW d’énergie géothermique, de 30 000 MW d’énergie hydroélectrique et de 110 000 MW d’énergie éolienne. «La transition énergétique juste du continent ne peut pas être identique à celle du reste du monde et nécessite des solutions pragmatiques. La transition doit être juste, inclusive et équitable», a déclaré Hanan Morsy.
    James Murombedzi affirme que même si l’Afrique exige un financement climatique amélioré et prévisible lors de la Cop28, elle devra explorer d’autres mécanismes de financement innovants, y compris les investissements du secteur privé, tels que la dette pour la nature et la dette pour les échanges climatiques pour combler le déficit financier et accélérer la mise en œuvre d’initiatives. À l’instar des grandes murailles verte et bleue et en promouvant l’action climatique, la durabilité et la création d’emplois.

    Diane Kenfack

  • Toujours sous le coup d’une suspension: libreville récupère le siège de la CEEAC

    Toujours sous le coup d’une suspension: libreville récupère le siège de la CEEAC

    «La Conférence a décidé de maintenir la décision de suspendre la participation du Gabon aux activités de la Communauté jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, conformément aux textes de la Communauté et de l’Union africaine». Ainsi se décline le point 14 du Communiqué final de la 5ème session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Les travaux du 18 décembre dernier se tenaient à Djibloho en Guinée Équatoriale dans le cadre du Conseil de paix et sécurité (Copax) de l’Afrique centrale. Ils étaient essentiellement consacrés à la transition politique au Gabon. Et ils ont entre autres permis au général Brice Clotaire Oligui Nguema d’arrondir les angles et de marquer quelques points. Après sa tournée entamée quelques mois plutôt dans la sous-région et qu’il a achevée le 6 décembre dernier par une rencontre au sommet à Yaoundé avec le président camerounais, Paul Biya.

    Première victoire pour le nouvel homme fort du Gabon, le retour à Libreville du siège de l’institution sous-régionale. «S’agissant de la décision relative à la délocalisation provisoire du siège de la Communauté à Malabo, en Guinée Équatoriale, la Conférence a tenu compte de l’évolution encourageante de la situation politique et sécuritaire actuelle au Gabon». En raison de quoi, souligne le communiqué final, les chefs d’État et de gouvernement ont décidé «de surseoir à sa mise en œuvre jusqu’à nouvel ordre».

    Autre cible atteinte pour le tombeur d’Ali Bongo Ondimba, sa participation active à ce Sommet extraordinaire de la CEEAC. «La Conférence a suivi la présentation du chronogramme de transition de la République gabonaise faite par le général Brice Clotaire Oligui Nguema», est-il indiqué. L’organe suprême de la CEEAC a d’ailleurs pris acte de son «engagement à œuvrer au maintien de la durée de la transition à 24 mois fermes». Tout en «exhortant les autorités de la transition à apporter au Facilitateur de la CEEAC, (Pr Faustin Archange Touadéra, Ndlr), tous les appuis nécessaires à la poursuite de sa mission», peut-on aussi lire. En vue notamment de la mise en place d’une feuille de route. La Conférence s’est malgré tout dite «préoccupée» par l’état de santé de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, «ainsi que des conditions des membres de sa famille».

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Emprunts à la Bdeac: l’État du Cameroun en garant des entreprises publiques et privées

    Emprunts à la Bdeac: l’État du Cameroun en garant des entreprises publiques et privées

    Les entreprises publiques et privées camerounaises qui sollicitent des financements auprès de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) vont désormais bénéficier de la garantie souveraine de l’État. C’est l’objet de la convention de garantie de portefeuille signée le 20 décembre 2023 à Douala, entre le ministre des Finances Louis Paul Motazé et le président de la Bdeac, Dieudonné Evou Mekou. C’était en marge de la tenue de l’Assemblée générale de cette institution sous-régionale. «Cette convention est une grande avancée parce que beaucoup d’entreprises qui nous sollicitent pour des financements sont confrontées au problème de garantie. Nous pensons qu’avec cette garantie souveraine de l’État, ce problème est résolu», se satisfait Dieudonné Evou Mekou.
    Sont éligibles à cette facilité de l’État, les prêts destinés à financer les besoins en fonds de roulement des entreprises, et surtout à l’investissement dans les filières identifiées comme prioritaires par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Il s’agit notamment de l’énergie; des services financiers; de l’agro-industrie; du numérique; des filières forêt-bois; textile-confection-cuir; mines-métallurgie-sidérurgie; hydrocarbures-pétrochimie-raffinage; chimie-pharmacie; constructions; et services.
    Le montant de cette garantie souveraine, ainsi que les modalités d’accès à cet appui étatique aux financements de la Bdeac n’ont pas été précisés. Cependant, depuis la loi des finances 2021, l’État du Cameroun a mis en place une ligne de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA au profit des entreprises, principalement les PME en quête de financements auprès des banques et autres institutions financières.
    Ce mécanisme de garantie n’a pas obtenu les résultats escomptés à partir de sa mise en œuvre en 2022. C’est pourquoi il a été réajusté en 2023 pour plus d’efficacité, d’après le ministre des Finances.
    Selon le mécanisme reformé, sur l’enveloppe de 200 milliards de FCFA de garantie mise à disposition par l’État, 30% permettront de faciliter l’accès aux crédits aux entreprises et établissements publics, contre 70% pour les entreprises du secteur privé.

    Diane Kenfack

  • Industrie, routes et tourisme: les cibles à 120 milliards FCFA de la Bdeac

    Industrie, routes et tourisme: les cibles à 120 milliards FCFA de la Bdeac

    Les chiffres de l’insécurité alimentaire au Cameroun sont sans appel. «10,6% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. Soit environ 2 940 807 personnes. Mais aucune personne n’est en phase d’urgence, soit une baisse de 240 000 par rapport à octobre 2022», affirme ce lundi 11 décembre 2023, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Gabriel Mbaïrobé a même d’autres raisons de se réjouir, malgré le caractère «choquant des chiffres», a-t-il admis. «Aujourd’hui, il existe dans le monde 860 millions de personnes qui vivent en insécurité alimentaire. Et il y a 56 millions de personnes en crise alimentaire aiguë en Afrique. Et dans cette dernière catégorie, le Cameroun en a juste 245 000», souligne-t-il. Rien donc qui soit de nature à remettre en cause l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Le Nigéria et le Tchad étant bien souvent le point de départ d’une insécurité alimentaire importée.

    C’est sous ce prisme qu’il faut dès lors comprendre la collaboration étroite qui existe entre le Cameroun et les experts du Comité inter-États de lutte contre la sècheresse au Sahel. Le coordonnateur du Programme national de Veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA/Minader), confirme en effet que «le Plateau de Gourma dans la zone des trois frontières au Mali et le Bassin du Lac Tchad sont des zones où les populations connaissent des crises endémiques». Maina Hamadou explique notamment qu’en «période de soudure, tout ce qui se passe au Nigéria en termes de chocs, va impacter le Cameroun en termes de mouvement des personnes et des biens». L’exemple avec «l’arrêt des subventions du carburant chez le grand voisin qui a entraîné une augmentation du prix du carburant frelaté (zoa zoa) au Cameroun». Une situation qui a eu des répercussions sur l’ensemble de l’activité économique de la région de l’Extrême-Nord. Le cas aussi avec la secte islamiste Boko Haram également implantée au Tchad et dont les destructions et pillages des récoltes et du bétail, ont plongé plusieurs départements dans l’insécurité alimentaire.
    D’où, entre autres, l’appel lancé par le Minader en direction de «tous les acteurs de la sécurité alimentaire pour une mobilisation en vue de renforcer le statut du Cameroun comme grenier agricole de l’Afrique centrale». En «poursuivant la transition écologique par la mise en œuvre de pratiques agricoles innovantes afin d’accompagner l’agriculture dans son adaptation aux changements climatiques», a-t-il indiqué à l’adresse du PAM, de la Banque mondiale et de l’Union européenne remerciés dans la foulée.

    Diane Kenfack

  • Hommage : Qui était le Professeur Joseph Owona

    Hommage : Qui était le Professeur Joseph Owona

    Le constitutionnaliste émérite et ancien membre du gouvernement est décédé le 6 janvier dernier en France. Il laisse derrière lui une longue et riche carrière, ainsi que de nombreux faits d’armes. Les intertitres sont de la rédaction.

     

    Joseph Owona est né le 25 janvier 1945 à Akom dans le département de l’Océan, dans la région du Sud Cameroun. Il fait ses études supérieures à l’université de Yaoundé, puis en France à l’université Panthéon-Sorbonne. Il est titulaire d’une licence en droit, du DES en droit public, du DESS en sciences politiques, du doctorat d’État en droit public[1]. Il est lauréat du concours français d’agrégation en droit public et en science politique.

    Carrière académique
    Il commence sa carrière académique en tant qu’assistant à l’université Panthéon-Sorbonne de 1969 à 1972 puis à l’université de Yaoundé de 1972 à 1977 en qualité de chargé de cours au sein la faculté de droit et sciences économiques[2]. Il occupe au même moment plusieurs postes de responsabilité dont celui de membre de l’Académie des sciences de la république du Cameroun, et régulièrement reçu comme professeur visiteur à l’Institut d’Afrique de l’Académie des sciences de l’URSS[3].
    Il a enseigné durant plus d’une quarantaine d’années dans plusieurs universités africaines et du monde.
    Il assure la fonction de chef du service enseignement et recherche à l’université de Yaoundé en 1973, puis chef du département de droit public en 1976. Il est nommé directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun le 9 septembre 1976 et occupe la fonction jusqu’au 22 août 1983[2]. Il devient ensuite chancelier de l’université de Yaoundé du 22 août 1983 au 13 septembre 1985. Joseph Owona est considéré comme le père du constitutionnalisme au Cameroun, et a été de la première génération des juristes et jurisconsultes ayant essaimé la science du droit au Cameroun et en Afrique.

    Répression
    Ayant eu maille à partir avec le président Ahidjo du fait de ses positions intellectuelles progressistes proches du socialisme, et d’un article scientifique retentissant considéré comme une critique à l’endroit du pouvoir intitulé « L’institutionnalisation de la légalité d’exception dans le droit public camerounais » paru en 1974[5], le jeune Juriste Owona fait partie des personnes observées de près par le pouvoir et les services de sécurité notamment à cause de sa liberté de ton. Mais ayant comme protecteur Paul Biya, alors secrétaire général de la présidence de la République, cette proximité qui lui vaut d’échapper de peu à la répression[6].

    Sapeur-pompier
    Avec l’avènement de son mentor et protecteur Paul Biya au Pouvoir en 1982, Joseph Owona gravit les échelons du pouvoir. Il a plusieurs fois été ministre, et est surnommé à un moment donné par l’opinion Camerounaise « le sapeur-pompier », puisqu’en ce moment il semble bénéficier de la toute confiance du président Camerounais Paul Biya qui lui confie les dossiers les plus sensibles à gérer et en fait un baron clé de son système. Réputé très légaliste et surtout rigide, il apparait toutefois comme un fidèle de Paul Biya[7] qui lui a évité les geôles du président Ahidjo qui voit d’un mauvais œil cet intellectuel libre et clairement à gauche dans un contexte où ce dernier est proche du pouvoir de droite du général de Gaulle et de ses héritiers.

    SGPR
    Il occupe la prestigieuse fonction de secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, ayant été avant cette promotion secrétaire général adjoint. Il a laissé l’image d’un homme rigoureux et intègre, même s’il lui a été à un moment donné reproché son tropisme identitaire, par des accusations de Seme Ndzana, philosophe Camerounais, jamais prouvées. Dans les années 1990, il joue un rôle très remarqué dans le renforcement du pouvoir du président Paul Biya, bousculé par l’ouverture au multipartisme avec la montée en puissance de Ni John Fru Ndi, et la percée de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) dans la partie septentrionale. Owona est alors mis à contribution par son mentor pour sélectionner les jeunes élites du septentrion favorables au président Paul Biya et lui conforter la reconquête de cet espace qui lui tient à cœur, mission qu’il réussira et qui ramènera dans le giron du pouvoir cette partie du pays nostalgique de l’ère du président Ahmadou Ahidjo. Bien qu’étant un soutien de Paul Biya, il jouit d’une certaine crédibilité auprès de toute la classe politique, notamment celle de l’opposition qui le considère davantage pour son intégrité et son rayonnement au sein du milieu universitaire où il compte des proches[8]. Il est d’ailleurs proposé par cette dernière en 2008, par le chef de l’opposition camerounaise Ni John Fru Ndi, et Cardinal Christian Tumi, premier cardinal de l’histoire du Cameroun, qui voit en lui une personnalité objective et crédible pour faire partie de la direction de la Commission électorale indépendante[9], qui verra le jour en 2006 sans lui sous le nom d’Elections Cameroon[10].

    Bakassi
    Au cours de son passage au gouvernement, il joue un rôle clé, avec d’autres personnalités telles que les gardes des Sceaux maître Douala Moutome, Amadou Ali, ou encore Maurice Kamto sous la coordination du président Paul Biya[11] dans le règlement du différend sur le tracé de la frontière terrestre et maritime qui oppose le Cameroun à la république fédérale du Nigeria avec en apothéose en 2006 la signature des accords de Greentree sous l’égide de la Cour internationale de justice (CIJ)[12].

    Sous Paul Biya
    Dans sa riche carrière gouvernementale, Joseph Owona est nommé par Paul Biya aux diverses fonctions du pouvoir. En 1985, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République puis ministre de la Fonction publique et du Contrôle de l’État du 16 mai 1988 au 7 septembre 1990. Entre le 7 septembre 1990 au 9 avril 1992, il est ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Informatique et de la Recherche scientifique, par ailleurs chancelier des ordres académiques de la république du Cameroun. Secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, il sera ensuite ministre de Santé publique (21 juillet 1994-19 septembre 1996), ministre délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’État (19 septembre 1996 – 7décembre 1997 – 18 mars 200); ministre de l’Éducation nationale (18 mars 2000 – 8 décembre 2004)
    Il devient très impopulaire du fait de sa rigueur en tant que ministre de l’Éducation nationale, avec des résultats désastreux au baccalauréat avec un pourcentage de 21 % de réussite, dans un contexte de préparation de l’élection présidentielle, l’opinion lui sera très défavorable. À ce propos il affirmera: » «les résultats du bac sont le reflet du niveau des candidats»[14].

    RDPC et Fécafoot
    Il a été membre titulaire élu du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti au pouvoir au Cameroun. Entre 2013 et 2015, il préside le comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et fait preuve d’une intransigeance très appréciée par la FIFA, malgré une appréciation très mitigée de la part de l’opinion qui a du mal à accepter la rigueur de ce juriste chevronné, dans un pays où le football fait office de religion nationale. Il est ensuite nommé Par Paul Biya à sa sortie du gouvernement président du conseil d’administration de la Société de recouvrement des créances (SRC).

    Diplomatie
    Sur le plan diplomatique, en 2018, Joseph Owona est désigné, aux côtés de l’ancien vice-président de la transition du Mali Dioncounda Traoré[15], par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale à l’effet de diriger la mission d’observation des premières élections présidentielles ayant conduit à l’alternance démocratique dans ce pays avec l’élection de Félix Antoine Tshisekedi
    Considéré comme l’un des fidèles du président Paul Biya, et jouissant de l’image d’une personnalité n’ayant connu aucun scandale, ni accusation de détournement dans un pays où la corruption des politiques est largement décriée.

    Conseil constitutionnel
    Le 15 avril 2020, il est nommé membre du conseil constitutionnel en remplacement de Jean Fouman Akame décédé
    Marié et polygame, Joseph Owona est patriarche de la Tribu Mvog Tsung Mballa (Zomloa), la tribu Ewondo la plus nombreuse et présente dans les régions du Centre et du Sud du Cameroun. Il est initié et choisi par le patriarche des Beti Mboudou Ngambong[18]. Cette intronisation comme patriarche, léguée par celui qui fait office de plus ancien et du plus puissant patriarche Ekang-Beti au Cameroun, en présence des notabilités traditionnelles et mystiques Etenga, Bassas en passant par les Etoudi, les Yezoum; les Etons, et tous les grands groupes de la province du Centre représentés, est considérée par certains observateurs comme le début de l’effritement de ses rapports avec son mentor, à qui il a pourtant toujours témoigné et affirmé sa fidélité[19].
    Il est le père de plusieurs enfants parmi lesquels les plus en vue sont: le politologue camerounais Eric Mathias Owona Nguini, vice-recteur de l’Université de Yaoundé I; Kourra Félicité Owona Mfegue, avocate et enseignante de droit; Ben Joseph-Wladimir Owona, médecin et capitaine de l’équipe nationale de basketball du Cameroun vice-championne d’Afrique en 2017.

  • 4000

    4000

    C’est le nombre de jeunes qui doivent bénéficier des formations dans le cadre du projet de construction de trois campus numériques. Fruit de la coopération entre le Cameroun et la Corée du Sud, les bâtisses seront construites sur les campus de l’Enam (École nationale d’administration et de Magistrature), Sup’Ptic (École nationale des postes, des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication) et l’ISMP (Institut supérieur de management public). C’est dans ce cadre qu’une délégation d’experts coréens s’est rendue en terre camerounaise. Les compatriotes de Sangchul Kim, représentant résidant de l’Agence de coopération coréenne au Cameroun (Koïca) et chef de la délégation ont visité les différents sites sus-évoqués. Les parties camerounaise et coréenne sont sur la même longueur d’ondes. D’ailleurs, «il reste dans les tout-prochains jours, la signature du mémorandum d’entente qui devrait être visé entre le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) et l’ambassadeur de Corée au cours de ce mois de janvier. Mais cela n’empêche pas que les choses pratiques commencent sur le terrain», a déclaré Joseph Le, ministre camerounais de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra).

  • Kemi Seba

    Kemi Seba

    Arrivé en terre camerounaise, l’activiste et initiateur du Front anticolonialiste français en Afrique fait le constat selon lequel, le Cameroun, comme plusieurs autres pays africains, est, d’une façon ou d’une autre, sous le joug de l’Occident. «Les peuples au 21e siècle ne sont pas encore souverains. Il y a un processus que nous avons enclenché. La jeunesse panafricaniste et d’autres mouvements vont dans la même direction, un processus visant à en finir avec le néocolonialisme puisque l’oligarchie et l’oligarchie française plus que jamais agissent encore au 21e siècle pour essayer d’asphyxier les populations économiquement en concubinage incestueux avec les oligarchies africaines», laisse-t-il entendre. Avant de poursuivre, il était important qu’il vienne communier avec les jeunes du «pays de Um Nyobe» qui, selon lui, a donné une fierté au panafricanisme dans sa globalité.

  • L’urgence de prendre un autre chemin

    L’urgence de prendre un autre chemin

    L’évangile lu dans toutes les églises catholiques, ce dimanche 7 janvier 2024, nous apprend que les mages venus d’Orient, après avoir rencontré l’enfant Jésus à Bethléhem, repartirent chez eux par un autre chemin.
    En agissant de la sorte, ils empêchèrent l’élimination de l’enfant Jésus dont la venue au monde était perçue comme une menace par Hérode. En effet, les mages avaient annoncé à ce dernier que Jésus serait roi. Or lui, Hérode, voulait demeurer le seul roi et n’avait pas l’intention de partager son pouvoir avec une autre personne.
    En 1960, nous croyions avoir pris le chemin de l’indépendance et de la prospérité pour tous. 64 ans plus tard, force est de constater que ce chemin nous a conduit dans une vraie impasse, car la plupart de nos pays continuent d’être occupés, dominés, exploités et appauvris par la France à travers les pantins qu’elle a installés à la tête de ces pays.
    Il en est ainsi parce que l’ancienne puissance coloniale a toujours vu comme un danger une Afrique unie, industrialisée, capable de transformer sur place ses matières premières et de soigner ses populations à faible coût, parce qu’elle a toujours rêvé d’être notre seule partenaire en affaires, le seul pays qui devait nous vendre livres, véhicules et armes, parce qu’elle a toujours aimé parler en notre nom à l’Onu.
    Les rares dirigeants africains qui voulaient défendre les intérêts de l’Afrique furent renversés (Modibo Keïta, Laurent Gbagbo) ou assassinés (Sylvanus Olympio, Thomas Sankara).
    Hérode se serait débarrassé de Jésus si les mages étaient revenus le voir, s’ils n’étaient pas retournés chez eux par un autre chemin.
    Si l’Afrique francophone veut en finir avec la pauvreté, l’instabilité, le terrorisme, le viol des constitutions, les présidents à vie, la jeunesse qui meurt dans la Méditerranée, elle n’a pas d’autre choix que d’emprunter un autre chemin.
    La République Centrafricaine, le Mali, le Burkina Faso et le Niger semblent l’avoir compris. Les dirigeants de ces pays ont vite réalisé que retourner chez Hérode, c’est remettre leurs populations sur la route de l’esclavage et de la mort.
    On n’a pas besoin d’être un mage pour savoir que prendre un autre chemin lorsque le premier s’est révélé désastreux relève tout simplement du bon sens.

    Jean-Claude DJÉRÉKÉ

  • Protéger la planète et lutter contre les inégalités, en même temps : pour un nouveau Pacte mondial face à ces défis

    Protéger la planète et lutter contre les inégalités, en même temps : pour un nouveau Pacte mondial face à ces défis

    PARIS – La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche Orient suite à l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de C02, viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités.

    C’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète.

     

    Cette stratégie repose sur 7 piliers :

     

    1) Les pays les plus avancés, qui sont aussi ceux qui ont le plus émis de C02 depuis la révolution industrielle, doivent sortir des énergies fossiles. Cet objectif n’est pas négociable si nous voulons tenir les objectifs de l’Accord de Paris. La science fixe la trajectoire : nous devons sortir du charbon en 2030, sortir du pétrole en 2045 et sortir du gaz en 2050. Dans cette catégorie, les pays du G7 ont une éminente responsabilité, mais la Chine est également concernée, parce qu’elle est désormais le deuxième pays émetteur sur le plan historique et qu’elle est dans la moyenne du G7 en termes d’émissions de C02 par habitant.

     

    2) Traiter en priorité la menace du charbon. Aujourd’hui, c’est 2000 Gigawatt de capacités installées qui émettront, à elles seules, suffisamment de C02 pour nous faire dépasser les 1.5°C. Alors que l’AIE préconise de retirer 92GW/an, c’est 500 Gigawatt de capacités additionnelles qui sont en planification. Là encore, le G7 a une responsabilité, celle de sortir du charbon dès 2030 (la France le fera, dès 2027). Les émergents ont aussi une responsabilité, car ils sont les plus grands consommateurs de charbon. Dans ces pays, nous devons accélérer le financement des énergies renouvelables mais aussi de l’énergie nucléaire dont le rôle est clé car il s’agit d’une énergie à la fois pilotable et décarbonée.

     

    3) Mettre la finance privée et le commerce au service de l’Accord de Paris. Le coût de l’investissement doit être à l’avenir plus élevé pour un acteur qui s’engage dans le secteur fossile. Nous avons besoin d’un taux d’intérêt vert et d’un taux d’intérêt brun. Cela vaut aussi pour le commerce : nous avons besoin d’une clause climatique dans nos accords commerciaux, car nous ne pouvons pas à la fois imposer le verdissement à nos industries et libéraliser les échanges de produits polluants à l’international.

     

    4) Créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’aller au-delà de la traditionnelle « aide publique au développement » et de faire pour les pays vulnérables ce que les pays riches ont fait pour eux-mêmes suite à la Covid19, à savoir mener une politique budgétaire et monétaire non-orthodoxe.

     

    Nous avons d’ores et déjà des résultats : en deux ans, nous avons débloqué plus de 100Mds $ de « droits de tirage spéciaux » du FMI pour les pays vulnérables, comme nous en avions pris l’initiative à Paris au printemps 2021. En activant cet « actif dormant », nous débloquons des prêts sur vingt ans à taux d’intérêt proche de zéro pour financer l’action climatique et la préparation face aux pandémies dans les pays les plus pauvres. Nous avons commencé à changer les règles de la dette pour suspendre les paiements en cas de choc climatique dans les pays les plus fragiles. Nous avons changé le mandat des banques multilatérales de développement, comme la Banque mondiale, pour qu’elles prennent plus de risques et qu’elles mobilisent davantage l’argent privé.

     

    Nous allons continuer ce travail, y compris dans le cadre du nouveau fonds sur les pertes et préjudices, où il nous faut mobiliser, au-delà des financements publics, de nouveaux mécanismes d’assurance privée face au risque climatique. Nous partirons des besoins spécifiques des pays les plus touchés : dès le premier semestre 2024, la France signera avec le Bangladesh un premier paquet pour l’adaptation au changement climatique et les pertes et préjudices, avec un investissement de l’agence française de développement de 1 milliard d’euros, et de nouveaux prêts du FMI débloqués grâce aux droits de tirage spéciaux, à hauteur de plus d’un milliard de dollars.

     

    Cela suppose d’identifier aussi des mécanismes de gouvernance à l’échelle mondiale sur les défis les plus vitaux qui vont s’imposer dans les prochaines décennies, à commencer par celui de l’accès à l’eau : la France et le Kazakhstan organiseront à ce sujet un sommet One Planet en marge de la prochaine AGNU en septembre 2024.

     

    5) Construire les bases d’une « bioéconomie » qui rémunère les services rendus par la nature. C’est clé, car la nature est notre meilleure technologie pour séquestrer le carbone à grande échelle. Les pays qui disposent des plus grandes réserves de carbone et de biodiversité, notamment dans les trois grands bassins de forêts tropicales, doivent obtenir beaucoup plus de ressources en échange de la conservation de ces réserves vitales. Cela passe par des contrats pays par pays. Nous en avons d’ores et déjà lancés trois à la COP28 avec la Papouasie Nouvelle Guinée, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo.

     

    Cela passe aussi par une réforme en profondeur du marché volontaire pour l’échange de crédits-carbone : nous avons besoin d’une bourse internationale du carbone et de la biodiversité qui permette aux acteurs publics et privés d’organiser des échanges volontaires de crédits-carbone sur la base de critères suffisamment ambitieux pour éviter le greenwashing et rémunérer les populations locales.

     

    6) Protéger l’océan, qui est notre tout premier puit de carbone. La France et le Costa-Rica organiseront conjointement à Nice en juin 2025 la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan, avec l’objectif d’adopter un compact pour l’Océan qui actualise le droit international, notamment sur l’interdiction de la pollution plastique et la protection de la haute mer et des fonds marins, et qui permette d’obtenir des stratégies nationales sur la protection des littoraux de la part des pays qui disposent de zones économiques exclusives.

     

    7) Enfin, cette méthode ne pourra être appliquée par tous que si nous réformons la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont un rôle éminent pour fixer les standards et pour financer la transition écologique à l’échelle globale. Or, quatre-vingt ans après sa création, cette architecture financière est sous-dimensionnée face à la taille de l’économie, de la population mondiale, et largement fragmentée, car nous n’avons pas ouvert la porte aux pays émergents et en développement dans la gouvernance de ces institutions. Or, nous ne pourrons pas nous mettre d’accord sur des objectifs et des financements si tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité à la table de négociation. Nous devons donc revoir la gouvernance de Bretton Woods, et réciproquement, demander aux pays émergents de prendre leur part de responsabilité dans le financement des biens publics mondiaux.

    Emmanuel Macron, Président de la République française. 

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