Les avis sur la réussite du salon se comptent à la pelle. Tour d’horizon.

Face aux journalistes le 23 février dernier, Pierre Zumbach n’a pas voulu prendre des risques. Interrogé sur le bilan, le président de la Fondation internationale Inter-progress a préféré attendre le baisser de rideau définitif de la 7e édition du Salon International de l’Entreprise, de la PME et du Partenariat de Yaoundé. En tout cas, «on peut dire que, globalement, c’est réussi», selon le Suisse. Enrobée de prudence, la déclaration du patron de Promote constitue néanmoins le parti pris de Joseph Dion Ngute. En visite sur le site le 20 février 2019, le Premier ministre camerounais a apprécié l’offre pléthorique des produits made in Cameroon. «À mi-parcours, ce salon donne aux uns et autres l’occasion de découvrir, durant quatre jours une offre encore plus riche et diversifiée de notre destination», a confié le chef du gouvernement aux journalistes de la chaîne de télévision privée Canal 2 International.
Fréquentation
Sur le même média, Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce (Mincommerce) et par ailleurs mandant du gouvernement dans le cadre de cet évènement, s’est senti heureux. Dans un étonnant accès de spontanéité, il a affirmé qu’«au fil des éditions, la fréquentation de Promote demeure la même». Selon la grille d’évaluation du Mincommerce, «il s’agit d’un cru exceptionnel côté fréquentation». La preuve: lors des débats, parfois techniques ou pour le moins réservés aux professionnels, un public est venu nombreux. Par exemple, la salle était comble pour la conférence sur l’entrepreneuriat digital. Même Minette Libom Li Liken, la ministre des Postes et Télécommunications était étonnée de voir autant de monde assister au débat. Dans l’un des compartiments du pavillon numérique prévu pour rassembler près de 400 personnes, il n’y avait pas un siège de libre. Beaucoup d’adolescents dans l’assistance.
Rencontres
Cela laisse entendre que le salon est resté indéniablement un grand évènement populaire. On a pu le remarquer pendant les trois derniers jours où une offre éclectique, tant du point de vue des thématiques et des acteurs, a parfois mis dans l’embarras. Sinon, comment le dire ? L’artiste-musicien camerounais Jiosco l’Inquiéteur a eu très envie de dire du bien de Promote 2019. «Je rentre content!», s’est-il enthousiasmé, sans plus de précision. Seulement, au terme de son tour du site, la vedette du bikutsi ne s’est pas empêchée de conclure que «Promote c’est une série d’additions de rencontres positives, émouvantes». Plus concret, Pierre Zumbach parle de plus de 5 000 rencontres B to B.
Et dans la faune des exposants, on parle des répercussions importantes ou très importantes sur les activités. Christophe Ebanda, un jeune promoteur de PME, avoue avoir beaucoup appris sur le rôle de l’entrepreneur dans la recherche ou la création d’opportunités, que celles-ci s’appliquent sur un nouveau produit, une nouvelle façon de produire ou d’offrir ce dernier, ou encore, sur la création d’une nouvelle entreprise. «Belle expérience, en tout cas!», marmonne ce «nouveau venu» à Promote.
Affaires
Venu de l’Extrême-Nord, un vieil artisan se frotte les mains. Il explique que le chiffre d’affaires obtenu dans les premiers jours du salon est largement supérieur à celui d’un jour ordinaire en dépit du rabais.
Dans le secteur agroalimentaire, les premiers comptages montrent que les flux se présentant devant les étals sont supérieurs à ceux des jours ordinaires, voire à ceux d’une veille de fête. Ainsi, au cours de Promote, des pointages aux mêmes heures sur plusieurs jours indiquent un flux moyen de soixante clients. «À certains moments, je comptais plus de cent clients, majoritairement des femmes», se félicite Arnaud, tenancier d’un «point chaud», réputé pour les bières en cannette bon marché. Petit hic, une bonne partie du public aurait aimé compter les géants du secteur brassicole camerounais dans les stands.
Pour ses prochaines éditions, il est fort probable que Promote déménage. «Il devient nécessaire de repenser le site», avise Pierre Zumbach. Le travail de veille de la Fondation Inter-Progress vient de conclure qu’au palais des Congrès de Yaoundé, l’espace commence à manquer. Cette situation se conjugue au même temps que celle des bouchons au Boulevard Jean-Paul II. «Nous préparons un rapport intitulé Promote à la croisée des chemins, pour les hautes autorités», annonce Pierre Zumbach.
Jean-René Meva’a Amougou
Secourisme : La Croix-Rouge camerounaise en alerte à Promote
Durant le salon, l’institution a mis en place un dispositif de vigilance, doublé de la sensibilisation et des séances pratiques de prise en charge des urgences.
Ce 22 février 2019, dans l’après-midi, un fait divers fait le tour du site de Promote. L’on rapporte qu’il y a quelques minutes, un chien a mordu un jeunot à l’une des entrées du site. «Pour ce type de cas, nous sommes en première ligne», affiche Fabrice Ewane, en posture de patron de l’un des stands de la Croix-Rouge camerounaise (CRC) à Promote 2017. Le propos n’a rien de fortuit. Il est lié à la particularité du travail des volontaires de cette institution en pareille circonstance. Sur place, l’équipe humanitaire ne perd pas le dynamisme de son élan. «Nous sommes préparés à gérer au plus vite les situations les plus légères», affirme Fabrice Ewane. Ce qui signifie, selon lui, que des cas graves sont conduits directement dans les bons hôpitaux.
Activité
De façon générale, des capacités en premiers gestes ont été identifiées pour répondre à un possible surcroît d’activité constaté tant chez les exposants que chez les visiteurs. Une volontaire fait d’ailleurs savoir que ses camarades et elle-même guettent les signes avant-coureurs. «Cela peut être des troubles de conscience, de l’obnubilation, de la vigilance. Il faut éviter les complications majeures qui sont causées par cette grande fatigue, la déshydratation et les coups de chaleur», récite-t-elle.
Au-delà, l’autre axe du séjour de la CRC à Promote est consacré à la sensibilisation et à la présentation de l’action humanitaire. «Pour nos visiteurs, dévoile Fabrice Ewane, nous tenons un module englobant la notion de risque, la connaissance des acteurs de la gestion des risques, l’organisation des secours, les consignes à appliquer en cas d’incident, l’engagement pour autrui».
De fait, la présentation même des deux stands bouscule les présentations convenues des autres. À l’entrée de chacun, une exposition de matériel de secours et de mannequins est proposée. On procède aux opérations de démonstration de secours à personnes en difficulté suite à une hémorragie, suite à un accident à domicile, un arrêt cardiaque et un accident sur la voie publique.
Jean-René Meva’a Amougou
Modeste Mopa : «La loi de finances 2019 a consacré des mesures fiscales de promotion socio-économique»
Le directeur général des impôts les a présenté à lors de la 7e édition de Promote.
Si on peut comprendre qu’une entreprise recherche de la visibilité et des rencontres au Salon Promote, quel est l’intérêt pour la direction générale des impôts de participer à un tel évènement ?
Le Salon international de l’entreprise, de la PME et du partenariat est un espace de promotion des entreprises qui sont les principales clientes de la direction générale des impôts. L’administration fiscale saisi donc cette occasion pour communiquer sur toutes les réformes qu’elle entreprend au quotidien pour améliorer la qualité de service offert aux usagers et renforcer le civisme fiscal.
Quelles sont les principales innovations que vous apportez donc à vos clients au titre de cet exercice 2019 ?
La loi de finances pour l’exercice 2019 a consacré des mesures fiscales qui s’inscrivent en droite ligne des orientations de politique fiscale prescrite par le président de la République dans sa circulaire du 18 juin 2018. A cet effet, des mesures fiscales de promotion socio-économique et environnementale ont été instituées notamment :
- En ce qui concerne les ménages, il s’agit du relèvement des tranches d’eau et d’électricité exonérées de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). A titre d’exemple, si un ménage donné consomme de 0 à 20 mètre cubes d’eau et de 0 à 220 kilo watt, il bénéficie d’une exonération de la TVA sur ces consommations ;
- S’agissant des entreprises, il s’agit du renforcement du régime fiscal des entreprises implantées dans les zones économiquement sinistrées avec l’institution d’un crédit d’impôt de 30% ;
- Pour ce qui est des salariés, il faut noter l’institution d’un abattement de 30% pour le calcul de l’impôt forfaitaire des mandataires et des agents commerciaux ;
- Le gouvernement a également prévu l’amnistie pour le paiement de l’impôt sur les revenus fonciers et les droits de succession ;
- Il est important de rappeler que les créanciers de l’Etat notamment les structures en attente de mise à disposition des subventions de l’Etat peuvent désormais bénéficier d’une attestation de non redevance bien qu’ayant des dettes fiscales ;
- Il faut dire qu’au titre de l’exercice 2019, les propriétaires immobiliers vont payer la taxe sur la propriété foncière sans pénalités des années antérieures…
Voilà quelques mesures fiscales que le gouvernement a prévues dans le cadre de la promotion socio-économique.
Quelles sont les attentes de la direction générale des impôts au terme de cette participation au Salon Promote ?
Au terme de cet évènement, il est souhaité que les entreprises ainsi que les contribuables perçoivent l’administration fiscale comme une administration soucieuse de l’amélioration de la qualité des services offerts et de l’amélioration du climat des affaires à travers la réduction des délais et la flexibilité dans le cadre de l’accomplissement des obligations fiscales. D’où le thème téléprocédures comme levier de facilitation des obligations fiscales retenu à l’occasion de la journée des impôts, le jeudi 21 février 2019. Il s’est agi pour la direction générale des impôts de présenter les avantages de la dématérialisation des procédures de déclaration et de paiement des impôts et taxes.
Propos recueillis par
Bobo Ousmanou
Spécial PROMOTE 2019 / INDUSTRIE
Cameroun : Passer de l’épuisement à la relance de la dynamique
Tel est, selon les experts réunis le 16 février 2019 pour le Forum de l’industrie camerounaise au Palais des Congrès de Yaoundé, le chemin à suivre pour redonner vie au secteur.

Les experts sont unanimes: pour soutenir sa croissance au cours des vingt prochaines années, le Cameroun devra changer de stratégie économique, car les conditions internes au pays et celles qui prévaudront dans le monde seront très différentes de celles des trois dernières décennies. Entre les visions qui prédisent son prochain effondrement et celles qui annoncent son irrésistible ascension, comment se faire une idée de l’avenir du secteur industriel camerounais? À Promote 2019, différents acteurs ont surtout dessiné des scénarios à long terme pour l’économie nationale, anticipant même sa montée en puissance.
Politiques
Si, pendant les travaux en ateliers, les avis ont divergé du fait de la méthode et de l’horizon retenus, les conclusions se rejoignent sur le fait qu’au cours des prochaines années, le Cameroun poursuivra sa trajectoire de rattrapage industriel. Ses entreprises exportatrices devront évoluer vers des productions à plus forte valeur ajoutée, et améliorer leur positionnement sur la gamme de prix et de qualité. Cette montée en gamme exigera une main-d’œuvre plus qualifiée et mieux rémunérée, des capacités d’innovation technologique. C’est la voie qu’ont empruntée, en leur temps, le Japon, la Corée du Sud ou Taïwan.
Sur la foi de ces «success-stories» asiatiques, Célestin Tawamba décrit l’ensemble des politiques et des réformes qui permettraient de concilier les ambitions de développement du pays avec les contraintes qui s’imposent à lui au cours des vingt prochaines années. Selon le président du Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun), «l’ampleur des transformations requises est considérable». «Car, affirme-t-il, avec son poids économique dominant et des interactions toujours plus fortes avec les pays de la sous-région Afrique centrale, il sera de plus en plus difficile au Cameroun d’isoler ses préoccupations intérieures de sa politique internationale». Concrètement, il s’agit de l’élaboration d’une politique industrielle qui prévoit les chocs et les ruptures de tendance, qui abondent dans l’histoire économique.
État
Sur un autre versant, les analyses sur le processus de transformation industrielle du Cameroun ont montré que les marchés seuls ne suffisent pas pour garder le cap. «Il y a aussi là l’implémentation d’une véritable politique industrielle, pour jouer un rôle de facilitateur dans la modernisation et la diversification économique, afin d’atteindre un changement structurel rapide», soutient Audrey Chicot. Dans le fond, l’exposé de la patronne de Multi Services et Matériel (MSMI), principale usine métallurgique du Cameroun, suggère le rôle de l’État-facilitateur. «Dans cette dynamique d’innovation sectorielle, l’action de ce dernier consiste à résoudre les problèmes de coordination, et d’assurer l’externalisation des activités d’innovation, en comblant les défaillances du marché liées au processus de l’innovation et la défaillance systémique», théorise l’industrielle camerounaise.
En guise de réponse, le Dr Gabriel Dodo Ndoké, ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) assure que «pour atteindre ses ambitions, le gouvernement chinois met en place des politiques industrielles et de l’innovation visant à promouvoir l’émergence de nouvelles industries énergétiques, et augmenter la capacité d’innovation de ses entreprises». Pour sa part, le membre du gouvernement pense que le pragmatisme de la politique industrielle du Cameroun a obtenu des résultats fructueux. Même si, dans la salle, des voix s’élèvent pour mettre à nu les défaillances manifestes dans la coordination par l’État et le système sectoriel d’innovation.
Jean-René Meva’a Amougou
Facettes cachées
Selon des chefs d’entreprises, le problème du financement des PME cache mal une mauvaise maîtrise des équilibres économiques par les décideurs publics.
«Le Cameroun soigne ses PME». On aura compris que Gabriel Dodo Ndoké ne choisit pas fortuitement le verbe à l’entame d’une interview, au sortir du colloque international sur l’industrie camerounaise ce jour. D’ailleurs, il se charge lui-même d’en donner la signification. À en croire le Minmidt, «il (le verbe, NDLR) traduit bien le phénomène d’attraction qu’exerce cette catégorie d’entreprise dont le nombre et la contribution à la richesse nationale justifient les soins qu’on y apporte». Traduction : d’un côté, les pouvoirs publics choient les PME, comme l’atteste l’impressionnant empilement de dispositifs publics leur permettant d’exprimer leur potentiel de croissance, d’emploi, d’innovation, d’expansion géographique, etc.
De l’autre, l’État en prend grand soin, car ces entreprises, structurellement vulnérables, ont besoin d’être aidées pour survivre. Les manifestations de cette sollicitude sont visibles. Exemple : au cours de l’exercice budgétaire 2018, le gouvernement a ouvert une ligne de crédit d’un montant de 76 milliards de francs CFA dans les livres de la Banque camerounaise des petites et moyennes entreprises (BCPME). Ce jour, les promoteurs de PME sont d’accord au niveau des positions de principe.
Discorde
Seulement, lorsqu’on aborde la problématique des subventions aux PME à vocation industrielle, la vaste majorité d’entrepreneurs demande à ce qu’il y ait des réformes profondes. Sur la base de son vécu, Audrey Chicot estime que le cœur du problème se situe au niveau du système d’information et de la méthodologie d’action. «Jusqu’ici, en matière d’accompagnement des PME industrielles, l’État n’a pas les outils et ne dispose pas de mécanismes nécessaires pour mettre en place une nouvelle approche de financement.
Le système d’information et les pratiques managériales administratives dont nous disposons sont loin de convenir à la mise en œuvre d’un système d’identification et de traitement performant des demandes de crédits. C’est toujours les vieux et mêmes hommes d’affaires qui bénéficient réellement d’un accompagnement. Nous avons là une problématique du management du changement. Il faut alors transformer une administration bureaucratique en une administration experte», explique-t-elle.
Ce qu’il reste à faire
«Il faut encourager l’entrepreneuriat industriel chez les jeunes», préconise Sylvain Bilongo, professeur de management et entrepreneuriat à l’Université catholique d’Afrique centrale. Se situant dans un horizon plus élargi, Célestin Tawamba suggère de revoir le système fiscal. Celui-ci, constate le président du Gicam, trahit plus «une administration de collecte» plutôt que de dévoiler «un système juste».
Jean-René Meva’a Amougou
Métiers industriels
Les jeunes dans le viseur des PME
Changer le regard des élèves et étudiants sur les métiers industriels, tel était l’autre motif de la présence de certains promoteurs à Promote 2019.
Comme l’on pouvait s’y attendre, au pavillon de l’industrie camerounaise, les PME présentes n’ont pas fait dans la dentelle. Outre les machines et les robots, elles ont mis à contribution leurs ingénieurs, sélectionnés parmi les plus jeunes. Sur l’objectif de ce déploiement optimal, certains confessent vouloir en finir avec les préjugés sur leurs métiers. Les intervenants en sont convaincus : «il faut casser les stéréotypes pour réduire la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur industriel; c’est une solution facile à mettre en place et qui ne coûte rien», prêche Louise Kenmogne, la directrice générale de la société KS S.A. spécialisée dans la soudure industrielle. Au programme de sa présence à Promote : projections de témoignages, organisation des conférences au profit des jeunes.
Selon un sondage réalisé sur le site par ses équipes, «secteur en déclin», «fermetures d’usines et délocalisation» tels sont les qualificatifs que les jeunes donnent à l’industrie. 30 % des 15-34 ans ont une image négative de l’industrie camerounaise et 59 % des moins de 35 ans trouvent que celle-ci ne sait pas se vendre.
Pour essayer d’attirer de nouveaux profils, les industriels camerounais rencontrés à Promote croient que les métiers industriels méritent d’être mieux expliqués, dans le but d’intéresser les jeunes. «Ceux qui pensent que le secteur est dépassé voient tout faux! Sans l’industrie, ils ne pourraient pas prendre l’avion, regarder la télévision sur leur smartphone. C’est l’un des viatiques de notre message ici à Promote», situe Laurent Nguemeni, responsable promotion des métiers de l’industrie au Centre de formation aux métiers de l’industrie de Bassa (Douala).
Tenant le chiffre publié par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minfop), Mouako Ekouty assume que «seuls 5 % des emplois techniques des secteurs industriels sont occupés par des femmes au Cameroun». Et au président-directeur général de croire qu’il est de sa responsabilité d’inverser la tendance. «Partout sur le site, mon équipe travaille pour montrer aux jeunes filles qu’elles ont leur place dans les PME industrielles», agrège le directeur délégué de HubCam, une entité réputée dans la réparation des appareils électroniques.
Jean René Meva’a Amougou
Spécial PROMOTE 2019 / ENERGIE ELECTRIQUE
Électricité : Eneo Cameroon S.A. dit tout sur ses compteurs prépayés
Sur le site de Promote 2019, l’entreprise concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun a décliné le design et les avantages de ces nouveaux équipements technologiques.
«Compteurs prépayés», l’on parle là d’une révolution digitale qui va transformer la vie entre Eneo Cameroon S.A. et les ménages. L’entreprise a saisi l’occasion de Promote 2019 pour présenter à sa clientèle des spécimens et les caractéristiques des compteurs électriques à cartes prépayées, qu’elle entend progressivement introduire dans le pays.
L’on retient qu’un compteur prépayé est celui disposant de technologies dites AMR (Automated Meter Reading). Il mesure de manière détaillée et précise, et éventuellement en temps réel, une consommation d’électricité. La transmission des données s’effectue par ondes radio ou par courants porteurs en ligne (CPL) au gestionnaire du réseau de distribution chargé du comptage.
Son utilisation peut permettre au consommateur d’identifier les postes les plus énergivores de sa facture et de trouver des solutions pour faire baisser sa consommation, dans la mesure du possible bien entendu. Comme pour la téléphonie mobile, l’usager peut acheter en boutique, selon sa trésorerie, des recharges d’électricité avec un code à gratter qu’il saisit ensuite sur son compteur. Une fois la recharge épuisée le compteur se bloque automatiquement sans entrainer de rupture d’abonnement et d’amendes. Dès qu’il en a de nouveau les moyens, l’usager recharge son compteur sans frais additionnels de rétablissement.
Face à la presse, ce 20 février 2019, Babette Sandio, de la division des Relations publiques et Communication de Eneo Cameroon S.A., est rassurante. «Avec une carte prépayée, nos clients peuvent suivre directement leur consommation d’électricité, et donc mieux contrôler le solde restant. Le principe des compteurs prépayés consiste à recharger son compteur d’électricité en fonction de son budget. Dans ce système, le compteur s’arrête dès que la recharge est épuisée sans engendrer de surcoût pour le consommateur. Ce dernier n’a simplement qu’à recharger son compteur lorsqu’il souhaite l’utiliser. Les recharges seront disponibles à partir de 1000 francs CFA», a-t-elle ajouté.
Côté avantages, ces équipements profitent à la fois aux consommateurs et à Eneo Cameroon S.A. Ainsi, d’une part, ils permettent en effet aux consommateurs de faire baisser les coûts de facturation, de disposer d’une facturation sur un index réel, d’une meilleure information sur leurs consommations et de la suppression des interventions nécessitant leur présence. D’autre part, «c’est tout au bénéfice de l’entreprise, car ils impliquent la baisse des coûts de gestion des clients, la baisse des cas de fraude, la baisse des coûts de vérification des compteurs ainsi que la baisse des coûts de recherche des pannes sur le réseau» détaille Babette Sandio.
Une plus-value sociale
Selon cette dernière, de nombreuses familles ont de la peine à régler leurs factures d’électricité, factures en général alourdies par l’usage d’appareils électroménagers énergivores bas de gamme ou vétustes. Ces difficultés de paiement mènent le plus souvent à la coupure pure et simple du courant, entrainant de surcroit des frais de coupure pour impayés, et ensuite de rétablissement quand les dettes ont pu être remboursées.
En permettant aux familles les plus modestes de disposer d’électricité, et donc d’un éclairage minimal, Eneo Cameroon S.A. offre une amélioration significative de leurs conditions d’habitat et d’hygiène. Ainsi l’éclairage permet aux enfants et autres membres de la famille de pouvoir étudier, lire et s’informer en soirée sans être limités à la seule lumière du jour. L’électricité permet de conserver au frais des aliments dans de meilleures conditions d’hygiène avec de petits réfrigérateurs à faible consommation.
Ainsi, à travers la combinaison d’une politique tarifaire sociale et d’une adaptation technologique, Eneo Cameroon S.A. donne une réponse alternative aux lampes à pétrole et bougies auxquelles étaient condamnés les ménages les plus démunis.
Jean-René Meva’a Amougou
Forum Eau-Energie-Environnement
Les opportunités, la Sanaga se la coule douce
La 4e édition du Forum Eau-Energie-Environnement (EEE) organisée du 19 au 20 février 2019 par Electricity Development Corporation (EDC) a encore montré un fleuve qui charrie des bénéfices, tant sur le plan national que sous régional.
«Il faut tirer profit des opportunités qu’offre le bassin de la Sanaga». Ce 19 décembre 2019, ce qui frappe c’est l’aplomb des experts venus d’horizons divers, à montrer la palette de bénéfices qui gisent sous les eaux du plus long fleuve du Cameroun. À la faveur de la 4e édition du Forum Eau-Energie-Environnement (EEE) qui se tient au Palais des Congrès de Yaoundé ce jour, l’on est suffisamment édifié sur le thème retenu : «Développement du Bassin de la Sanaga, moteur de développement de l’hydroélectricité et facteur de coopération».
Sous l’aiguillon de ce libellé, les discussions des experts viennent, une nouvelle fois, renforcer l’optimisme sous les traits métaphoriques d’un cours d’eau à fort potentiel économique, tant au niveau national que sous régional. Dans le fond des débats, l’objectif est de mettre en évidence les continuités du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar. Au-delà du gigantisme technique, se félicite Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Énergie, cette centrale hydroélectrique répond également aux besoins nationaux en électricité, en même temps qu’elle est appelée à desservir les marchés étrangers.
Pistes.
D’une part, le tout suggère que l’infrastructure peut offrir au Cameroun des gains en termes de plus forte croissance, de productivité et de remède aux délestages. D’autre part, on devine que Lom Pangar ouvre la voie aux opportunités de développement et aux perspectives d’une croissance économique rapide dans les pays riverains. «On pense à la mise en place d’une industrie moderne et compétitive, à l’ouverture de zones commerciales et économiques en Afrique centrale», projette Jean-Pierre Kedi, le directeur général de l’Agence de régulation de l’électricité (Arsel).
Le FEEE a permis de le démontrer. Le calcul économique, réalisé dans le cadre de l’étude de faisabilité a abouti à des résultats économiques satisfaisants pour justifier la mise en œuvre du projet. De plus, malgré leurs coûts de réalisation élevés, les installations de Lom Pangar sont prévues pour durer longtemps, et l’énergie de l’eau est gratuite et renouvelable. Dit autrement, le fait de pouvoir stocker d’importantes quantités d’eau présente de nombreux intérêts. Le barrage de Lom Pangar a la capacité de conserver de l’eau en période de crues afin d’en relâcher pendant les décrues.
Un financement diversifié
À l’origine, le projet de construire un barrage d’une telle envergure répondait à deux problématiques. Le Cameroun souhaite mieux gérer le fleuve Sanaga. Le second enjeu est bien sûr de bâtir un complexe hydroélectrique sans commune mesure avec les barrages déjà existants, assurant ainsi au pays une position économique et industrielle prédominante en Afrique centrale. De manière globale, souligne la représentation de la BAD au Cameroun, «le projet améliorera les conditions de vie des ménages et renforcera la compétitivité globale de l’économie camerounaise».
Il est à noter que Lom Pangar fait partie de l’agenda sous-régional de EDC qui, en soulignant la complémentarité de l’économie camerounaise avec celles des pays riverains, leur propose toutes sortes de projets conjoints afin de construire les bases d’une «coopération gagnant-gagnant». «Le projet prévoit l’élaboration d’un plan directeur des réseaux de transports de l’énergie électrique, aussi bien au niveau national que régional, à travers les interconnexions avec les pays voisins», apprend-on. L’État pourra en outre exporter de l’électricité dans toute la sous-région, car les besoins sont importants dans les pays proches. Des experts ont calculé que la vente à l’étranger de l’énergie produite par le barrage de Lom Pangar pourrait rapporter plusieurs milliards de francs CFA par an aux caisses publiques.
Usine de pied du barrage de Lom Pangar
Les travaux démarrent en mars prochain
À la lisière du Forum EEE, l’on a appris que tout ne se passe pas comme prévu à Lom Pangar. Jusqu’ici, le chantier de construction de l’usine de pied n’est toujours pas lancé à cause, dit-on, du «retard dans la mise en vigueur du contrat de l’entrepreneur».
Au cours de la présentation d’un exposé sur les perspectives du renforcement de l’offre en électricité sur le réseau interconnecté Est (RIE), Adrien Simplice Towa, le directeur des Études et des Projets à EDC, s’est montré rassurant. «Les travaux démarrent d’ici le mois de mars», a-t-il précisé. L’ingénieur a également déclaré que les financements de la Banque africaine de développement (Bad) sont disponibles.
La même source a fait savoir que les experts chinois de la China Camc Engineering Co (CAMC) ont déjà effectués les travaux préparatoires, à l’installation du chantier. Une évaluation complète du chantier est déjà effectuée. Ils ont aussi fait les inventaires des outils de travail à leur disposition, ainsi que les autres installations. Il s’agit de la disponibilité de la carrière, la centrale à béton, la centrale de concassage, la base vie ouvrière et la fosse devant abriter la fondation de l’usine.
«Une fois les travaux terminés, les problèmes de délestage seront rangés dans les oubliettes. Je souhaite que ce chantier du président de la République aboutisse afin que nos populations en bénéficient. Je recommande donc que les parties prenantes travaillent en synergie d’action», avait insisté Gaston Eloundou Essomba le 20 septembre 2018 à Lom Pangar.
Jean-René Meva’a Amougou
Spécial PROMOTE 2019 / PME & COMMERCE
Financement des PME : Les pouvoirs publics et six banques ouvrent la voie
À Promote 2019, ils ont signé un accord-cadre de partenariat pour l’implémentation d’un dispositif de soutien et d’accompagnement des moteurs de croissance au Cameroun.

Désormais, au Cameroun, il existe une plateforme de facilitation de l’accès au financement des PME. Mise en place par l’Agence de promotion des Petites et Moyennes Entreprises (APME), ladite plateforme associe six institutions financières (UBA, CCA Bank, Afriland First Bank, CBC, PROPME et Ecobank). Ce 22 février 2019 au Palais des Congrès de Yaoundé, Jean Marie Louis Badga et les représentants de banques ont paraphé un accord-cadre.
Inscrites en droite ligne des politiques publiques en faveur du secteur privé, les clauses dudit document surlignent quatre grands objectifs. Il s’agit notamment d’accroître la communication sur les produits financiers disponibles et destinés aux PME; d’améliorer et encourager la culture financière auprès des PME ; faciliter leur mise en relation avec les banques; rechercher, développer et promouvoir des solutions et mécanismes innovants de facilitation au financement.
«Moment»
«Si pour le moment, seuls six grands groupes bancaires s’engagent pour ces objectifs, il est envisagé que d’autres acteurs financiers leur emboîtent le pas au cours des prochains mois», assure Achille Bassilekin III, présent à la cérémonie. Pour le ministre des petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), ce n’est pas une caricature: «L’heure est venue pour que le financement des PME soit assuré de manière fluide, globale, avec des solutions diversifiées». Rappelant que la question de la croissance et de ses moteurs est centrale au cours du septennat dit des «grandes opportunités», le membre du gouvernement apprécie la démarche volontariste des banques. «Les leviers existent bel et bien et l’enjeu, en cette période de voyage vers l’émergence, est précisément de les actionner», lance-t-il à l’endroit de la communauté des promoteurs de PME (tous secteurs confondus).
Dans les rangs de celle-ci fusent des doléances et même des récriminations. On retient par exemple que, chaque jour, les banques opèrent une réappréciation du risque, alors même que la pression sur la trésorerie s’accentue pour les PME du fait de la contraction de l’activité. Pour cela, ils émettent des craintes. Sur le coup, Achille Bassilekin III pense qu’«il faut évangéliser les PME. Il faut développer le dialogue entre les banques et les PME». Ce travail, l’APME entend le mener en adéquation avec le Plan directeur de développement des PME.
Jean-René Meva’a Amougou
Hermann Kana : «À moyen terme, nous visons à écouler cinq cents véhicules neufs par an»
Encore méconnue du grand public, l’entreprise Fokoto Auto Technic Diffusion S.A. (ATD), opère dans la distribution automobile depuis 2009. En s’appuyant sur Borgward, constructeur allemand de véhicules haut de gamme et sur Foton, premier constructeur chinois de véhicules utilitaires, ATD, transporteur officiel du salon Promote, entend bousculer le marché des véhicules neufs au Cameroun. Dans ce secteur fortement concurrentiel, quelles sont les ambitions de ce jeune concessionnaire et comment entrevoit-il l’avenir ? Entretien avec Hermann Kana, directeur commercial & marketing chez Fokoto ATD.

Pouvez-vous nous présenter brièvement Fokoto Auto Technic Diffusion S.A. et ses activités ?
Fokoto Auto Technic Diffusion S.A. est une entreprise camerounaise créée en 2004 et opérant dans la distribution automobile depuis 2009. Tout d’abord, en partenariat avec Tractafric/Tiger Motors pour leurs marques Chery, Jac et ZX, et depuis 2013 avec des marques dont elle assure la représentation au Cameroun. Outre la distribution, nous assurons également le service après-vente de nos véhicules et la vente de pièces de rechange.
Vous vous attaquez au marché très compétitif des véhicules neufs avec des acteurs séculiers. Comment comptez-vous vous y prendre et avec quelles marques ?
Notre ambition est de devenir à long terme un acteur majeur de la distribution automobile au Cameroun. Pour ce faire, Fokoto ATD a opté pour une stratégie multimarque, permettant de couvrir les modèles de véhicules les plus vendus sur le marché, notamment le pick-up et le SUV (Sport Utility Vehicle). Aussi avons-nous choisi de distribuer les véhicules de deux grands constructeurs automobiles : Borgward et Foton. Le premier est un prestigieux constructeur allemand de véhicules haut de gamme dont la gamme englobe pour l’instant les SUV de luxe (midsize & compact). Foton quant à lui est le premier constructeur chinois de véhicules utilitaires (8 millions de véhicules vendus en 2018 tous segments confondus). Avec Foton, nous distribuons exclusivement : pick-up, station wagon, monospace et minibus. Dans chaque segment, nos véhicules viendront en complémentarité aux autres modèles déjà présents sur le marché et avec des positionnements respectifs différents.
Qui est le constructeur allemand Borgward ?
Borgward est en grande partie connu des passionnés et féru d’automobiles, car ce prestigieux constructeur allemand a connu son âge d’or durant l’après-guerre, avant de fermer dans les années 60 ; avec OPEL et VOLKSWAGEN, Borgward, basé à Brême, figurait alors parmi les plus grands constructeurs allemands de l’époque. Depuis 2015, la marque est de retour sur le segment des SUV de luxe. Avec Borgward, Fokoto ATD propose des véhicules haut de gamme à une clientèle qui souhaite s’offrir des véhicules allemands aux lignes épurées et à la pointe de la technologie, sans toutefois « casser sa tirelire ».
Quels sont vos objectifs de vente, étant entendu que les deux grands concessionnaires de la place totalisent à eux seuls quasiment 80% des ventes de véhicules neufs?
Nous sommes certes ambitieux, mais aussi et surtout réalistes. Notre objectif n’est nullement de détrôner ces pionniers de la distribution automobile au Cameroun, mais de faire de nos modèles des alternatives fiables et reconnues dans leurs segments respectifs. À moyen terme, nous visons à écouler cinq cents véhicules neufs par an, tous segments confondus, ce qui représente environ 10 % du marché. Fort de nos ventes de pick-up et de SUV en 2018, notamment auprès des administrations publiques et du secteur privé, cet objectif ne nous semble pas irréalisable. Dans cette optique, nous travaillons d’arrache-pied à nous faire connaître ainsi qu’à élargir notre réseau de distribution, en multipliant les points de vente dans les grandes villes : Bafoussam et Garoua sont en cours d’aménagement, et d’autres villes suivront.
Fokoto ATD est présent à la 7e édition du salon international Promote en tant que partenaire officiel de l’organisateur. Avez-vous des visées précises pour cette participation ?
La décision de notre direction générale de prendre part au salon Promote s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de notre plan marketing et communication triennal. Notre présence à Promote vise donc un double objectif ; tout d’abord accroître notre notoriété comme concessionnaire, ensuite faire découvrir nos marques et nos modèles aux principaux acteurs de notre économie, ainsi qu’au grand public. À travers le partenariat conclu avec l’organisateur, nous mettons à disposition des véhicules haut de gamme pour le transport des invités de marque pendant la durée du salon.
Interview réalisée par Rémy Biniou
Spécial PROMOTE 2019 / AFRIQUE CENTRALE
Made in central Africa : La Cemac en VRP à Promote
En cohérence avec le processus de réformes structurelles en cours, l’institution sous-régionale s’est déployée à ce salon pour faire le marketing de ses instruments et procédures d’intensification des échanges.
Au milieu des petites et moyennes entreprises (PME), la Commission de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a tenu à donner de l’emphase à son crédo du moment : la diversification économique et les échanges intracommunautaires. Tout au long de la semaine, les officiels de la communauté ont largement fait la promotion des instruments de facilitation des échanges et des accompagnements mis à disposition pour leur appropriation. Objectif : «démocratiser la zone de libre-échange de l’Afrique centrale». La Cemac veut inciter le maximum d’opérateurs économiques camerounais à vendre dans la sous-région, notamment le secteur de l’agroalimentaire, et plus largement de l’agro-industrie.
Marketing
La conférence-débat du mercredi 20 février 2019 a servi de cadre d’échanges à cet effet. Sur le thème «le renforcement des échanges intracommunautaires et la diversification des économies au sein de la Cemac», les experts de la Cemac, de la douane camerounaise et de l’Agence camerounaise des normes et de la qualité (Anor) ont entretenu les opérateurs économiques sur les règles à observer et les gains. Avec l’harmonisation des zones de libre-échange de la Cemac et de la CEEAC, l’Afrique centrale est désormais un marché unique de plus de 100 millions d’habitants. Les règles pour être éligible au tarif préférentiel généralisé sont liées aux trois règles d’origine de la communauté (entière obtention, taux d’incorporation et taux de valeur ajoutée). Les comités nationaux d’agrément facilitent aux opérateurs économiques le montage et le dépôt des dossiers.
Mais pour y arriver, la Cemac invite déjà les États à produire en qualité et en quantité. Ceci afin de satisfaire la demande exprimée dans la sous-région, permettant ainsi de réduire les importations, créer de la valeur et des emplois et accroitre les avoirs extérieurs. En pleine riposte à la crise des devises et des matières premières, ce choix économique renforcerait la résilience des États face aux chocs exogènes.
Présence
Le déploiement de la Cemac à Promote visait également marquer les esprits. Occupant un stand bien construit sur une superficie de 200 m2, l’institution communautaire a tenu à ce que les visiteurs «sachent qu’elle est présente. Ce n’est pas une nébuleuse» explique Julienne Djuikam Kamga, directrice de la communication.
En termes de statistiques de visites du stand, «il y a eu un très grand bond. Nous avons parfois atteint 500 visites par jour. Beaucoup de personnes sont passées nous voir. C’est synonyme que la Cemac a impacté le salon. Sur le thème de notre présence, la confédération des transformatrices nous permet de sortir de Promote avec quelque chose de fort. Mais bien avant, les opérateurs économiques sont passés se renseigner et ont été orientés. La Cemac a été visible», ajoute-t-elle.
Proximité
L’institution communautaire s’est mobilisée en haut lieu. Avec le président de la Commission lui-même, en chef de délégation, 8 (huit) cadres de haut niveau l’ont accompagné, dont le commissaire en charge du marché commun, le coordonnateur du PACIE, les directeurs de la communication, du commerce et de la concurrence, des mines et de l’industrie, ainsi qu’un expert principal. Des cadres disponibles aux sollicitations des visiteurs.
Cette proximité était en outre visible dans l’occupation du stand. 50 % de l’espace a été réservé aux 24 TPE exposantes. Ces entreprises agroalimentaires ont été sélectionnées par les chambres de commerce et les ministères en charge du commerce et/ou de la PME du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée Équatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad. Des exposants entièrement pris en charge par la Cemac.
Zacharie Roger Mbarga
Transformation agroalimentaire
Un patronat régional féminin des TPE voit le jour
La Confédération des transformatrices des produits agricoles de la Cemac est née à Nkol Nyada.
24 petites unités de transformations agroalimentaires ressortissantes des six États membres de la Cemac se sont constituées en confédération. Cette corporation est composée de 4 entreprises par pays. Le salon de l’entrepreneuriat de Yaoundé a servi de cadre à la création de cette plateforme. La Confédération des transformatrices des produits agricoles de la Cemac (CTPA-Cemac) a pour objectif de faire connaitre le made in Cemac et le vulgariser. Un bureau confédéral a été mis sur pied (voir tableau). La confédération sera le réseau des fédérations nationales. Les femmes transformatrices entendent, très bientôt, légaliser leur organisation pour entamer le travail de terrain.
Stratégie
À l’effet de pénétrer les marchés, les femmes veulent produire, à grande échelle, sous le même label. Le manioc produit et transformé au Cameroun, au Gabon, au Congo et en Centrafrique va respecter les mêmes procédés. Il sera conditionné de la même manière et estampillé sous l’origine made in Cemac. Ces femmes appartiennent à des coopératives qui ont par la suite mis sur pied des entreprises. À Promote, elles ont exposé au total une cinquantaine de produits industriels transformés. Elles estiment pourtant à près de 1000 le nombre total de leur production.
La CTPA-Cemac appelle à l’accompagnement de la Cemac et des autres institutions soucieuses du renforcement de l’industrie agroalimentaire dans la région. Cet accompagnement pourrait prendre la forme d’appui à la labellisation, la certification et le conditionnement. Les femmes veulent mieux présenter et habiller les produits. Ce stade terminal devra d’abord passer par la vérification du processus de production et la validation du produit comme propre à la consommation. Enfin, il faudra apposer une indication d’origine protégée telle que l’Okok ou le gingembre d’Afrique centrale.
Constitution du bureau CTPA-Cemac
Normes
Les femmes transformatrices veulent en outre accroitre leur capacité de production pour satisfaire la demande de toute l’Afrique centrale, qui compte plus de 100 millions d’habitants. Pour ce faire, elles entendent trouver de l’aide pour standardiser la production et la transformation.
Pour les questions de normes et de qualité, la Cemac négocie un partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). Celui-ci permettra de mettre le laboratoire de l’Institut universitaire de technologie de Douala à disposition de la Cemac, pour analyser les traces des pesticides et autres matières chimiques impropres à la consommation, sur les produits alimentaires. Ledit laboratoire, financé par l’AUF, devrait servir d’infrastructure pilote. Puisque l’objectif c’est de doter chaque pays d’une structure identique. L’avantage pour les entreprises c’est la réduction du coût des analyses cliniques.
Zacharie Roger Mbarga
‘’L’enjeu de notre présence est de renforcer l’intégration’’
Nous voyons beaucoup de TPE et PME faire de bonnes choses. À travers leur présence, la Cemac veut montrer qu’il est possible de réduire l’importation des produits agroalimentaires
La directrice du Commerce et de la Concurrence de la Cemac présente les mobiles de la présence renforcée de l’institution communautaire à la 7e édition du salon Promote.

Quel est l’enjeu de la présence de la Cemac à l’édition 2019 du salon Promote ?
L’enjeu premier en réalité est de renforcer l’intégration régionale et l’intégration commerciale. Il s’agit en un mot de densifier le commerce intracommunautaire, que nous savons très faible. Les services de douanes et les instituts nationaux de la statistique des États nous disent que le commerce se situe entre 3% et 3,5%. Actuellement, nous finalisons une note de conjoncture commerciale. Elle nous permettra d’avoir une photographie des échanges extra et intracommunautaires.
La participation à Promote 2019 rentre donc dans le cadre des actions engagées pour aller au-delà de ce pourcentage. Nous avons mis en place des instruments qui permettent de densifier le commerce. Au cours de la conférence/débat organisée le 20 février dernier, nous avons présenté aux entreprises les procédures d’agrément au tarif préférentiel généralisé. Cette procédure est un élément d’intensification des échanges communautaires. Cette mesure a été prise à cet effet. Vous savez que les produits originaires ne paient pas les droits de douane. Nous avons donc expliqué aux entreprises les critères d’origine qui sont les règles à respecter par un produit pour être éligible à l’origine Cemac.
Précisément sur les critères d’origine, avez-vous le sentiment que les entreprises industrielles reçoivent l’accompa-gnement nécessaire pour maitriser tous ces prérequis ?
Nous avons organisé des ateliers de formations dans tous les pays de la Cemac. Les entreprises et les comités nationaux d’agrément en ont été les bénéficiaires. Vous savez, nous sommes dans un processus de rationalisation avec le tarif préférentiel harmonisé CEEAC/ Cemac. Ainsi, des pays comme la République Démocratique du Congo et Sao Tomé et Principe ont également abrité ces ateliers. L’objectif c’est de donner les outils aux comités nationaux d’apprécier les dossiers transmis. Il s’agit, par exemple, de maitriser le calcul de la valeur ajoutée. Ce qui n’est pas aisé.
Nous nous sommes rendu compte que cette formation devait être poursuivie en interne dans chaque pays. Un atelier de deux ou trois jours ne saurait recevoir tout le monde. Nous avons ainsi opté pour la formation des formateurs afin de toucher un grand nombre. Nous avons prévu, à la Commission de la Cemac, d’accompagner les comités nationaux d’agrément.
Au cours de cette année, avec la hiérarchie, nous avons convenu d’aller vers les administrations nationales en charge de l’examen des demandes d’agrément, pour les encourager à rendre opérationnel leur comité national d’agrément. Ce qui est envisagé, c’est des formations pratiques et concrètes. C’est-à-dire, lorsque les comités ont reçu des demandes d’agrément des entreprises, nous ne nous limitons pas à examiner les documents, nous allons voir le processus de fabrication du produit concerné.
À présent, le seul comité vraiment opérationnel c’est celui du Cameroun. Il est donc logique, comme c’est le cas présentement, que les agréments délivrés soient essentiellement pour les produits camerounais. En tant qu’organisation communautaire, nous aimerions que l’ensemble des pays aient des agréments. C’est aussi ce qui renforce les échanges. Or, lorsque ça va dans un seul sens, vous convenez avec moi que les transactions sont moins denses.
Pour l’accompagnement et la formation pérennes des entreprises industrielles sur les procédures d’agrément, avez-vous pensé aux corporations d’entreprises et même à la société civile ?
En réalité, nous associons les patronats lorsque nous organisons les ateliers. Ce n’est pas nous qui invitons les entreprises de manière individuelle. Ce sont les responsables des patronats dans les États membres qui nous aident à identifier les entreprises. Maintenant, nous les associons pour qu’à leur niveau ils continuent la formation au bénéfice de leurs adhérents.
Pour ce qui est de la société civile, les thèmes de formation s’adressent aux entreprises. Dans le cas d’espèce, nous formons les fonctionnaires des comités nationaux et le secteur privé via les patronats.
Un autre problème au commerce intracom-munautaire est celui des barrières non tarifaires. Est-ce qu’il y a un début de solution envisagée ?
Au sein de la Cemac, nous avons un projet qui a démarré. C’est celui de l’interconnexion des administrations douanières. Le projet consiste à interconnecter les administrations douanières d’une part et à construire des postes douaniers juxtaposés ou uniques entre les pays au niveau de la frontière.
Dans le cadre du projet Sydonia, nous essayons de faire en sorte que les administrations douanières au sein d’un même pays soient informatisées et interconnectées. Quand les administrations douanières sont interconnectées, on a plus besoin de stopper une marchandise entre Douala et Bangui. En réalité le projet est en cours et vise la réduction au maximum des contrôles au niveau des corridors. Bien entendu, le projet nécessite des moyens importants. Dans certains pays, les administrations douanières travaillent encore manuellement. Et à partir de ce moment, le suivi est difficile. On est obligé de vérifier et de faire attendre l’opérateur économique qui achemine la marchandise avec le risque de rançonner le transporteur.
Les deux projets évoqués visent donc globalement la fluidité des échanges en trois séquences : le fonctionnement en réseau des administrations douanières au sein d’un État, la construction des postes douaniers juxtaposés ou uniques entre les pays au niveau de la frontière et l’interconnexion des administrations douanières juxtaposées. Ils intègrent justement la mise en œuvre de l’accord de facilitation des échanges de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Quel est le niveau de mise en œuvre des deux projets?
Pour les deux projets, nous avons commencé avec deux corridors pilotes : Cameroun-RCA et Cameroun-Tchad. Sydonia se met progressivement en place sur ces corridors. Entre le Cameroun et le Tchad, les postes-frontière ont été construits. Les États devaient au préalable s’entendre sur les points de construction, ce qui a été fait. Maintenant, il faut, de part et d’autre, informatiser et interconnecter. Parce qu’il ne s’agit pas d’informatiser un point sans le relier aux autres points. La construction du poste-frontière juxtaposé entre le Cameroun et la Centrafrique a été stoppée du fait de l’instabilité sécuritaire.
L’une des innovations cette année c’est la présence, dans le stand de la Cemac, des exposants venus des pays membres. Pourquoi avoir fait ce choix ?
La Cemac a voulu donner la chance aux très petites entreprises (TPE), notamment celles qui font dans la transformation agro-industrielle. Nous savons que les TPE sont les plus nombreuses et nous souhaitons que celles-ci deviennent des championnes. Comme précédemment évoqué, la Cemac prépare une note de conjoncture commerciale. Elle montre que les pays de la Cemac importent énormément de produits agroalimentaires, alors que la plupart de nos États ont du potentiel en matière agricole. Nous voyons beaucoup de TPE et de PME faire de bonnes choses. À travers leur présence, la Cemac veut montrer qu’il est possible de réduire l’importation des produits agroalimentaires.
Pendant nos travaux, nous nous sommes rendu compte que certains produits peuvent se substituer à la farine de blé. Nous avons eu l’expérience du plantain. Il y a une variété de plantain qui, selon les scientifiques, a une meilleure propriété que le blé. Elle est appelée la banane du Bouroukou, dans la zone camerounaise du Moungo. Ça veut dire qu’il faudrait encourager la production, la transformation et la commercialisation de ce produit. Le volume d’importation du blé se verrait ainsi considérablement réduit, et cela permettra de créer de la valeur ajoutée.
L’autre objectif est de les amener à travailler ensemble. Promote est un salon de partenariat. En se rencontrant, elles échangent les expériences, les difficultés, les acquis, les bons procédés. Plus loin, certaines ont des supérettes dans leur pays. Elles produisent et vendent dans leur pays. Celles qui produisent du savon à base de Spyrillin, d’Okok, de beurre de karité peuvent échanger. Elles peuvent se constituer en plateforme pour augmenter la production et envahir le marché. C’est un autre moyen pour atteindre l’objectif de densification des échanges. Nous sommes là pour les soutenir. Certaines ne pouvaient pas faire le déplacement, nous leur avons offert un espace. Nous avons également mis à leur disposition des billets d’avion pour pouvoir prendre part au salon.
Interview réalisée par
Zacharie Roger Mbarga
Spécial PROMOTE 2019 / AGRO-INDUSTRIE
Agro-industrie : Le carton plein de la Sodecoton
La fibre de coton, l’huile de table Diamaor et les aliments d’élevage sont ses produits phares présentés à Promote 2019.
La Société de développement du coton du Cameroun (Sodecoton) a choisi la scène du 7e Salon International de l’Entreprise, de la PME et du Partenariat de Yaoundé (Promote) pour donner à voir à sa clientèle. Du 18 au 24 février 2019, le fleuron agro-industriel du Septentrion a particulièrement mis en vitrine trois produits : la fibre de coton, l’huile de table Diamaor et le tourteau de coton.
Pour sa septième participation à Promote, la Sodecoton est venue avec deux objectifs. Le premier a consisté à présenter au public, les produits, le savoir-faire et les diverses innovations apportées à cette société. Le second a été arrimé à la vente de l’huile raffinée Diamaor et du tourteau de coton d’une part, et nouer des partenariats avec des éleveurs de bétail, petits ruminants et volailles installés dans la partie méridionale du Cameroun d’autre part.
Durant Promote 2019, Saly Oumarou et son équipe ont mis un point d’honneur sur les différentes variétés de tourteaux de coton. Aux visiteurs du stand de l’entreprise, le directeur commercial de la Sodecoton a livré des détails sur les gammes Alibet et Nutribet. Selon lui, l’Alibet est produit à Garoua et destiné à l’élevage des ruminants (bœufs, moutons et chèvres). Le Nutribet, lui, est produit du côté de Maroua. Il est bon pour l’élevage des ruminants et des monogastriques (porcs et poulets).
À la base, une raison principale: «En tant que société citoyenne, la Sodecoton met à la disposition de la filière porcine et volaille ses tourteaux, pour soutenir ces secteurs d’activité qui connaissent de temps en temps des difficultés», vante Saly Oumarou. Mohamadou Bayero, le directeur général de la Sodecoton appuie: «À travers Promote, il est surtout question d’attirer l’attention de ces clients sur nos produits».
Du bon coton
Engagée dans des rénovations et des remises à niveau de ses installations industrielles et de sa logistique, l’entreprise a produit 19 millions de litres d’huile raffinée de coton en 2017 et 18 millions en 2018.
Pour plus d’efficacité, apprend-on, des mutations d’envergure y ont pris corps. C’est ainsi qu’en mai 2018, la direction du classement et des ventes s’est transformée pour devenir la direction commerciale, incluant une Division du Marketing et des Ventes.
Dans l’esprit de l’équipe managériale, c’est pour répondre plus efficacement aux desiderata de la clientèle et être plus proche de celle-ci. Sa présence dans des multiples foires, salons et autres mini comices ces dernières années participe de cette volonté d’être auprès des clients, mettant ainsi davantage l’accent sur la campagne de proximité.
L’amélioration de la bonne gouvernance est également un chantier très important lancé par le top management de l’entreprise, toujours dans le souci d’optimiser les performances. La motivation du personnel, l’acquisition du matériel roulant, la remise à niveau des installations industrielles pour doubler la capacité de production des huileries par exemple, portent de succulents fruits.
Avec une production de 260 000 tonnes de coton graine, la Sodecoton a réalisé un chiffre d’affaire de 130 milliards de francs CFA en 2018. Elle s’attend à une production record (plus de 300 000 tonnes de coton graine) pour la campagne en cours. Les objectifs stratégiques de l’Etat se situant à 400 000 tonnes de coton graine à l’horizon 2021, un plan triennal de redressement en cours de réalisation a été validé lors du conseil d’administration du 29 novembre 2017.
Sur le chapitre des réalisations, le centre de formation multifonctionnel de Kaélé, déjà opérationnel, est à inscrire en lettres d’or.
Aujourd’hui, les projets du mastodonte de la production cotonnière au Cameroun se déclinent sous forme d’investissements et actions de grande importance. Ce sont deux usines d’égrenage et une usine d’huilerie à installer, des matériels de génie civil pour les réfections des pistes rurales, des camions polybennes pour le ramassage du coton, la modernisation du classement instrumental du coton avec des équipements de technologie récente, l’installation des jeunes agriculteurs sur fonds FED, pour une agriculture de type mécanisé et l’autonomisation de toutes les usines d’égrenage en énergies électrique et solaire.
Dispositif et capacités industriels
Le géant agro-industriel du Cameroun dispose de neuf usines d’égrenage, d’une capacité de traitement cumulée de 320 000 tonnes de coton graine par an, pour un résultat de 121 000 tonnes de fibre. Il possède également deux huileries, d’une capacité de trituration cumulée de 120 000 tonnes de graines de coton par an, avec une production de 14 à 19 millions de litres d’huiles de table, et 60 à 70 000 tonnes d’aliments d’élevage. La Sodecoton a un parc automobile de près de 500 engins dont des véhicules légers, des camions et d’autres engins lourds. Elle fournit environ 2 000 emplois permanents et 3 000 saisonniers par campagne.
La Sodecoton est une Société anonyme d’économie mixte à participation publique majoritaire, dotée d’un Conseil d’administration et d’une Direction générale. Elle a été créée en mai 1974. Au niveau de l’actionnariat, 59 % des actions sont détenus par l’État du Cameroun, 30 % par la société française Geocoton et 11 % par la Société mobilière d’investissement du Cameroun (Smic).
Jean-René Meva’a Amougou
Source : Sodecoton