Très impliqué dans le déroulement des Olympiades au Cameroun, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) dresse le bilan de la compétition.
Au terme de ces Olympiades, quel sentiment vous anime?
Effectivement, nous sommes dans le cadre d’un événement que le régulateur du marché financier, la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale a bien voulu baptiser Olympiades. Cet événement permet de mettre en compétition des universités. Nous sommes partis d’un constat selon lequel les activités du marché financier qui est pourtant un marché du financement alternatif aux autres sources de financement, ne décolle pas dans notre sous-région, et nous ne comprenons pas pourquoi cela. Et alors, on a diagnostiqué le manque de communication en faits de culture boursière et les stratégies même pour pouvoir atteindre les acteurs. Nous sommes en train de chercher ensemble comment faire en sorte que nous puissions attaquer les bonnes populations, celles qui peuvent demain prendre le relais, et permettre à ce que ce phénomène qui est celui des marchés financiers puisse devenir comme ce que nous avons vu avec la téléphonie mobile, ou d’autres phénomènes qui avaient commencé très timidement dans notre sous-région et qui sont devenus des phénomènes viraux. Quand par exemple, on voit que le taux de pénétration du téléphone est beaucoup plus élevé dans les pays de la Cemac et en Afrique en général que dans les pays occidentaux qui ont inventé cela, nous avons bon espoir que si nous nous approchons des publics comme le étudiants des universités, comme les encadreurs des universités qui peuvent aussi, à un moment donné, récupérer nos initiatives pour construire des curricula pour les étudiants, nous pensons que nous sommes en train de faire un travail de fond. Celui-ci fera en sorte que l’épargne de l’Afrique, l’épargne de la sous-région qui, aujourd’hui, échappe au circuit bancaire, et qui est évalué aux dernières statistiques en fin 2024 à plus de 5000 milliards FCFA. Que cette épargne-là soit drainé dans des circuits qui permettent à ce que aucune petite et moyenne entreprise ne puisse manquer de financement, aucun promoteur de projet ne puisse manquer de financement. L’objectif est que nos économies se financent par l’épargne de ses propres populations, et soient moins dépendantes vis-à-vis de l’extérieur.
On vous a vu au four et au moulin tout au long de ces Olympiades. Que retenir de spécial pour cette deuxième édition ?
Cette seconde édition a été très courue parce que, comme vous le voyez, nous avons eu des universités d’État qui sont venues en compétition. Mais à côté, il y a eu des instituts privés. Nous avons comptabilisé 11 pour le Cameroun. Et comme vous le savez, ce sont des Olympiades qui se déroulent dans toutes les capitales de la Cemac. Donc l’étape du Cameroun était un peu spéciale par le niveau de mobilisation. Et puis, dans les formations qui ont été données, nous avons vu comment les équipes ont émergé pour maîtriser le cadre réglementaire, les pratiques financières qui sont assez complexes. Pour nous, tout cela a été quelque chose sur le plan de la mobilisation et la qualité des compétiteurs. Vous avez vu que nous étions en train d’atteindre les scores qui étaient les scores cibles sans passer par beaucoup de tracasseries. L’équipe qui a moins performé dans le premier tour, j’ai compté, ladite équipe a été obligée de répondre à 20 fois, alors qu’il fallait juste trouver 10 bonnes réponses pour atteindre 20.
Cela montre aussi qu’au niveau du Cameroun, les universités ont un très bon niveau. Les étudiants ont un très bon niveau de formation. C’est des métiers qui sont nouveaux. Mais on a l’impression que ce n’était pas finalement si étranger pour eux.
Vous dites que le étudiants camerounais ont un très bon niveau. La même chose se dit à travers tous les pays de la Cemac. Doit-on conclure que la culture boursière est implémentée de façon efficace en Afrique centrale ?
Nous sommes en train de le faire. On est en train de l’implémenter. Et comme je le disais, je pense que une fois que les États qui ont le pouvoir régalien de pouvoir mettre en place un marché en créant son cadre réglementaire, en permettant à ce que les entreprises arrêtent de se plaindre du manque de financements, notamment les financements bancaires, nous pensons que la deuxième étape, c’est de pouvoir permettre à ce que les populations comprennent mieux ce qui est en train de se passer. Je dis souvent, le secteur privé devrait pouvoir montrer un peu plus d’engagement et d’engouement à venir chercher les financements sur le marché financier. Parce que le secteur privé est celui qui se plaint le plus qu’on ne finance pas la PME, que les banques ne s’occupent que des grandes structures internationales. Mais le constat que nous avons aussi fait est que les conditions dans lesquelles on se finance sur le marché peuvent gêner un certain nombre de promoteurs d’entreprises.. Ça veut dire que nous sommes dans un marché de la transparence.
Comment se porte la Bvmac à ce jour ?
La réponse est mitigée. Nous avons fait beaucoup de réformes. Et cela fait qu’aujourd’hui, nous sommes très fiers qu’une opération est actuellement en cours de placement dans la sous-région. Cela viendra booster la capitalisation boursière de plus de 1000 milliards FCFA. Je parle de l’introduction en bourse de la holding du groupe BGFI. C’est le travail que nous abattons qui amène les acteurs aussi stratégiques à se dire OK, nous pouvons redistribuer les fruits de la croissance. Parce que lorsqu’une entreprise de cette nature accepte d’accueillir demain 2000, 3000 ou un million d’actionnaires nouveaux venant de tous les pays de la Cemac, c’est un travail de fond que nous avons fait. Nous pensons qu’aujourd’hui, la BVMAC est dans une dynamique qui montre que son avenir est plutôt radieux.
Maintenant, il y a beaucoup de problèmes à régler en interne : nous n’avons pas suffisamment de moyens de notre politique et ça, nous sommes en train de travailler dessus. Nous avons aussi des résistances liées à des acteurs qui ont un peu peur de la transparence.
Propos recueillis par
Jean -René Meva’a Amougou
