L’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM) proposée par la Chine constitue l’épitomé d’un processus de remodelage de l’ordre international lancé il y a plus d’une décennie, avec comme étapes marquantes : l’Initiative la Ceinture et la Route (ICR), la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et enfin, l’Initiative pour la civilisation mondiale, a indiqué Nkolo Foé, ancien professeur de l’Université de Yaoundé, dans une récente interview accordée à Xinhua.

La nouvelle proposition chinoise fournit un cadre holistique des relations internationales, doté d’un esprit nouveau orienté vers : le refus de la mentalité de la guerre froide, le rejet de l’hégémonisme, la condamnation du protectionnisme, la dénonciation du « piège de Thucydide », et l’opposition résolue à l’impérialisme et au néocolonialisme, a estimé M. Foé. Début septembre 2025, l’Organisation de coopération de Shanghai a tenu dans la ville chinoise de Tianjin son plus grand sommet depuis sa création en 2001.
C’est dans son discours de circonstance que le président chinois Xi Jinping a proposé l’Initiative pour la gouvernance mondiale. Cette Initiative majeure repose sur les grands piliers que sont : l’égalité souveraine, l’état de droit international, le multilatéralisme, une approche centrale sur les personnes, et enfin, les actions concrètes, a noté l’université camerounaise. Depuis notamment les BRICS, les nouvelles Routes de la soie et la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, l’idée d’une alternative des pays du Sud au consensus de Washington et à la mondialisation capitaliste a commencé à s’imposer, a signalé M Foé. Pour lui, avec ses points capitaux, la nouvelle initiative chinoise signifie que l’alternative du Sud au consensus de Washington avait besoin d’une clarification.
C’est l’objectif de l’Initiative pour la gouvernance mondiale qui, à l’observation, résume non seulement les grandes lignes de la politique de la Chine des dernières années, détaillées dans son livre blanc de septembre 2023 (NDLR : livre blanc intitulé « Une communauté mondiale d’avenir partagé : les propositions et les actions de la Chine »). Invitant tous les pays à respecter les normes largement reconnues des relations internationales, la doctrine chinoise, selon M. Foé, rappelle que depuis l’avènement des temps modernes, un ordre international juste et équitable apparaît comme un impératif, en tant qu’objectif commun de l’humanité, notamment depuis l’adoption des principes de la Charte des Nations Unies de 1945, sans oublier les cinq principes de coexistence pacifique adoptés lors de la Conférence de Bandung en 1955.
La Chine et les pays du Sud n’ont nullement l’intention de bouleverser l’ordre international établi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme le prétendent à tort les démocraties libérales, a affirmé le professeur camerounais. Au contraire les normes des relations internationales ainsi rappelées constituent les fondements inébranlables d’une communauté mondiale d’avenir partagé promue de nos jours par la Chine. Comme la grande majorité des pays du Sud, la Chine s’oppose fermement à la loi de la jungle, cette dernière étant coupable de laisser les plus faibles à la merci des plus forts, a fait remarquer M. Foé, ajoutant que rejeter la mentalité de guerre froide dans toutes ses manifestations revient en fin de compte à favoriser une nouvelle approche de sécurité à la fois commune, globale, coopérative et durable.
YAOUNDÉ, 15 octobre (Xinhua)