Home COMMUNAUTÉS Mbalmayo: des centaines de cartes nationales d’identité « oubliées »

Mbalmayo: des centaines de cartes nationales d’identité « oubliées »

0

Au commissariat central du chef-lieu du département du Nyong-et-So’o (région du Centre), la réalité alimente un paradoxe qui interroge sur la responsabilité des usagers.

C’est un matin ordinaire lorsque l’équipe du journal Intégration se rend dans cette petite ville située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Le centre de production de la CNI (Carte nationale d’identité) y avait été installé pour désengorger Yaoundé et rapprocher le service des populations rurales. Mais le constat est amer : si les cartes sont bel et bien produites, elles ne sont pas retirées.

Dans les couloirs du commissariat, des piles de cartes attendent leurs propriétaires depuis parfois plusieurs mois. « Vous négligez ce que des gens supplient d’obtenir à Yaoundé », s’emporte Jérôme, un usager venu spécialement vérifier la disponibilité de sa pièce. Lui-même avoue avoir cru à une rumeur avant de constater de visu l’ampleur du phénomène.

Les policiers, eux, peinent à cacher leur exaspération. « Vous accusez souvent la police de lenteur, mais la vérité est que beaucoup de cartes sont abandonnées. Ici, certaines dorment depuis trois mois », lâche un officier, avant de rabrouer un habitant du quartier venu timidement chercher sa carte.

La procédure semble pourtant simple. « Enrôlez-vous dans un cyber de la place, indique un agent. Revenez ensuite nous informer de votre passage. Parfois, le même jour, vous pouvez déjà obtenir votre CNI. Mais ne l’abandonnez pas comme les autres », insiste-t-il.

Dans la salle d’attente, un autre policier martèle inlassablement son message : « Venez retirer vos cartes, s’il vous plaît. Après l’établissement, passez deux jours plus tard vérifier. Nous sommes débordés. » Puis, dans un ton plus ferme, il ajoute : « Quand ils seront arrêtés pour défaut de CNI, ils viendront se plaindre. Mais nous faisons notre travail ». Selon les agents, seuls les nouveaux bacheliers, contraints de présenter leur CNI pour l’inscription à l’université, se montrent vraiment assidus. Les autres laissent traîner, oubliant que ce document reste le premier sésame d’existence administrative au Cameroun.

À Mbalmayo, ce paradoxe révèle un problème moins technique que comportemental : l’incapacité des citoyens à retirer à temps ce qu’ils ont pourtant réclamé avec insistance. Pendant que des centaines de CNI prennent la poussière, la file d’attente s’allonge ailleurs, alimentant les critiques contre un système déjà fragilisé.

André Gromyko Balla

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile