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Le choix qui crée la polémique

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Selon des révélations du média spécialisé Africa Intelligence (AI), l’institution en charge de l’organisation et de la supervision des scrutins aurait confié l’impression des bulletins de vote à un prestataire chinois basé au sud de l’Empire du Milieu.

C’est la première fois depuis 1990 que le Cameroun externaliserait cette tâche stratégique, traditionnellement assurée par l’Imprimerie nationale. D’après les informations de AI, le contrat aurait été attribué directement par le directeur général des élections, Erik Essousse, sans passer par un appel d’offres. Le montant du marché avoisinerait deux milliards FCFA (soit environ 3,5 millions d’euros).

Les bons de commande seraient déjà établis, mais la procédure demeure confidentielle et les bénéficiaires n’ont pas été publiquement identifiés. AI précise qu’il n’a pas été possible d’obtenir des détails sur les motivations exactes de ce choix porté sur un prestataire installé dans la région de Shenzhen-Guangzhou, au sud de la Chine. Toutefois, une source proche du dossier avance toutefois des raisons « d’efficacité et de réduction des coûts », pour justifier le recours à des imprimeurs chinois. Mais ces arguments peinent à convaincre.

Eclats de voix

Du côté de l’opposition, les réactions sont vives. Plusieurs responsables politiques estiment qu’une telle décision soulève des inquiétudes majeures quant à la sécurité des documents électoraux et à la souveraineté du processus. Confier l’impression des bulletins de vote à une entreprise étrangère pourrait, selon eux, ouvrir la voie à des risques de manipulation et de fraude. « La crédibilité du scrutin repose sur la garantie que chaque bulletin est infalsifiable et que son acheminement est sécurisé », souligne un cadre d’un parti d’opposition, qui réclame davantage de transparence.

Des organisations de la société civile s’interrogent également sur la confidentialité de la procédure et l’absence d’un débat public autour d’une décision jugée stratégique. Certaines ONG plaident pour le maintien de cette responsabilité sur le territoire national, afin de préserver l’intégrité et la confiance dans le processus électoral.

Du côté institutionnel, cette décision s’inscrit dans un calendrier de préparation plus large. ELECAM multiplie actuellement les démarches logistiques et techniques destinées à garantir la tenue des élections dans les délais constitutionnels. Les bulletins de vote constituent un élément central de ce dispositif, aux côtés de la mise à jour des listes électorales, de la formation des agents et de la mise en place des bureaux de vote.

En l’absence de communication officielle, les informations publiées par Africa Intelligence demeurent à ce stade les seules disponibles. ELECAM, en tant qu’organe chargé de l’organisation et de la supervision des élections, devra probablement revenir sur ce sujet dans les prochains mois pour préciser le cadre juridique et opérationnel de cette initiative. Dans un contexte où la régularité et la crédibilité des scrutins représentent un enjeu majeur, la gestion de ce marché revêt une dimension particulière. Le choix de l’externalisation témoigne d’une volonté d’explorer de nouvelles options logistiques, mais il appelle en parallèle des précisions afin de rassurer l’ensemble des parties prenantes.

Jean-René Meva’a Amougou

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