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Chronique des relations internationales: Un hier serein, un aujourd’hui d’évaluation et un demain qui tremble

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Géopoliticien, grand reporter et correspondant de guerre pour le quotidien français, Renaud Girard a commis une chronique dans Le Figaro le 14 juillet dernier. L’ensemble décline une histoire en cours. Celle d’un hier serein et d’un demain qui tremble du coté de Paris. En effet, réalise Renaud Girard, « la France avait considérablement perdu en influence en Afrique ». Il y a quarante ans, fait-il observer, « la France jouissait encore du prestige que lui avait donné l’expédition réussie de Kolwezi (1978). Certes, la glissade française dans le tournant du siècle était sans doute fatale, notamment avec la montée en puissance de la Chine sur le continent ». 

Et voici Renaud Girard qui ne pense pas que tout soit perdu pour la France en Afrique, loin de là. Ce pour au moins trois raisons : « D’abord parce que, en général, les Français aiment les Africains et les Africains aiment les Français, au-delà des péripéties politiques provoquées par leurs gouvernements. Leurs relations vont au-delà du simple commerce. Il y a une fascination réciproque, un partage d’âme, une amitié qui court de Savorgnan de Brazza à Charles de Gaulle, de Pierre Messmer à Jacques Chirac. Ensuite, Paris n’a nullement à rougir de l’immense œuvre française en Afrique, qui s’est traduite par la construction d’innombrables routes, écoles, dispensaires, barrages hydroélectriques, ports. Dans cette « œuvre civilisatrice de la colonisation » prônée par Jules Ferry, puis dans la coopération instituée après les indépendances, y a-t-il eu des erreurs, des ratés, des crimes ? Bien sûr, car aucune entreprise humaine d’envergure n’en est exempte.

Mais ce qui compte, c’est le bilan très positif de cent vingt-cinq ans d’aventures communes, dans la paix comme dans les deux guerres mondiales. Culturellement, les écrivains africains francophones parlent et écrivent une qualité de langue admirée dans tout l’Hexagone. Cultuellement, très nombreux sont les prêtres africains à réévangéliser la fille aînée de l’Église. Tout au long de l’histoire, l’œuvre civilisatrice se fait évidemment dans les deux sens. Aujourd’hui, c’est l’Afrique qui parfois nous civilise, elle qui garde ses vieillards à la maison, nous qui les jetons dans des Ehpad. L’Occident révère l’individu, même lorsqu’il se vautre dans le consumérisme et l’hédonisme. L’Afrique célèbre les solidarités familiales et intergénérationnelles, et c’est évidemment elle qui a raison.

Comme troisième raison, Renaud Girard juge la France capable de tirer les leçons des quatre erreurs. La première : s’être mêlée militairement, à partir de 1990, des affaires du Rwanda. « Nous connaissions mal ce terrain, miné par des rivalités ethniques anciennes, et nous y sommes fait piéger ». La seconde erreur : l’intervention militaire de Paris en 2011 en Libye, décidée alors qu’il y avait une médiation en cours de l’UA entre les rebelles de Benghazi et le régime de Tripoli. « Non seulement nous n’avons pas établi en Libye la paix, la démocratie et la prospérité promises, mais nous avons déstabilisé toute la bande sahélienne », regrette Renaud Girard. Troisième erreur : « Lors du coup d’État militaire à Niamey, en 2023, nous avons publiquement surréagi, au lieu d’observer la situation en silence et d’agir en coulisses. Il est erroné de vouloir imposer la démocratie par la force en Afrique. Ce n’est pas à Paris de décider qui doit gouverner en Libye ou au Niger, comme ce n’est pas à Washington de décider qui doit commander à Bagdad ou à Kaboul ». Comprenne qui veut bien. 

Jean-René Meva’a Amougou

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