Exténué par la qualité de service exécrable, le régulateur du secteur des télécommunications au Cameroun annonce un audit approfondi dans les prochains mois.
«Elle a longtemps toléré ». Parlant de l’ART (Agence de régulations des télécommunications), l’ingénieur des travaux de communications Baudouin Effa Nguele s’étrangle du fait que « l’oxygène financier qu’apporte le secteur des télécoms a fini par anesthésier le régulateur ». Et pour réinstaller l’inverse dans les esprits, l’ART entend procéder à « un audit complet du réseau national de fibre optique ». « Il s’agit pour nos équipes de voir ce qui ne va pas et de savoir exactement quel levier activer », souffle une source interne. Dans la lignée que lui imposent ces objectifs, l’ART a d’ores et déjà lancé un appel à manifestation d’intérêt pour le recrutement de cabinets spécialisés. Selon le document diffusé par l’Agence, les candidats doivent démontrer une expertise solide dans l’audit et la supervision de réseaux de fibre optique, de préférence avec une expérience sur des projets similaires en Afrique. Le même document renseigne que « le cabinet sélectionné sera chargé de réaliser un état des lieux exhaustif de l’infrastructure réseau, d’analyser de manière critique son fonctionnement, de formuler des recommandations pour améliorer le service et d’estimer les coûts associés aux travaux de réhabilitation nécessaires». Financé par le budget 2025 de l’ART, l’audit à venir s’inscrit dans un contexte où la demande en services Internet ne cesse de croître, rendant d’autant plus urgentes les améliorations à apporter au réseau. Les utilisateurs, qu’ils soient des entreprises ou des particuliers, attendent des solutions rapides et efficaces pour garantir une connexion stable et de qualité.
Tolérance zéro
En ce sens, bien des choses souvent reprochées aux opérateurs ne seraient plus tolérées. Il s’agit principalement des interruptions fréquentes des services Internet, du manque d’approvisionnement électrique pour les infrastructures techniques, des difficultés d’accès au carburant pour les sites stratégiques de Yaoundé et Douala, et surtout, une augmentation des ruptures de câbles en fibre optique en raison d’une maintenance déficiente du réseau. « Celui ou celle qui se rendra coupable de l’un de ces griefs ne sera plus blâmé, mais très lourdement amendé et poursuivi. En détails, nous allons nous focaliser sur l’acquisition d’équipements de contrôle et d’audits techniques «prescrits par la hiérarchie», essentiels pour la supervision rigoureuse des investissements réalisés par les opérateurs. Ces outils permettront une surveillance accrue des réseaux, garantissant ainsi que les engagements d’investissement des opérateurs soient respectés. Depuis 2023, ces derniers ont promis d’investir un total de cent cinquante-six milliards (156 000 000 000) FCFA pour l’extension et l’amélioration de la couverture réseau », glisse une source à la direction générale de l’ART. A bien écouter, les enjeux sont considérables, et les résultats de cet audit pourraient bien déterminer l’avenir des télécommunications au Cameroun. Les attentes sont grandes, et la réussite de cette mission sera essentielle pour relever les défis actuels et futurs du secteur.
Bobo Ousmanou
