Journal Intégration

LA TRIBUNE DES COMMUNAUTÉS

Contactez nous

PANORAMA PORTRAIT DÉCOUVERTE

Allemagne : Les revendications anti-coloniales des Camerounais et Africains honorées

Une plaque commémorative de la ville de Berlin dévoilée le 22 juillet 2019 en l’honneur de Quan’a Dibobe, alias Martin Dibobe, et de ses 17 camarades africains. A l’occasion, Prince Kum’a Ndumbe III fait une Déclaration solennelle.

Berlin, capitale de l’Allemagne Fédérale, est en train d’honorer ceux des Camerounais et Africains qui se sont levés pour lutter contre le colonialisme allemand, le racisme et les inégalités pendant la période de domination allemande sur le continent africain et au sein de l’Allemagne elle-même.

Quan’a Dibobe, baptisé sous le «dina la mukala : nom du blanc» Martin, est né le 31 octobre 1876 à Bonapriso comme fils de David Joss. Il sera emmené en Allemagne à l’âge de 20 ans pour représenter la vie quotidienne des Africains dans les «zoo humains» de l’Allemagne impériale à Berlin pendant six mois. Il suivra plus tard une formation et deviendra en 1902 conducteur de train de 1ère classe.

Quan’a Dibobe mobilisera d’autres Camerounais et Africains pour dénoncer les exactions coloniales dans les protectorats allemands et exiger de meilleures conditions de vie pour les Africains vivant en Allemagne. Une pétition en 32 points du 27 juin 1919 sera déposée au Ministère des colonies «Reichskolonialministerium» et une correspondance cosignée par 18 autres Africains d’origine sera adressée à l’Assemblée Nationale de Weimar (Weimarer Nationalversammlung).

Au Cameroun, les chutes Nachtigal, les rues Nachtigal, les places Général Leclerc et les rues glorifiant les seigneurs esclavagistes et colonialistes emplissent le quotidien des citoyens. A Berlin, le quai nommé selon le colonialiste Otto Friedrich von der Groeben depuis 1895 est renommé selon notre très chère amie May Ayim en 2009, poète afro-allemande, et activiste antiraciste et anti-colonialiste d’origine ghanéenne.

La Place Nachtigal devient Place Manga Bell, Quan’a Dibobe, porteur de la pétition réclamant la dignité des Africains et l’égalité devant la loi est honoré par une première plaque le 31 octobre 2016 sur le mur de la maison qu’il a habitée à Kuglerstrasse 44. Et par une seconde plaque le 22 juillet 2019 à la fameuse Wilhelmstrasse, en plein centre administratif de Berlin, à l’endroit même où se trouvait le ministère des colonies. A la demande officielle de la Namibie, la Colonne de la Croix du Cap conservée au Musée Historique allemand de Berlin est restituée à la Namibie le 17 mai 2019 lors d’une cérémonie du gouvernement allemand à laquelle le Prince Kum’a Ndumbe III avec une délégation d’Afric Avenir International a pris part.

Quand est-ce que le législateur camerounais, le juge camerounais, les conseils municipaux se réveilleront du profond sommeil colonial pour rebaptiser nos rues et places publiques et que les monuments d’esclavagistes et de colonisateurs prendront le chemin des musées ? Le génocide intellectuel et spirituel n’a-t-il pas assez duré au Cameroun et dans plusieurs pays africains ?

Prince Kum’a Ndumbe III, Professeur Emérite des Universités, Dr. en histoire, Dr. en Etudes Germaniques, Université de Lyon II, 1975 ; Habilitation en sciences politiques, Université de Berlin, 1989.

 

Bobo Ousmanou

LEAVE A RESPONSE

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *