Promotion de la démocratie en Afrique : Achille Mbembe lance une fondation à Johannesburg

Au nombre des propositions faites par l’historien et politologue camerounais au président français, Emmanuel Macron, pour la refondation des relations entre la France et l’Afrique, on a la création d’une fondation pour l’innovation et la démocratie. Depuis la fin du sommet Afrique-France de Montpellier, en octobre dernier, l’auteur de La naissance du maquis dans le Sud-Cameroun a travaillé d’arrache-pied pour que cette utopie se donne à voir. Et, le lancement de celle-ci a lieu le 06 octobre prochain dans la capitale économique sud-africaine.

Achille Mbembe, le maître d’oeuvre                    Emmanuel Macron, le maître d’ouvrage

 

 

Une fondation pour l’innovation et la démocratie bientôt opérationnelle à Johannesburg. À en croire l’historien camerounais Achille Mbembe, cette fondation sera lancée le 6 octobre prochain dans la capitale économique sud-africaine. Il relève, pour rassurer, que les formalités administratives relations à sa création sont bouclées. «Le quartier général se trouvant en Afrique du Sud à Johannesburg. Et donc, la fondation existe d’ores et déjà en termes d’enregistrement par la loi sud-africaine, on va la lancer et à partir de 2023, elle sera opérationnelle», déclare-t-il au quotidien Mutations.

L’idée de la création de ce think thank est le résultat des travaux menés par l’auteur de Brutalisme, avec à ses côtés des intellectuels comme Pap Ndiaye, Vera Songwe, Souleymane Bachir Ndiaye, etc. Et, fait partie des treize (13) propositions faites par l’équipe d’Achille Mbembe à l’occasion de la préparation du sommet Afrique-France tenu à Montpellier le 08 octobre 2021 et relatives à la refondation des relations entre la France et l’Afrique. Cette fondation aura trois centres sous-régionaux: en Afrique centrale, orientale et de l’Ouest.

Elle a pour ambition d’«accompagner la montée en compétences des acteurs des sociétés civiles africaines par le biais d’initiations innovantes de promotion de la démocratie et de renforcement de l’Etat de droit, l’une des clés de la refondation des rapports entre l’Afrique et la France. En dehors de l’accompagnement de la société civile, le think thank se propose d’appuyer la recherche et les actions visant à promouvoir des réformes réglementaires, à renforcer les capacités institutionnelles aussi bien des pouvoirs publics que des organisations.

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Cependant, la fondation s’interdit de financer les partis politiques. Emmanuel Macron, le président français, a assuré les jeunes lors de leurs échanges au «Village Noah», pendant sa visite au Cameroun, la semaine dernière. La subvention allouée «n’est pas pour financer les oppositions en Afrique», a-t-il rappelé. D’une dotation initiale qui pourrait être de 15 millions d’euros, soit près de 10 milliards de francs Cfa, la fondation ne sera pas gérée par le Quai d’Orsay, ministère français des Affaires étrangères et européennes et aura une gouvernance autonome.

La création de celle-ci vient enrichir l’écologie des droits humains en Afrique d’un nouvel organisme majeur dédié à la promotion de la démocratie et l’Etat de droit. À ce propos, nous pouvons citer l’Institut national démocratique (Ndi) qui est un think thank créé en 1983 et proche du parti démocrate américain. Il a pour mission d’œuvrer en faveur de la démocratie et son bon fonctionnement. Dans la même veine, on peut classer la fondation Mo Ibrahim du milliardaire anglo-soudanais Mohamed Ibrahim qui a pour objectif d’aider l’Afrique à se débarrasser des autocrates. Pour ce faire, cette fondation a lancé en 2007 le Prix Ibrahim qui est une récompense de 5 millions de dollars Us versée sur dix ans à un homme d’Etat africain. Le premier lauréat de ce prix est Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique et l’année dernière, l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou a bénéficié de ce prix.

Achille Mbembe qui, certainement, aura à présider aux activités de cette fondation a consacré la quasi-totalité de sa vie à la montée-en-humanité des sociétés africaines. Ses ouvrages De la Postcolonie, Critique de la Raison nègre, Sortir de la Grande nuit ou Brutalisme en sont le procès intellectuel de cette sensibilité humaniste. D’ailleurs, cette déclaration au sortir des Ateliers de la pensées de cette année résume le mieux la sensibilité qu’il a de la démocratie et l’importance qu’il lui accorde. «Le projet démocratique ne nous est pas étranger: il est temps qu’on le comprenne une bonne fois pour toutes, et il faut se pencher sur la réinvention de la démocratie comme la grande question philosophique, politique et esthétique de ce siècle. Démocratie comme dynamique du lien», dit-il. Raison pour laquelle, il s’est investi avec ses équipes afin que cette utopie qu’est la fondation pour l’innovation et la démocratie sorte du magma de la pensée. Tout en espérant que cette fondation trouvera grâce aux yeux des futurs locataires de l’Elysée, au-delà d’Emmanuel Macron.

Julien Nga Ebede

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