Une journée économique et diplomatique initiée par le Cabinet d’expertise et de partenariat
international s’est tenue hier à Yaoundé avec la participation de la délégation de l’Union
européenne au Cameroun.
«Acheter et vendre en France», c’est le thème au cœur de la Journée économique et diplomatique
organisée ce 15 juin 2023 à Yaoundé par le Cabinet d’expertise et de partenariat international
(Cepi). «C’est la simplicité du Thème qui a justifié son choix. Mais aussi le fait que le chômage et le
sous-développement sont des problèmes concrets et réels», déclare le promoteur. Et à la question de savoir pourquoi le choix précis de la France, Laurent Tchandeu a cette réponse: «La France est notre premier partenaire historique, et donc, elle constitue avant tout pour nous Camerounais, en tant qu’opérateurs économiques et chefs d’entreprises, un marché que nous devons aller conquérir». Cela implique pour l’ancien secrétaire général du ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex), d’avoir «à vendre nos produits camerounais. Nous achetons déjà beaucoup là-bas pour vivre (vêtements, voitures, téléphones et montres…). Il s’agit donc cette fois de vendre pour ramener de l’argent qui va améliorer les conditions de vie des populations». À en croire le diplomate camerounais, la Journée économique et diplomatique avait donc pour vocation «d’expliquer aux petits producteurs, aux chefs d’entreprise et à tous les experts, comment attaquer ce marché, comment aller sur ce marché et comment aller chercher la richesse de ce pays pour le rapatrier au Cameroun». Relation commerciale Plusieurs chiffres sont présentés aux participants
ce 15 juin 2023. Et ils renforcent l’idée que la France présente en effet plusieurs atouts et constitue une opportunité pour les opérateurs économiques camerounais. «Nous avons pu constater l’existence d’un marché. Sa population est de 65 millions d’habitants et le PIB est de 36 000 euros par habitant et par an», commence par indiquer le Dr Elie Ngasseu, expert du Cepi. L’autre avantage d’avoir à acheter et vendre en France est que le marché français fait partie de l’Union européenne (UE) et est de ce fait couvert par l’Accord de partenariat économique existant déjà entre le Cameroun et son partenaire européen. Les données en la matière sont globalement
favorables à date au Cameroun. «Les économies à l’exportation des entreprises camerounaises sur
la période 2016-2021 sont le triple des économies faites par les entreprises européennes», font
savoir les représentants de la délégation de l’Union européenne au Cameroun (DUE). «Le APE
représentent ainsi plus 15 milliards FCFA d’économie pour les entreprises camerounaises en
2021 et près de 40 milliards FCFA de moins-value fiscale entre 2016 et 2021 pour les grandes
entreprises». L’idée étant que «ce que le Cameroun perd au niveau du port, il le récupère à
l’intérieur des frontières au travers des impôts et taxes (TVA, notamment», relativise Laurent
Tchandeu. «Par ailleurs, expliquent encore les représentants de la DUE, toutes les exportations camerounaises rentrent à l’UE sans droit de douane, ce n’est pas le cas pour toutes les exportations européennes». À la condition toutefois de «présenter un certificat d’origine délivré par les autorités européennes», insiste Filippo Amato, chef section commerce à la DUE. Les données sont un peu différentes en ce qui concerne la relation commerciale bilatérale entre le Cameroun et la France. Déficit et excédent Une autre dimension de l’offensive camerounaise également menée par la Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (Ccima), serait aussi de renverser une tendance qui perdure depuis plusieurs années déjà. Étant donné qu’à date, «la France représente 18,5% des importations du Cameroun et seulement 7% de nos exportations». Les participants apprendront au vu de ces chiffres que «le solde de la balance commerciale française est positif, ce qui signifie que le solde commercial du Cameroun avec la France est négatif». Des solutions pratiques existent pourtant pour infléchir cette courbe. Leur présentation a constitué l’un des temps forts de la Journée économique et diplomatique du Cepi.
Propositions
«La première solution est d’améliorer la coopération économique entre le Cameroun et la France, et de mieux exploiter les institutions qui existent à l’instar de l’AFD, Proparco, APME, etc». Le Dr Elie Ngasseu évoque ensuite la nécessité de «mieux assurer la présence des entreprises camerounaises en France. Le Cameroun assurerait ainsi la réciprocité pour ces entreprises en France dans le secteur des services». Une autre exigence pour le gouvernement camerounais est de «mieux encadrer les investissements français dans notre pays pour répondre à nos priorités et produire au Cameroun les marchandises qui vont être exportées en France». Dans la bouche de l’expert, cela implique surtout que «les entreprises françaises se délocalisent au Cameroun». L’orateur n’y voit par ailleurs aucune contradiction avec l’objectif «d’encourager aussi les PME camerounaises à produire en quantité et en qualité, en favorisant une approche à forte intensité d’emplois». Le Cepi recommande enfin «au gouvernement de poursuivre sa politique d’import-substitution et même, de promouvoir une politique d’exportation».
Théodore Ayissi Ayissi