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Archives des Creps - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Creps

  • Manœuvres : L’entrain asiatique en surchauffe à Yaoundé

    Manœuvres : L’entrain asiatique en surchauffe à Yaoundé

             Auréolés de la confiance affichée de Paul Biya le 9 janvier 2019, les géants d’Asie n’en finissent plus de polir soigneusement leur image au Cameroun. 

    Signature du livre d’or par le président de la République en Chine

    Sauf glissement de calendrier, un membre du gouvernement japonais devrait fouler le sol de Yaoundé à la mi-février 2019. Des sources avisées au ministère camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) insistent sur l’étendue de la délégation nipponne. Au moins une dizaine de membres qui, pendant leur séjour dans la capitale camerounaise, seront reçus à Etoudi.

    En attendant que cette annonce se confirme, Chinois et Sud-Coréens étaient déjà là. En quelques jours en effet, Yaoundé a reçu, tour à tour, Yang Jiechi (représentant spécial du président chinois Xi Jinping, membre du bureau politique du Comité central du parti communiste chinois et directeur du bureau de la Commission des affaires étrangères de ladite formation politique) et Lee Ju Young (vice-président de l’assemblée nationale sud-coréenne), à la tête d’une délégation de parlementaires de son pays.

    Démonstration de force
    «Tout porte à croire que ceux qui personnifient ici la politique étrangère du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud ont rendu compte de la confiance dont bénéficient leurs pays auprès de la plus haute autorité du Cameroun», explique Claver Bitebeck. Pour l’internationaliste, tout est à rechercher dans la réponse servie par Paul Biya aux diplomates à Yaoundé le 9 janvier dernier. «Ces pays ont tout avantage à se positionner et conserver le capital de confiance d’Etoudi et, si possible, aggraver la fracture entre Washington et Yaoundé en matière économique», théorise-t-il.

    De l’avis d’Abel Edimo Kangué, «ce ballet se comprend dans l’écheveau complexe de la puissance et de l’influence». L’expert-consultant du Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II pense surtout que le récent chassé-croisé sino-coréen à Yaoundé dépasse le strict cadre diplomatique. «Avec les Chinois ou les Sud-Coréens, le format des discussions bilatérales choisi par les deux parties (pas de prise de note, pas de conseillers présents, en dehors des interprètes) – fait que le contenu réel des entretiens avec les autorités camerounaises reste à la merci des comptes rendus qu’en feront les deux parties», analyse-t-il. En observateur averti, Abel Edimo Kangué fait remarquer qu’«à Yaoundé, Chinois et Sud-Coréens se sont servis d’une même stratégie de communication à outrance, le grand spectacle». «On devrait, d’ici peu, vivre la même chose avec l’arrivée d’une haute autorité japonaise», prévient-il.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • 73ème journée des Nations unies à Yaoundé : L’alter écho d’une célébration

    73ème journée des Nations unies à Yaoundé : L’alter écho d’une célébration

    Les 10 agences onusiennes menant des activités au Cameroun attendent le quitus des autorités locales sur les modalités de déploiement dans la partie anglophone du pays.

    Une minute de silence en mémoire de Kofi Annan, était inévitable le 24 octobre dernier au ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex). Au moins pour l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) décédé le 18 août 2018 à Berne (Suisse), entre autorités locales et le gratin onusien, il n’y a pas de dissonance de voix. Accord parfait également des deux parties sur le thème choisi cette année: «L’énergie comme moteur des objectifs de développement durable au Cameroun».

    Chiens de faïence
    Seulement, pour qui a franchi l’hinterland de cette 73e journée des Nations unies à Yaoundé, on a sans doute mesuré qu’un vent fort souffle entre le système que coordonne Allegra Maria Del Pilar Baiocchi et le gouvernement local, au sujet du déploiement de 10 agences onusiennes au Nord-ouest et au Sud-ouest. C’est d’ailleurs ce qui justifie la tenue, le 23 octobre 2018, au ministère de l’Administration territoriale (Minat), d’une réunion. Autour de la table, Paul Atanga Nji (le Minat) et une délégation conduite par Allegra Maria Del Pilar Baiocchi. À l’ordre du jour : les axes d’intervention des démembrements de l’ONU en zone anglophone.

    Cité par le quotidien Cameroon Tribune le lendemain, Paul Atanga Nji est plus précis. «Il est question de s’asseoir, de mettre en place un document qui sera soumis au gouvernement pour approbation. Ainsi, ils pourront se déployer sur le terrain sur la base d’un document consensuel», détaille le Minat.

    Garde-fou
    «Par-delà les mots, un autre facteur structure cette position», fait remarquer Françoise Mouyenga. Saluant la posture prudente du gouvernement, la consultante du Centre de recherche et d’Études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II convoque l’Histoire. De son point de vue, «le prétexte du déploiement humanitaire, on l’a vu ailleurs, permet aux gens de s’immiscer dans les rapports humains et fractionner davantage la société». Pour elle, «une feuille de route préalablement élaborée et approuvée par les deux parties reste un gage pour ne pas subir, et être en capacité de prévoir».
    Concrètement, le gouvernement camerounais veut comprendre l’offre du système des Nations unies au Cameroun dans le cadre de la crise anglophone.

    Surtout que dans un communiqué diffusé le 25 juillet 2018, l’ONU avait clairement souligné que les territoires anglophones font face à des violences fondées sur une «discrimination structurelle» qui va croissant depuis 2006. L’organisation planétaire touchait ainsi au délicat sujet des droits de l’Homme, objet de plusieurs controverses dans la zone. D’ailleurs, à la faveur de cette 73ème journée des Nations unies, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a réitéré l’obsession de l’organisation qu’il dirige face à cette thématique. «Les droits de l’homme sont violés dans de nombreux endroits. Mais nous ne baissons pas les bras, car nous savons que le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine est une condition fondamentale de la paix. Les conflits se multiplient. Les populations souffrent, mais nous ne baissons pas les bras parce que nous savons que chaque homme, chaque femme et chaque enfant méritent une vie de paix», a-t-il dit.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Axe Yaoundé – Washington : le vide ou le plein

    Axe Yaoundé – Washington : le vide ou le plein

    «Sans agrégation du pire, les relations diplomatiques entre le Cameroun et les Etats-Unis ne sont au beau fixe.

     

    A tout prendre, la situation est devenue si grossière que même des instruments de pensée rudimentaires suffisent à en rendre compte haut la main». S’inspirant du nouveau tournant des déclarations de S.E. Peter Henry Barlerin (actuel ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun) au sujet du bail de Paul Biya à la tête de l’Etat, le Dr Daniel Nkomba résume simplement une brouille entre Yaoundé et Washington.

    L’internationaliste, consultant à la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé, pense que si la volonté mutuelle d’entente affichée par les deux capitales reste l’aspect le plus séduisant de leurs relations, celles-ci sont faites de tensions, de provocations et même d’incidents.

    Subsides

    «Insidieusement ou ouvertement, ces variables sont utilisées par les Etats-Unis comme socle de leur puissance vis-à-vis des pays qui attendent ou sollicitent d’eux une assistance quelconque», analyse, sans fard, le Dr Aloys Mpessa. Selon ce chercheur en géopolitique internationale au Centre de recherche et d’études politiques et sécuritaires (Creps) de l’Université de Yaoundé II-Soa, «la forme diplomatique à la base de laquelle sont associés des subsides tend à ériger certains Etats en directeurs de conscience des autres. La preuve, parmi tant d’autres, réside dans l’électrochoc récemment enregistré à la Base aérienne 101 de Yaoundé lors d’une réception d’avions américains».

    Leviers

    Vu sous cet aspect, d’aucuns soupçonnent Washington d’un «pseudo-réalisme diplomatique». A l’aune de l’actualité sociopolitique actuelle au Cameroun, pour la première fois, un pays étranger a donc officiellement demandé à Paul Biya de «quitter le pouvoir afin de rentrer dans l’Histoire». «Par la voix de S.E. Peter Henry Barlerin, les Etats-Unis ont abandonné l’inconséquence de la forme choisie. Et à cause de ce qu’ils apportent en termes d’aide en tous domaines, ils créent une confusion et porte une pensée séditieuse», explique Daniel Nkomba.

    D’après l’universitaire, tout cela c’est sur fond d’intérêts économiques et stratégiques, de droits de l’homme, de démocratie et de guerre contre le terrorisme. «Ce sont de bons leviers qu’ils (les Etats-Unis) entretiennent soigneusement pour valider ou contester tel ou tel dirigeant dans les pays pauvres, d’ailleurs qualifiés de pays de merde par leur président», dit-il. Au-delà, d’autres voient en la posture américaine au Cameroun l’application d’«une diplomatie de co-souveraineté» par opposition à la diplomatie classique. «C’est une tendance qui se développe chez nos donateurs.

    Elle indique clairement que gérer des espaces de souveraineté n’est plus adéquat en raison des logiques d’interdépendance et de compénétration des nations. La distinction habituelle entre ce qui relève de leurs affaires internes et ce qui relève de l’international s’effaçant progressivement, c’est la cogestion d’espaces souverains qui devient la pratique des diplomaties modernes», renseigne l’internationaliste Saint-Juliard Simo.

    Acteurs et chantage

    A elles seules, les crises sécuritaires, sociopolitiques ou humanitaires survenues au Cameroun ces vingt dernières années ont favorisé l’émergence de nombreux acteurs. En plus des personnages officiels mandatés par des gouvernements ou par des organisations internationales publiques, des intervenants privés y mettent de la couleur, de la diversité, des convictions, parfois de l’agitation ou du désordre.

    «Parce qu’ils prétendent aider, voient dans l’entrée des sociétés dans l’arène internationale l’amorce d’un monde dans lequel les souverainetés seront progressivement rognées par les nécessités du multilatéralisme et par des constructions régionales actives comme celle de l’Union européenne, d’un monde qui, un jour, fera passer la puissance avant la solidarité», insiste le Dr Aloys Mpessa.

    Jean René Meva’a Amougou

  • Crise anglophone: Les séparatistes versent dans la contrebande

    Crise anglophone: Les séparatistes versent dans la contrebande

    Batibo, érigé en Far West.

    Pour financer leurs opérations, les groupes armés d’inspiration sécessionnistes se tournent vers la vente des produits contrefaits dans leurs zones d’influence.

     

    Trafic de cigarettes, de médicaments, de parfums, de vêtements et même de pièces détachées automobiles. Pour les groupes armés opposés aux forces de défense et de sécurité dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest du pays, tout est bon quand il s’agit de financer leur déploiement sur le terrain. Selon des sources sécuritaires, les scènes des récents assassinats des gendarmes le démontrent. «Des échantillons et des emballages de produits contrefaits ont été prélevés sur place», affirme un cadre en service à la légion de gendarmerie du Sud-ouest. A en croire ce haut-gradé, il s’agit notamment de quelques boîtes d’une version falsifiée de «Augmentin comprimé» des laboratoires britanniques GlaxoSmithKline plc (GSK). Ailleurs, dans le Nord-ouest, d’autres sources indiquent que les cigarettes de marque «Aspen» sont devenues le marqueur des attaques dans cette région. Une récente enquête en flagrance a permis de faire tomber, dans le département de la Momo, un réseau de vente d’«Aspen menthol». «Les résultats de cette prise ont permis d’établir que la cheville ouvrière du trafic est basée au Nigéria», apprend-on. «Là-bas, un homme en lien avec les «Ambazonia defense forces» (un groupe armé dirigé par un certain Lucas Cho, NDLR), revendait ces cigarettes en quantités industrielles, générant un profit d’au moins 05 millions par jour. La notoriété de son commerce lui avait valu le surnom édifiant de «Mister Aspen»», informe une autre source.

     

    Indices

    Plus récemment, à Idenau (Sud-ouest), des cartons de parfums ont été saisis. «L’un des suspects, placé en détention par les services compétents dans cette localité, a reconnu appartenir à une chaîne logistique tapie dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et dont la vocation est de diversifier ou muter les sources de financement d’un groupe armé», indique une source à Interpol Cameroun. Une tentative de chiffrage opérée par cette institution internationale souligne qu’«environ 20% des sources de financement des organisations criminelles telles que celles qui se déploie dans les régions anglophones du pays proviennent de l’écoulement de fausses marques de cigarettes et de médicaments notamment». Le 09 mars dernier, le ministre de la Santé publique (Misanté) a publié des communiqués de presse. Dans ces documents, André Mama Fouda informe le public de la circulation de faux «Augmentin» et de faux «Cipzole forte» à travers le pays. Si l’alerte du Minsanté n’établit pas systématiquement le lien entre la contrebande des faux médicaments et la crise anglophone, elle ouvre au moins une grille d’analyse sur les faits et leur timing. «Remarquons ensemble la coïncidence des noms des marques de médicaments et la fréquence des assassinats de gendarmes qui veulent détruire les réseaux», indique Françoise Mouyenga, expert en questions de sécurité au Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques de l’Université de Yaoundé II (Creps). Sous un prisme plus élaboré, cette universitaire parle de «terrorisme local», «celui de petits groupes armés sur la partie anglophone du pays, vivant de petits trafics, de commercialisation de contrefaçons, et plus actifs quand leur business fonctionne de façon optimale».

     

    Jean-René Meva’a Amougou