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Refus d’exécuter les instructions de la présidence de la république et des ministres

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Dr Keye Ndogo

Cet extrait est tiré de la lettre, datée du 29 juillet 2025, adressée à Messieurs Louis Paul MOTAZE et YAOUBA ABDOULAYE, respectivement Ministre des Finances et Ministre Délégué aux Finances.

Dr Keye Ndogo

C’est en août 2022 que, par DHL, j’avais saisi S.E. Paul BIYA, Président de la République, du problème de mes frais de relève et de congés, qui traînait déjà depuis quelques cinq ans, et du manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger qui s’y était greffé.

Mais, bien avant cela, l’alors nouveau Ministre de la Communication, Monsieur René Emmanuel SADI, avait tenté d’en résoudre, en 2020, au moins le premier volet, c’est-à-dire celui des frais de relève et de congés.

Mais, l’espoir suscité fut très vite brisé.

En effet, par courrier, daté du 18 novembre 2020, le Ministre René Emmanuel SADI avait saisi son homologue des Finances, Monsieur Louis Paul MOTAZE. Il souhaitait que 300 millions de sa réserve budgétaire lui soient débloqués, pour pouvoir payer « ses » diplomates en attente. Les sommes initialement déléguées par les Finances, en juin 2018, écrivait le nouveau MINCOM, « s’étaient révélées insuffisantes », pour régler tous les cas, à l’exemple de celui, emblématique, de Monsieur KEYE NDOGO, « pour lequel le MINFI avait été saisi plusieurs fois ».

Entré, ce même 18 novembre 2020, au Cabinet de Monsieur le Ministre des Finances, ce courrier en était ressorti le 20 novembre, soit deux jours seulement plus tard, pour celui de Monsieur le DGB, le Directeur Général du Budget.

Aux premiers jours de décembre 2020, Monsieur le Directeur de l’Administration Générale du MINCOM et moi-même, étions allés voir Monsieur le DGB. Il était, nous avait-il dit, en train d’accompagner le Ministre au SENAT, pour le budget 2021, alors en cours d’examen. Il s’occuperait de mon dossier la semaine suivante.

Mais, quand j’avais dû quitter le Cameroun, le 22 décembre 2020, ce dossier n’était toujours pas sorti de son Cabinet. Vaine promesse donc !

Mes multiples tentatives de relances, à partir de la France, pour faire aboutir ce dossier, furent vaines.

C’est face à cet immobilisme ambiant nous ayant conduit à ma cinquième année de galère, de mendicité et de souffrances, que j’avais donc été contraint de m’en remettre à la sagesse du Chef de l’Etat.

SAISINE DU CHEF DE L’ETAT. Mon courrier au Chef de l’Etat, faut-il le rappeler, était donc arrivé à la Présidence de la République, par DHL, dans les premiers jours du mois d’août 2022.

C’était un gros dossier de 121 pages, avec ses pièces jointes et une Note personnelle de trois pages, pour la Très Haute Attention de Son Illustre Destinataire.

A la suite de ce courrier, adressé au Chef de l’Etat, le Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République instruisait (L nB1019/SG/PR du 17 août 2022), soit moins de deux semaines plus tard : (1) l’« apurement de mes frais de relève et de congés », pour 49.387.850 F CFA, et (2) l’« examen concerté de mon manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger », qui s’élevaient alors à 155.171.568 F CFA, chiffre qui s’élève, désormais, à plus de 300 millions, en août 2025.

Mais, pour soustraire le Ministère des Finances à l’exécution des instructions de la Présidence, vos collaborateurs prétendront s’être appuyés « de manière froide » surl’Article 3 du Décret 85/1197 du 29 août 1985, pour la réponse adressée au MINETAT SG/PR (L/N° 002001/MINFI/SG/DGB/DDPP/CES du 19 octobre 2022).

  1. Le fameux Article 3 querellé

Mais, pour l’Histoire et la Postérité, il suffit de confronter les affirmations de vos collaborateurs avec (1) les termes de cet Article 3 du Décret 85/1197 du 29 août 1985 et (2) la réalité de ma situation telle qu’elle avait évolué, pour conclure à leur mauvaise foi manifeste, si ce n’est la méchanceté.

Voici le libellé du fameux Article 3 (dernière page) :

« En cas de rappel, les personnels en service hors du Cameroun relevant de l’autorité du Ministère des Affaires Etrangères conservent, pendant une période de trois mois à compter de la date de signature de l’acte de rappel, leur traitement indiciaire ou catégoriel, affecté du coefficient de correction, à l’exclusion de toute autre prime ou indemnité, s’ils n’occupent pas de poste de responsabilité. »

« Comme diplomate rappelé », avaient écrit vos collaborateurs, « j’avais droit, en plus des frais de relève à charge de l’Administration utilisatrice… àtrois (03) mois de salaires consulaires qui … sont implicitement accordés pour … permettre de s’organiser pour son retour au pays » ; ils ajoutaient que j’étais donc débiteur du salaire consulaire, touché au-delà desdits trois mois.

Archi-faux ! En ma qualité de Chef du Centre de Communication, « j’occupais bien un poste de responsabilité », comme il est précisé dans les derniers mots de l’Article convoqué. Et j’étais donc exempté de la limite alléguée des trois mois.

Questions obligatoires : Vos collaborateurs peuvent-ils prétendrequ’ils n’avaient pas lu, dans sa totalité, l’Article 3, convoqué pourtant avec emphase ? Ou alors, était-ce juste une volonté délibérée de nuire ?

A partir de là, tout leur discours concernant « le trop-perçu », de huit mois, sur « les onze mois supplémentaires de salaire consulaire perçu », tombe à l’eau. Surtout que ces Messieurs ne peuvent pas, non plus, m’accuser d’avoir traîné en France.

  • Délais visant retour au pays absolument respectés

En effet, vos collaborateurs semblent avoir, volontairement, ignoré:

  • Que mon dossier de frais de relève et de congés avait été déposé, dès avril 2018, juste après avoir passé le service et cessé mes activités à l’Ambassade, le 12 du même mois d’avril 2018 ;
  • Que je l’aurais même déposé plus tôt, si je n’étais pas sur la liste des « Pouvoirs » qui m’astreignaient à travailler (sur) et à participer, pour notre pays, à la Conférence Générale de l’UNESCO ; d’ailleurs, en ma qualité de Chef de la Sous-Commission Communication de la Délégation camerounaise, mes interventions avaient suscité, en plénière, une mention spéciale du Rapporteur Général de la Grande Commission Communication (UNESCO) ;
  • Que, ce problème de frais de relève et de congés et, plus tard, de manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger ne se serait jamais posé, si mes frais de relève et de congés avaient été payés en fin juin/début juillet, car, toutes vérifications faites, une délégation de crédits avait bel et bien été accordée au Ministre de la Communication de l’époque, en juin 2018, soit moins de trois mois après l’introduction de mon dossier de frais de relève et de congés ;
  • Que le Ministère des Finances, qui supposait donc que j’avais perçu mes frais de relève, en juillet 2018, s’était permis, selon la réglementation, mais sans vérifier, d’interrompre mon salaire au titre de l’étranger, trois mois plus tard, ce qui fut, logiquement, fait en octobre 2018 ;
  • Que tel n’était, malheureusement, pas le cas ; et que j’avais immédiatement saisi Monsieur le Ministre des Finances, le 12 novembre 2018, pour l’alerter sur cette méprise ; et, ensuite, lui répéter, chaque fois, que mon salaire au titre de l’étranger ayant été interrompu, avant que je n’aie perçu mes frais de relève et de congés, il se posait désormais un problème de « manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger » ;
  • Que ce « manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger », réclamé, n’était donc pas une revendication de dernière minute ; et que vos collaborateurs auraient dû se rappeler que j’avais commencé à sonner l’alarme, dès que mes demandes de paiement urgent de mes frais de relève et de congés tardaient à donner les résultats escomptés ;

(7) Que je n’avais arrêté de plaider que « je ne pouvais pas devenir une victime de querelles entre Administrations », puisque le MINFI refusait d’accorder une nouvelle délégation de crédits au MINCOM, pour un problème supposé soldé et que ce dernier devait donc assumer, seul ; mais, cela était-il seulement possible, avec l’unicité des caisses de l’Etat ?

(8) Que je n’avais pas arrêté, par conséquent, à proposer, dans mes multiples requêtes que « que le Ministère des Finances devait me payer et se tourner vers l’Ancien Ministre de la Communication, pour réclamer les nécessaires explications quant à l’utilisation des fonds délégués en juin 2018 » ;

(9) Qu’au moment où, cinq après, vos collaborateurs étaient en plein délire contre ma personne, ils oubliaient volontiers que je n’avais toujours pas perçu mes frais de relève et de congés et que me pénaliser, comme ils le réclamaient, à hue et à dia, n’avait aucun sens, l’Etat n’ayant pas fait sa part préalable !

3.         Perte inutile de temps imputable à vos collaborateurs

Enfin, peut-être pourrait-on en conclure que vos collaborateurs de la Direction Générale du Budget, Direction de la Dépense de Personnel et des Pensions, Cellule des Etudes et Synthèses, devraient en assumer les retards et les conséquences.

Car, leur mauvaise foi manifeste et leur déni, sans fondements, ainsi que leur entêtement et les mauvaises orientations qu’ils auront insufflées, tout au long de cette triste et tragique saga, nous auront fait perdre trois années supplémentaires, en vue de « l’apurement » attendu, de tout ce que l’Etat me doit désormais, tel qu’instruit par la Présidence de la République, le 17 août 2022.

C’était déjà une perte inutile de temps quand, s’agissant de mes frais de relèves et de congésdont ils estimaient la revendication « tout à fait légitime », vos collaborateurs avaient cru devoir demander que les Ministres de la Communication et des Relations Extérieures établissent, au préalable, que « je n’avais jamais perçu les avantages financiers y relatifs ».

Or, cette réponse avait déjà été donnée, par le nouveau Ministre de la Communication, dans sa lettre du 18 novembre 2020 à son homologue des Finances. Cette lettre était « morte » à la Direction Générale du Budget, dont dépend la Direction de la Dépense de Personnel et des Pensions, qui avait préparé la réponse du Ministère aux instructions du Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République.

De même, la décision de me faire payer par la DRFI, initiée par le MINDEL, le 14 novembre 2023, aura été retardée par les mêmes Responsables, avant d’être reconduite, par Décision du Ministre, en août 2024, suite à une séance de travail qu’il avait instruite, entre l’un de ses collaborateurs concernés et mon équipe juridique.

Que cette Décision n’ait toujours pas été exécutée, malgré des instructions spécifiques d’urgence et de célérité, est une autre déplorable illustration d’instructions de la hiérarchie qui ne sont pas exécutées.

Dans son acheminement, en octobre 2024, vers le Bureau des Engagements, ce dossier était resté quatorze longs jours dans un bureau bien identifié sur la fiche de suivi ! En tout cas, il n’était arrivé au Bureau des Engagements que le 15 novembre 2024, dernier jour des engagements.

Sollicité, Monsieur le Directeur Général du Budget, qui en a les pouvoirs, aurait pu faire payer, hors-délais, ce dossier de frais de relève et de congés, dès novembre 2024. Mais, non ! Il s’était limité à faire croire, à un ami commun qui m’avait appuyé, que l’un de ses collaborateurs allait le diligenter. On est resté, là aussi, sans résultat.

Pour sa part, le Chef de Service du Courrier de la Direction des Ressources Financières continue à se déclarer incapable de dire où se trouve ce dossier, qui a été relancé et dont nous avions retrouvé la trace, le 31 juillet 2025, au Secrétariat Général.

Renvoyé, le 06 août 2025, pour ajustement, à Monsieur le Directeur des Ressources Financières, ce dossier n’est plus à son niveau. Lors d’une audience, le 9 septembre 2025, Monsieur le Directeur nous a assuré de ce « qu’il n’est qu’une passerelle » et de ce que « les dossiers ne traînent pas à son niveau ». D’ailleurs, sa Secrétaire avait déjà tenu des propos similaires, trois semaines plus tôt, face à Monsieur BOBIOKONO qui courait après ledit dossier.

Questions lancinantes : Pourquoi tous ces blocages, même à des niveaux d’exécution où on s’y attendrait le moins ? Pourquoi le Service du Courrier de la DRFI nous refuse-t-il les nécessaires références qui nous auraient permis de continuer à en suivre le cheminement de ce dossier ? Et pourquoi un certain ABDOURAMAN, de la même Direction des Ressources Financières, était-il allé retirer ce dossier du Bureau des Engagements, le 12 mars 2025, alors qu’il aurait pu y attendre l’exécution du nouveau budget, en vue de son paiement ?

C’est dire si tout se bloque, souvent, au niveau de l’exécution, quand bien même cette œuvre néfaste peut, quelques fois, relever de Directeurs ou d’autres hauts Responsables, au mépris des Hautes et/ou Très Hautes instructions !

  • Le manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger

S’agissant de mon « manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger », mes revendications ont été confortées par une jurisprudence présidentielle, rappelée par Monsieur le Ministre MOTAZE, dans les observations qu’il avait faites à Monsieur le DDPP, le Directeur de la Dépense de Personnel et des Pensions, sur la Note que ce dernier lui avait adressée, le 29 juillet 2024.

C’est dire que personne ne devrait faire croire que je cours après une rémunération à laquelle « je n’aurais pas droit », pour citer justement le DDPP !

En effet, la création de ce poste budgétaire aura résulté du laxisme des Conseillers du Ministre qu’ils sont et qui ne l’auront pas alerté, dès le début, du danger annoncé, de ce manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger, qui se profilait à l’horizon.

En avril 2018, en effet, mon dossier ne portait que paiement de mes frais de relève et de congés. Mais, on retiendra que le manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger est né de ce que :

(1) mon salaire au titre de l’étranger, justement, avait été interrompu, avant que je n’aie perçu mes frais de relève et de congés ; et

(2) mes cris d’alarme qu’on allait aboutir à un manque à percevoir sur salaire au titre de l’étranger, si cette situation n’était pas corrigée et mes frais de relève et de congés rapidement payés, n’ont pas ému grand monde au Ministère des Finances.

C’est donc les personnels du Ministère des Finances qui ont laissé ce poste budgétaire se créer tout seul.

Et c’est ainsi aussi qu’ils ont, par la suite, laissé s’alourdir la dette subséquente à ce poste budgétaire, pour la voir passer, le Ministre en étant informé, de 43 millions en octobre 2019, à un peu plus de 155 millions, en juillet 2022, puis à 210 millions, en octobre 2023, et à plus de 300 millions, en 2025.

C’est bien eux qui ont passé leur temps à multiplier les obstacles au paiement de mes frais de relève et de congés, même après qu’il ait été établi, sans ambages, qu’ils m’étaient réellement dus.

Ce n’est, certainement, ni à moi ni à d’autres d’assumer leurs errements !

Yaoundé, le 12 octobre 2025.

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