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Dossier financier du Dr Keye Ndogo: qui est donc le Dr Keye Ndogo?

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En route pour un rendez-vous professionnel.

Monsieur KEYE NDOGO, c’est l’homme qui, avec Monsieur GERBA MALAM, lui aussi, journaliste à la Radio Nationale (tous deux n’étaient pas encore Docteurs en Communication), qui peuvent être considérés comme les premières « égéries » du Renouveau, promu au Cameroun, dès novembre 1982, par le Président Paul BIYA, après son accession à la Magistrature Suprême.

En route pour un rendez-vous professionnel.

L’enthousiasme des deux hommes à défendre le Renouveau n’avait d’égal que leurs propres convictions et, même, inclinations naturelles, selon lesquelles le pays avait bien besoin « d’air pur » ! Ils s’étaient donc lancés, têtes baissées, dans la défense de « la rigueur », dans la gestion, de « la moralisation », des comportements et de la vie publique, et de « la démocratisation » de la société, ce qui supposait la promotion des libertés individuelles et une plus grande liberté de la presse qui les touchait directement.

Hélas, très vite, on leur reprocha « d’aller plus vite que le Renouveau », les sommant « d’aller créer leurs propres radios, s’ils voulaient exercer cette indépendance de ton qu’ils croyaient devoir revendiquer » !

Puis, ce fut, « suspension d’antenne après suspension d’antenne », c’est-à-dire « placard après placard » !

Sauf que, chaque fois que le Renouveau avait besoin de voix crédibles à la Radio, c’est à eux que l’on faisait appel, les sortant instantanément du placard, pour rassurer l’opinion nationale et internationale !

Ce fut le cas, en août 1984. L’opinion nationale était paniquée à l’idée que leur pays, en proie à différentes catastrophes, devait être entrain de subir l’ire de l’ancien Président de la République, S.E. AHMADOU AHIDJO, qui venait d’être condamné, une deuxième fois par contumace, après le coup d’Etat sanglant, échoué, du 06 avril 1984.

Exemple d’une marque de fabrique

Qui a, en effet, oublié le coup d’Etat sanglant du 06 avril 1984 ? Qui a oublié que l’ancien Président de la République, S.E. AHMADOU AHIDJO, avait été indexé et condamné, par contumace, une deuxième fois ? Qui a oublié qu’après cela, on n’osait même plus en prononcer le nom ? Que, par exemple, « Le Stade Ahmadou Ahidjo » était, désormais connu comme « Le Stade Omnisports » !

Et voilà qu’au mois d’août 1984, le Cameroun enregistrait une bonne série de catastrophes que l’opinion publique se mit à attribuer à l’ancien Président : (1) un avion de la Cameroon Airlines avait pris feu sur le tarmac, à l’Aéroport International de Douala ; (2) Un avion de l’Armée de l’Air s’était écrasé à Obala, non loin de Yaoundé, la Capitale ; (3) le Pont sur le Noun à Njindoun s’était écroulé ; (4) il y avait eu, toujours dans la région de Foumban, Département du Noun, une éruption de gaz mortel sur le Lac Monoun (rien à voir avec celle du Lac Nyos, intervenue en août 1986)…

C’était la panique totale dans le pays. Et il donc fallait rassurer l’opinion. Ce vendredi-là, il fallait un journal de 20h00 choc, sur Radio-Cameroun.

C’était l’unique chaîne nationale arrosant, à l’époque, de ses ondes, tout le pays. Il n’y avait aucune radio privée, ni de télé, même publique. La Radio nationale était donc toute puissante. Et les journaux-parlés, le lieu pour s’abreuver d’informations, à la bonne source. Pas seulement parce que c’était la seule source du genre, malgré la présence des radios internationales captées sur ondes courtes ! Mais, aussi et surtout, pour et par la puissance des noms des présentateurs. A titre d’exemples : Un Jean Claude OTTOU à 6, 7, 8 ; Un Joseph Marcel NDI à 13h00 ou Un GERBA MALAM à 20h00, étant entendu que ces présentateurs (à l’exception de Joseph Marcel NDI) pouvaient changer d’éditions ou être relayés par d’autres, dont KEYE NDOGO lui-même !

« Un matin d’août 1984 donc », raconte-t-il, « nous étions encore suspendus d’antenne. Une fois de plus ! Monsieur GERBA MALAM et moi-même. J’avais donc un peu traîné chez moi. Et quand j’étais arrivé vers 11h00 à la Rédaction, c’est tout le monde qui me demandait où j’étais passé ».

  • « Il y a quoi ? Je suis suspendu d’antenne ! » ;
  • « La suspension est levée. Les autres t’attendent dans le Bureau de GERBA » [Le Rédacteur-en-Chef]. « Vous avez une conférence de rédaction restreinte, pour un journal choc à présenter ce soir ».

J’avais donc rejoint les autres, à la préparation du « 20h00 », à présenter ce vendredi soir-là. Il était question de rassurer l’opinion nationale et internationale, de calmer les uns et les autres, face à la panique qui s’en était emparés.

Pour ce « Cameroun-Soir 20h00 », GERBA avait trois chroniqueurs désignés, pour l’accompagner : Zacharie NGNIMAN, Charles NDONGO et KEYE NDOGO.

GERBA me rapporta les sujets des papiers qui avaient été « commandés » : il y en avait un sur l’accident de l’Armée de l’Air à Obala : « il fallait déplorer l’erreur humaine » ; il y en avait un autre dont je ne me rappelle pas le libellé ; et il y avait un troisième sur « Ahmadou Ahidjo », sans orientation commandée.

J’avais donc suggéré à GERBA que mon ami NGNIMAN Zacharie prenne celui sur Ahidjo. Je traiterais l’autre.

« Mais, non ! Tu n’y es pas. La Présidence demande que ce soit toi qui traites le sujet sur Ahidjo ! », m’avait répondu le Rédacteur-en-Chef, avec un sourire en coin.

Il me fallait donc trouver le contenu et l’orientation de ce papier-piège. Comment contenter un des camps (les pros-BIYA), sans heurter l’autre camp (les pros-AHIDJO) ? Comment continuer à être neutre et indépendant d’esprit, dans un univers où tous semblaient avoir pris parti, pour l’un ou l’autre camp ? La neutralité pourrait-elle suffire, dans un univers aussi polarisé et autant divisé ?

En tout cas, je n’allais pas changer de fusil d’épaule, m’étais-je dit. Soutien du Président BIYA, oui ! Mais soutien lucide et vigilant !

N’était-ce pas moi qui, quelques mois plus tôt, en avais énervé plus d’un, dans le camp présidentiel, notamment ? Et n’avions-nous pas été suspendus d’antenne, pour cet autre papier, dans lequel je proclamais « que l’on ne pouvait pas écrire l’histoire du Cameroun au pinceau » ?

Je m’y interrogeais, en effet : « comment nous pouvions avoir reproché au Président AHIDJO d’avoir écrit l’histoire du Cameroun au pinceau, en ayant tout fait pour effacer, de la mémoire collective, les noms des Ruben UM NYOBE, OSSENDE AFANA, Roland MOUMIE et autres, puis, nous rendre, nous-mêmes, coupables de l’effacement du nom de ce même AHIDJO ? »

Evidemment, tant d’audace fut sanctionnée, d’une énième suspension d’antenne. Aujourd’hui, ils sont nombreux à se taper la poitrine, comme étant de grands défenseurs de ces héros-là ! Sans risque aucun, pourtant ! C’est désormais acquis !

Bref ! Pour le journal sur la série d’accidents, GERBA MALAM, le talentueux Rédacteur-en-Chef, avait suggéré que nous placions le problème, face à nous, sous « la loi des séries ». Car, « comme dans la vie d’un homme, il peut y avoir une série noire », disait-il, « il en est ainsi, aussi, de la vie des Nations ». Nous devions donc œuvrer, avec notre édition, à le faire comprendre aux Camerounais et à l’opinion internationale.

S’agissant de mon papier, nous pourrions avoir une copie sonore du côté de la DGRE, Direction Générale à la Rechercher Extérieure, héritière du CENER qui aurait pu l’avoir enregistré, pour les besoins de la cause, pour en avoir le contenu exact. Mais, en gros, j’y avais affirmé :

« Le Président AHIDJO est plus un homme à plaindre qu’un criminel à peindre et à craindre, donc à rendre responsable des malheurs de son pays ». D’aucuns ont même déjà eu à le qualifier de « Nationaliste ombrageux » ! Voilà un homme qui était propriétaire du Cameroun. Nos 475.000 km2, c’était sa chose. Et on n’ose même plus y prononcer le nom. Le voilà exilé, loin de ce pays auquel il était si attaché et qu’il aimait tant. Il est donc déjà assez meurtri de ne plus pouvoir en jouir ! De ne plus pouvoir le sillonner, d’Est en Ouest, du Nord au Sud ! Pas parce qu’il ne veut pas. Mais, parce qu’il ne peut pas. Il en a interdiction. Condamné par contumace ! Une deuxième fois ! Or, c’est lui qui l’a cédé à son « digne successeur » ! Alors, il ne faut pas chercher, continuellement, à opposer ces deux hommes. Et que personne ou qu’aucun groupe ne le rende responsable de ses crimes, à lui.

Voilà, par exemple, ce fameux FLC, Front de Libération du Cameroun, qui a revendiqué l’incendie de l’avion de « la Camair », sur le tarmac de l’Aéroport International de Douala : « Comme si tuer des Camerounais, c’était les libérer » !

A compter de ce soir-là, on n’avait plus entendu parler de « Front de Libération du Cameroun ». Tout comme, dès lundi matin, après le week-end, le calme était revenu ! L’idée de « la série noire » du « Cameroun-Soir, 20h00, de GERMA MALAM » qui avait été reprise, dans les éditions suivantes des journaux-parlés, avait fait son chemin !

C’était, somme toute, du simple bon sens, qui aurait couvert, même une réalité différente, si elle l’avait été ! Car, c’est de calme et de sérénité que le Cameroun avait besoin. Et nous pouvions y contribuer ! Nous y avions contribué.

Riche parcours académique et professionnel

A l’issue de sa formation à l’ESIJY, l’Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé, le Dr KEYE NDOGO fut d’abord Journaliste à la Radio (1980 à 1985), puis à la Télévision Nationale, alors naissante (1985 à 1987).

Ensuite, il s’envola, pour une formation doctorale, aux Etats-Unis d’Amérique : (1) University of Texas, Austin, pour l’imprégnation (Juillet-août 1987) ; (2) San Jose State University, San Jose, Californie, pour le Master of Science (sept. 1987-déc.1989) ; et (3) University of Iowa, Iowa City, Iowa, pour le PhD (août 1990-déc. 1994).

Puis, il était devenu Enseignant pluridisciplinaire d’Université, à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication, Université de Yaoundé II. Il y dispensa (1994-2003), un cours d’Introduction au Marketing, des cours d’écriture et de présentation, en Journalisme audio-visuel, une panoplie d’enseignements en Publicité et un cours sur l’histoire des Relations Publiques.

Le Dr KEYE NDOGO a terminé son parcours professionnel, comme diplomate, Chef du Centre de Communication, à l’Ambassade du Cameroun en France et à la Délégation Permanente du Cameroun auprès de l’UNESCO (2003 à 2018).

Concomitamment avec ses enseignements à l’ESSTIC, il servait déjà : dans la diplomatie, comme Sous-directeur de la Communication au Ministère des Relations Extérieures ((1997-2003), Enseignant-visiteur, pour le compte du PNUD, à l’Université Nationale du Rwanda, à Butare, et Conseiller en Communication du WWF, le Fonds Mondial pour la Nature, à Yaoundé et Yokadouma, dans l’Est du Cameroun.

Une carrière pas du tout lisse.

La riche histoire de son parcours diplomatique sera racontée en temps opportun. Celle de son passage d’Enseignant d’Université, avec des vacations dans divers Instituts publics, a commencé à l’être, par ses anciens étudiants, quoiqu’incidemment seulement. LE Dr KEYE NDOGO contribuera à la systématiser, en temps opportun, pour documenter l’excellent souvenir qu’ils sont nombreux à dire en avoir gardé.

Son passage à la Télévision Nationale naissante fut plus calme que celui à la Radio Nationale qui fut plutôt mouvementé, comme déjà exploré plus haut. La Hiérarchie politique et administrative lui reprochait son indépendance de ton et il fut suspendu d’antenne plusieurs fois.

Chaque fois que la sanction devait tomber, le Sous-directeur des Nouvelles s’esquivait, à la suite du Directeur de la Radio. Le seul à prendre les coups, avec lui, c’était Monsieur GERBA MALAM, le Rédacteur-en-Chef. En cause, les analyses politiques de Monsieur KEYE NDOGO au journal-parlé, ou ses prestations similaires, dans les magazines d’information, à l’exemple de « Dimanche Midi », le magazine culte de la Rédaction qu’il a eu, lui-même, à présenter.

Indépendance de ton, oui. Suspension d’antenne, oui. Condamnables, oui ! Mises donc au placard, oui ! Et, pourtant, quand il fallait compter sur des journalistes crédibles, le pouvoir ne manquait pas de faire appel au duo, à le retirer et à le sortir du placard !

Quand ils ont évoqué, récemment ces souvenirs, le Dr GERMA MALAM et le Dr KEYE NDOGO, ils ont tenu à rappeler :

  • à tous, qu’ils n’ont rien reçu, malgré le travail engagé de fous qu’ils abattaient, à cette époque, au prix de gros sacrifices personnels, récompensés, hélas, de punitions, suspensions d’antenne et mises au placard, plutôt que de félicitations et d’acclamations officielles, même symboliques, à l’exemple de l’attribution de médailles, comme on en offre aux soldats, pour honorer leur bravoure ;
  • à ces hommes encore au pouvoir ou proches du pouvoir, qui ont su profiter de leur bravoure, le degré élevé de leur mémoire sélective, si ce n’est, tout simplement, de l’ingratitude ;
  • au grand public dont tout ce beau monde faisait partie, leurs remerciements pour la bonne image qu’ils s’en faisaient, réalité dont ces derniers ne se rappelaient que pour abuser, à des fins politiques, de leur crédibilité, ainsi chèrement acquise.

Voilà donc l’histoire et le pedigree du Dr KEYE NDOGO, cet homme dont le système abuse, une fois de plus, cette fois, parce qu’il en fait une victime financière

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