À la veille du scrutin présidentiel, le Cameroun retient son souffle. Mais une évidence s’impose déjà : ce 12 octobre, les urnes risquent de résonner plus du silence que du vote. L’abstention massive, nourrie par la lassitude, la colère et la méfiance, pourrait bien être l’autre vainqueur de cette élection.

Dans les rues de Douala comme dans les villages du Nord, l’ambiance est glaciale. Meetings clairsemés de plusieurs candidats de l’opposition, slogans sans ferveur, électeurs indifférents depuis la disqualification de Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) : la présidentielle ressemble à une pièce dont le public s’est détourné. Loin de mobiliser, la campagne a creusé le fossé entre le peuple et la classe politique.
La jeunesse en première ligne du désengagement
Avec plus de 60 % de jeunes dans la population, le Cameroun devrait vibrer d’une énergie démocratique. Déçue, désabusée, cette jeunesse voit dans l’abstention une arme politique. « Nous ne risquons pas voter, parce que voter ne change rien. L’opposition que nous attendions compact et uni semble dispersée », lâche Absalom, étudiant à l’Université de Yaoundé I. Quel que soit le vainqueur du 12 octobre, il pourrait hériter d’un pays où la majorité silencieuse aura refusé de participer au choix. Cette abstention massive fragilise d’avance la légitimité du futur président. Derrière les chiffres officiels, une vérité crue s’imposera : gouverner sans l’adhésion populaire, c’est régner sur du sable mouvant.
L’abstention, un vote de défiance
Refuser de voter, ce n’est plus seulement de l’indifférence. C’est un message politique clair : dénoncer un système électoral verrouillé et une élite sourde aux réalités sociales. Dans un pays traversé par la crise économique, les tensions sécuritaires et les fractures identitaires, ce geste de retrait devient un cri silencieux.
Le 12 octobre 2025 pourrait marquer un tournant : une élection où le peuple, en s’abstenant massivement, choisira de ne plus choisir. Et si, au soir du scrutin, le véritable vainqueur n’était pas un candidat… mais le vide des urnes ?
Tom