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Réserves en péril

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Yvon Sana Bangui, le gouverneur de la BEAC

La chute continue des réserves de change de la CEMAC alerte sur la fragilité économique de la sous-région et la nécessité de mesures urgentes.

Yvon Sana Bangui, le gouverneur de la BEAC

Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) traversent une période critique, marquée par une érosion inquiétante de leurs réserves de change. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), celles-ci se situent désormais autour de 8,2 milliards de dollars, contre 10,5 milliards il y a un an, soit une contraction de près de 22 %.

Cette tendance traduit la vulnérabilité structurelle des économies de la sous-région, fortement dépendantes des matières premières. Le pétrole et le bois restent les principales sources de recettes d’exportation, mais la volatilité de leurs prix sur les marchés internationaux fragilise les finances publiques. Parallèlement, la hausse des importations de produits alimentaires et industriels contribue à la pression sur les réserves. « La dépendance aux matières premières expose nos économies à des chocs extérieurs. Quand le baril de pétrole baisse, nos réserves s’effritent rapidement », explique Dr. Alain Nkoghe, spécialiste banques et finance dans une institution privée d’enseignement supérieur à Douala.

À l’issue du comité de politique monétaire du 29 septembre 2025, le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, a exprimé sa préoccupation face à cette situation. « Nos réserves de change diminuent plus vite que prévu, ce qui limite notre capacité à intervenir pour stabiliser le franc CFA et protéger le pouvoir d’achat des populations. Il est essentiel que la coordination entre la BEAC et les États membres soit renforcée », a-t-il déclaré. Il a insisté sur l’importance d’une approche collective et de réformes structurelles. « La BEAC continuera de jouer son rôle de stabilisateur monétaire, mais la responsabilité est partagée. Les gouvernements doivent soutenir nos efforts par des politiques économiques prudentes, en particulier la diversification des sources de revenus et le contrôle strict des dépenses publiques », a-t-il ajouté.

La situation inquiète également les institutions financières régionales et les analystes. « La contraction des réserves est un signal clair que la zone CEMAC doit accélérer sa diversification économique. Sans réformes profondes, le risque d’une dépréciation du franc CFA et d’une hausse de l’inflation devient réel », estime Fatoumata Dione, analyste pour un cabinet financier international basé à Yaoundé.

Certains pays ont déjà commencé à envisager des mesures d’urgence, telles que la réduction des importations non essentielles et la recherche de financements extérieurs. Selon les experts, combiner discipline budgétaire, stratégies de diversification économique et attractivité pour les investissements étrangers reste la seule voie pour sécuriser les réserves et restaurer la confiance des marchés.

La baisse continue des réserves illustre la fragilité de la zone CEMAC et souligne la nécessité d’actions concertées à court et moyen terme. Entre volatilité des marchés, dépendance aux matières premières et besoins sociaux croissants, la sous-région se trouve à un tournant crucial pour préserver la stabilité économique et protéger ses populations.

Jean René Meva’a

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