Plus de 7 millions de citoyens majeurs ne voteront pas Le 12 octobre prochain. Qui sont ces non-inscrits, invisibles mais décisifs pour la vitalité démocratique ?

Une masse silencieuse
Le fichier électoral camerounais compte officiellement 8 219 210 électeurs. Or, selon les estimations démographiques, le nombre de citoyens majeurs se situe entre 13 et 15 millions. Cela signifie que près de la moitié du corps électoral potentiel ne participera pas au scrutin. Ces “non-inscrits” forment une masse silencieuse, invisible dans les statistiques officielles mais bien réelle dans la vie politique.
Les jeunes en première ligne
La majorité des non-inscrits est composée de jeunes âgés de 20 à 35 ans. Désillusionnés par un système politique qu’ils jugent verrouillé, beaucoup estiment que “leur vote ne change rien”. L’abstention débute donc bien avant le jour du scrutin : elle prend la forme d’une non-inscription volontaire, symbole d’un désintérêt croissant.
Les oubliés des campagnes d’enrôlement
Une autre partie des non-inscrits vit dans les zones rurales et enclavées. Le manque de centres d’inscription, les difficultés de transport, mais aussi les lenteurs dans l’obtention des cartes nationales d’identité expliquent leur absence du fichier électoral. Ces citoyens, souvent les plus marginalisés, sont doublement exclus : de l’administration et de la vie politique.
La diaspora oubliée
Si près de 5 millions de Camerounais vivent hors du pays, seuls 28 236 d’entre eux apparaissent sur les listes électorales. Faible mobilisation, contraintes logistiques et manque de structures d’Elecam à l’étranger expliquent ce chiffre dérisoire. La diaspora, pourtant influente économiquement, reste ainsi quasi absente politiquement.
Un défi pour la démocratie
Les non-inscrits posent une question cruciale : quelle est la valeur d’un scrutin où près de la moitié du peuple reste silencieuse ? Légalement, l’élection du 12 octobre sera valide. Mais moralement et politiquement, cette exclusion fragilise la légitimité du futur président et révèle une démocratie encore incomplète.
Tom