Home AMBASSADES Halte au chantage par la peur !

Halte au chantage par la peur !

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Crylle Bojiko

Le sang n’a pas coulé, mais la menace est claire, brutale, insupportable. L’attaque dont a été victime Cyrille Bojiko, patron de Balafon Media, dépasse de très loin la catégorie des « dérapages ».

Ici, c’est le métier de journaliste, tout entier, qui est visé, à travers l’un de ses visages les plus emblématiques. Les assaillants n’ont pas seulement endommagé du matériel, ils ont voulu frapper une conscience, réduire au silence une voix qui, par son indépendance, dérange. Leur message est limpide : « Nous pouvons aller plus loin, jusqu’à l’élimination physique. » Voilà ce que dit ce guet-apens. Voilà ce qui doit nous révolter.

Car à travers Cyrille Bojiko, ce sont des centaines de journalistes camerounais qui se voient menacés. Depuis des années, le métier se pratique dans un climat de peur larvée : intimidations, arrestations arbitraires, convocations humiliantes, pressions économiques. Désormais, la ligne rouge est franchie. Nous ne sommes plus dans l’accident isolé ; nous sommes dans une offensive contre la liberté d’informer. Et l’histoire nous enseigne qu’une société qui s’attaque à ses journalistes s’attaque en réalité à elle-même.

Dans ce contexte, la promesse faite par Paul Biya en campagne – « je m’occuperai de la protection des journalistes » – sonne comme un aveu. Oui, le Cameroun n’est pas un havre de sécurité pour celles et ceux qui ont choisi de porter la voix du peuple. Oui, exercer ce métier chez nous relève du courage civique. Mais un aveu ne suffit pas ! Ce que les journalistes exigent, ce que la société réclame, ce que la démocratie impose, ce sont des actes concrets : enquêtes sérieuses sur les agresseurs, sanctions exemplaires, dispositifs crédibles de protection.

Le pouvoir a ici une occasion historique : montrer qu’il ne se contente pas de slogans, mais qu’il fait de la liberté de la presse un pilier effectif de notre République. S’il échoue, c’est tout l’édifice démocratique qui vacillera, car un pays où l’information est muselée est un pays qui avance les yeux bandés.

Ne nous trompons pas : attaquer un journaliste, ce n’est pas seulement viser un individu. C’est tenter de bâillonner un peuple, c’est interdire aux citoyens de savoir, de comprendre, de critiquer, de choisir. C’est substituer la peur à la vérité. Et nous refusons d’habiter ce silence imposé.
Cyrille Bojiko n’est pas seul. Derrière lui, c’est toute une corporation qui se dresse, c’est une société civile qui s’indigne, c’est une jeunesse connectée qui observe et qui n’acceptera plus que la plume soit une cible impunie. La liberté de la presse n’est pas un luxe ; elle est une condition vitale de notre avenir commun. À ceux qui menacent, nous répondons : vos balles n’arrêteront pas nos mots.

JRMA

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