Le journal Intégration a visité les coins inconnus de ce pan de l’histoire du Cameroun.
Un peuple sans histoire est un monde sans âme, a-t-on coutume de dire. Pour le père Mvogo Enama Alexandre Désiré, gardien du temple, « contrairement au narratif populaire, le général De Gaulle ne vient pas au Cameroun pendant la deuxième Guerre mondiale. Il était là bien avant et a vécu de nombreux mois sous la sacristie de la cathédrale d’Akono ». Il s’agit en effet d’un bunker d’une pièce unique de 7m², à l’accès difficile. La peinture blanche sur les murs est la même depuis bientôt 100 ans. Les seuls vestiges restant sont des reliques militaires. Elles appartiendraient à la garde rapprochée du général.
Tout commence en 1938, nous sommes à la veille de la deuxième Guerre mondiale. La France comprend que l’Allemagne veut récupérer ses colonies perdues après la première Guerre mondiale. Le Cameroun est non seulement dans l’escarcelle, mais constitue aussi un carrefour très stratégique pour l’approvisionnement en troupes et en ressources. La partie centrale du pays (particulièrement la capitale Yaoundé et ses environs) constitue un danger majeur parce que germanophone.
De Gaule décide de s’installer à Akono, où il passe des longs mois à élaborer la stratégie de guerre. En effet, De Gaule craint que les Allemands établissent une base arrière à un pas de la capitale. D’autant plus que les Alsaciens à l’origine germanophones sont installés à Akono. La proximité linguistique avec les populations constitue un atout majeur pour le renseignement français. « Les Allemands étaient très appréciés par les populations », indique le prélat.
La France ayant effacé toute trace de ce séjour, le guide et prélat apprend qu’il ne croyait pas au récit des anciens de la localité. L’altercation verbale avec un colonel des services de renseignement français retraité à Douala aurait été décisive. « Je me rendais à Nkonsamba pour une messe. Dans les embouteillages, le colonel français et moi avions des prises de bec.
En apprenant mon titre de ministre de Dieu à Akono, il se calme. Il dit : « là où le général De Gaulle s’est caché ? Je réponds que le général De Gaulle n’était pas à Akono. Il me redit que le général était à Akono », évoque-t-il. L’agent secret lui fait une révélation : « De Gaulle était à Akono entre 1938 et 1939. Si nous ouvrons les archives du Cameroun, vous verrez qu’il était au Cameroun. C’est de là qu’il part pour remonter vers l’Afrique du Nord où il va lancer son fameux appel ». C’est fort de cette révélation que le père Mvogo Enama Alexandre Désiré plaide pour un enseignement d’une histoire écrite par nous-mêmes. Après les archives sur la guerre d’indépendance, il faut désormais ouvrir celles de l’époque coloniale.
André Gromyko Balla à Akono
