Home ACTUALITÉ Election Présidentielle au Cameroun :l’intégration communautaire, grande absente des programmes des candidats

Election Présidentielle au Cameroun :l’intégration communautaire, grande absente des programmes des candidats

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Dr AMINE AMOA Idriss, Enseignant d’Université, Secrétaire général de l’Observatoire Sous Régional d’Intégration Communautaire en Afrique Centrale (OBSIC-AC)

Les programmes politiques des douze (12) candidats en lice pour la magistrature suprême sont désormais connus.

Dr AMINE AMOA Idriss, Enseignant d’Université, Secrétaire général de l’Observatoire Sous Régional d’Intégration Communautaire en Afrique Centrale (OBSIC-AC)

En parcourant attentivement les différentes offres politiques destinées à convaincre l’électorat camerounais, il est curieux de constater que, l’intégration communautaire demeure la grande oubliée de l’heure. L’on peut cependant relever dans le programme politique du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) de CABRAL LIBII LI NGUE, un aspect dédié à l’intégration notamment : « la réalisation du rêve panafricain ». Cela traduit une ambition avouée par ce candidat de vouloir unir l’Afrique au-delà des fragmentations économiques et culturelles par le biais de la coopération. Cette vision panafricaniste s’inscrit indubitablement dans la logique des partisans de l’intégration « minimalisme » réunis autrefois au sein du « groupe de Monrovia ». Ces derniers défendaient la thèse d’une intégration graduelle avec pour leitmotiv la préservation de la souveraineté des Etats.

Ce déficit d’attention porté à l’intégration communautaire par les entrepreneurs politiques candidats à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain peut se justifier aussi bien par des logiques stratégiques et institutionnelles que sociales. Nous avons pu mobiliser quelques éléments liés à ce désintérêt relatif à savoir : la logique électorale, la fragmentation sociale et identitaire, les faibles incitations institutionnelles et l’idéologie souverainiste. Dans une perspective de logique électorale l’on subodore que ces candidats mettent plutôt l’accent sur les résultats électoraux immédiats au détriment de l’intégration communautaire qui s’avère un processus complexe et dont la réalisation obéit au long terme.

Du point de vue de la fragmentation sociale et identitaire, le Cameroun représente une Afrique en miniature qui se caractérise par une diversité ethnique, religieuse linguistique et culturelle. De ce fait, les différents entrepreneurs politiques utilisent les identités communautaires dans le but de se positionner comme étant des représentants d’une communauté spécifique. C’est justement pour cette raison que bon nombre de militants adhèrent à certains partis politiques au Cameroun sur la base des considérations sus évoquées. S’agissant de la faible implication des institutions dans le processus d’intégration, il va sans dire que, le seuil d’implication des institutions politiques dans le processus d’intégration communautaire en Afrique centrale est un indicateur favorable pour l’adhésion des entrepreneurs politiques. Au Cameroun, la politique de l’intégration communautaire est au cœur des préoccupations gouvernementales. Le pays participe activement aux efforts relatifs à l’harmonisation des politiques et la promotion de la libre circulation des biens et des personnes ainsi qu’à l’édification d’un marché commun visant à renforcer l’intégration économique.

L’idéologie souverainiste pour sa part, implique l’idée selon laquelle l’Etat doit préserver sa souveraineté sans subir de limitations imposée par les organisations internationales ou communautaires. Elle défend la primauté de la souveraineté nationale face à toute forme d’autorité supra nationale ou d’ingérence extérieure. Cette idéologie va à l’encontre de l’intégration communautaire qui préconise la mise en commun de certaines compétences à l’instar de la monnaie, du commerce et de la politique extérieure ; la subordination partielle du droit national au droit communautaire ; et une solidarité régionale susceptible de remettre quelquefois en cause les intérêts nationaux.

Sous le bénéfice des observations précédentes, il apparait clairement que, les programmes politiques des différents candidats à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain dessinent en filigrane une marginalisation de la question de l’intégration communautaire. Il s’agit précisément d’une option d’orientation politique retenue par chaque candidat. L’analyse qui en ressort se veut plutôt évolutive voire constructive car, l’heure du renfermement étatique est révolu. Aucun Etat ne pourrait envisager son développement en dehors des regroupements régionaux ou sous régionaux.

Au moment où, la sous-région Afrique centrale s’est engagée dans un processus de fusion des Communautés Economiques Régionales (CER), il est pertinent que, les candidats à l’élection présidentielle intègrent cette question dans leurs programmes et se positionnent clairement à ce sujet. L’objectif étant de permettre au peuple camerounais d’entrevoir l’avenir du Cameroun par le biais de l’intégration communautaire dans un contexte marqué par la promotion de la Zone de Libre Echange Continentale (ZELECAF). Comme c’est le cas au Sénégal avec le parti Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PAFTEF) qui prône l’intégration en Afrique de l’Ouest en mettant l’accent sur l’interconnexion des infrastructures, le développement de partenariats avec les pays voisins pour l’exploitation des ressources, et la mutualisation des expériences.

Dr AMINE AMOA Idriss, Enseignant d’Université, Secrétaire général de l’Observatoire Sous Régional d’Intégration Communautaire en Afrique Centrale (OBSIC-AC)

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