Home LIBRE-PROPOS Les fils paient-ils les fautes des pères?

Les fils paient-ils les fautes des pères?

40
0
Jean-Claude Djéréké

Il nous arrive de penser que notre échec, maladie, célibat ou difficulté à trouver du travail est la conséquence du péché commis autrefois par nos parents ou grands-parents.

Jean-Claude Djéréké

Les contemporains d’Ézéchiel ne réfléchissaient pas différemment. Ils croyaient au dicton: “les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils en ont été agacées”.

Non, nous ne payons pas les fautes de ceux qui nous ont précédés sur la terre. Chacun est plutôt rétribué pour sa propre conduite mais peut-on attribuer la rétribution à Dieu? Peut-on soutenir, comme les amis de Job, que Dieu récompense ceux qui lui obéissent et qu’il punit ceux qui ne font pas sa volonté? Ma réponse est non car, si Dieu s’inscrivait dans la logique de la rétribution, il ne ferait pas lever son soleil sur les bons et sur les méchants.

Secundo, rien n’est jamais définitivement joué pour chacun d’entre nous. Un nouveau départ est toujours possible pour quiconque accepte de faire demi-tour (c’est la signification du verbe “se convertir” en hébreu). Si on s’imagine que tout est joué d’avance, on est alors tenté de s’abandonner au désespoir, de ne plus combattre.

Or le livre d’Ézéchiel déclare qu’il n’y a pas de jugement sans appel pour le méchant, que celui-ci ne mourra pas “s’il se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice”. Par contre, si une personne persévère dans l’iniquité, si elle s’obstine à nuire aux autres, c’est qu’elle a librement choisi de le faire et elle devra assumer les conséquences de son choix.

Ézéchiel 18, 25-28 est ainsi une prise de position contre le fatalisme. Le passage met en garde contre l’idée selon laquelle nous ne pouvons guère changer le cours de notre existence. Il rappelle surtout que Dieu nous a créés libres: libres pour faire le bien ou le mal.

La liberté est précisément au centre de Mt 21, 28-32 où un père demande à ses deux fils d’aller travailler dans sa vigne. L’un s’y rend après avoir dit “non”; l’autre accepte d’y aller mais n’y va pas. À partir de cet exemple, il est difficile de penser avec certains philosophes tels que Platon que l’homme est manipulé comme un jouet par les dieux.


Jean-Claude Djéréké

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here