Home INTÉGRATION RÉGIONALE CEMAC : le rouge budgétaire inquiète

CEMAC : le rouge budgétaire inquiète

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Gabon

Après l’excédent enregistré en 2023, les finances publiques de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) connaissent un net retournement.

Gabon

Selon le rapport annuel de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), le solde budgétaire global passe à un déficit de 0,5 % du PIB en 2024, signe de la vulnérabilité persistante des économies de la région.

La chute des cours du gaz naturel, du bois et du coton pèse lourd sur les recettes des États, tandis que la baisse du pétrole retire 1,5 point de PIB aux budgets. Le Cameroun voit son déficit grimper à 1,8 %, la République centrafricaine plonge à -4,2 %, le Gabon passe dans le rouge à -1 %, et même la Guinée équatoriale, portée par le pétrole en 2023, retombe à -0,5 %. Seul le Congo parvient à maintenir un excédent de 4,8 %, tandis que le Tchad réduit légèrement son déficit à -0,2 %.

« Cette situation illustre la dépendance structurelle des pays de la CEMAC aux matières premières », explique André Ngolo, économiste à Yaoundé. « La volatilité des marchés internationaux continue de fragiliser leurs finances publiques. »

Malgré une hausse des recettes fiscales hors pétrole (+1,9 point de PIB) et des efforts de rationalisation, le déficit global est passé d’un excédent de 500 milliards de FCFA en 2023 à un déficit de 358,5 milliards en 2024. Pour limiter la casse, les États ont mobilisé près de 1 900 milliards de FCFA de financements extérieurs, recouru aux marchés régionaux et bénéficié d’allègements de dette. Marie-Claire Gbadouga, Gabonaise et professeur d’économie internationale, alerte : « La trajectoire actuelle pourrait compromettre la soutenabilité budgétaire, malgré un déficit global encore inférieur à la norme communautaire de -1,5 %. La diversification économique et le contrôle des dépenses publiques ne sont plus des options, mais des urgences. »

La BEAC souligne que si ces tendances persistent, la zone CEMAC risque de subir un enchaînement de tensions financières et macroéconomiques, mettant à l’épreuve sa stabilité et sa capacité à honorer ses engagements internationaux.

Jean René Meva’a Amougou

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