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Jean Mballa Mballa: « L’élection présidentielle de 2025 doit marquer la fin de l’impunité et de la corruption »

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L’interview du Directeur exécutif du Cradec dans le cadre d’un plaidoyer adressé au candidat à la présidentielle

Monsieur le Directeur Exécutif, pourquoi avoir lancé cet appel citoyen à la veille de l’élection présidentielle d’octobre 2025 ?

Directeur Exécutif du CRADEC : Parce que le Cameroun est à un tournant historique. Plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté alors que notre pays produit des richesses considérables. Cette contradiction s’explique par la corruption, l’évasion fiscale et une gouvernance opaque. Nous voulons rappeler aux candidats que leur crédibilité dépendra de leur capacité à bâtir un Cameroun juste, transparent et inclusif.

Qu’entendez-vous exactement par justice fiscale et mobilisation des ressources pour le Cameroun ?

Directeur Exécutif du CRADEC : La justice fiscale, c’est avant tout un impôt équitable. Elle se définit sur la base de la Constitution qui stipule que chaque citoyen doit contribuer aux charges publiques de l’Etat, en fonction de ses capacités contributives. Aujourd’hui, moins de 20 % de la population active paie l’impôt, et la TVA de 19,25 %, qui est un impôt sur la consommation, frappe surtout les ménages pauvres. Nous proposons un régime simplifié pour les petits commerçants, artisans et prestataires du secteur informel, accompagné de mécanismes de protection sociale, pour une plus grande mobilisation des recettes. Nous voulons aussi la transparence totale dans les revenus pétroliers et miniers, afin que ces richesses profitent réellement aux Camerounais.

Vous évoquez la lutte contre la corruption. Que manque-t-il aux mesures déjà existantes ?

Directeur Exécutif du CRADEC : Le problème, c’est que l’existant est largement inefficace. L’article 66 sur la déclaration des biens n’est pas appliqué, et nos institutions indépendantes manquent de moyens et de pouvoirs. Nous proposons fortement la nomination de la commission de déclaration des biens et avoirs pour l’application de la Loi 003/2006 du 25 avril 2006, relative à la déclaration des biens et avoirs ; , de créer une instance indépendante avec pouvoir de sanction, et de protéger les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation. Ce sont des mesures concrètes pour que la lutte contre la corruption ne reste pas symbolique.

Les flux financiers illicites représentent près de 1 700 milliards FCFA chaque année. Comment le CRADEC compte-t-il y faire face?

Directeur Exécutif du CRADEC : C’est un défi colossal. Il faut renforcer les capacités de l’ANIF, des douanes et de la justice financière, durcir la législation anti-blanchiment, et surtout mettre en place un registre public des bénéficiaires effectifs. Mais sans coopération internationale, ces mesures restent partielles. Nous voulons que le Cameroun s’aligne sur les meilleures pratiques mondiales pour protéger ses richesses. La bonne compréhension et la conformité du gouvernement aux Recommandations du GAFI et à la Normes ITIE sont impératives à cet effet.

Sur l’égalité de genre et l’inclusion des jeunes, quels leviers concrets proposez-vous ?

Directeur Exécutif du CRADEC : Nous plaidons pour une fiscalité sensible au genre et inclusive aux jeunes. Nous demandons une parité minimale de 30 % pour les femmes et les jeunes dans les instances élues et nommées, et la budgétisation sensible au genre. Nous voulons également un fonds national pour soutenir les projets d’entrepreneuriat féminin et jeune. L’objectif est de transformer ces propositions en réalité, et pas seulement en déclarations d’intention.

En résumé, quel message adressez-vous aux candidats à la présidentielle ?

Directeur Exécutif du CRADEC : Nous leur disons : vos promesses ne seront crédibles que si elles traduisent ces réformes en actes. Justice fiscale, lutte contre la corruption, contrôle des flux financiers, égalité et inclusion : ce sont les piliers pour bâtir un Cameroun plus juste et prospère. Les citoyens attendent de la clarté, de la transparence et des mesures concrètes.

Tom.

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