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Au-delà du discours… Des symboles et des défis

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Le président Denis Sassou Nguesso, la CEMAC autrement?

D’après des analystes, la prise de fonction de Denis Sassou Nguesso à la tête de la CEMAC s’ouvre à plusieurs grilles de lecture.

Le président Denis Sassou Nguesso, la CEMAC autrement?

Pour certains, c’est un symbole fort : les pays de la sous-région réaffirment leur volonté de construire un avenir commun, où commerce, mobilité et solidarité seraient les piliers d’une intégration durable. « C’est un symbole fort de l’engagement des pays d’Afrique centrale à œuvrer ensemble pour un avenir commun. Ce leadership renouvelé offre une opportunité pour renforcer l’intégration régionale et relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels la sous-région est confronté. L’arrivée du président congolais résonne comme une opportunité unique pour relancer les projets de libre circulation des biens et des personnes », estime Emmanuel Moubaye, économiste centrafricain spécialisé dans la sous-région. « Mais il ne suffit pas de prononcer de belles paroles. Les populations attendent des résultats tangibles, au quotidien ».

Sur le plan diplomatique, Sassou Nguesso pourrait jouer un rôle clé. Jacques Mboma, politologue, souligne : « Sa connaissance des rouages politiques régionaux et son réseau étendu constituent un atout. S’il parvient à arbitrer les tensions entre États membres, il pourrait insuffler un nouvel élan à la CEMAC ». « La libre circulation est un pilier indispensable pour le développement de notre sous-région », a affirmé Sassou Nguesso, invitant les États membres à harmoniser les réglementations et lever les obstacles bureaucratiques. « Ce sont des mots qui trouvent un écho positif sur le plan symbolique, mais qui interrogent sur leur traduction concrète », nuance Mosely Essono, universitaire camerounais. 

Pour d’autres, le chemin est semé d’embûches. La CEMAC doit composer avec des économies encore fragiles, des infrastructures insuffisantes et des barrières non tarifaires qui freinent le commerce intra-régional. Selon Claire Ngoua, analyste politique camerounais, « le vrai défi de Sassou Nguesso sera de transformer le symbolique en concret. Les citoyens veulent sentir les effets de l’intégration sur leur vie : des routes praticables, un commerce fluide, des services publics accessibles ».

Le passif du président congolais en matière régionale n’est pas oublié. Alain Ndinga, chercheur en relations internationales, note que « plusieurs initiatives de la CEMAC sont restées lettre morte lors de ses précédents mandats. Pour être crédible, il devra mobiliser tous les États membres et faire preuve d’un leadership inclusif ».

L’environnement, trop souvent relégué au second plan, s’impose également comme un enjeu central. « On ne peut dissocier l’intégration économique de la gestion durable des ressources naturelles », souligne Marie-Louise Ebanda, spécialiste camerounaise en développement durable. « Forêts, bassins hydrographiques et biodiversité doivent faire l’objet de politiques communes pour garantir la résilience de nos économies ».

Pour autant, le scepticisme reste. Les attentes sont élevées, et le temps presse. La CEMAC se trouve à un carrefour stratégique : consolider la stabilité monétaire, stimuler la croissance économique et renforcer la solidarité régionale. Comme le résume Emmanuel Moubaye : « Le symbole est indéniable, mais le succès dépendra de la capacité à transformer les déclarations en résultats concrets. L’Afrique centrale attend des réformes visibles et courageuses, capables de préparer la sous-région aux défis du XXIᵉ siècle. Au-delà des discours, l’avenir de la CEMAC repose sur des actions concrètes et rapides. Pour les citoyens de la sous-région, chaque décision compte, car derrière les symboles se joue leur quotidien ».

Jean-René Meva’a Amougou

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