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L’économie ou le genre :  Yaoundé face à un dilemme stratégique à la CEEAC

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La réforme institutionnelle de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) a récemment mis le Cameroun face à un choix délicat. Alors qu’une session de négociations s’est tenue à Malabo du 5 au 7 septembre 2025, un rapport du cabinet Forvis Mazars a désigné les candidats camerounais comme aptes à diriger trois départements clés.

Parmi ceux-ci figurent des portefeuilles hautement stratégiques tels que le Marché Commun et les Affaires Économiques, mais aussi le département de la Promotion du Genre et du Développement Humain. Cette situation pose une question cruciale pour le Cameroun : donner la priorité aux leviers économiques pour renforcer son influence régionale ou miser sur le genre pour incarner une nouvelle vision de la CEEAC ? Le plaidoyer du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE – Cameroun).

Les performances remarquables des candidats camerounais aux épreuves de sélection des commissaires de la CEEAC ont placé le pays à un carrefour de choix. Alors qu’un Camerounais a décroché la première place très convoitée pour le poste de Commissaire au Marché Commun, une Camerounaise a également obtenu la meilleure note pour celui de la Promotion du Genre, du Développement Humain et Social.

Ce double succès, une fierté nationale, soulève une question épineuse : Le Cameroun peut-il se permettre de laisser passer la direction du portefeuille économique, pourtant si central et stratégique pour l’avenir de la sous-région, au profit d’un autre poste, aussi noble soit-il ?

Une tentation légitime, mais risquée

Le choix du poste de la Promotion du Genre est loin d’être anodin. Il s’aligne parfaitement sur les engagements internationaux et nationaux en matière d’équité et de développement inclusif. Placer une femme à ce poste symboliserait un engagement fort pour l’autonomisation des femmes et le bien-être social en Afrique centrale. Ce serait un signal puissant, démontrant que le Cameroun ne se focalise pas uniquement sur la croissance économique, mais aussi sur les aspects humains et sociaux de l’intégration. Dans un contexte où la représentation féminine à des postes de responsabilité est un enjeu majeur, céder au prestige du poste de la promotion du genre serait une option séduisante et politiquement correcte.

L’impératif économique d’abord

Cependant, il serait irresponsable de ne pas reconnaître que la CEEAC est avant tout une communauté économique. La création d’un marché commun fonctionnel et la libre circulation des biens et des personnes sont les missions fondamentales de l’institution. C’est à partir de cette fondation économique solide que tous les autres objectifs, y compris le développement social et l’égalité des genres, peuvent être réalisés de manière durable.

Le poste de Commissaire au Marché Commun est le moteur de cette transformation. En le dirigeant, le Cameroun pourrait influencer directement l’harmonisation des politiques commerciales et monétaires, accélérer la mise en œuvre de projets d’infrastructures régionaux et consolider sa position de plaque tournante économique de la sous-région.

L’histoire montre que sans une base économique solide, les initiatives de développement social, aussi louables soient-elles, peinent à produire des résultats tangibles à grande échelle. Le Marché Commun crée la richesse qui finance l’éducation, la santé et l’équité des genres.

Le dilemme final : quel choix pour quel avenir ?

Le Cameroun est à un tournant. Le choix de céder le poste du Marché Commun pour en privilégier un autre, quel qu’il soit, serait un pari risqué qui pourrait coûter au pays son influence sur les décisions économiques fondamentales de la CEEAC. Si le poste de la Promotion du Genre est crucial pour l’avenir de la sous-région, le CAVIE Cameroun se demande ouvertement si Yaoundé peut se permettre de laisser passer le poste de Commissaire au Marché commun de la CEEAC qui pourrait lui donner les clés de la prospérité régionale. Le Cameroun, en tant que leader économique, a la lourde responsabilité d’un choix qui servira au mieux ses intérêts à long terme et ceux de l’intégration économique et stratégique en Afrique centrale.

Yaoundé fera-t-il le choix de la raison économique ou celui d’un symbolisme politique ?

La Rédaction

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