Tranche de vie quotidienne entre consommateurs et vendeurs dans quelques artères de la capitale et ses environs.

C’est une hausse spectaculaire qui prend toutes les femmes au dépourvu. Entre la fin août et début septembre, le prix du cajou de tomate en fruit quadruple. On passe de 2 500 FCFA à 8 000 FCFA. Christine ne s’attendait pas à subir un tel choque en ce début de rentrée scolaire. Elle qui était déjà habituée à prendre deux à trois cajous à moindre coût pour tenir chaque mois est contrainte de ne prendre qu’un seul cajou, « je ne savais pas que la tomate a augmenté. Je vais faire comment avec la rentrée scolaire qui me menace. Je suis obligée d’acheter un seul cajou », dit-elle au vendeur ambulant qui lui livre régulièrement ces fruits incontournables dans la cuisine.
Nous sommes à l’entrée carrière Monti (Nkol-Afamba). Justine l’une de ses voisines essaye d’obtenir un rabais de 1 000 FCFA. Mais c’est une peine perdue, “Asso“ (nom populaire visant à flatter son vis-à-vis dans une transaction), reste droit dans ses bottes, « “As“, je sais que c’est la rentrée scolaire, mais je ne peux rien, d’ici la semaine prochaine le cajou connaîtra une autre hausse. Si tu as même de l’argent prend encore deux cajous tu gardes au congélateur », répond le vendeur.
Cette hausse est aussi perceptible à Ekounou. Habituellement, les vendeurs de tomates perchés ou accrochés derrière les petits camion Dyna crient à gorge déployée pour attirer les clients. Ce mardi 9 septembre 2025, Bachir et son frère Ibrahim, les choristes (c’est à dire des griots qui attirent les clients avec des chants) de la Dyna de couleur bleu ciel sont plutôt silencieux cet après-midi. Ils ne courent plus après les clientes. C’est plutôt le contraire, parce que la tomate a pris de la valeur avec le retour des pluies. À leur arrivée du côté de l’entrée Gazolan, les femmes accourent pour espérer arracher au moins un cajou.
Ibrahim avec un zeste d’humour demande aux femmes de former un rang, « si vous n’êtes pas en rang, vous n’aurez rien. Chacun doit avoir la monnaie », ironise-t-il. Bachir quant à lui se contente de rappeler aux dames que la saison des cultivateurs de tomates a commencé, « c’est le mercato, nous recrutons les joueurs pour les récoltes », dit-il. Ce qui n’est pas du goût des femmes. Mais elles n’ont pas le choix. Elles vont devoir supporter les caprices des vendeurs de tomates durant la grande saison pluvieuse.
À Mvog-Mbi, Mama Cécile, revendeuse de tomates et autres à Akol-Nnomo fait sa rentrée. Elle a dû prendre un congé du fait de la surproduction des tomates. Elle promet l’enfer aux clientes, « le client ne sera pas Roi avec moi. Elles boudaient nos tomates. Elles vont lire l’heure surtout quand le cajou coûtera 20 000 FCFA. Je vendrais quatre fruits à 500 FCFA », promet la revendeuse.
André Gromyko Balla