Home LIBRE-PROPOS Rentrée scolaire 2025-2026: les couturières victimes d’une concurrence déloyale à Yaoundé

Rentrée scolaire 2025-2026: les couturières victimes d’une concurrence déloyale à Yaoundé

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Le Salon de couture de Rose fait grise mine

Les établissements scolaires, malgré l’interdiction de vendre des manuels et des tenues de classe, font des propositions alléchantes aux parents.

Le Salon de couture de Rose fait grise mine

Rose n’a pas bonne mine ce lundi 8 septembre 2025, jour marquant le début effectif des classes au Cameroun. Cette anxiété, en contraste avec les rentrées scolaires des années précédentes, s’explique par la rareté voire l’absence de commandes de tenues scolaires. Les principaux accusés sont les chefs d’établissements scolaires. Ils conditionneraient les inscriptions à l’achat des tenues à l’établissement. « Les promoteurs d’écoles exigent que les élèves arborent les tenues vendues par les établissements. Si le parent résiste, on lui demande d’aller avec son enfant ailleurs », révèle la couturière.

Des résistances ne manquent pas chez certains parents, surtout du primaire. Selon Rose, l’offre gratuite des tenues par des établissements est la politique la plus fatale. Elle est beaucoup plus pratiquée par les nouveaux établissements. « Les nouveaux établissements en quêtes d’effectifs procèdent à la dotation gratuite des tenues. Il est très difficile pour un parent de refuser un tel avantage. C’est au moins 15 à 20.000 FCFA d’économie qu’il peut faire », indique la malheureuse couturière affalée dans son canapé à Abang (Mfou). Les rares tenues visibles dans cet atelier sont celles des établissements secondaires publics du coin. « Des établissements scolaires publics, surtout le secondaire, ne constituent pas un marché lucratif », ajoute-t-elle.

Les mêmes lamentations sont observées au marché de Mfou, plus précisément dans le secteur de la couture. Ce matin de rentrée scolaire, le moral d’Édith est au plus bas. Elle comptait sur les commandes pour payer la scolarité de ses deux enfants dans une école privée laïque de la ville. Avec la « sécheresse financière », elle est tentée de les inscrire dans une école publique. « Je n’ai pas d’argent pour envoyer les enfants dans le privé. Le marché de cette année est très dur. Je n’ai pas cousu 10 tenues jusqu’à ce jour. Je ne sais pas où mettre la tête avec mes enfants », évoque la maman – couturière.

Exception

Denise exerce au quartier Ekoumdoum (Yaoundé 4). Elle ne s’apitoie pas sur son sort. Voyant le vent arriver, elle a anticipé en faisant du lobbying auprès des promoteurs d’établissement, juste après la remise des bulletins. Ainsi, elle a gagné le marché de confection de tenues scolaire de trois complexes scolaires de son quartier. « Il a fallu que je réfléchisse en allant auprès des propriétaires d’écoles. Si je ne l’avais pas fait, je me retrouverais dans les problèmes comme bon nombre de mes collègues », se satisfait la couturière. Elle explique avoir gagné beaucoup plus d’argent que les années précédentes. « J’ai déjà confectionné 2000 tenues. L’établissement me donne le matériel et j’ai 1000 FCFA par pièce. Je ne regrette rien », conclut Denise.

André Gromyko Balla

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