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Issa Tchiroma Bakary-Maigari Bello Bouba: l’alliance du va-tout et du va-t’en

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Maigari Bello Bouba et Issa Tchiroma Bakary

À quelques semaines du scrutin présidentiel du 12 octobre, leur coalition surprend autant qu’elle intrigue. Jadis adversaires irréductibles, les deux vétérans de la politique camerounaise veulent consolider leur bastion du grand Nord et peser dans le jeu électoral, quitte à se poser en arbitres plutôt qu’en prétendants à la victoire.

Leur point de rencontre, c’est le Grand Nord. Ici, leurs noms résonnent depuis des décennies. Maroua, Garoua, Ngaoundéré : dans ces villes du Septentrion, les deux leaders disposent d’un socle électoral fidèle. « Leur force, c’est leur capacité à mobiliser dans le Nord, mais leur défi reste d’exister au-delà », analyse un enseignant-chercheur de l’université de Ngaoundéré. C’est pour consolider cette base, et tenter d’élargir leur influence vers les grandes métropoles comme Douala et Yaoundé, qu’ils se sont résolus à enterrer la hache de guerre. « Il y a encore quelques mois, ils se regardaient en chiens de faïence », souffle un cadre politique basé à Garoua.

La scène politique camerounaise a longtemps été marquée par leurs querelles d’ego et leurs divergences stratégiques. Aujourd’hui, ils affichent une entente nouvelle. Des réunions discrètes se multiplient, parfois jusque tard dans la nuit, pour dessiner une plateforme commune de campagne. Selon des sources proches d’Issa Tchiroma Bakary et de Maigari Bello Bouba, le programme s’articulerait autour de deux axes : la gouvernance et la justice sociale. « L’heure n’est plus à la dispersion des forces de l’opposition, mais à l’union autour d’un projet crédible », plaide un proche de Bello, qui croit à la sincérité du rapprochement.

Entre curiosité et scepticisme

Dans la rue, l’annonce suscite des réactions contrastées. Beaucoup saluent l’idée d’une union face à la toute-puissance du RDPC, parti au pouvoir. Mais d’autres doutent de la capacité des deux hommes à dépasser leurs égos. « Ce sont deux vétérans qui connaissent le système, mais peuvent-ils incarner un véritable renouveau ? », interroge un politologue de l’université de Garoua.

Les réseaux sociaux, eux, s’enflamment. Certains ironisent sur « l’union de l’hypocrisie », quand d’autres y voient un acte de responsabilité. « Nous, les élites du Septentrion, sans distinction de quelque nature que ce soit, nous sommes tous responsables de la situation actuelle », reconnaissait récemment Issa Tchiroma dans une lettre ouverte adressée au président de l’Assemblée nationale. Une manière de justifier cette alliance comme une tentative de répondre au malaise social et économique qui gangrène la région.

Le 12 octobre, leurs noms figureront sur les bulletins de vote, mais leurs chances de remporter l’élection apparaissent limitées. Dans un paysage dominé par le RDPC de Paul Biya, la coalition Tchiroma-Bello cherche avant tout à peser. « Ils savent qu’ils ne peuvent pas battre Biya, mais ils veulent se rendre incontournables », estime un militant du parti au pouvoir rencontré à Mokolo. Leur stratégie est claire : s’ériger en arbitres, afin de monnayer leur poids électoral dans d’éventuelles négociations post-scrutin. Si la présidentielle ne devait pas leur ouvrir les portes du palais d’Etoudi, elle pourrait au moins leur offrir une place à la table des réformes politiques.

Tom

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