Home INTÉGRATION RÉGIONALE Qu’attendent-ils des travaux de Bangui ?

Qu’attendent-ils des travaux de Bangui ?

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Quelques citoyens de la CEMAC s’expriment.

Jacqueline Nembot, commerçante à Douala

« C’est notre quotidien qui est en jeu »

« Depuis des années, on nous promet la libre circulation dans la CEMAC, mais pour aller vendre mes marchandises à Libreville, je dois affronter des tracasseries policières et des coûts illégaux. J’espère que le sommet de Bangui décidera enfin de mettre en application réelle cette mesure, car ce n’est pas seulement une question de politique, c’est notre quotidien qui est en jeu. »

Oumar Mounine, étudiant centrafricain

« Qu’on harmonise les diplômes »

« Le retour du siège de la Commission CEMAC à Bangui est une source de fierté. Mais au-delà du symbole, nous voulons que cela se traduise par des programmes concrets pour la jeunesse et l’éducation. Qu’on harmonise les diplômes, qu’on développe les échanges universitaires et qu’on donne aux enseignants et aux étudiants de la région une véritable ouverture régionale. »

Obed Makombo, infirmier centrafricain à Garoua-Boulaï (Est-Cameroun)

« Il faut une solidarité sanitaire entre nos États »

 « Je travaille dans un hôpital où les moyens sont limités. Lorsqu’une épidémie frappe, chaque pays réagit seul, alors qu’un effort coordonné sauverait des vies. J’attends du sommet qu’il crée une véritable stratégie régionale de santé publique, avec des vaccins partagés, des hôpitaux de référence, et une solidarité sanitaire entre nos États. C’est vital pour nous tous. »

Bachirou, camionneur camerounais

« Que les routiers et les commerçants respirent enfin »

 « Transporter des marchandises entre le Cameroun et le Gabon est une épreuve. Entre les barrages, les pots-de-vin et les lenteurs administratives, les trajets deviennent épuisants et coûteux. Nous espérons que le sommet de Bangui s’attaquera enfin à ces obstacles et fera de la libre circulation des biens une réalité, pour que les routiers et les commerçants respirent enfin. »

Estelle, étudiante gabonaise à Yaoundé

« Investir dans la mobilité des jeunes »

« Pour nous, la CEMAC reste trop lointaine. On en entend parler aux infos, mais rarement dans nos vies. Pourtant, nous aimerions des programmes d’échanges étudiants, des bourses régionales, des stages dans les pays voisins. Si l’intégration veut avoir un sens pour les jeunes, il faut investir dans notre mobilité et dans notre avenir, pas seulement dans les grandes infrastructures. »

Hervé, entrepreneur congolais de passage au Cameroun

« Il faut aider les PME »

 « J’ai monté une petite entreprise, mais accéder à un financement reste un parcours semé d’embûches. Les banques exigent des garanties impossibles. Ce que j’attends du sommet, c’est la mise en place de mécanismes régionaux simples, transparents et accessibles pour soutenir les PME. Il faut aider les PME. Une intégration réussie doit d’abord aider les créateurs d’emplois. »

Fatou Mbaï Tolli, agricultrice, chef d’entreprise et membre de la société civile au Tchad

« Une intégration sans citoyens est vouée à l’échec »

« Je cultive du mil et des légumes que j’aimerais écouler au Cameroun ou en Centrafrique. Mais les taxes et les barrages frontaliers rendent cela presque impossible. Nous voulons une CEMAC qui simplifie la vie des agriculteurs, qui nous aide à trouver des débouchés régionaux et qui lutte contre la corruption qui étouffe nos efforts. Beaucoup de familles souffrent de la vie chère. Les prix montent, les salaires stagnent. Nous attendons des chefs d’État qu’ils garantissent une stabilité monétaire et qu’ils prennent des décisions pour protéger le pouvoir d’achat.

La CEMAC doit être un rempart contre les crises économiques mondiales, pas un simple club de dirigeants. Les sommets CEMAC se tiennent souvent derrière des portes closes, loin des préoccupations des citoyens. Pourtant, nous aussi, nous avons des propositions. Je souhaite que la société civile soit davantage impliquée dans l’intégration régionale, que la voix des associations, des jeunes et des femmes soit entendue. Une intégration sans citoyens est vouée à l’échec ».

Dr Clarisse Mbala, politologue (Université de Bertoua)

« Que la CEMAC humanise son projet »

 « Le sommet de Bangui suscite chez moi l’espoir d’une réhabilitation du projet communautaire dans son versant social. L’intégration ne saurait se réduire aux flux financiers ou commerciaux ; elle doit se traduire par une amélioration tangible du quotidien des citoyens. J’attends des dirigeants des engagements clairs en matière de mobilité des personnes, de reconnaissance mutuelle des diplômes, de protection sanitaire et de participation citoyenne. Si la CEMAC ne parvient pas à humaniser son projet, elle court le risque d’apparaître comme une abstraction technocratique éloignée des peuples qu’elle prétend unir. »

Propos rassemblés par Jean-René Meva’a Amougou

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