Home ACTUALITÉ Affaire Glencore: la Conac fidèle à son refrain

Affaire Glencore: la Conac fidèle à son refrain

0
Le Révérend Dieudonné Massi Gams, le président de la Conac

Malgré le déferlement polémique et scandaleux de cette affaire, la Commission nationale anti-corruption (Conac) use des mêmes mots pour justifier son silence.

Le Révérend Dieudonné Massi Gams, le président de la Conac

En débarquant, ce mercredi 27 août 2025, à la cérémonie de présentation officielle du Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2024 à Yaoundé, la presse a un goût de bile dans la gorge. Et pour cause : le silence de la Conac par rapport à l’affaire Glencore. « Cette affaire, pendante depuis 2022 au niveau de la justice internationale, l’institution aux destinées de laquelle vous présidez ne s’est toujours pas prononcée depuis, qu’est-ce qui bloque ? », lance un journaliste en direction du révérend Dieudonné Massi Gams. « Nous n’avons pas fait une croix sur cette affaire, rassurez vous », répond le président de la Conac. A cette mise au point succède immédiatement deux locutions proverbiales qui résument la démarche du bras séculier de l’Etat camerounais en matière de lutte contre la corruption. « Qui va lentement, va sûrement.

Lorsqu’il s’agit d’un gros gibier, on ne fait pas de bruit sinon, on risque de le perdre », explique Dieudonné Massi Gams. Dit avec des mots simples : relativement à l’affaire Glencore, il est prématuré de condamner le silence de la Conac. Celle-ci s’organise et avance dans un paysage marqué par plusieurs enjeux mêlant réflexes diplomatiques et le souci de vérité. « Nous sommes dans un processus qui, partant d’indices inaperçus du quidam, nous permet de décrypter le réel de cette affaire et l’extraire d’un conglomérat confus deforces ténébreuses », complète sous anonymat un membre de la Conac.

« Bruit familier »

A écouter Dieudonné Massi Gams et son collaborateur, aucune projection n’est faite sur les délais de publication de la « vérité » autour du scandale. Comme en octobre 2023 (lors de la présentation le rapport sur l’état de la corruption au Cameroun en 2022) et en septembre 2024 (au cours de la cérémonie de présentation le rapport sur l’état de la corruption au Cameroun en 2023), la Conac ne lésine pas sur les formules pour faire entendre qu’elle compile encore des informations. « L’affaire Glencore ayant une portée internationale, demande du temps pour pouvoir maîtriser les couloirs qu’aurait empruntés l’argent perçu. « Lorsqu’on fait des investigations, il faut le faire avec tout ce que cela comporte comme délicatesse et sérieux.

La Conac a déjà fait des investigations et a déjà orienté certains de ces résultats qu’elle a obtenus à des secteurs qui doivent contribuer à compléter des informations que la Conac demande. Et s’il y a des gens qui peuvent donner ces informations à la Conac, tant mieux ! Nous aimerions que ces gens nous apportent les documents et que l’institution en question également nous envoie des éléments qui vont nous aider pour que nous peaufinons ce rapport qui soit finalisé et qu’il soit aussi destiné à qui de droit. On ne peut pas publier tant que nous n’avons pas bouclé toutes les enquêtes et toutes les informations que nous sollicitons par rapport à cela. Parce que c’est un problème qui n’est pas seulement national, mais international. Donc, je crois qu’il faudrait que vous soyez patients », se justifie Dieudonné Massi Gams, ce 27 août 2025.

Abordant l’affaire lors d’une conférence de presse le 28 août 2025 à Yaoundé, Me Akere Muna, acteur dénonciateur dans cette affaire depuis le début, a déclaré que « selon le calendrier procédural de la Southwark Crown Court de Londres, le procès des hauts fonctionnaires camerounais qui ont reçu les pots de vins de Glencore est fixé entre mai et juin 2027 ». « Entre temps, poursuit l’avocat international, la notification de certains documents aura lieu au SFO (Serious Frauds Office) le 3 octobre prochain et la déposition suivra le 9 novembre 2025. Les autres diligences auront lieu respectivement les 26 mars, 16 avril 2026 et 16 septembre 2026 ».

En 2022, Glencore a reconnu avoir soudoyé pendant plus de dix ans des fonctionnaires afin d’éviter des audits et d’obtenir des contrats dans plusieurs pays du continent. Au Cameroun, les pots-de-vin avoués par Glencore s’élèvent à plus de 10,6 millions d’euros (7 milliards de FCFA) versés entre 2011 et 2018.

Jean-René Meva’a Amougou

    NO COMMENTS

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Quitter la version mobile