Qu’ils soient camerounais ou étrangers, qu’ils exercent à Odza, Nkomo, Awae escalier où à Ékounou, tous adressent des doléances au futur Président de la République du Cameroun.

« On ne peut pas avoir la paix quand on a faim. Je veux un président qui améliore les conditions de vie des camerounais », cette phrase forte de Jean, moto taximan à borne 10 Odza dans la Commune de Yaoundé 4, est le reflet de ce que pense la grande majorité de ses collègues.
Tous caressent le rêve de voir les jeunes qu’ils sont, avoir accès à ce que l’on peut appeler les besoins existentiels comme manger, se vêtir, se soigner, aller à l’école. « Le camerounais vit très mal. Il ne se nourrit pas bien. Il ne se soigne pas bien. Ces facteurs réduisent son espérance de vie », argumente le transporteur. Cette situation se caractérise par l’ambiance assez mouvementée de ce jeudi 21 août 2025 entre les conducteurs. Ils estiment que de nos jours, le camerounais vit très mal.
Loin des grands discours intellectuels, Jean coupe court lorsqu’il dispute avec Assan un moto taximan tchadien à qui il rappelle qu’il connaît mieux son pays : « il y a beaucoup d’argent dans notre pays, mais c’est une petite poignée de personnes qui s’en servent. Le président devra créer une banque alimentaire pour que je le soutienne », prévient-il.
Tordre le cou à la corruption est le souhait de Jules et ses confrères. Lui qui est conducteur de moto à Ekounou dit subir trop d’abus de la part des agents de sécurité, « la police municipale et la police nous mènent la vie dure. J’évalue à 30 000 FCFA au minimum tout ce que je perds dans les multiples tracasseries ».
À Awae escalier ou les conducteurs d’engins à deux roues lancent habituellement des piques sous cap pour dénoncer les brimades policières du coin, l’on assiste à une sortie d’hibernation en cette veille de l’élection présidentielle. « Il nous faut un président qui arrange les routes afin que les moto taximen soient un peu disciplinés. Ce qui pourra aider à éviter les tracasseries policières ». Ces propos, Luc les tient devant un policier mettant de l’ordre dans ce carrefour très fréquenté de la capitale. Instantanément, une petite discussion éclate entre Luc et Joseph son collègue, « tu provoques trop, si on t’arrête tu vas dire quoi ? », prévient Joseph. « Plus besoin d’aller au maquis pour s’exprimer.
Il y a la liberté d’expression au Cameroun. C’est le moment de poser nos besoins », réplique Luc. Comme un arbitre, le policier en faction répond : « je ne suis pas un décodeur, je vous discipline seulement. Je ne gagne rien en mettant quelqu’un en cellule. Rendez-vous le 12 octobre ».
Le ton est différent à Nkomo, ici l’on met l’accent sur l’emploi. Assis sur sa moto, Ariel et deux de ses collègues rêvent de voir un président qui s’attardera sur l’emploi des jeunes. « On ne sait pas pourquoi les vieux ne veulent pas aller à la retraite. Je suis titulaire d’une licence en biologie animale et me voici derrière une moto. Je suis sûr qu’il y a des incompétents qui occupent des postes de travail alors que les méritants sont au quartier », évoque le diplômé et conducteur de moteur.
André Gromyko Balla