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Truands et truands périphériques

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Kidnappés par des hommes armés le 13 août dernier à Zigague (sur l’axe routier reliant Kousseri à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun), quatre des cinq enfants d’Annie Florentine Nga sont libres depuis le 21 août 2025, au prix d’une mobilisation d’envergure venue de tout le pays. Présentée comme un succès, ladite mobilisation a cependant coûté la vie à un enfant.

A l’heure qu’il est, on a rageusement envie de fracasser tous les cons qui lui ont ôté la vie. Quand la trajectoire d’un adolescent, d’une famille est totalement bouleversée par ce genre de choses, on ne peut qu’être meurtri et déconcerté littéralement.

A en croire le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, la libération des quatre enfants est l’œuvre des forces de défense déployées à cet effet, laquelle a aussi conduit à l’interpellation d’une cinquantaine de suspects. Pour l’autorité administrative, ce choix opérationnel précède des enquêtes approfondies. En marge de cette détermination « silencieuse » de l’exécutif, des sources sécuritaires ont pu repérer la trace de quelques opportunistes. De qui parle-t-on ?

On doute en se posant cette question dont la réponse est : « ces gens qui ne ratent aucune occasion de se jouer de la souffrance des autres ». Pour le cas des enfants Nga, ces gens ont, dans un premier temps, choisi de jouer le rôle du gentil en cherchant à amadouer la pauvre femme. Dans un second temps, les mêmes ont joué le rôle du méchant, en cherchant à profiter du relâchement provoqué par le « silence gouvernemental » pour faire leurs demandes de manière agressive afin de mieux déstabiliser dame Nga.

Ce panel de postures, pour le moins hétérogène, révèle deux choses. La première : en matière de kidnappings, à côté des ravisseurs (les vrais), existe des opportunistes assoiffés d’argent. La seconde : les gens se foutent bien de la souffrance d’autrui quand l’argent devient l’enjeu. Toutes choses qui mettent à nu des pratiques de longue durée, révélatrices de porosités combinées entre les pratiques criminelles. Dans ce cas, l’enlèvement et la libération des enfants Nga réunissent, dans un même mouvement, d’une part des truands de toutes les farines qui ont tenté d’exploiter la vulnérabilité émotionnelle de la famille pour la contraindre à obéir, et d’autre part, un enchaînement pervers.

L’opportunisme, le mensonge et l’occultation d’actes personnels délictueux laissent peu de place à une conscience morale. Chaque jour, leurs effets destructeurs ne font que redoubler. Il en résulte une violence « sournoise » qui diffuse dans l’ensemble du corps social une situation de suspension de la garantie d’un ordre humain. Dans ce contexte de stratégie criminelle lucrative, un dérèglement généralisé et une terreur concomitante ont conduit à une soumission à la toute-puissance du plus rusé.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder des citoyens « usurper » le titre de kidnappeur et comprendre enfin que nous sommes dans une spirale devenue un ordre d’attaque interne d’une société peuplée de personnes atteintes d’une pathologie paranoïaque aiguë. En fait, on vit dans un environnement dangereux où la violence et la coercition sophistiquée sont devenues les nouveaux outils d’extorsion.

Jean-René Meva’a Amougou

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