Home INTÉGRATION RÉGIONALE « Patriarcat » de force majeure

« Patriarcat » de force majeure

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Manifestée jusqu’alors sous des formes embryonnaires et peu assumées, ce que des experts désignent par le terme « xénophobie économique » trouve donc avec la crise une certaine légitimité, justifiée par les « temps difficiles ». 

« Notre pays souffre du problème de l’emploi. Le constat qu’on fait, c’est que les Gabonais sont au chômage, mais les expatriés travaillent au Gabon. Pourquoi cela ?» En s’interrogeant ainsi le 26 février 2025, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Lutte contre le Chômage, Adrien Nguema Mba surfait sur quelques données : « 120 000 jeunes diplômés gabonais cherchent un emploi, plus de 4 000 autorisations de travail ont été accordées à des étrangers en 2024. Un paradoxe ». Conscient de l’urgence, le gouvernement gabonais a fixé des quotas pour l’emploi de la main-d’œuvre étrangère au Gabon. Ils sont de 15% pour les cadres, 10% pour les agents de maitrise et techniciens supérieurs et 5% pour le personnel d’exécution. Cumulés, ces quotas pour l’emploi de la main-d’œuvre étrangère au Gabon sont limités à un maximum de 30%. Ce n’est pas tout. Les autorités locales ont voté une loi qui réserve sept catégories de petits métiers aux seuls citoyens gabonais. L’objectif est clair : relancer l’emploi des jeunes et leur permettre de reprendre le contrôle de l’économie de proximité. 

Commentant ces dispositions, de nombreux analystes estiment qu’elles servent à calmer l’opinion publique de plus en plus critique envers les promesses des pouvoirs publics gabonais. 

Au Congo, où ils tiennent de nombreux secteurs économiques, une loi promulguée le 24 novembre 2005 interdit aux étrangers de conduire des taxis ou de travailler dans les boulangeries. En application de la note circulaire du 19 janvier 2024, signée par le ministre d’Etat, ministre du Commerce, des Approvisionnements et de la Consommation, Alphonse Claude N’Silou, le Syndicat patronal des boulangers et pâtissiers du Congo a, en décembre 2005, ordonné aux patrons de licencier les non-nationaux. Même situation du côté des transports en commun. En décembre, le syndicat des transporteurs a demandé aux propriétaires des véhicules de renvoyer tous les chauffeurs de la RD Congo, du Rwanda et de l’Afrique de l’Ouest qui conduisent des taxis et des minibus à Brazzaville.

Au Tchad, les étrangers ne peuvent exercer certaines professions, notamment dans le commerce, l’industrie et l’artisanat, sans une carte d’identité d’étranger commerçant. De plus, l’accès à certaines professions, comme celles liées à la santé ou à la culture, est conditionné à la détention de diplômes spécifiques.

Au Cameroun, un chapitre consacré au travail des étrangers est contenu dans la loi de finances 2025. Celle-ci, impose des frais de visa par an de 5% du montant des honoraires aux contrats de travail des consultants individuels et experts étrangers. En renforçant ce dispositif, le gouvernement camerounais entendait améliorer la collecte de cette recette non fiscale, dont le montant s’élève à 5 milliards FCFA en 2024, pour un objectif affiché de 14 milliards FCFA.

En Guinée Equatoriale, la chronique anti-étrangers s’écrit depuis le boom pétrolier de la décennie 1999-2009. Dans ce pays, à tort ou à raison, les ressortissants étrangers sont accusés de faire main basse sur les richesses locales au grand dam des populations locales.

Jean-René Meva’a Amougou

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