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Animée par des ressortissants de pays divers, la débrouille a conquis la rue au point de provoquer une « xénophobie économique » chez les locaux.  

Avez-vous déjà entendu parler des « babanas » ou des « brouettiers » ? Oui, sûrement au Cameroun. A Port-Gentil, les premiers sont appelés « bana bilongo ». A Brazzaville, les seconds sont les « bana brouette ». Si les noms et leurs spécifications sémantiques sont insolites, il est clair que plusieurs autres petits métiers bénéficient, à l’heure actuelle, d’un regain d’intérêt marqué dans les villes et villages d’Afrique centrale. « Partout dans la sous-région où sévissent les temps durs, les conducteurs de mototaxis et les transporteurs de marchandises à l’aide de brouettes, etc touchent jusqu’à la vie intime des populations et façonnent les modes de vie dans la rue », explique Gertrude Ekedi Nanga.

Ce qu’expose la sociologue camerounaise dévoile une Afrique centrale où la voie publique est devenue le lieu de survie pour nombre de personnes d’origine africaine. « Sachant qu’il n’y a pas de pire fléau que l’inoccupation, on y assiste à une expansion continue du travail informel qui, à titre d’exemple, représente près de 70 % des nouvelles occupations des ressortissants étrangers dans certains pays de la Cemac, avec des pointes pouvant atteindre 95% dans une grande ville comme Douala. Ils sont laveurs de voiture, taximen, vendeurs de fruits, marchands de sables en pirogue, revendeurs de médicaments contrefaits, fabricants de cocottes, casseurs de cailloux, amuseurs publics, cireurs de chaussures, tailleurs d’ongles, restaurateurs, prostituées, ferrailleurs, féticheurs, contrefacteurs, gardiens… », souligne Gertrude Ekedi Nanga.

Plus pointu, le Mémorandum économique du Gabon (MEG, produit par la Banque mondiale en décembre 2022) révèle que les travailleurs étrangers représentent 20 % de la population active et 23 % de l’ensemble des travailleurs. « De manière détaillée, les ressortissants étrangers semblent avoir un double intérêt : occuper des emplois généralement indésirables, soit 35 % des emplois informels et 28 % des travaux ménagers mais également occuper des emplois pour lesquels, les travailleurs locaux n’ont pas les qualifications nécessaires. Le profil des migrants se caractérise largement selon le genre : les femmes représentent environ un tiers des travailleurs étrangers au Gabon et elles sont plus susceptibles de travailler pour leur propre compte que les hommes (52 % contre 37 %). À l’inverse, les hommes sont plus susceptibles d’occuper un emploi qualifié (16 % contre 6 %). Par ailleurs, la plupart des travailleurs étrangers au Gabon proviennent du Cameroun, du Mali, du Bénin, du Togo et du Sénégal », évalue le MEG. 

Au Congo-Brazzaville, « pour le cas spécifique de la population étrangère, la structure par groupe de profession fait apparaître une forte concentration des actifs occupés dans le groupe personnel commercial et vendeur. En effet 35.62 % des étrangers actifs y exercent dont 35.07 % d’Africains (surtout les voisins congolais (14.58 %) et les ressortissants d’Afrique de l’Ouest. Le groupe « ouvriers non agricoles conducteurs d’engins de transport occupe 31.88 % d’étrangers actifs dont 25,35 % de Congolais-RDC », selon une récente étude de Jean-Claude Boungou

Selon le Portail des données migratoires en Afrique centrale, « environ 3,9 millions de migrants internationaux résidant en Afrique centrale au milieu de l’année 2020, soit 2,2% de la population totale. En chiffres absolus, le Gabon (18,7%) et la Guinée équatoriale (16,4%), pays disposant d’importantes réserves de ressources naturelles, accueillent le plus grand nombre de migrants en proportion de leurs populations respectives

Au Cameroun, les ministères du Travail et de la Sécurité sociale, de l’Administration territoriale et des Relations extérieures ont comptabilisé, région par région, près de 60 000 expatriés en activité en 2024. Majoritairement originaires d’une quinzaine de pays, ces personnes sont pour la plupart installées dans les régions du Littoral et de l’Est qui regroupent à elles seules près de 10 000 travailleurs (tous niveaux de qualification confondus) de nationalité étrangère.

Ongoung Zong Bella

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