Et si à l’oreille je vous susurrais tout de go : quatre-vingt-trois, que me retorqueriez-vous ? Je vous connais très perspicaces, avec un esprit toujours en éveil. Vous ne l’avez point oublié, c’est là très exactement, le nombre de candidats à la candidature enregistrés par Elections Cameroon à la date butoir.

Ah oui, ni plus ni moins. Je me suis amusé, comme cela m’arrive très souvent, à regarder cette liste provisoirement définitive avec une attention particulière. Je l’ai scindée en deux blocs : les amuseurs publics, et les fervents croyants.
Dans le premier lot, celui des plaisantins, l’un d’entre eux, malgré son allure loufoque, a su exploiter la large tribune à lui offerte gracieusement. Il s’en est servi à bon escient. Je pense à mon collègue enseignant, le Président Léopold BESSIPING du REFERE. Hier encore anonyme, aujourd’hui le plus populaire du « Continent », le mâle le plus convoité des gourgandines, du haut de ses millions et des intérêts subséquents. Les autres du même contingent ? … Bof ! Des Tintin à ELECAM ! Quel joli titre pour une bande dessinée pour adultes ! MDR… Ils sont rentrés d’ailleurs, et ceci sans surprise aucune, dans leur inexistence atavique, dans leur milieu naturel, dans les guinguettes des quartiers populeux et insalubres. Voilà qui est bien dit !
Le second groupe ; celui des vrais, des sérieux des studieux, des préparés, lui aussi n’était point homogène. Que non et non ! Certains, compte tenu de leur préparation méthodique depuis des années, avaient le cœur tranquille. D’autres enfin, ont voulu se prévaloir de leur aura, supposée ou réelle, pour tenter le passage en force. Suivez mon regard ! Mal leur en a pris.
Des quatre-vingt-trois du départ, il n’en restait que treize. Mais le Conseil Constitutionnel, dans sa posture dogmatique, a recalé H.N, le déclarant H.N. Vous ne comprenez pas quoi ? Hilaire NZIPANG qui était déjà passé entre les mailles du filet ELECAM, a été déclaré Hors Norme, comme le cacao de Banda. Au feu ! Maintenant, ils ne sont plus que douze comme les douze apôtres de Jésus, ceux-là mêmes qui seront soumis au vote le 12/12. Oups ! le 12/10.
J’ai en vain cherché le contact du Pr Herman NYECK LIPOT, spécialiste de numérologie, pour éclairer ma lanterne sur cette symbolique du 12 mais, aucun marabout de mon entourage n’a pu le retrouver. Un si large carnet d’adresses, pour un résultat négatif. Dommage ! A défaut du cheval, on monte l’âne. Je me jette donc moi-même à l’eau, malgré ce froid de canard, qui me donne la chair de poule.
Le chiffre 1 est devant le 2. Rien de sorcier à cela, me direz-vous : le Nnom Ngui national et bientôt international, seul dans son Palais feutré d’Etoudi, ou peut-être celui de son Mvomeka natal, les radars ayant perdu sa localisation exacte depuis de longs jours, fait face à deux camps d’une pseudo opposition incapable de s’entendre. Oui ! C’est aussi simple que cela. Au lieu du bloc granitique qu’on attend d’elle, on y observe deux groupuscules qui se regardent en chien de faïence. Le groupe de Foumban, s’est réuni, a discutaillé des heures durant, pour nous sortir un communiqué fade dans lequel l’on nous demande à nous, pauvres électeurs assoiffés du changement, d’attendre encore un peu, comme si le temps leur appartenait.
A la sortie de leur dernière concertation, j’ai vu des visages fatigués, essorés, déconfits, comme ceux des gens ayant mené des combats aussi bien physiques que mystiques. Cela ne m’étonnerait point, puisque l’alliance renferme des pratiquants d’arts martiaux et les spécialistes du « domo domo » tous de grands habitués des joutes oratoires. Les copains de Ngoa-ekellé quant à eux, parlementaires devant Dieu et devant les Hommes en un mot comme en mille, auréolés de leur mandat impératif nul (les recherches vont me tuer), peaufinent sûrement leur stratégie au sein de l’hémicycle nouvellement inauguré. Mais pour quel résultat ?
Je voudrais m’adresser aux 2 derrière le 1 du 12. Retenez que 2=1+1 (mince je me surprends moi-même matheux). En termes plus clairs, unissez-vous pour faire face au 1. Cela donnera le 11, c’est-à-dire un joli face à face, un beau duel au couteau. Je pense que cette semaine qui commence est cruciale si non le 12 octobre prochain, vous n’enverrez nullement le 1 au village, car JE (dois-je encore vous rappeler qu’il est essentiellement pluriel ?) voterai encore pour lui, pour sanctionner votre inconsistance.
Emmanuel Célestin MBARGA, PLEG HE, le Gribouilleur.