Dans une lettre pastorale, l’archevêque métropolitain de Douala lance un cri d’alarme en direction des Camerounais de tous horizons. Il appelle à une profonde prise de conscience collective face aux défis majeurs que traverse le pays.

Un appel à la paix et à l’engagement citoyen
Dans son introduction, Mgr Kleda rappelle que le choix du prochain président de la République est un devoir citoyen crucial, porteur d’espoir pour bâtir une société nouvelle, harmonieuse et prospère. Il invite les fidèles, les autorités publiques et toutes les personnes de bonne volonté à élever leurs voix vers Dieu pour implorer la paix, surtout en ces temps d’incertitudes. « Choisir un Président, c’est engager l’avenir du pays », souligne-t-il, exhortant à faire preuve d’amour et de service, inspirés par l’Évangile, afin de devenir de véritables artisans de paix.
Corruption et mauvaise gouvernance : un mal profond
L’archevêque dénonce avec force la corruption endémique qui gangrène l’administration publique, la justice, la police, mais aussi des secteurs comme l’éducation ou la santé. Cette corruption contribue à l’injustice sociale, creusant le fossé entre gouvernants et gouvernés, accentuant la misère et le désespoir au sein de la population. Mgr Kleda fustige « la mauvaise gouvernance » qui sacrifie le bien commun au profit d’intérêts partisans ou ethniques, compromettant le développement économique et social. Il appelle à une conversion des cœurs et des mentalités pour restaurer l’équité et la transparence.
Sur le plan politique, la démocratie camerounaise est jugée « dévoyée », marquée par l’absence de dialogue sincère entre acteurs et des pratiques électorales entachées de suspicions, de manipulations et d’inégalités. L’archevêque interpelle vivement la société sur la « violence institutionnelle » et l’intolérance politique. Il critique également le gaspillage des fonds publics liés aux élections, estimés à plusieurs dizaines de milliards de FCFA, qui pourraient mieux être investis dans des infrastructures vitales.
Pauvreté, chômage et exode des jeunes
Le message souligne la grave crise économique qui frappe le Cameroun avec un taux de pauvreté approchant 38% de la population, et un chômage élevé, notamment chez les jeunes. Cette situation pousse une partie de la jeunesse vers l’exil, souvent dans des conditions périlleuses. Mgr Kleda déplore l’« immigration clandestine » qui vide le pays de ses talents, alimentée par un contexte d’injustice sociale, d’inégalités et de népotisme. Le réseau routier est en délabrement avancé, isolant notamment les zones agricoles.
L’accès à l’eau potable et à l’électricité demeure un combat quotidien pour une large frange de la population, tandis que des projets énergétiques ambitieux restent lettre morte ou détournés par la corruption. Monseigneur Kleda condamne la gestion « nébuleuse » des richesses pétrolières et minières, qui profitent à une minorité au détriment du bien commun. Il évoque aussi les crises majeures que traverse le pays, la crise anglophone non résolue et les attaques terroristes au Nord, sources de souffrances humaines et freins au développement.
Vers un sursaut national pour bâtir un Cameroun nouveau
En conclusion, l’archevêque dit craindre pour l’avenir du pays si rien ne change. Il lance un vibrant appel à l’union, au dialogue, à un changement profond des mentalités et à l’émergence d’une « alternance dynamique » capable de redresser la situation. « Le Cameroun a besoin de nouveaux hommes, de solutions concrètes, d’un nouveau paradigme fondé sur la justice et la fraternité », affirme-t-il, invitant chaque citoyen à être acteur du changement. Ce message pastoral, empreint de foi et d’espérance, résonne comme un réveil moral à l’heure où la nation se prépare à choisir son futur président, dans un contexte social particulièrement tendu.
TOM