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L’opposition face à ses contradictions

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Candidatures multiples, manque de vision commune et absence de leadership fédérateur animent cette période pré-électorale.

La date-line de dépôt des candidatures à Elecam marque une étape cruciale de la précampagne. Plus d’une dizaine de prétendants, dont Paul Biya, ont déjà soumis leur dossier, conformément aux exigences strictes du Code électoral. Si cette effervescence semble témoigner d’un pluralisme démocratique, elle masque en réalité une profonde désunion de l’opposition. Aucune coalition viable n’a émergé, malgré les appels répétés à l’unité. Aujourd’hui, chacun des candidats mise sur ses propres forces, malgré un rapport de force largement défavorable.

Candidatures solitaires


Dans un contexte électoral perçu comme verrouillé, plusieurs opposants choisissent la voie individuelle. Certains espèrent renforcer leur notoriété, capitaliser pour de futures échéances, ou simplement obtenir une reconnaissance politique post-électorale. Le résultat est une multiplication de candidatures symboliques, sans effet structurant sur la dynamique électorale. Le cas du MRC est emblématique : il s’est dit au départ que Mamadou Mota, d’un côté, et Maurice Kamto, de l’autre, pouvaient se retrouver candidats sous des étiquettes différentes, une dualité stratégique susceptible d’augmenter leur chance de participation au scrutin présidentiel à venir.
« Après les défections d’Issa Tchiroma Bakary et de Bello Bouba Maigari nous ont donné l’impression d’une volonté affirmée de l’opposition nordiste à cheminer droitement vers une coalition ou d’une stratégie concertée visant à brouiller les cartes dans le septentrion. Mais à y regarder de plus près, on constate qu’ils nous ont vendu des illusions », fustige Abdou Leroi, jeune mototaximan dans la ville de Maroua. Leur posture ambiguë et l’absence d’un discours structuré sur les attentes des populations du Nord laissent planer le doute sur leurs véritables intentions.

Le Nord-Cameroun en mal de représentation


Dans les Monts Mandara, la vallée de la Bénoué et le Mayo-Louti, les populations expriment un profond désenchantement. Les jeunes, confrontés à un chômage massif, à l’enrôlement dans des mouvements religieux radicaux et à l’isolement politique, se sentent ignorés par les élites locales. Belkissou Haman, doctorante en science politique à l’université de Maroua soutient que « ni Tchiroma ni Bello n’ont su porter les revendications identitaires, religieuses ou foncières de ces communautés. La question d’une alternance générationnelle ou régionale est soigneusement évitée, renforçant le sentiment d’exclusion chez une jeunesse de plus en plus politisée, mais désabusée ».

Un scrutin sans véritable suspense ?


Face à une opposition fragmentée, sans leadership unificateur ni programme commun, le RDPC aborde cette élection avec une position de force. L’absence de contrepoids structurel, combinée à une stratégie électorale bien rodée, donne au parti au pouvoir une longueur d’avance. Baya Ousmanou, enseignant d’histoire au lycée de Kakataré dans la commune de Maroua Ier de conclure qu’« à moins d’un sursaut collectif inespéré, l’élection présidentielle d’octobre 2025 risque de se jouer sans véritable suspense, dans un décor démocratique où les opposants, malgré leur nombre, peinent à peser réellement ».

Tom

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