Le Directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA/BSR-AC) explique le bien-fondé du webinaire consacré aux infrastructures de transport en Afrique centrale.

La route reste l’épine dorsale de notre économie de transport ainsi que de la connectivité à l’appui au développement des capacités productives et commerciales là sur les gens l’objectif était d’échanger avec nos experts au niveau des Etas membres, ainsi que d’autres acteurs du monde académique, de la société civile, du secteur privé, autour de cette thématique-là. La démarche consiste à dresser l’état des lieux du secteur de transport en mode multimodal, c’est-à-dire aérien et toutes les discussions sur la Décision de Yamoussoukro. Nous avons également parlé des transports portuaires, routier et ferroviaire. 90 % de nos activités de transport, des personnes et des marchandises passent par la voie routière.
Elle reste l’épine dorsale de notre économie. On a parlé du chemin de fer et son rôle dans les économies qui sont spécialisées dans les matières premières généralement volumineuses et qui exigent un transport plus vert et plus rapide. Donc, pour nous c’était l’occasion de faire l’état des lieux des différents secteurs, en essayant d’infuser la nécessité des innovations technologiques et des innovations vertes. Et il s’agissait d’identifier les points d’ancrage et des recommandations qui pourraient aider aux investissements, mais aussi les décisions politiques des Etats par rapport aux différents secteurs. Les recommandations issues de ces réunions d’experts vont culminer vers notre réunion statutaire que nous comptons organiser en fin septembre ou début octobre. Elle portera sur la promotion des capacités productives et commerciales de la sous-région. Et comme d’habitude, c’est aussi pour pouvoir renforcer les capacités des acteurs de la sous-région, promouvoir les innovations, partager les expériences et nous pensons que et cet objectif a été atteint ce matin et nous continuons dans le cycle de développement et de promotion des politiques idoines dans les secteurs mentionnés.
Quelles résolutions avez-vous prises ?
A partir du moment où les gouvernements et les organisations régionales se sont engagés à faciliter les échanges commerciaux afin de créer un espace de marché uniforme sur tout le continent, l’Afrique centrale ne doit pas être à la traîne. Elle est tenue de d’élaborer une vision pragmatique, ambitieuse et partagée du transport et des services logistiques de demain. Ceci pour espérer tirer parti de la dynamique enclenchée par des initiatives telles que le PDIDE-AC, qui place la connectivité au cœur de la diversification économique, ou encore les réformes douanières et logistiques appuyées par l’OMC et la CNUCED, qui visent à fluidifier les corridors.
Les résolutions de ce jour, je peux en lister cinq. La première, c’est l’urgence de promouvoir le transport multimodal en Afrique centrale, en intégrant les besoins de coordination entre les différents sous-secteurs des transports, afin que les corridors commencent par les ports, qu’ils impliquent le chemin de fer et la route, sans oublier le fluvial pour qu’il y ait une fluidité de marchandises.
La deuxième, c’est aussi lier le développement des infrastructures de transport avec toute la politique sur les zones économiques spéciales et le développement des clusters industriels, afin que les zones de production soient liées aux zones de consommation.
Troisième recommandation, c’est de renforcer les capacités et les compétences des acteurs des différents secteurs afin qu’ils soient à mesure de mettre en œuvre les différents agendas et les différents programmes qui existent ; parce que nous ne sommes pas dans un secteur qui n’a pas de cadre stratégique. Le PDIDE-AC (Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale) existe, le plan directeur consensuel de l’Afrique centrale existe. C’est de la mise en œuvre qu’il s’agit faut renforcer les capacités et former les acteurs.
L’autre recommandation porte sur l’urgence d’harmoniser les textes sur la fiscalité, sur les financements, sur la mobilisation des acteurs et faire en sorte que leur mise en œuvre soit coordonnée. C’est la question des financements qui est toujours posée. Promouvoir les financements innovants à travers une meilleure définition des partenariats public-privé, mais aussi embrasser d’autres sources de financements innovants qui permettent de mettre en œuvre les grands projets, tout en tirant des leçons des expériences réussies dans d’autres pays. On a cité, par exemple, le Maroc, le Ghana.
Je crois qu’il y a un renouveau dans le monde des infrastructures de connexion et de commerce aujourd’hui. La Zlecaf est venue donner un coup de pouce en réveillant la volonté politique de nos Etats. Tous les États sont signataires. L’Afrique centrale a été pionnière en termes de ratification de la Zlecaf. A la CEA, nous sommes conscients que celle-ci ne pourra pas être mise en œuvre sans que les infrastructures de transport ne soient mobilisées. Et l’innovation que nous apportons, c’est l’approche intégrée et multi multisectorielle dans la mise en œuvre de ces agendas-là. Nous essayons de souligner que l’économique seul ne suffit pas ; la prise en compte de l’économie politique, des projets et de l’histoire entre les États, les potentiels conflits, en définissant le projet on pourra embrasser ces dimensions. Ce sont-là des innovations que nous mettons sur la table pour dire aux Etats d’embrasser toutes les dimensions et ne pas rester seulement sur la dimension économique.
Ceci en démontrant par exemple que le pont-route-rail Kinshasa-Brazzaville est très rentable. Mais l’autre dimension, c’est amener les Etats à avoir cette vision globale qui leur permet d’embrasser d’autres questions qui pouvaient être ignorées si on ne tenait pas compte de l’économie politique pour la mise en œuvre des projets. C’est aussi amener le secteur privé à jouer un rôle majeur dans les discussions. Le secteur privé qui comprend l’urgence de ces projets et qui peut mobiliser les nouveaux financements pour avancer, lorsqu’il est mobilisé à travers les partenariats public-privé, ça nous aidera à avancer dans ce débat.
Quelles approches préconise la CEA pour les personnes vivant avec un handicap ?
Nous avons aussi eu de très riches discussions à Douala. Pendant une semaine, nous avons tenu le forum sur la Zlecaf à Douala. Dans la salle, il y avait plus de 150 personnes vivant avec un handicap, des réfugiés, des femmes. Avec ces gens, nous avons eu des discussions et nous avons produit un rapport sur l’inclusivité de la Zlecaf et des corridors. Par la même occasion, nous nous sommes décidés de ne pas nous limiter au débat de sommets et au débat politique de haut niveau et de descendre parler aux acteurs. Nos experts sont allés sur le terrain ont constaté que la personne vivant avec handicap est très active sur les frontières. Ce que nous recommandons, ce sont des politiques inclusives qui prennent en compte les besoins spécifiques des personnes lorsqu’on définit les infrastructures au niveau des frontières.
Propos recueillis par Jean-René Meva’a Amougou