Du 9 au 11 juillet 2025, à Washington, le calme des jardins de la Maison-Blanche sera utile au tout premier sommet USA-Afrique organisé par Donald Trump depuis son retour à la tête de l’exécutif américain.

Cinq chefs d’État africains ont été triés sur le volet par l’administration Trump pour cette rencontre stratégique. Il s’agit du, du Libérien Joseph Boakai, du Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, du Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, du Guinéen Umaro Sissoco Embaló et Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema. Seul représentant de l’Afrique centrale cette rencontre de haut niveau, ce dernier a reçu son carton d’invitation des mains de Vernelle Trim Fitzpatrick, l’ambassadrice des États-Unis au Gabon, le 2 juillet dernier. Officiellement, les priorités de ce sommet sont centrées sur le développement des partenariats économiques dans des secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures, l’agriculture et les technologies. Il est également prévu la signature de plusieurs accords de coopération et de lettres d’intention, symboles d’un nouveau type d’engagement des Etats-Unis sur le continent africain. Reste à savoir si la question de l’interdiction d’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de 25 pays africains, (dont le Sénégal, le Gabon et la Mauritanie) sera évoquée lors de ces assises convoquées après le 17e Sommet des affaires États-Unis – Afrique, tenu à Luanda du 23 au 27 juin dernier, et boycotté par le Cameroun, le Congo et le Tchad.
Certains commentateurs estiment que l’absence de ces pays d’Afrique centrale au rendez-vous américano-africain de Luanda relève bien d’une forme d’acte plus ou moins difficile à traiter.
Peut-être, à la différence du Gabon, ils ont cerné l’enjeu diplomatique qui se cache derrière les contenus programmatiques et les doctrines défendues dans la capitale angolaise. Peut-être aussi, Yaoundé, Ndjamena et Brazzaville sont à la recherche d’offres américaines plus lisibles…En tout cas, dans leur absence à Luanda se trouve toute l’énergie de l’invitation du Gabon au sommet du 9 au 11 juillet 2025 à Washington. Détenteur des 5e réserves mondiales de manganèse et 2e producteur mondial avec 4,6 millions de tonnes métriques en 2024, le pays de Brice Clotaire Oligui Nguema dispose des atouts pour être un territoire pilote prisé par les Etats-Unis. Et ça, c’est un symbole pour amener un sujet ignoré dans le débat public. En Afrique centrale, on parle timidement de l’exploitation du sous-sol et des scandales (retentissants) orchestrés par des puissances occidentales, sans jamais aller jusqu’au bout. On fait semblant d’ignorer le festival des contradictions, des petits calculs et des basses polémiques qui n’en finit pas de transformer l’Afrique centrale en accablante tragicomédie. Pour le dire plus crûment, le sommet d’affaires Etats-Unis-Afrique, s’il n’envisage pas de faire consommer un cocktail mortel aux pays africains invités, il va se borner à les arroser d’un discours vivifiant, mais construit selon une logique follement mortifère. Ce qui est plus tragiquement intéressant dans l’affaire, c’est qu’après tant d’avanies, d’insultes et de persécutions, le sommet du 9 au 11 juillet 2025 à Washington risque encore d’être le cache-sexe qui dissimule l’idée qu’un pays occidental de fait de l’Afrique.
Jean-René Meva’a