«Deux planètes voisines, la CEEAC et la Cemac, vont se rencontrer dans le cosmos de la capitale camerounaise. L’une se plaint de souffrir de plusieurs maladies.
L’autre lui répond : j’ai les mêmes maladies, mais chacun de nous doit faire son introspection ». Parmi les plaisanteries qui précèdent la tenue, le 18 juillet prochain, du Sommet conjoint Cemac/CEEAC, celle repérée dans l’éditorial publié par le quotidien rwandais « News Times », édition du 27 juin 2025, au-delà de générer un enjouement certain, valorise la réflexion en interne. « L’atelier de Douala, du 1er au 6 juillet 2025, s’analyse comme une séance d’appropriation préparatoire et collective des changements souhaités dans le cadre de la fusion Cemac/CEEAC », glisse l’internationaliste camerounais Eloge Moungang. D’après ce dernier, « le défi consiste, non pas à peser sur l’ordre du jour ou à empêcher la disparition des organes existants propres à la Cemac, mais à gérer leur reconfiguration structurelle, en tenant compte des problématiques et des rationalités à l’œuvre au sein de la CEEAC».
Programme et animation
En ce sens, on peut penser que, pour les technocrates de la Cemac, l’atelier de Douala est un cadre pour réfléchir sur les réformes jugées prioritaires par la CEEAC. D’où la participation personnelle des Commissaires. Ce n’est pas tout. « La définition des sujets relevant des attributions de ces Commissaires devra permettre d’aborder tous les thèmes possibles en fonction de la situation et des priorités du moment », explique Eloge Moungang. Sur le fond, la Cemac cherche donc à faire en sorte que les six jours d’échanges à Douala expriment une volonté de travailler en commun, pour mettre en œuvre de vrais changements. Le signe le plus éclatant de ce projet réside dans la structure du programme et de son animation. « En effet, ce n’est pas un hasard si ledit programme prévoit tour à tour divers exposés ciblés. C’est que l’on s’attend à une production d’idées réellement innovantes et, par conséquent, générer des idées nouvelles originales», pense Christine-Marie Penda Ekoka. Et la diplomate camerounaise d’ajouter : « Dans cette perspective, ce qui peut être perçu de prime abord comme un atelier simple à Douala est en réalité un point névralgique dans l’articulation de deux régimes nécessaires à tout processus d’innovation : le régime de divergence et le régime de convergence. La production d’idées relève du premier, la sélection ou l’évaluation du second. L’un et l’autre composent les processus d’innovation, dès lors qu’on postule que, de son côté, la CEEAC a fourni à la Cemac des documents portant (entre autres) sur l’opérationnalisation de la Zone de Libre Echange, le cadre juridique de lancement de l’Union Douanière (décision N°02/CEEAC/CCEG/XXV/24 du 18 octobre 2024 portant adoption du Protocole additionnel au Traité révisé relatif à l’Union douanière de la CEEAC ; le document d’orientation de la politique commerciale commune ; la Décision N° 14/CEEAC/CCEG/XXV/24 du 18 octobre 2024 portant approbation du Tarif Extérieur Commun harmonisé CEEAC-CEMAC applicable au sein de la CEEAC ; la Décision N° 05/CEEAC/CCEG/XXV/24 du 18 octobre 2024 portant adoption du Code des Douanes harmonisé CEEAC-CEMAC pour les produits qui seront échangés entre les Etats membres de la CEEAC ; le Règlement N° 02/CEEAC/CM/XXV/24 du 16 octobre 2024, portant mesures antidumping harmonisées CEEAC-CEMAC ; le Règlement N° 03/CEEAC/CM/XXV/24 du 16 octobre 2024, portant adoption des mesures de sauvegarde harmonisées CEEAC-CEMAC ; et le Règlement N° 04/CEEAC/CM/XXV/24 du 16 octobre 2024, portant adoption des dispositions harmonisées CEEAC-CEMAC relatives aux subventions et mesures compensatoires ».
Panels
Ainsi, à l’aune de cet enjeu d’articulation entre deux régimes différents, on confirme le couplage stratégique entre la connaissance des dossiers liés au processus de rationalisation des CERs d’Afrique centrale ( textes de l’Union Douanière harmonisée CEEAC – CEMAC et de la Zone de libre-échange ; cadre conjoint de suivi et de mise en œuvre coordonnée des instruments harmonisés de l’Union Douanière CEEAC-CEMAC ; approche méthodologique et programme de travail conjoint CEEAC-CEMAC pour l’élaboration des feuilles de route nationales pour l’opérationnalisation de l’Union Douanière CEEAC-CEMAC) et la qualité des panels. « Observons le profil des uns et des autres : Le camerounais Charles Assamba Ongodo a été nommé vice-président de la Commission de la Cemac par les chefs d’Etat en mars 2023, lors de la 15e session ordinaire de la Conférence des Chef d’Etat.
Il a été directeur général de la Coopération et de l’intégration au ministère camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat). Dr. Francial Giscard Baudin Libengue Dobele-Kpoka est Commissaire en charge du Département des Infrastructures et du Développement Durable ; Fulgence Likassi-Bokamba est Commissaire en charge du Département de l’Education, de la Recherche et du Développement Social, chargé des Droits de l’Homme et de la Bonne Gouvernance ; Nicolas Beyeme Nguema est Commissaire en charge du Département des Politiques Economiques, Monétaires et Financières ; Ngabo Seli Mbogo est Commissaire en charge du Département du Marché Commun. On n’oublie par le président de la Commission lui-même, l’Equato-Guinéen Baltasar Engonga Edjo’o. Rarement, on a vu se déployer une telle équipe en une seule occasion. C’est pour dire que, dans le cadre de l’atelier de Douala, la Commission de la Cemac a senti la nécessité du recours aux usagers experts et les mettre en avant lors des séances d’analyse et de débats portant sur des documents stratégiques et les référentiels d’action », assure Eloge Moungang.
Jean-René Meva’a Amougou
L’enjeu est de taille
« Atelier de partage et d’appropriation du processus de rationalisation des Communautés économiques en Afrique centrale ». Tel est le libellé d’une activité planifiée du 1er au 6 juillet 2025 à Douala. Selon le programme décliné par la Commission de la Cemac, la partition du conclave est écrite d’avance. Pour la musique qui sera effectivement jouée, c’est autre chose : elle dépend, non pas du chef d’orchestre, le président de la Commission de la Cemac, mais des musiciens convoqués. Chose certaine, ces derniers ne sauraient s’extraire du contexte de la tenue à Yaoundé, le 18 juillet prochain, du sommet conjoint Cemac/CEEAC, au cours duquel sera débattue une nouvelle approche correspondant à un intérêt général, hissé au niveau de l’Afrique centrale tout entière. En clair, ce sommet devra véritablement dégager une vision nouvelle du développement et de la prospérité à l’échelle de la sous-région, et à en tracer les voies pour y parvenir. Ceci se traduit par une exigence d’information et de formation, afin de gagner en capacité d’innovation et d’intervention dans la préparation de la réunion des experts commis pour la rationalisation des communautés économiques régionales d’Afrique centrale (CEEAC, Cemac et CEPGL) le 14 juillet 2025 à Yaoundé.
L’enjeu donc est de taille. D’où la nécessité d’une préparation optimale, appuyée sur des réflexions solides, compatibles avec les urgences absolues et vitales, et les perspectives à plus long terme. À ce titre, à travers l’utilisation stratégique du calendrier, l’atelier de Douala s’insère dans le schéma global du sommet conjoint. Bien plus, il constitue une première échelle de négociations, avant l’entrée dans une enceinte plus large. C’est pourquoi on peut observer une articulation pragmatique entre les différents sujets des échanges.