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le sujet, la verve et les boniments

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Félix Tsisekedi et Paul Kagame

Pour de nombreux observateurs, le sommet conjoint Cemac/CEEAC est un forum complexe, non seulement par sa taille assez large, mais surtout parce qu’il devrait porter son effort premier vers le dialogue entre Etats.

Félix Tsisekedi et Paul Kagame

Faisant l’analyse de la situation géopolitique en Afrique centrale, Pr Belinga Zambo dégage des constantes à l’échelle de la sous-région : « tensions souterraines ou criardes entre pays voisins ; balbutiements de la démocratie ; sous-développement et mal gouvernance ; la libre circulation des personnes et des biens qui retombe dans les ornières maintes fois dénoncées ». « Tout cela appelle une mobilisation d’enjeux théoriques et pratiques qui ne sont pas les mêmes pour tous les pays », explique le politologue camerounais. Celui-ci, dans un raisonnement qu’il assume, préconise alors de « rester vigilant sur des postures incandescentes ». « Il faut écouter tout le monde, attirer tout le monde vers la trajectoire de la réconciliation. Il faut aller à l’essentiel et ce qui ne l’est pas doit disparaître ». Si les mots de l’universitaire ne sont pas nouveaux, ils sont durs.

Et ils s’adressent (en premier) au Rwanda et à la République Démocratique du Congo. Kinshasa accuse ouvertement le Rwanda de soutenir militairement le M23. Kigali dément, affirmant que ses forces ne sont présentes dans la région que pour se protéger des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu fondé après le génocide des Tutsis, en 1994, et encore actif dans l’Est congolais. Mercredi 18 juin 2025, les deux pays ont signé un document préparatoire à un accord de paix. Le contenu dudit accord, apprend-on, doit encore être validé par les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères qui pourraient y apposer leur signature le 27 juin, avant une possible rencontre au sommet entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame au mois de juillet en présence de Donald Trump. « Il faudrait bien qu’à l’aide des formules non édulcorées mais contraignantes, que le sommet conjoint Cemac/CEEAC du 18 juillet prochain rappelle à l’un et à l’autre pays que l’accord préparatoire qu’ils ont parafé ne doit pas cacher la misère des résolutions qui y sont contenues », suggère Dr Alexandrine Nkou.

De son côté, Dr Yves Degaulle Moukala, fonde beaucoup d’espoir sur le sommet conjoint Cemac/CEEAC du 18 juillet 2025 à Yaoundé. Pour cet acteur de la société civile camerounaise, « la naissance d’une nouvelle CER n’est pas une menace, mais une chance historique pour la paix ». « À force de compiler, croiser, recouper, j’en viens à une évidence : l’Afrique centrale paie le prix des guerres qu’elle s’est appliquée à sculpter, comme on taille un mausolée dans la pierre. Imaginez l’onde de choc positive de la métamorphose géopolitique en Afrique centrale, faisant passer certains pays d’agitateurs à stabilisateurs, serait radicale. La fin du soutien aux milices qui ensanglantent la région ouvrirait la voie à la résolution des conflits. Le grand chantier de l’intégration sous régionale, porté par le formidable potentiel de plusieurs millions d’habitants regroupés dans une seule CER, deviendrait un moteur de prospérité pour tous », conclut-il.

Bobo Ousmanou

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